1
Le Fantôme de Canterville / El fantasma de Canterville — in French and Spanish

French-Spanish bilingual book

Oscar Wilde

Le FantĂ´me de Canterville

Oscar Wilde

El fantasma de Canterville

Traduction par Albert Savine

I

Capitulo I

Lorsque M. Hiram B. Otis, le ministre d’Amérique, fit l’acquisition de Canterville-Chase, tout le monde lui dit qu’il faisait là une très grande sottise, car on ne doutait aucunement que l’endroit ne fût hanté.

Cuando míster Hiram B. Otis, el ministro de América, compró Canterville-Chase, todo el mundo le dijo que cometía una gran necedad, porque la finca estaba embrujada.

D’ailleurs, lord Canterville lui-même, en homme de l’honnêteté la plus scrupuleuse, s’était fait un devoir de faire connaître la chose à M. Otis, quand ils en vinrent à discuter les conditions.

Hasta el mismo lord Canterville, como hombre de la más escrupulosa honradez, se creyó en el deber de participárselo a míster Otis, cuando llegaron a discutir las condiciones.

— Nous-mêmes, dit lord Canterville, nous n’avons point tenu à habiter cet endroit depuis l’époque où ma grand’tante, la duchesse douairière de Bolton, a été prise d’une défaillance causée par l’épouvante qu’elle éprouva, et dont elle ne s’est jamais remise tout à fait, en sentant deux mains de squelette se poser sur ses épaules, pendant qu’elle s’habillait pour le dîner. Je me crois obligé à vous dire, M. Otis, que le fantôme a été vu par plusieurs membres de ma famille qui vivent encore, ainsi que par le recteur de la paroisse, le révérend Auguste Dampier, qui est un agrégé du King’s-Collège, d’Oxford.

—Nosotros mismos —dijo lord Canterville- nos hemos resistido en absoluto a vivir en ese sitio desde la época en que mi tía abuela, la duquesa de Bolton, tuvo un desmayo, del que nunca se repuso por completo, motivado por el espanto que experimentó al sentir que dos manos de esqueleto se posaban sobre sus hombros, estando vistiéndose para cenar. Me creo en el deber de decirle, míster Otis, que el fantasma ha sido visto por varios miembros de mi familia, que viven actualmente, así como por el rector de la parroquia, el reverendo Augusto Dampier, agregado del King’s College, de Oxford.

Après le tragique accident survenu à la duchesse, aucune de nos jeunes domestiques n’a consenti à rester chez nous, et bien souvent lady Canterville a été privée de sommeil par suite des bruits mystérieux qui venaient du corridor et de la bibliothèque.

Después del trágico accidente ocurrido a la duquesa, ninguna de las doncellas quiso quedarse en casa, y lady Canterville no pudo ya conciliar el sueño, a causa de los ruidos misteriosos que llegaban del corredor y de la biblioteca.

— Mylord, répondit le ministre, je prendrai l’ameublement et le fantôme sur inventaire. J’arrive d’un pays moderne, où nous pouvons avoir tout ce que l’argent est capable de procurer, et avec nos jeunes et délurés gaillards qui font les cent coups dans le vieux monde, qui enlèvent vos meilleurs acteurs, vos meilleures prima-donnas, je suis sûr que s’il y avait encore un vrai fantôme en Europe, nous aurions bientôt fait de nous l’offrir pour le mettre dans un de nos musées publics, ou pour le promener sur les grandes routes comme un phénomène.

—Mi lord —respondió el ministro—, adquiriré el inmueble y el fantasma, bajo inventario. Llego de un país moderno, en el que podemos tener todo cuanto el dinero es capaz de proporcionar, y esos mozos nuestros, jóvenes y avispados, que recorren de parte a parte el viejo continente, que se llevan los mejores actores de ustedes, y sus mejores «prima donnas», estoy seguro de que si queda todavía un verdadero fantasma en Europa vendrán a buscarlo enseguida para colocarlo en uno de nuestros museos públicos o para pasearle por los caminos como un fenómeno.

— Le fantôme existe, je le crains, dit lord Canterville, en souriant, bien qu’il ait tenu bon contre les offres de vos entreprenants impresarios. Voilà plus de trois siècles qu’il est connu. Il date, au juste, de 1574, et ne manque jamais de se montrer quand il va se produire un décès dans la famille.

—El fantasma existe, me lo temo —dijo lord Canterville, sonriendo—, aunque quizá se resiste a las ofertas de los intrépidos empresarios de ustedes. Hace más de tres siglos que se le conoce. Data, con precisión, de mil quinientos setenta y cuatro, y no deja de mostrarse nunca cuando está a punto de ocurrir alguna defunción en la familia.

— Bah! le docteur de la famille n’agit pas autrement, lord Canterville. Mais, monsieur, un fantôme, ça ne peut exister, et je ne suppose pas que les lois de la nature comportent des exceptions en faveur de l’aristocratie anglaise.

—¡Bah! Los médicos de cabecera hacen lo mismo, lord Canterville. Amigo mío, un fantasma no puede existir, y no creo que las leyes de la Naturaleza admitan excepciones en favor de la aristocracia inglesa.

— Certainement, vous êtes très nature en Amérique, dit lord Canterville, qui ne comprenait pas très bien la dernière remarque de M. Otis. Mais s’il vous plaît d’avoir un fantôme dans la maison, tout est pour le mieux. Rappelez-vous seulement que je vous ai prévenu.

—Realmente son ustedes muy naturales en América —dijo lord Canterville, que no acababa de comprender la última observación de míster Otis—. Ahora bien: si le gusta a usted tener un fantasma en casa, mejor que mejor. Acuérdese únicamente de que yo le previne.

Quelques semaines plus tard, l’achat fut conclu, et vers la fin de la saison, le ministre et sa famille se rendirent à Canterville.

Algunas semanas después se cerró el trato, y a fines de estación el ministro y su familia emprendieron el viaje a Canterville.

Mrs Otis, qui, sous le nom de miss Lucretia R. Tappan, de la West 52e rue, avait été une illustre belle de New-York, était encore une très belle femme, d’âge moyen, avec de beaux yeux et un profil superbe.

Mistres Otis, que con el nombre de miss Lucrecia R. Tappan, de la calle West, 52, había sido una ilustre «beldad» de Nueva York, era todavía una mujer guapísima, de edad regular, con unos ojos hermosos y un perfil soberbio.

