MalĂœ princ / Le Petit Prince — w językach sƂowackim i francuskim. Strona 5

SƂowacko-francuska dwujęzyczna ksiÄ…ĆŒka

Antoine de Saint-Exupéry

MalĂœ princ

Antoine de Saint-Exupéry

Le Petit Prince

— Tak sĂș teda moje, pretoĆŸe ja som si na ne pomyslel prvĂœ.

— Alors elles sont Ă  moi, car j’y ai pensĂ© le premier.

— A to stačí?

— Ça suffit?

— Prirodzene. Keď nĂĄjdeĆĄ diamant, ktorĂœ nepatrĂ­ nikomu, je tvoj. Keď nĂĄjdeĆĄ ostrov, ktorĂœ nepatrĂ­ nikomu, je tvoj. Keď na niečo prĂ­deĆĄ prvĂœ, dĂĄĆĄ si vynĂĄlez patentovaĆ„: je tvoj. A ja vlastnĂ­m hviezdy, lebo predo mnou nikdy nikomu ani na um nepriĆĄlo, ĆŸe by ich mohol vlastniĆ„.

— Bien sĂ»r. Quand tu trouves un diamant qui n’est Ă  personne, il est Ă  toi. Quand tu trouves une Ăźle qui n’est Ă  personne, elle est Ă  toi. Quand tu as une idĂ©e le premier, tu la fais breveter: elle est Ă  toi. Et moi je possĂšde les Ă©toiles, puisque jamais personne avant moi n’a songĂ© Ă  les possĂ©der.

— To je pravda, — povedal MalĂœ princ. — A čo s nimi robĂ­ĆĄ?

— Ça c’est vrai, dit le petit prince. Et qu’en fais-tu?

— Spravujem ich. Spočítavam a prepočítavam, — odpo— vedal biznismen. — Je to nĂĄročnĂĄ prĂĄca. Ale ja som vĂĄĆŸny človek!

— Je les gĂšre. Je les compte et je les recompte, dit le businessman. C’est difficile. Mais je suis un homme sĂ©rieux!

MalĂœ princ eĆĄte nebol spokojnĂœ.

Le petit prince n’était pas satisfait encore.

— Ak ja vlastnĂ­m hodvĂĄbnu ĆĄatku, mĂŽĆŸem si ju uviazaĆ„ na krk a odniesĆ„. Ak ja vlastnĂ­m nejakĂș kvetinu, mĂŽĆŸem si svoju kvetinu odtrhnĂșĆ„ a odniesĆ„. No ty si nemĂŽĆŸeĆĄ natrhaĆ„ hviezdy!

— Moi, si je possĂšde un foulard, je puis le mettre autour de mon cou et l’emporter. Moi, si je possĂšde une fleur, je puis cueillir ma fleur et l’emporter. Mais tu ne peux pas cueillir les Ă©toiles!

— Nie, ale mĂŽĆŸem si ich uloĆŸiĆ„ do banky.

— Non, mais je puis les placer en banque.

— Čo to znamená?

— Qu’est-ce que ça veut dire?

— To znamenĂĄ, ĆŸe na papierik napĂ­ĆĄem počet svojich hviezd. A potom ten papierik zamknem do zĂĄsuvky.

— Ça veut dire que j’écris sur un petit papier le nombre de mes Ă©toiles. Et puis j’enferme Ă  clef ce papier-lĂ  dans un tiroir.

— A to je vơetko?

— Et c’est tout?

— To stačí!

— Ça suffit!

„To je zĂĄbavnĂ©,“ pomyslel si MalĂœ princ. „Je to takmer čarovnĂ©. Ale nie je to veÄŸmi vĂĄĆŸne.“

C’est amusant, pensa le petit prince. C’est assez poĂ©tique. Mais ce n’est pas trĂšs sĂ©rieux.

MalĂœ princ mal o vĂĄĆŸnych veciach celkom inĂ© predstavy ako dospelĂ­.

Le petit prince avait sur les choses sérieuses des idées trÚs différentes des idées des grandes personnes.

