La Reine des Neiges / Die Schneekönigin. In sieben Geschichten — на французском и немецком языках

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Hans Christian Andersen

La Reine des Neiges

Hans Christian Andersen

Die Schneekönigin. In sieben Geschichten

Traduction par Ernest Grégoire et Louis Moland. Avec des illustrations de Vilhelm Pedersen.

Mit Illustrationen von Vilhelm Pedersen.

Première histoire. Qui traite du miroir et de ses morceaux

Erste Geschichte, welche von dem Spiegel und den Scherben handelt

Voyons, nous commençons. Quand nous serons au bout de notre conte, nous en saurons bien plus que maintenant, car nous avons parmi nos personnages un vilain merle, le plus méchant de tous, le Diable.

Seht! nun fangen wir an. Wenn wir am Ende der Geschichte sind, wissen wir mehr, als jetzt, denn es war ein böser Kobold! Es war einer der allerärgsten, es war der Teufel!

Un jour, il était de bien bonne humeur ; il venait de confectionner un miroir qui avait une merveilleuse propriété : le beau, le bien s’y réfléchissaient, disparaissaient presque entièrement ; tout ce qui était mauvais et déplaisant ressortait, au contraire, et prenait des proportions excessives.

Eines Tages war er recht bei Laune, denn er hatte einen Spiegel gemacht, welcher die Eigenschaft besaß, daß alles Gute und Schöne, was sich darin spiegelte, fast zu nichts zusammenschwand, aber Das, was nichts taugte und sich schlecht ausnahm, hervortrat und noch ärger wurde.

Les plus admirables paysages, par ce moyen, ressemblaient à des épinards cuits. Les hommes les meilleurs et les plus honnêtes paraissaient des monstres ; les plus beaux semblaient tout contrefaits : on les voyait la tête en bas ; les visages étaient contournés, grimaçants, méconnaissables ; la plus petite tache de rousseur devenait énorme et couvrait le nez et les joues.

Die herrlichsten Landschaften sahen wie gekochter Spinat darin aus, und die besten Menschen wurden widerlich oder standen auf dem Kopfe ohne Rumpf; die Gesichter wurden so verdreht, daß sie nicht zu erkennen waren, und hatte man einen Sonnenfleck, so konnte man überzeugt sein, daß er sich über Nase und Mund verbreitete.

« Que c’est donc amusant ! » disait le Diable en contemplant son ouvrage. Lorsqu’une pensée sage ou pieuse traversait l’esprit d’un homme, le miroir se plissait et tremblait. Le Diable enchanté riait de plus en plus de sa gentille invention.

Das sei äußerst belustigend, sagte der Teufel. Fuhr nun ein guter frommer Gedanke durch einen Menschen, dann zeigte sich ein Grinsen im Spiegel, sodaß der Teufel über seine künstliche Erfindung lachen mußte.

Les diablotins qui venaient chez lui à l’école, car il était professeur de diablerie, allèrent conter partout qu’un progrès énorme, incalculable, s’accomplissait enfin : c’était seulement à partir de ce jour qu’on pouvait voir au juste ce qu’il en était du monde et des humains.

Alle, welche die Koboldschule besuchten, denn er hielt Koboldschule, erzählten rings umher, daß ein Wunder geschehen sei; nun könnte man erst sehen, meinten sie, wie die Welt und die Menschen wirklich aussähen.

Ils coururent par tout l’univers avec le fameux miroir, et bientôt il n’y eut plus un pays, plus un homme qui ne s’y fût réfléchi avec des formes de caricature.

Sie liefen mit dem Spiegel umher, und zuletzt gab es kein Land oder keinen Menschen mehr, welcher nicht verdreht darin gewesen wäre.

Ensuite, plus hardis, ils se mirent à voler vers le ciel pour se moquer des anges et du bon Dieu. Plus ils montaient et s’approchaient des demeures célestes, plus le miroir se contournait et frémissait, à cause des objets divins qui s’y reflétaient ; à peine s’ils pouvaient le tenir, tant il se démenait. Ils continuèrent de voler toujours plus haut, toujours plus près des anges et de Dieu. Tout à coup le miroir trembla tellement qu’il échappa aux mains des diablotins impudents ; il retomba sur la terre où il se brisa en des milliards de billiards de morceaux.