Bien des dames américaines, quand elles quittent leur pays natal, se donnent des airs de personnes atteintes d’une maladie chronique, et se figurent que c’est là une des formes de la distinction en Europe, mais Mrs Otis n’était jamais tombée dans cette erreur. Elle avait une constitution magnifique, et une abondance extraordinaire de vitalité. À vrai dire, elle était tout à fait anglaise, à bien des points de vue, et on eût pu la citer à bon droit pour soutenir la thèse que nous avons tous en commun avec l’Amérique, en notre temps, excepté la langue, cela s’entend.

Muchas damas americanas, cuando abandonan su país natal, adoptan aires de persona atacada de una enfermedad crónica, y se figuran que eso es uno de los sellos de distinción de Europa; pero mistress Otis no cayó nunca en ese error. Tenía una naturaleza magnífica y una abundancia extraordinaria de vitalidad. A decir verdad, era completamente inglesa bajo muchos aspectos, y hubiese podido citársela en buena lid para sostener la tesis de que lo tenemos todo en común con América hoy día, excepto la lengua, como es de suponer.

Son fils aîné, baptisé Washington par ses parents dans un moment de patriotisme qu’il ne cessait de déplorer, était un jeune homme blond, assez bien tourné, qui s’était posé en candidat pour la diplomatie en conduisant le cotillon au Casino de Newport pendant trois saisons de suite, et même à Londres, il passait pour un danseur hors ligne.

Su hijo mayor, bautizado con el nombre de Washington por sus padres, en un momento de patriotismo que Ă©l no cesaba de lamentar, era un muchacho rubio, de bastante buena figura, que se habĂ­a erigido en candidato a la diplomacia, dirigiendo un cotillĂłn en el casino de Newport durante tres temporadas seguidas, y aun en Londres pasaba por ser bailarĂ­n excepcional.

Ses seules faiblesses étaient les gardénias et la pairie. À cela près, il était parfaitement sensé.

Sus Ăşnicas debilidades eran las gardenias y la patria; aparte de esto, era perfectamente sensato.

Miss Virginia E. Otis Ă©tait une fillette de quinze ans, svelte et gracieuse comme un faon, avec un bel air de libre allure dans ses grands yeux bleus.

Miss Virginia E. Otis era una muchachita de quince años, esbelta y graciosa como un cervatillo, con un bonito aire de despreocupación en sus grandes ojos azules.

C’était une amazone remarquable, et elle avait fait un jour sur son poney avec le vieux lord Bilton, parcourant deux fois tout le circuit du parc, et gagnant d’une longueur et demie, juste en face de la statue d’Achille, ce qui avait provoqué un délirant enthousiasme chez le jeune duc de Cheshire, si bien qu’il lui proposa séance tenante de l’épouser, et que ses tuteurs durent l’expédier le soir même à Eton, tout inondé de larmes.

Era una amazona maravillosa, y sobre su «poney» derrotó una vez en carreras al viejo lord Bilton, dando dos veces la vuelta al parque, ganándole por caballo y medio, precisamente frente a la estatua de Aquiles, lo cual provocó un entusiasmo tan delirante en el joven duque de Cheshire, que la propuso acto continuo el matrimonio, y sus tutores tuvieron que expedirle aquella misma noche a Elton, bañado en lágrimas.

Après Virginia, il y avait les jumeaux, connus d’ordinaire sous le nom d’Étoiles et Bandes, parce qu’on les prenait sans cesse à les arborer. C’étaient de charmants enfants, et avec le digne ministre, les seuls vrais républicains de la famille.

Después de Virginia venían dos gemelos, conocidos de ordinario con el nombre de Estrellas y Bandas, porque se les encontraba siempre ostentándolas. Eran unos niños encantadores, y, con el ministro, los únicos verdaderos republicanos de la familia.

Comme Canterville-Chase est à sept milles d’Ascot, la gare la plus proche, M. Otis avait télégraphié qu’on vînt les prendre en voiture découverte, et on se mit en route dans des dispositions fort gaies. C’était par une charmante soirée de juillet, où l’air était tout embaumé de la senteur des pins. De temps à autre, on entendait un ramier roucoulant de sa plus douce voix, ou bien on entrevoyait, dans l’épaisseur et le froufrou de la fougère le plastron d’or bruni de quelque faisan.

Como Canterville-Chase está a siete millas de Ascot, la estación más próxima, míster Otis telegrafió que fueran a buscarle en coche descubierto, y emprendieron la marcha en medio de la mayor alegría. Era una noche encantadora de julio, en que el aire estaba aromado de olor a pinos. De cuando en cuando oíase a una paloma arrullándose con su voz más dulce, o entreveíase, entre la maraña y el fru-fru de los helechos, la pechuga de oro bruñido de algún faisán.

De petits écureuils les épiaient du haut des hêtres, sur leur passage; des lapins détalaient à travers les fourrés, ou par-dessus les tertres mousseux, en dressant leur queue blanche.

Ligeras ardillas los espiaban desde lo alto de las hayas a su paso; unos conejos corrían como exhalaciones a través de los matorrales o sobre los collados herbosos, levantando su rabo blanco.

Néanmoins dès qu’on entra dans l’avenue de Canterville-Chase, le ciel se couvrit soudain de nuages. Un silence singulier sembla gagner toute l’atmosphère. Un grand vol de corneilles passa sans bruit au-dessus de leurs têtes, et avant qu’on fût arrivé à la maison, quelques grosses gouttes de pluie étaient tombées.

Sin embargo, no bien entraron en la avenida de Canterville-Chase, el cielo se cubrió repentinamente de nubes. Un extraño silencio pareció invadir toda la atmósfera, una gran bandada de cornejas cruzó calladamente por encima de sus cabezas, y antes de que llegasen a la casa ya habían caído algunas gotas.

Sur les marches se tenait pour les recevoir une vieille femme convenablement mise en robe de soie noire, en bonnet et tablier blancs. C’était Mrs Umney, la gouvernante, que Mrs Otis, sur les vives instances de lady Canterville, avait consenti à conserver dans sa situation.

En los escalones se hallaba para recibirles una vieja, pulcramente vestida de seda negra, con cofia y delantal blancos. Era mistress Umney, el ama de gobierno que mistress Otis, a vivos requerimientos de lady Canterville, accediĂł a conservar en su puesto.