— Ja vlastnĂ­m kvetinu, — povedal eĆĄte, — a kaĆŸdĂœ deƈ ju 48 polievam. VlastnĂ­m tri sopky a vymetĂĄm ich kaĆŸdĂœ tĂœĆŸdeƈ. Lebo vymetĂĄm aj tĂș vyhasnutĂș. Človek nikdy nevie. Pre moje sopky je osoĆŸnĂ©, pre moju kvetinu je osoĆŸnĂ©, ĆŸe ich vlastnĂ­m. Ale ty nie si hviezdam osoĆŸnĂœâ€Š

— Moi, dit-il encore, je possĂšde une fleur que j’arrose tous les jours. Je possĂšde trois volcans que je ramone toutes les semaines. Car je ramone aussi celui qui est Ă©teint. On ne sait jamais. C’est utile Ă  mes volcans, et c’est utile Ă  ma fleur, que je les possĂšde. Mais tu n’es pas utile aux Ă©toiles


Biznismen otvoril Ășsta, ale nenaĆĄiel vhodnĂș odpoveď, a MalĂœ princ odiĆĄiel.

Le businessman ouvrit la bouche mais ne trouva rien Ă  rĂ©pondre, et le petit prince s’en fut.

„DospelĂ­ sĂș rozhodne aĆŸ neuveriteÄŸne čudnĂ­,“ vravel si v duchu MalĂœ princ počas cesty.

Les grandes personnes sont dĂ©cidĂ©ment tout Ă  fait extraordinaires, se disait-il simplement en lui-mĂȘme durant le voyage.

XIV

CHAPITRE XIV

Piata planĂ©ta bola veÄŸmi zvlĂĄĆĄtna. Bola zo vĆĄetkĂœch najmenĆĄia. Bolo na nej iba toÄŸko miesta, aby ta mohla vojsĆ„ pouličnĂĄ lampa a lampĂĄr.

La cinquiĂšme planĂšte Ă©tait trĂšs curieuse. C’était la plus petite de toutes. Il y avait lĂ  juste assez de place pour loger un rĂ©verbĂšre et un allumeur de rĂ©verbĂšres.

MalĂœ princ si nevedel vysvetliĆ„, načo mĂŽĆŸe byĆ„ kdesi na oblohe, na planĂ©te bez domov, bez obyvateÄŸov pouličnĂĄ lampa a lampĂĄr. Aj tak si v duchu povedal:

Le petit prince ne parvenait pas Ă  s’expliquer Ă  quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planĂšte sans maison, ni population, un rĂ©verbĂšre et un allumeur de rĂ©verbĂšres. Cependant il se dit en lui-mĂȘme:

„MoĆŸno je tu prĂ­tomnosĆ„ tohto človeka nezmyselnĂĄ. A predsa mĂĄ vĂ€ÄĆĄĂ­ zmysel ako ĆŸivot krĂĄÄŸa, mĂĄrnivca, biznismena a pijana. Aspoƈ jeho prĂĄca mĂĄ zmysel. Keď rozsvieti pouličnĂș lampu, akoby nechal narodiĆ„ o hviezdu alebo o kvetinu viac. Keď lampu zhasne, akoby kvetinu alebo hviezdu uspal. Je to peknĂ© zamestnanie. A je naozaj uĆŸitočnĂ©,, pretoĆŸe je peknĂ©.“

— Peut-ĂȘtre bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son rĂ©verbĂšre, c’est comme s’il faisait naĂźtre une Ă©toile de plus, ou une fleur. Quand il Ă©teint son rĂ©verbĂšre ça endort la fleur ou l’étoile. C’est une occupation trĂšs jolie. C’est vĂ©ritablement utile puisque c’est joli.

Keď pristĂĄl na planĂ©te, Ășctivo lampĂĄra pozdravil:

Lorsqu’il aborda la planùte il salua respectueusement l’allumeur:

— DobrĂœ deƈ. Prečo si prĂĄve zhasol lampu?

— Bonjour. Pourquoi viens-tu d’éteindre ton rĂ©verbĂšre?

— Je to prĂ­kaz, — odpovedal lampĂĄr. — DobrĂœ deƈ.

— C’est la consigne, rĂ©pondit l’allumeur. Bonjour.

— Čo znamená príkaz?

— Qu’est-ce que la consigne?

— To znamenĂĄ, ĆŸe musĂ­m zhasnĂșĆ„ lampu. DobrĂœ večer.

— C’est d’éteindre mon rĂ©verbĂšre. Bonsoir.

A znova j u zaĆŸal.

Et il le ralluma.

— Ale prečo si ju hneď zaĆŸal?

— Mais pourquoi viens-tu de le rallumer?

— Je to príkaz, — odpovedal lampár.

— C’est la consigne, rĂ©pondit l’allumeur.

— Nerozumiem, — povedal MalĂœ princ.

— Je ne comprends pas, dit le petit prince.