Nun wollten sie auch zum Himmel selbst auffliegen, um sich über die Engel und den lieben Gott lustig zu machen. Je höher sie mit dem Spiegel flogen, um so mehr grinste er; sie konnten ihn kaum festhalten; sie flogen höher und höher, Gott und den Engeln näher; da erzitterte der Spiegel so fürchterlich in seinem Grinsen, daß er ihren Händen entfiel und zur Erde stürzte, wo er in hundert Millionen, Billionen und noch mehr Stücke zersprang.

Mais il causa alors bien plus de malheurs qu’auparavant.


Ses débris n’étaient pas plus gros que des grains de sable. Le vent les éparpilla à travers le vaste monde. Bien des gens reçurent de cette funeste poussière dans les yeux. Une fois là, elle y restait, et les gens voyaient tout en mal, tout en laid et tout à l’envers. Ils n’apercevaient plus que la tare de chaque créature, que les défectuosités de toute chose ; car chacun des imperceptibles fragments avait la même propriété que le miroir entier.

Und nun gerade verursachte er weit größeres Unglück, als zuvor; denn einige Stücke waren kaum so groß als ein Sandkorn, und diese flogen rings umher in der weiten Welt, und wo Jemand sie in das Auge bekam, da blieben sie sitzen, und da sahen die Menschen Alles verkehrt oder hatten nur Augen für das Verkehrte bei einer Sache; denn jede kleine Spiegelscherbe hatte dieselben Kräfte behalten, welche der ganze Spiegel besaß.

Bien plus, il y eut de ces morceaux qui descendirent jusqu’au cœur de certaines personnes ; alors c’était épouvantable, le cœur de ces personnes devenait comme un morceau de glace, aussi froid et aussi insensible.

Einige Menschen bekamen sogar eine Spiegelscherbe in das Herz, und dann war es ganz gräulich; das Herz wurde einem Klumpen Eis gleich.

Outre ces innombrables petits débris, il resta du miroir quelques fragments plus considérables, quelques-uns grands comme des carreaux de vitre : il ne faisait pas bon de considérer ses amis à travers ceux-ci.

Einige Spiegelscherben waren so groß, daß sie zu Fensterscheiben verbraucht wurden; aber durch diese Scheiben taugte es nicht, seine Freunde zu betrachten;

D’autres servirent de verres de lunettes : les méchants les mettaient sur leurs yeux pour paraître voir clair et discerner avec une exacte justice. Quand ils avaient ces lunettes sur le nez, ils riaient et ricanaient comme le diable regardant son miroir ; les laideurs qu’ils découvraient partout les flattaient et chatouillaient agréablement leur esprit pervers.

andere Stücke kamen in Brillen, und dann ging es schlecht, wenn die Leute diese Brillen aufsetzten, um recht zu sehen und gerecht zu sein; der Böse lachte, daß ihm der Bauch wackelte, und das kitzelte ihn so angenehm.

C’était un gigantesque miroir ; le vent continua d’en semer les débris à travers les airs. Maintenant, écoutez bien.

Aber draußen flogen noch kleine Glasscherben in der Luft umher. Nun werden wir’s hören.

Deuxième histoire. Un petit garçon et une petite fille

Zweite Geschichte. Ein kleiner Knabe und ein kleines Mädchen

Dans la grande ville il y a tant de maisons, tant de familles, tant de monde, que tous ne peuvent avoir un jardin ; la plupart doivent se contenter de quelques pots de fleurs. Deux enfants de pauvres gens avaient trouvé moyen d’avoir mieux qu’un pot de fleurs et presque un jardin.

Drinnen in der großen Stadt, wo so viele Menschen und Häuser sind, daß dort nicht Platz genug ist, daß alle Leute einen kleinen Garten besitzen können, und wo sich deshalb die Meisten mit Blumen in Blumentöpfen begnügen müssen, waren zwei arme Kinder, die einen etwas größern Garten, als einen Blumentopf, besaßen.