Elle fit une profonde révérence à la famille quand on mit pied à terre, et dit avec un accent bizarre du bon vieux temps:
— Je vous souhaite la bienvenue à Canterville-Chase.

Hizo una profunda reverencia a la familia cuando echaron pie a tierra, y dijo, con un singular acento de los buenos tiempos antiguos:
—Les doy la bienvenida a Canterville-Chase.

On la suivit, en traversant un beau hall en style Tudor, jusque dans la bibliothèque, salle longue, vaste, qui se terminait par une vaste fenêtre à vitraux. Le thé les attendait. Ensuite, quand on se fut débarrassé des effets de voyage, on s’assit, on se mit à regarder autour de soi, pendant que Mrs Umney s’empressait.

La siguieron, atravesando un hermoso hall, de estilo Túdor, hasta la biblioteca, largo salón espacioso que terminaba en un ancho ventanal acristalado. Estaba preparado el té. Luego, una vez que se quitaron los trajes de viaje, sentáronse todos y se pusieron a curiosear en torno suyo, mientras mistress Umney iba de un lado para el otro.

Tout à coup le regard de Mrs Otis tomba sur une tache d’un rouge foncé sur le parquet, juste à côté de la cheminée, et sans se rendre aucun compte de ses paroles, elle dit à Mrs Umney:
— Je crains qu’on n’ait répandu quelque chose à cet endroit.

De pronto, la mirada de mistress Otis cayĂł sobre una mancha de un rojo oscuro que habĂ­a sobre el pavimento, precisamente al lado de la chimenea y, sin darse cuenta de sus palabras, dijo a mistress Umney:
—Veo que han vertido algo en ese sitio.

— Oui, madame, répondit Mrs Umney à voix basse. Du sang a été répandu à cet endroit.

—Sí, señora —contestó mistress Umney en voz baja—. Ahí se ha vertido sangre.

— C’est affreux! s’écria Mrs Otis. Je ne veux pas de taches de sang dans un salon. Il faut enlever ça tout de suite.

—¡Es espantoso! —exclamó mistress Otis—. No quiero manchas de sangre en un salón. Es preciso quitar eso inmediatamente.

La vieille femme sourit, et de sa même voix basse, mystérieuse, elle répondit:
— C’est le sang de lady Eleonor de Canterville, qui a été tuée en cet endroit même par son propre mari, sir Simon de Canterville, en 1575.

La vieja sonriĂł, y con la misma voz baja y misteriosa, respondiĂł:
—Es sangre de lady Leonor de Canterville, que fue muerta en ese mismo sitio por su propio marido, sir Simón de Canterville, en mil quinientos sesenta y cinco.

Sir Simon lui survécut neuf ans, et disparut soudain dans des circonstances très mystérieuses. Son corps ne fut jamais retrouvé, mais son âme coupable continue à hanter la maison. La tache de sang a été fort admirée des touristes et d’autres personnes, mais l’enlever… c’est impossible.

Sir Simón la sobrevivió nueve años, desapareciendo de repente en circunstancias misteriosísimas. Su cuerpo no se encontró nunca, pero su alma culpable sigue embrujando la casa. La mancha de sangre ha sido muy admirada por los turistas y por otras personas, pero quitarla, imposible.

— Tout ça, c’est des bêtises, s’écria Washington Otis. Le produit détachant, le nettoyeur incomparable du champion Pinkerton fera disparaître ça en un clin d’œil.

—Todo eso son tonterías —exclamó Washington Otis—. El producto «quitamanchas», el limpiador incomparable del «campeón Pinkerton» hará desaparecer eso en un abrir y cerrar de ojos.

Et avant que la gouvernante horrifiée eût pu intervenir, il s’était agenouillé, et frottait vivement le parquet avec un petit bâton d’une substance qui ressemblait à du cosmétique noir. Peu d’instants après, la tache avait disparu sans laisser aucune trace.

Y antes de que el ama de gobierno, aterrada, pudiera intervenir, ya se había arrodillado y frotaba vivamente el entarimado con una barrita de una sustancia parecida al cosmético negro. A los pocos instantes la mancha había desaparecido sin dejar rastro.

— Je savais bien que le Pinkerton en aurait raison, s’écria-t-il d’un ton de triomphe, en promenant un regard circulaire sur la famille en admiration. Mais à peine avait-il prononcé ces mots qu’un éclair formidable illumina la pièce sombre, et qu’un terrible roulement de tonnerre mit tout le monde debout, excepté Mrs Umney, qui s’évanouit.

—Ya sabía yo que el «Pinkerton» la borraría —exclamó en tono triunfal, paseando una mirada circular sobre su familia, llena de admiración. Pero apenas había pronunciado esas palabras, cuando un relámpago formidable iluminó la estancia sombría, y el retumbar del trueno levantó a todos, menos a mistress Umney, que se desmayó.

— Quel affreux climat! dit tranquillement le ministre, en allumant un long cigare. Je m’imagine que le pays des aïeux est tellement encombré de population, qu’il n’y a pas assez de beau temps pour tout le monde. J’ai toujours été d’avis que ce que les Anglais ont de mieux à faire, c’est d’émigrer.

—¡Qué clima más atroz! —dijo tranquilamente el ministro, encendiendo un largo veguero—. Creo que el país de los abuelos está tan lleno de gente, que no hay buen tiempo bastante para todo el mundo. Siempre opiné que lo mejor que pueden hacer los ingleses es emigrar.

— Mon cher Hiram, s’écria Mrs Otis, que pouvons-nous faire d’une femme qui s’évanouit?

—Querido Hiram —replicó mistress Otis—, ¿qué podemos hacer con una mujer que se desmaya?

— Nous déduirons cela sur ses gages avec la casse, répondit le ministre. Après ça, elle ne s’évanouira plus. Et, en effet, Mrs Umney ne tarda pas à reprendre ses sens.

—Descontaremos eso de su salario en caja. Así no se volverá a desmayar. En efecto, mistress Umney no tardó en volver en sí.

Toutefois il était évident qu’elle était bouleversée de fond en comble; et d’une voix austère, elle avertit Mrs Otis qu’elle eût à s’attendre à quelque ennui dans la maison.

Sin embargo, veĂ­ase que estaba conmovida hondamente, y con voz solemne advirtiĂł a mistress Otis que debĂ­a esperarse algĂşn disgusto en la casa.