— Tu niet čomu rozumieĆ„, — vravel lampĂĄr. — PrĂ­kaz je prĂ­kaz. DobrĂœ deƈ.

— Il n’y a rien à comprendre, dit l’allumeur. La consigne c’est la consigne. Bonjour.

A zhasol lampu.

Et il éteignit son réverbÚre.

Potom si utrel čelo vreckovkou s červenĂœmi kockami.

Puis il s’épongea le front avec un mouchoir Ă  carreaux rouges.

— MĂĄm hroznĂ© zamestnanie. Kedysi malo zmysel. ZhĂĄĆĄal som rĂĄno a zaĆŸĂ­nal večer. CelĂœ deƈ som mohol od počívaĆ„ a celĂș noc som mohol spaƄ 

— Je fais lĂ  un mĂ©tier terrible. C’était raisonnable autrefois. J’éteignais le matin et j’allumais le soir. J’avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la nuit pour dormir


— A odvtedy sa príkaz zmenil?

— Et, depuis cette Ă©poque, la consigne a changĂ©?

— PrĂ­kaz sa nezmenil, — odpovedal lampĂĄr. — PrĂĄve v tom vĂ€zĂ­ celĂĄ pohroma. PlanĂ©ta sa z roka na rok krĂștila čoraz rĂœchlejĆĄie, a prĂ­kaz sa nezmenil!

— La consigne n’a pas changĂ©, dit l’allumeur. C’est bien lĂ  le drame! La planĂšte d’annĂ©e en annĂ©e a tournĂ© de plus en plus vite, et la consigne n’a pas changĂ©!

— No a? — spĂœtal sa MalĂœ princ.

— Alors? dit le petit prince.

— No a teraz, keď sa otočí raz za minĂștu, nemĂŽĆŸem si ani na sekundu odpočinĂșĆ„. ZaĆŸĂ­ham a zhĂĄĆĄam raz za minĂștu!

— Alors maintenant qu’elle fait un tour par minute, je n’ai plus une seconde de repos. J’allume et j’éteins une fois par minute!

— To je smieĆĄne! Deƈ u teba trvĂĄ minĂștu!

— Ça c’est drîle! Les jours chez toi durent une minute!

— To vĂŽbec nie je smieĆĄne, — povedal lampĂĄr. — UĆŸ je to mesiac, čo sa spolu rozprĂĄvame.

— Ce n’est pas drĂŽle du tout, dit l’allumeur. Ça fait dĂ©jĂ  un mois que nous parlons ensemble.

— Mesiac?

— Un mois?

— Áno. TridsaĆ„ minĂșt. TridsaĆ„ dnĂ­. DobrĂœ večer.

— Oui. Trente minutes. Trente jours! Bonsoir.

A znova zaĆŸal svoju lampu.

Et il ralluma son réverbÚre.

MalĂœ princ naƈho hÄŸadel a začal maĆ„ rĂĄd tohto lampĂĄra, ktorĂœ bol takĂœ vernĂœ prĂ­kazu.

Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui Ă©tait tellement fidĂšle Ă  la consigne.

Spomenul si na zĂĄpady slnka, čo sĂĄm kedysi vyhÄŸadĂĄval, posĂșvajĂșc si stoličku. Chcel svojmu priateÄŸovi pomĂŽcĆ„:

Il se souvint des couchers de soleil que lui-mĂȘme allait autrefois chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami:

— Vieơ
 poznĂĄm spĂŽsob, ako si mĂŽĆŸeĆĄ odpočinĂșĆ„, keď budeĆĄ chcieĆ„..

— Tu sais
 je connais un moyen de te reposer quand tu voudras


— PravdaĆŸe chcem, — povedal lampĂĄr.

— Je veux toujours, dit l’allumeur.

Veď človek mĂŽĆŸe byĆ„ zĂĄroveƈ vernĂœ i unavenĂœ.

Car on peut ĂȘtre, Ă  la fois, fidĂšle et paresseux.

MalĂœ princ pokračoval:
— Tvoja planĂ©ta je takĂĄ malĂĄ, ĆŸe ju obĂ­deĆĄ tromi krokmi. MusĂ­ĆĄ len tak pomaly kráčaĆ„, aby si bol ustavične na slnku. Keď si budeĆĄ chcieĆ„ odpočinĂșĆ„, vykročíơ
 a deƈ bude trvaĆ„ tak dlho, ako budeĆĄ chcieĆ„.

Le petit prince poursuivit:
— Ta planĂšte est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambĂ©es. Tu n’as qu’à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras
 et le jour durera aussi longtemps que tu voudras.

— To mi nepomĂŽĆŸe, — povedal lampĂĄr. — Ja veÄŸmi rĂĄd spĂ­m.

— Ça ne m’avance pas à grand’chose, dit l’allumeur. Ce que j’aime dans la vie, c’est dormir.

— TakĂș moĆŸnosĆ„ nemĂĄĆĄ, — povedal MalĂœ princ.

— Ce n’est pas de chance, dit le petit prince.

— TakĂș moĆŸnosĆ„ nemĂĄm, — prisvedčil lampĂĄr. — DobrĂœ deƈ.

— Ce n’est pas de chance, dit l’allumeur. Bonjour.

A zhasol lampu.

Et il éteignit son réverbÚre.

„TĂœmto človekom by vĆĄetci ostatnĂ­, krĂĄÄŸ, mĂĄrnivec, pijan a biznismen pohƕdali,“ vravel si MalĂœ princ, zatiaÄŸ čo pokračoval vo svojej ceste. „A predsa on jedinĂœ sa mi nezdĂĄ smieĆĄny. MoĆŸno preto, ĆŸe sa zaoberĂĄ niečím inĂœm ako samĂœm sebou.“

«Celui-lĂ , se dit le petit prince, tandis qu’il poursuivait plus loin son voyage, celui-lĂ  serait mĂ©prisĂ© par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman. Cependant c’est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C’est peut-ĂȘtre parce qu’il s’occupe d’autre chose que de soi-mĂȘme.»

ÄœĂștostivo si vzdychol a eĆĄte si povedal:

Il eut un soupir de regret et se dit encore:

„Iba s nĂ­m by som sa vedel spriateliĆ„. No jeho planĂ©ta je naozaj veÄŸmi malĂĄ. Nie je tam miesto pre dvoch.

«Celui-lĂ  est le seul dont j’eusse pu faire mon ami. Mais sa planĂšte est vraiment trop petite. Il n’y a pas de place pour deux »

Ale MalĂœ princ sa neodvĂĄĆŸil priznaĆ„ si, ĆŸe za touto ĆĄĆ„astnou planĂ©tou ÄŸutuje najmĂ€ pre tĂœch tisĂ­c ĆĄtyristo ĆĄtyridsaĆ„ zĂĄpadov slnka za dvadsaĆ„ĆĄtyri hodĂ­n!

Ce que le petit prince n’osait pas s’avouer, c’est qu’il regrettait cette planĂšte bĂ©nie Ă  cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures!

XV

CHAPITRE XV

Ć iesta planĂ©ta bola desaĆ„ rĂĄz vĂ€ÄĆĄia. BĂœval na nej starĂœ pĂĄn, ktorĂœ pĂ­sal hrubiznĂ© knihy.

La sixiĂšme planĂšte Ă©tait une planĂšte dix fois plus vaste. Elle Ă©tait habitĂ©e par un vieux Monsieur qui Ă©crivait d’énormes livres.

— Aha! Tu mĂĄme cestovateÄŸa! — zvolal, keď zazrel MalĂ©ho princa.

— Tiens! voilĂ  un explorateur! s’écria-t-il, quand il aperçut le petit prince.

MalĂœ princ si sadol na stĂŽl a troĆĄku dychčal. UĆŸ tak veÄŸa cestoval!

Le petit prince s’assit sur la table et souffla un peu. Il avait dĂ©jĂ  tant voyagĂ©!

— OdkiaÄŸ prichĂĄdzaĆĄ? — spĂœtal sa ho starĂœ pĂĄn.

— D’oĂč viens-tu? lui dit le vieux Monsieur.

— Čo je to za hrubĂș knihu? — povedal MalĂœ princ. — Čo tu robĂ­te?

— Quel est ce gros livre? dit le petit prince. Que faites-vous ici?

— Som zemepisec, — odpovedal starĂœ pĂĄn.

— Je suis gĂ©ographe, dit le vieux Monsieur.

— Čo je to zemepisec?

— Qu’est-ce qu’un gĂ©ographe?

— Je to vedec, ktorĂœ vie, kde sĂș moria, veÄŸkĂ© rieky, mestĂĄ, vrchy a pĂșĆĄte.

— C’est un savant qui connaĂźt oĂč se trouvent les mers, les fleuves, les villes, les montagnes et les dĂ©serts.