— J’ai vu de mes propres yeux, des choses… Monsieur, dit-elle, à faire dresser les cheveux sur la tête à un chrétien. Et pendant des nuits, et des nuits, je n’ai pu fermer l’œil, à cause des faits terribles qui se passent ici.

—Señores, he visto con mis propios ojos algunas cosas… que pondrían los pelos de punta a cualquier cristiano. Y durante noches y noches no he podido pegar los ojos a causa de los hechos terribles que pasaban.

Néanmoins Mrs Otis et sa femme certifièrent à la bonne femme, avec vivacité qu’ils n’avaient nulle peur des fantômes. La vieille gouvernante après avoir appelé la bénédiction de la Providence sur son nouveau maître et sa nouvelle maîtresse, et pris des arrangements pour qu’on augmentât ses gages, rentra chez elle en clopinant.

A pesar de lo cual, míster Otis y su esposa aseguraron vivamente a la buena mujer que no tenían miedo ninguno de los fantasmas. La vieja ama de llaves, después de haber impetrado la bendición de la Providencia sobre sus nuevos amos y de arreglárselas para que le aumentasen el salario, se retiró a su habitación renqueando.

II

Capitulo II

La tempête se déchaîna pendant toute la nuit, mais il ne se produisit rien de remarquable. Le lendemain, quand on descendit pour déjeuner, on retrouva sur le parquet la terrible tache.

La tempestad se desencadenó durante toda la noche, pero no produjo nada extraño. Al día siguiente, por la mañana, cuando bajaron a almorzar, encontraron de nuevo la terrible mancha sobre el entarimado.

— Je ne crois pas que ce soit la faute du Nettoyeur sans rival, dit Washington, car je l’ai essayé sur toute sorte de tache. Ça doit être le fantôme.

—No creo que tenga la culpa el «quita manchas» —dijo Washington—, pues lo he ensayado sobre toda clase de manchas. Debe de ser cosa del fantasma.

En conséquence, il effaça la tache par quelques frottements. Le surlendemain, elle avait reparu.

En consecuencia, borró la mancha, después de frotar un poco. Al otro día, por la mañana, había reaparecido.

Et pourtant la bibliothèque avait été fermée à clef, et Mrs Otis avait emporté la clef en haut.

Y, sin embargo, la biblioteca permanecía cerrada la noche anterior, llevándose la llave mister Otis.

Dès lors, la famille commença à s’intéresser à la chose. M. Otis était sur le point de croire qu’il avait été trop dogmatique en niant l’existence des fantômes. Mrs Otis exprima l’intention de s’affilier à la Société Psychique, et Washington prépara une longue lettre à MM. Myers et Podmore1, au sujet de la persistance des taches de sang quand elles résultent d’un crime.

Desde entonces, la familia empezó a interesarse por aquello. Míster Otis se hallaba a punto de creer que había estado demasiado dogmático negando la existencia de los fantasmas. Mister Otis expresó su intención de afiliarse a la Sociedad Psíquica, y Washington preparó una larga carta a míster Myers y Podmone, basada en la persistencia de las manchas de sangre cuando provienen de un crimen.

Cette nuit-là leva tous les doutes sur l’existence objective des fantômes.

Aquella noche disipĂł todas las dudas sobre la existencia objetiva de los fantasmas.

La journée avait été chaude et ensoleillée. La famille profita de la fraîcheur de la soirée pour faire une promenade en voiture.

La familia habĂ­a aprovechado la frescura de la tarde para dar un paseo en coche.

On ne rentra qu’à neuf heures, et on prit un léger repas.

Regresaron a las nueve, tomando una ligera cena.

La conversation ne porta nullement sur les fantômes, de sorte qu’il manquait même les conditions les plus élémentaires d’attente et de réceptivité qui précèdent si souvent les phénomènes psychiques.

La conversación no recayó ni un momento sobre los fantasmas, de manera que faltaban hasta las condiciones más elementales de «espera» y de «receptibilidad» que preceden tan a menudo a los fenómenos psíquicos.

Les sujets qu’on discuta, ainsi que je l’ai appris plus tard de M. Otis, furent simplement ceux qui alimentent la conversation des Américains cultivés, qui appartiennent aux classes supérieures, par exemple l’immense supériorité de miss Janny Davenport sur Sarah Bernhardt, comme actrice; la difficulté de trouver du maïs vert, des galettes de sarrasin, de la polenta, même dans les meilleures maisons anglaises, l’importance de Boston dans l’expansion de l’âme universelle, les avantages du système qui consiste à enregistrer les bagages des voyageurs; puis la douceur de l’accent new-yorkais, comparé au ton traînant de Londres.

Los asuntos que discutieron, por lo que luego he sabido por mistress Otis, fueron simplemente los habituales en la conversaciĂłn de los americanos cultos que pertenecen a las clases elevadas, como, por ejemplo, la inmensa superioridad de miss Janny Davenport sobre Sarah Bernhardt, como actriz; la dificultad para encontrar maĂ­z verde, galletas de trigo sarraceno, aun en las mejores casas inglesas; la importancia de Boston en el desenvolvimiento del alma universal; las ventajas del sistema que consiste en anotar los equipajes de los viajeros, y la dulzura del acento neoyorquino, comparado con el dejo de Londres.

Il ne fut aucunement question de surnaturel. On ne fit pas la moindre allusion, même indirecte à sir Simon de Canterville. À onze heures, la famille se retira. À onze et demie, toutes les lumières étaient éteintes.

No se tratĂł para nada de lo sobrenatural, no se hizo ni la menor alusiĂłn indirecta a sir SimĂłn de Canterville. A las once, la familia se retirĂł. A las doce y media estaban apagadas todas las luces.

Quelques instants plus tard, M. Otis fut réveillé par un bruit singulier dans le corridor, en dehors de sa chambre. Cela ressemblait à un bruit de ferraille, et se rapprochait de plus en plus.

Poco después, míster Otis se despertó con un ruido singular en el corredor, fuera de su habitación. Parecía un ruido de hierros viejos, y se acercaba cada vez más.

Il se leva aussitôt, fit flamber une allumette, et regarda l’heure. Il était une heure juste.

Se levantĂł en el acto, encendiĂł la luz y mirĂł la hora. Era la una en punto.