— To je veÄŸmi zaujĂ­mavĂ©, — povedal MalĂœ princ. — Konečne skutočnĂ© zamestnanie!

— Ça c’est bien intĂ©ressant, dit le petit prince. Ça c’est enfin un vĂ©ritable mĂ©tier!

— A poobzeral sa okolo seba po zemepiscovej planĂ©te. EĆĄte nikdy nevidel takĂș veÄŸkolepĂș planĂ©tu.

Et il jeta un coup d’Ɠil autour de lui sur la planĂšte du gĂ©ographe. Il n’avait jamais vu encore une planĂšte aussi majestueuse.

— VaĆĄa planĂ©ta je veÄŸmi peknĂĄ. SĂș na nej aj oceĂĄny?

— Elle est bien belle, votre planĂšte. Est-ce qu’il y a des ocĂ©ans?

— Ja to nemĂŽĆŸem vedieĆ„, — odpovedal zemepisec.

— Je ne puis pas le savoir, dit le gĂ©ographe.

— Ach! — MalĂœ princ bol sklamanĂœ. — A vrchy?

— Ah! (Le petit prince Ă©tait déçu.) Et des montagnes?

— Ja to nemĂŽĆŸem vedieĆ„, — povedal zemepisec.

— Je ne puis pas le savoir, dit le gĂ©ographe.

— A mestĂĄ a veÄŸkĂ© rieky a pĂșĆĄte?

— Et des villes et des fleuves et des dĂ©serts?

— Ani to nemĂŽĆŸem vedieĆ„, — odpovedal zemepisec.

— Je ne puis pas le savoir non plus, dit le gĂ©ographe.

— Veď ste zemepisec!

— Mais vous ĂȘtes gĂ©ographe!

— SprĂĄvne, — povedal zemepisec, — ale nie som cestovateÄŸ. NemĂĄm ani jednĂ©ho cestovateÄŸa. Zemepisec nechodĂ­ robiĆ„ sĂșpis miest, riek, vrchov, morĂ­, oceĂĄnov a pĂșĆĄtĂ­.

— C’est exact, dit le gĂ©ographe, mais je ne suis pas explorateur. Je manque absolument d’explorateurs. Ce n’est pas le gĂ©ographe qui va faire le compte des villes, des fleuves, des montagnes, des mers, des ocĂ©ans et des dĂ©serts.

Zemepisec je priveÄŸmi dĂŽleĆŸitĂœ na to, aby sa tĂșlal. NeopĂșĆĄĆ„a svoju pracovƈu. Ale prijĂ­ma tu nĂĄvĆĄtevy cestovateÄŸov. Vypytuje sa ich a zaznamenĂĄva si ich spomienky. A keď sa mu spomienky niektorĂ©ho z nich zdajĂș zaujĂ­mavĂ©, zemepisec si dĂĄ preskĂșmaĆ„ mravnĂ© sprĂĄvanie cestovateÄŸa.

Le gĂ©ographe est trop important pour flĂąner. Il ne quitte pas son bureau. Mais il y reçoit les explorateurs. Il les interroge, et il prend en note leurs souvenirs. Et si les souvenirs de l’un d’entre eux lui paraissent intĂ©ressants, le gĂ©ographe fait faire une enquĂȘte sur la moralitĂ© de l’explorateur.

— A prečo?

— Pourquoi ça?

— PretoĆŸe cestovateÄŸ, ktorĂœ by klamal, spĂŽsobil by v zemepisnĂœch knihĂĄch ozajstnĂ© katastrofy. A takisto cestovateÄŸ, ktorĂœ by priveÄŸa pil.

— Parce qu’un explorateur qui mentirait entraĂźnerait des catastrophes dans les livres de gĂ©ographie. Et aussi un explorateur qui boirait trop.

— A prečo? — spĂœtal sa MalĂœ princ.

— Pourquoi ça? fit le petit prince.

— PretoĆŸe pijani vidia dvojmo. A tak by zemepisec mohol zaznačiĆ„ dva vrchy tam, kde je iba jeden.

— Parce que les ivrognes voient double. Alors le gĂ©ographe noterait deux montagnes, lĂ  oĂč il n’y en a qu’une seule.

— PoznĂĄm kohosi, kto by bol zlĂœm cestovateÄŸom, — po— znamenal MalĂœ princ.

— Je connais quelqu’un, dit le petit prince, qui serait mauvais explorateur.

— To je moĆŸnĂ©. Keď sa teda mravnĂ© sprĂĄvanie cestovateÄŸa zdĂĄ dobrĂ©, jeho objav sa overĂ­.

— C’est possible. Donc, quand la moralitĂ© de l’explorateur paraĂźt bonne, on fait une enquĂȘte sur sa dĂ©couverte.

— Niekto sa ta ide pozrieĆ„?

— On va voir?

— Nie. To je prĂ­liĆĄ zloĆŸitĂ©. Ale od cestovateÄŸa sa poĆŸaduje, aby predloĆŸil dĂŽkazy. Ak objavĂ­, naprĂ­klad, nejakĂœ veÄŸkĂœ vrch, poĆŸadujeme, aby z neho doniesol veÄŸkĂ© kamene.

— Non. C’est trop compliquĂ©. Mais on exige de l’explorateur qu’il fournisse des preuves. S’il s’agit par exemple de la dĂ©couverte d’une grosse montagne, on exige qu’il en rapporte de grosses pierres.

Zemepisec sa nĂĄhle vzruĆĄil.

Le gĂ©ographe soudain s’émut.

— Ale ty prichĂĄdzaĆĄ zďaleka! Ty si cestovateÄŸ! OpĂ­ĆĄ mi svoju planĂ©tu!

— Mais toi, tu viens de loin! Tu es explorateur! Tu vas me dĂ©crire ta planĂšte!

A zemepisec roztvoril knihu zĂĄznamov a ostrĂșhal si ceruzku. RozprĂĄvanie cestovateÄŸa sa najprv zaznamenĂĄva ceruzkou. Aby sa mohlo zaznačiĆ„ atramentom, treba čakaĆ„, kĂœm cestovateÄŸ nepredloĆŸĂ­ dĂŽkazy.

Et le gĂ©ographe, ayant ouvert son registre, tailla son crayon. On note d’abord au crayon les rĂ©cits des explorateurs. On attend, pour noter Ă  l’encre, que l’explorateur ait fourni des preuves.

— NuĆŸ? — vyzval zemepisec MalĂ©ho princa.

— Alors? interrogea le gĂ©ographe.

— Och, u mƈa to nieje veÄŸmi zaujĂ­mavĂ©, — povedal MalĂœ princ, — je to celkom maličkĂ©. MĂĄm tri sopky. Dve sĂș v činnosti a jedna je vyhasnutĂĄ. Ale človek nikdy nevie.

— Oh! chez moi, dit le petit prince, ce n’est pas trĂšs intĂ©ressant, c’est tout petit. J’ai trois volcans. Deux volcans en activitĂ©, et un volcan Ă©teint. Mais on ne sait jamais.

— Človek nikdy nevie, — opakoval zemepisec.

— On ne sait jamais, dit le gĂ©ographe.

— Mám aj jednu kvetinu.

— J’ai aussi une fleur.

— My kvetiny nezaznamenávame.

— Nous ne notons pas les fleurs, dit le gĂ©ographe.

— A prečo? To je to najkrajơie!

— Pourquoi ça! c’est le plus joli!

— PretoĆŸe kvetiny sĂș pominuteÄŸnĂ©.

— Parce que les fleurs sont Ă©phĂ©mĂšres.

— Čo znamenĂĄ pominuteÄŸnĂ©?

— Qu’est ce que signifie: «éphĂ©mĂšre»?

— ZemepisnĂ© knihy sĂș najdokonalejĆĄie zo vĆĄetkĂœch knĂ­h, — povedal zemepisec. — Nikdy nezastarajĂș. VeÄŸmi zriedka sa stĂĄva, aby vrch zmenil miesto. VeÄŸmi zriedka sa stĂĄva, aby oceĂĄn vyschol. My pĂ­ĆĄeme o stĂĄlych veciach.

— Les gĂ©ographies, dit le gĂ©ographe, sont les livres les plus prĂ©cieux de tous les livres. Elles ne se dĂ©modent jamais. Il est trĂšs rare qu’une montagne change de place. Il est trĂšs rare qu’un ocĂ©an se vide de son eau. Nous Ă©crivons des choses Ă©ternelles.

— Ale vyhasnutĂ© sopky sa mĂŽĆŸu prebudiĆ„, — preruĆĄil ho MalĂœ princ. — Čo znamenĂĄ pominuteÄŸnĂ©?

— Mais les volcans Ă©teints peuvent se rĂ©veiller, interrompit le petit prince. Qu’est-ce que signifie «éphĂ©mĂšre»?