M. Otis était tout à fait calme. Il se tâta le pouls, et ne le trouva pas du tout agité. Le bruit singulier continuait, en même temps que se faisait entendre distinctement un bruit de pas. M. Otis mit ses pantoufles, prit dans son nécessaire de toilette une petite fiole allongée et ouvrit la porte.

Míster Otis estaba perfectamente tranquilo. Se tomó el pulso y no lo encontró nada alterado. El ruido extraño continuaba, al mismo tiempo que se oía claramente el sonar de unos pasos. Míster Otis se puso las zapatillas, tomó un frasquito alargado de su tocador y abrió la puerta.

Il aperçut juste devant lui, dans le pâle clair de lune, un vieil homme d’aspect terrible. Les yeux paraissaient comme des charbons rouges. Une longue chevelure grise tombait en mèches agglomérées sur ses épaules. Ses vêtements, d’une coupe antique, étaient salis, déchirés. De ses poignets et de ses chevilles pendaient de lourdes chaînes et des entraves rouillées.

Y vio frente a él, en el pálido claro de luna, a un viejo de aspecto terrible. Sus ojos parecían carbones encendidos. Una larga cabellera gris caía en mechones revueltos sobre sus hombros. Sus ropas, de corte anticuado, estaban manchadas y en jirones. De sus muñecas y de sus tobillos colgaban unas pesadas cadenas y unos grilletes herrumbrosos.

— Mon cher Monsieur, dit M. Otis, permettez-moi de vous prier instamment d’huiler ces chaînes. Je vous ai apporté tout exprès une petite bouteille du Graisseur de Tammany-Soleil-Levant. On dit qu’une seule application est très efficace, et sur l’enveloppe il y a plusieurs certificats des plus éminents théologiens de chez nous qui en font foi. Je vais la laisser ici pour vous à côté des bougeoirs, et je me ferai un plaisir de vous en procurer davantage, si vous le désirez.

—Mi distinguido señor —dijo míster Otis—, permítame que le ruegue vivamente que se engrase esas cadenas. Le he traído para ello una botella del engrasador «Tammany-Sol-Levante». Dicen que una sola untura es eficacísima, y en la etiqueta hay varios certificados de nuestros teólogos más ilustres, que dan fe de ello. Voy a dejársela aquí, al lado de las mecedoras, y tendré un verdadero placer en proporcionarle más, si así lo desea.

Sur ces mots, le ministre des États-unis posa la fiole sur une table de marbre, ferma la porte, et se remit au lit.

Dicho lo cual el ministro de los Estados Unidos dejó el frasquito sobre una mesa de mármol, cerró la puerta y se volvió a meter en la cama.

Pendant quelques instants, le fantôme de Canterville resta immobile d’indignation. Puis lançant rageusement la fiole sur le parquet ciré, il s’enfuit à travers le corridor, en poussant des grondements caverneux, et émettant une singulière lueur verte.

El fantasma de Canterville permaneció algunos minutos inmóvil de indignación. Después, tiró, lleno de rabia, el frasquito contra el suelo encerado y huyó por el corredor, lanzando gruñidos cavernosos y despidiendo una extraña luz verde.

Néanmoins comme il arrivait au grand escalier de chêne, une porte s’ouvrit soudain. Deux petites silhouettes drapées de blanc se montrèrent, et un lourd oreiller lui frôla la tête.

Sin embargo, cuando llegaba a la gran escalera de roble, se abriĂł de repente una puerta. Aparecieron dos siluetas infantiles, vestidas de blanco, y una voluminosa almohada le rozĂł la cabeza.

Évidemment, il n’y avait pas de temps à perdre, aussi, utilisant comme moyen de fuite la quatrième dimension de l’espace, il s’évanouit à travers le badigeon, et la maison reprit sa tranquillité.

Evidentemente, no había tiempo que perder; así es que, utilizando como medio de fuga la cuarta dimensión del espacio, se desvaneció a través del estuco, y la casa recobró su tranquilidad.

Parvenu dans un petit réduit secret de l’aile gauche, il s’adossa à un rayon de lune pour reprendre haleine, et se mit à réfléchir pour se rendre compte de sa situation.

Llegado a un cuartito secreto del ala izquierda, se adosĂł a un rayo de luna para tomar aliento, y se puso a reflexionar para darse cuenta de su situaciĂłn.

Jamais dans une brillante carrière qui avait duré trois cents ans de suite, il n’avait été insulté aussi grossièrement.

Jamás en toda su brillante carrera, que duraba ya trescientos años seguidos, fue injuriado tan groseramente.

Il se rappela la duchesse douairière qu’il avait jetée dans une crise d’épouvante pendant qu’elle se contemplait, couverte de dentelles et de diamants devant la glace; les quatre bonnes, qu’il avait affolées en des convulsions hystériques, rien qu’en leur faisant des grimaces entre les rideaux d’une des chambres d’amis; le recteur de la paroisse dont il avait soufflé la bougie, pendant qu’il revenait de la bibliothèque, à une heure avancée et qui depuis était devenu un client assidu de sir William Gull, et un martyr de tous les genres de désordres nerveux; la vieille madame de Trémouillac, qui se réveillant de bonne heure, avait vu dans le fauteuil, près du feu, un squelette occupé à lire le journal qu’elle rédigeait; et avait été condamnée à garder le lit pendant six mois par une attaque de fièvre cérébrale. Une fois remise, elle s’était réconciliée avec l’Église, et avait rompu toutes relations avec ce sceptique avéré, M. de Voltaire.

Se acordó de la duquesa viuda, en quien provocó una crisis de terror, estando mirándose al espejo, cubierta de brillantes y de encajes; de las cuatro doncellas a quienes había enloquecido, produciéndoles convulsiones histéricas, sólo con hacerlas visajes entre las cortinas de una de las habitaciones destinadas a invitados; del rector de la parroquia, cuya vela apagó de un soplo cuando volvía el buen señor de la biblioteca a una hora avanzada, y que desde entonces se convirtió en mártir de toda clase de alteraciones nerviosas; de la vieja señora de Tremouillac, que, al despertarse a medianoche, le vio sentado en un sillón, al lado de la lumbre, en forma de esqueleto, entretenido en leer el diario que redactaba ella de su vida, y que de resultas de la impresión tuvo que guardar cama durante seis meses, víctima de un ataque cerebral. Una vez curada se reconcilió con la iglesia y rompió toda clase de relaciones con el señalado escéptico monsieur de Voltaire.

Il se rappela aussi la nuit terrible où ce coquin de lord Canterville avait été trouvé râlant dans son cabinet de toilette, le valet de pique enfoncé dans sa gorge, et avait avoué qu’au moyen de cette même carte, il avait filouté à Charles Fox, chez Crockford, la somme de 10, 000 livres. Il jurait que le fantôme lui avait fait avaler cette carte.

Recordó igualmente la noche terrible en que el bribón de lord Canterville fue hallado agonizante en su tocador, con una sota de espadas hundida en la garganta, viéndose obligado a confesar que por medio de aquella carta había timado la suma de diez mil libras a Carlos Fos, en casa de Grookford. Y juraba que aquella carta se la hizo tragar el fantasma.

Tous ses grands exploits lui revenaient à la mémoire. Il vit défiler le sommelier qui s’était brûlé la cervelle pour avoir vu une main verte tambouriner sur la vitre; et la belle lady Steelfield, qui était condamnée à porter au cou un collier de velours noir pour cacher la marque de cinq doigts imprimés comme du fer rouge sur sa peau blanche, et qui avait fini par se noyer dans le vivier au bout de l’Allée du Roi.

Todas sus grandes hazañas le volvían a la mente. Vio desfilar al mayordomo que se levantó la tapa de los sesos por haber visto una mano verde tamborilear sobre los cristales, y la bella lady Steefield, condenada a llevar alrededor del cuello un collar de terciopelo negro para tapar la señal de cinco dedos, impresos como un hierro candente sobre su blanca piel, y que terminó por ahogarse en el vivero que había al extremo de la Avenida Real.

Et tout plein de l’enthousiasme égotiste du véritable artiste, il passa en revue ses rôles les plus célèbres. Il s’adressa un sourire amer, en évoquant sa dernière apparition dans le rôle de «Ruben le Rouge ou le nourrisson étranglé» son début dans celui de «Gibéon le Vampire maigre de la lande de Bexley», et la furore qu’il avait excitée par une charmante soirée de juin, rien qu’en jouant aux quilles avec ses propres ossements sur la pelouse du lawn-tennis.
Et tout cela pour aboutir Ă  quoi?

Y, lleno del entusiasmo ególatra del verdadero artista, pasó revista a sus creaciones más célebres. Se dedicó una amarga sonrisa al evocar su última aparición en el papel de «Rubén el Rojo», o «el rorro estrangulado», su «debut» en el «Gibeén, el Vampiro flaco del páramo de Bevley», y el furor que causó una tarde encantadora de junio sólo con jugar a los bolos con sus propios huesos sobre el campo de hierba de «lawn-tennis».

De misérables Américains modernes venaient lui offrir le Graisseur à la marque du Soleil Levant! et ils lui jetaient des oreillers à la tête! C’était absolument intolérable. En outre, l’histoire nous apprend que jamais fantôme ne fut traité de cette façon.

¿Y todo para qué? ¡Para que unos miserables americanos le ofreciesen el engrasador marca «Sol-Levante» y le tirasen almohadas a la cabeza! Era realmente intolerable. Además, la historia nos enseña que jamás fue tratado ningún fantasma de aquella manera.

La conclusion qu’il en tira, c’est qu’il devait prendre sa revanche, et il resta jusqu’au lever du jour dans une attitude de profonde méditation.

LlegĂł a la conclusiĂłn de que era preciso tomarse la revancha, y permaneciĂł hasta el amanecer en actitud de profunda meditaciĂłn.

III

Capitulo III

Le lendemain, quand le déjeuner réunit la famille Otis, on discuta assez longuement sur le fantôme. Le ministre des États-unis était, naturellement, un peu froissé de voir que son offre n’avait pas été agréée:

Cuando a la mañana siguiente el almuerzo reunió a la familia Otis, se discutió extensamente acerca del fantasma. El ministro de los Estados Unidos estaba, como era natural, un poco ofendido viendo que su ofrecimiento no había sido aceptado.

— Je n’ai nullement l’intention de faire au fantôme une injure personnelle, fit-il, et je reconnais que vu la longue durée de son séjour dans la maison, ce n’était pas du tout poli de lui jeter des oreillers à la tête… Je suis fâché d’avoir à dire que cette observation si juste provoqua chez les jumeaux une explosion de rires.

—No quisiera en modo alguno injuriar personalmente al fantasma —dijo —, y reconozco que, dada la larga duración de su estancia en la casa, no era nada cortés tirarle una almohada a la cabeza… Siento tener que decir que esta observación tan justa provocó una explosión de risa en los gemelos.

— Mais d’autre part, reprit M. Otis, s’il persiste pour tout de bon à ne pas employer le Graisseur à la marque Soleil Levant, il faudra que nous lui enlevions ses chaînes. Il n’y aurait plus moyen de dormir avec tout ce bruit à la porte des chambres à coucher.

—Pero, por otro lado —prosiguió míster Otis—, si se empeña, sin más ni más, en no hacer uso del engrasador marca «Sol-Levante», nos veremos precisados a quitarle las cadenas. No habría manera de dormir con todo ese ruido a la puerta de las alcobas.

Néanmoins, pendant le reste de la semaine, on ne fut pas dérangé. La seule chose qui attirât quelque attention, c’était la réapparition continuelle de la tache de sang sur le parquet de la bibliothèque.

Pero, sin embargo, en el resto de la semana no fueron molestados. Lo único que les llamó la atención fue la reaparición continua de la mancha de sangre sobre el «parquet» de la biblioteca.

C’était certes bien étrange, d’autant plus que la porte en était toujours fermée à clef, le soir, par M. Otis, et qu’on tenait les fenêtres soigneusement closes.

Era realmente muy extraño, tanto más cuanto que mistress Otis cerraba la puerta con llave por la noche, igual que las ventanas.

Les changements de teinte que subissait la tache, comparables à ceux d’un caméléon, produisirent aussi de fréquents commentaires. Certains matins, elle était d’un rouge foncé, presque d’un rouge indien: d’autres fois, elle était vermillon; puis d’un pourpre riche, et une fois, quand on descendit pour faire la prière conformément aux simples rites de la libre Église épiscopale réformée d’Amérique, on la trouva d’un beau vert-émeraude.

Los cambios de color que sufría la mancha, comparables a los de un camaleón, produjeron asimismo frecuentes comentarios en la familia. Una mañana era de un rojo oscuro, casi violáceo; otras veces era bermellón; luego, de un púrpura espléndido, y un día, cuando bajaron a rezar, según los ritos sencillos de la libre iglesia episcopal reformada de América, la encontraron de un hermoso verde esmeralda.

Naturellement ces permutations de kaléidoscope amusèrent beaucoup la troupe, et on faisait chaque soir des paris sans se gêner. La seule personne qui ne prit point de part à la plaisanterie était la petite Virginie. Pour certaine raison ignorée, elle était toujours vivement impressionnée à la vue de la tache de sang, et elle fut bien près de pleurer le matin où la tache parut vert-émeraude.

Como era natural, estos cambios kaleidoscópicos divirtieron grandemente a la reunión y hacíanse apuestas todas las noches con entera tranquilidad. La única persona que no tomó parte en la broma fue la joven Virginia. Por razones ignoradas, sentíase siempre impresionada ante la mancha de sangre, y estuvo a punto de llorar la mañana que apareció verde esmeralda.

Le fantôme fit sa seconde apparition une nuit de dimanche. Peu de temps après qu’on fut couché, on fut soudain alarmé par un énorme fracas qui s’entendit dans le hall.

El fantasma hizo su aparición el domingo por la noche. Al poco tiempo de estar todos ellos acostados, les alarmó un enorme estrépito que se oyó en el «hall».

On descendit à la hâte, et on trouva qu’une armure complète s’était détachée de son support, et était tombée sur les dalles. Tout près de là, assis dans un fauteuil au dossier élevé, le fantôme de Canterville se frictionnait les genoux avec une expression de vive souffrance peinte sur la figure.

Bajaron apresuradamente, y se encontraron con que una armadura completa se habĂ­a desprendido de su soporte, cayendo sobre las losas. Cerca de allĂ­, sentado en un sillĂłn de alto respaldo, el fantasma de Canterville se restregaba las rodillas, con una expresiĂłn de agudo dolor sobre su rostro.

Les jumeaux, qui s’étaient munis de leurs sarbacanes, lui lancèrent aussitôt deux boulettes avec cette sûreté de coup d’œil qu’on ne peut acquérir qu’à force d’exercices longs et patients sur le professeur d’écriture. Pendant ce temps-là, le ministre des États-unis tenait le fantôme dans la ligne de son revolver, et conformément à l’étiquette californienne, le sommait de lever les mains en l’air.

Los gemelos, que se habían provisto de sus cañas de majuelos, le lanzaron inmediatamente dos huesos, con esa seguridad de puntería que sólo se adquiere a fuerza de largos y pacientes ejercicios sobre el profesor de caligrafía. Mientras tanto, el ministro de los Estados Unidos mantenía al fantasma bajo la amenaza de su revólver, y, conforme a la etiqueta californiana, le instaba a levantar los brazos.

Le fantôme se leva brusquement en poussant un cri de fureur sauvage, et se dissipa au milieu d’eux, comme un brouillard, en éteignant au passage la bougie de Washington Otis, et laissant tout le monde dans la plus complète obscurité.

El fantasma se alzó bruscamente, lanzando un grito de furor salvaje, y se disipó en medio de ellos, como una niebla, apagando de paso la vela de Washington Otis y dejándolos a todos en la mayor oscuridad.

Quand il fut au haut de l’escalier, il reprit possession de lui-même, et se décida à lancer son célèbre carillon d’éclats de rire sataniques. En maintes occasions, il avait expérimenté l’utilité de ce procédé.

Cuando llegó a lo alto de la escalera, una vez dueño de sí, se decidió a lanzar su célebre repique de carcajadas satánicas. Contaba la gente que aquello hizo encanecer en una sola noche el peluquín de lord Raker.

On raconte que cela avait fait grisonner en une seule nuit la perruque de lord Raker. Il est certain qu’il n’en avait pas fallu davantage pour décider les trois gouvernantes françaises à donner leur démission avant d’avoir fini leur premier mois.

Y que no necesitaron más de tres sucesivas amas de gobierno para decidirse a «dimitir» antes de terminar el primer mes en su cargo.

En conséquence il lança son éclat de rire le plus horrible, réveillant de proche en proche les échos sous les antiques voûtes, mais à peine les terribles sonorités s’étaient-elles éteintes qu’une porte s’ouvrit, et qu’apparut en robe bleu-clair Mrs Otis.

Por consiguiente, lanzó una carcajada más horrible, despertando paulatinamente los ecos en las antiguas bóvedas; pero, apagados éstos, se abrió una puerta y apareció, vestida de azul claro, mistress Otis.

— Je crains, dit-elle, que vous ne soyez indisposé, et je vous ai apporté une fiole de la teinture du docteur Dobell. Si c’est une indigestion, ça vous fera beaucoup de bien.

—Me temo —dijo la dama- que esté usted indispuesto, y aquí le traigo un frasco de la tintura del doctor Dobell. Si se trata de una indigestión, esto le sentará bien.

Le fantôme la regarda avec des yeux flambants de fureur, et se mit en mesure de se changer en un gros chien noir. C’était un tour qui lui avait valu une réputation bien méritée, et auquel le médecin de la famille attribuait toujours l’idiotie incurable de l’oncle de lord Canterville, l’honorable Thomas Horton.

El fantasma la miró con ojos llameantes de furor y se creyó en el deber de metamorfosearse en un gran perro negro. Era un truco que le había dado una reputación merecidísima, y al cual atribuía la idiotez incurable del tío de lord Canterville, el honorable Tomás Horton.

Mais le bruit de pas qui se rapprochaient le fit chanceler dans sa cruelle résolution, et il se contenta de se rendre légèrement phosphorescent. Puis, il s’évanouit, après avoir poussé un gémissement sépulcral, car les jumeaux allaient le rattraper.

Pero un ruido de pasos que se acercaban le hizo vacilar en su cruel determinación, y se contentó con volverse un poco fosforescente. En seguida se desvaneció, después de lanzar un gemido sepulcral, porque los gemelos iban a darle alcance.

Rentré chez lui, il se sentit brisé, en proie à la plus violente agitation.

Una vez en su habitación sintióse destrozado, presa de la agitación más violenta.

La vulgarité des jumeaux, le grossier matérialisme de Mrs Otis, tout cela était certes très vexant, mais ce qui l’humiliait le plus, c’est qu’il n’avait pas la force de porter la cotte de mailles.

La ordinariez de los gemelos, el grosero materialismo de mistress Otis, todo aquello resultaba realmente vejatorio; pero lo que más le humillaba era no tener ya fuerzas para llevar una armadura.

Il avait compté faire impression même sur des Américains modernes, les faire frissonner à la vue d’un spectre cuirassé, sinon par des motifs raisonnables, du moins par déférence pour leur poète national Longfellow, dont les poésies gracieuses et attrayantes l’avaient aidé bien souvent à tuer le temps, pendant que les Canterville étaient à Londres. En outre, c’était sa propre armure.

Contaba con hacer impresión aun en unos americanos modernos, con hacerles estremecer a la vista de un espectro acorazado, ya que no por motivos razonables, al menos por deferencia hacia su poeta nacional Longfellow, cuyas poesías, delicadas y atrayentes, habíanle ayudado con frecuencia a matar el tiempo, mientras los Canterville estaban el Londres. Además, era su propia armadura.

Il l’avait portée avec grand succès au tournoi de Kenilworth, et avait été chaudement complimenté par la Reine Vierge en personne.

La llevĂł con Ă©xito en el torneo de Kenilworth, siendo felicitado calurosamente por la Reina-Virgen en persona.

Mais quand il avait voulu la mettre, il avait été absolument écrasé par le poids de l’énorme cuirasse, du heaume d’acier. Il était tombé lourdement sur les dalles de pierre, s’était cruellement écorché les genoux, et contusionné le poignet droit.

Pero cuando quiso ponérsela quedó aplastado por completo con el peso de la enorme coraza y del yelmo de acero. Y se desplomó pesadamente sobre las losas de piedra, despellejándose las rodillas y contusionándose la muñeca derecha.

Pendant plusieurs jours, il fut très malade, et faisait à peine quelques pas hors de chez lui, juste ce qu’il fallait pour maintenir en bon état la tache de sang.

Durante varios días estuvo malísimo y no pudo salir de su morada más que lo necesario para mantener en buen estado la mancha de sangre.

Néanmoins, à force de soins, il finit par se remettre, et il décida de faire une troisième tentative pour enrayer le ministre des États-unis et sa famille.

No obstante lo cual, a fuerza de cuidados acabĂł por restablecerse y decidiĂł hacer una tercera tentativa para aterrorizar al ministro de los Estados Unidos y a su familia.

Il choisit pour sa rentrée en scène le vendredi 17 août, et consacra une grande partie de cette journée-là à passer la revue de ses costumes. Son choix se fixa, enfin, sur un chapeau à bords relevés d’un côté et rabattus de l’autre, avec une plume rouge, un linceul effiloché aux manches et au collet, enfin un poignard rouillé.

Eligió para su reaparición en escena el viernes 17 de agosto, consagrando gran parte del día a pasar revista a sus trajes. Su elección recayó al fin en un sombrero de ala levantada por un lado y caída del otro, con una pluma roja; en un sudario deshilachado por las mangas y el cuello y, por último, en un puñal mohoso.

Vers le soir, un violent orage de pluie éclata. Le vent était si fort qu’il secouait et faisait battre portes et fenêtres dans la vieille maison. Bref, c’était bien le temps qu’il lui fallait. Voici ce qu’il comptait faire.

Al atardecer estalló una gran tormenta. El viento era tan fuerte que sacudía y cerraba violentamente las puertas y ventanas de la vetusta casa. Realmente aquél era el tiempo que le convenía. He aquí lo que pensaba hacer:

Il se rendrait sans bruit dans la chambre de Washington Otis, lui jargonnerait des phrases, en se tenant au pied du lit, et lui planterait trois fois son poignard dans la gorge, au son d’une musique étouffée.

Iría sigilosamente a la habitación de Washington Otis, le musitaría unas frases ininteligibles, quedándose al pie de la cama, y le hundiría tres veces seguidas el puñal en la garganta, a los sones de una música apagada.

Il en voulait tout particulièrement à Washington, car il savait parfaitement que c’était Washington qui avait l’habitude constante d’enlever la fameuse tache de sang de Canterville, par l’emploi du Nettoyeur incomparable de Pinkerton.

Odiaba sobre todo a Washington, porque sabía perfectamente que era él quien acostumbraba quitar la famosa mancha de sangre de Canterville, empleando el «limpiador incomparable de Pinkerton».

Après avoir réduit à un état de terreur abjecte le téméraire, l’insouciant jeune homme, il devait ensuite pénétrer dans la chambre, occupée par le ministre des États-unis et sa femme. Alors il poserait une main visqueuse sur le front de Mrs Otis, pendant que d’une voix sourde, il murmurerait à l’oreille de son mari tremblant les secrets terribles du charnier.

Después de reducir al temerario, al despreocupado joven, entraría en la habitación que ocupaba el ministro de los Estados Unidos y su mujer. Una vez allí, colocara una mano viscosa sobre la frente de mistress Otis, y al mismo tiempo murmuraría, con voz sorda, al oído del ministro tembloroso, los secretos terribles del osario.

En ce qui concernait la petite Virginie, il n’était pas tout à fait fixé. Elle ne l’avait jamais insulté en aucune façon. Elle était jolie et douce.

En cuanto a la pequeña Virginia, aún no tenía decidido nada. No lo había insultado nunca. Era bonita y cariñosa.

Quelques grognements sourds partant de l’armoire, cela lui semblait plus que suffisant, et si ce n’était pas assez pour la réveiller, il irait jusqu’à tirailler la courte pointe avec ses doigts secoués par la paralysie.

Unos cuantos gruñidos sordos, que saliesen del armario, le parecían más que suficientes, y si no bastaban para despertarla, llegaría hasta tirarla de la puntita de la nariz con sus dedos rígidos por la parálisis.

Pour les jumeaux, il était tout à fait résolu à leur donner une leçon, la première chose à faire certes serait de s’asseoir sur leurs poitrines, de façon à produire la sensation étouffante du cauchemar.

A los gemelos estaba resuelto a darles una lección: lo primero que haría sería sentarse sobre sus pechos, con el objeto de producirles la sensación de pesadilla. Luego, aprovechando que sus camas estaban muy juntas, se alzaría en el espacio libre entre ellas, con el aspecto de un cadáver verde y frío como el hielo, hasta que se quedaran paralizados de terror.

Advertisement