Ils n’étaient pas frère et sœur, mais ils s’aimaient autant.

Sie waren nicht Bruder und Schwester, aber sie waren sich eben so gut, als wenn sie es gewesen wären.

Leurs parents demeuraient dans une étroite ruelle ; ils habitaient deux mansardes en face l’une de l’autre. Les toits des deux maisons se touchaient presque :

Die Eltern wohnten einander gerade gegenüber in zwei Dachkammern, wo das Dach des einen Nachbarhauses gegen das andere stieß und die Wasserrinne zwischen den Dächern entlang lief; dort war in jedem Hause ein kleines Fenster;

on pouvait sans danger passer d’une gouttière à l’autre et se rendre visite.

man brauchte nur über die Rinne zu schreiten, so konnte man von dem einen Fenster zum andern gelangen.

Les enfants avaient devant leur fenêtre chacun une grande caisse de bois remplie de terre, où il poussait des herbes potagères pour le ménage, et aussi dans chaque caisse un rosier.

Die Eltern hatten draußen beiderseits einen großen hölzernen Kasten, und darin wuchsen Küchenkräuter, die sie brauchten, und ein kleiner Rosenstock; es stand einer in jedem Kasten; die wuchsen so herrlich!

Les parents eurent l’idée de poser les caisses en travers de la petite ruelle, d’une fenêtre à l’autre : ce fut un embellissement considérable :

Nun fiel es den Eltern ein, die Kasten quer über die Rinne zu stellen, sodaß sie fast von dem einen Fenster zum andern reichten und zwei Blumenwällen ganz ähnlich sahen.

les pois suspendant leurs branches, les rosiers joignant leurs fleurs formaient comme un arc de triomphe magnifique.

Erbsenranken hingen über die Kasten herunter und die Rosenstöcke schossen lange Zweige, die sich um die Fenster rankten und einander entgegenbogen; es war fast einer Ehrenpforte von Blättern und Blumen gleich.

Les enfants venaient s’asseoir sur de petits bancs entre les rosiers. Quel plaisir, quand on leur permettait d’aller s’amuser ensemble dans ce parterre aérien !

Da die Kasten sehr hoch waren und die Kinder wußten, daß sie nicht hinaufkriechen durften, so erhielten sie oft die Erlaubniß, zu einander hinaus zu steigen und auf ihren kleinen Schemeln unter den Rosen zu sitzen; da spielten sie dann so prächtig.

L’hiver, leurs plaisirs étaient interrompus. Les fenêtres étaient souvent gelées et les carreaux couverts d’une couche de glace. Les enfants faisaient alors chauffer un schilling de cuivre sur le poêle, ils l’appliquaient sur le carreau, et cela formait un petit judas tout rond, derrière lequel étincelait de chaque côté un petit œil doux et riant : c’étaient le petit garçon et la petite fille.

Im Winter hatte dies Vergnügen ein Ende. Die Fenster waren oft ganz zugefroren; aber dann wärmten sie Kupferschillinge auf dem Ofen und legten den warmen Schilling gegen die gefrorene Scheibe; dadurch entstand ein schönes Guckloch, so rund, so rund; dahinter blitzte ein lieblich mildes Auge, eines vor jedem Fenster; das war der kleine Knabe und das kleine Mädchen.

Il se nommait Kay, elle se nommait Gerda.

Er hieß Kay und sie hieß Gerda.

En été, ils pouvaient donc aller l’un chez l’autre d’un seul saut. En hiver, il leur fallait descendre de nombreux escaliers et en remonter autant. On était en hiver. Au dehors la neige voltigeait par milliers de flocons.

Im Sommer konnten sie mit einem Sprunge zu einander gelangen, im Winter mußten sie erst die vielen Treppen hinunter und die Treppen hinauf; draußen stob der Schnee.

« Ce sont les abeilles blanches, » dit la grand’mère.

»Das sind die weißen Bienen, die schwärmen,« sagte die alte Großmutter.

— Ont-elles aussi une reine ? » demanda le petit garçon, car il savait que les abeilles en ont une.

»Haben sie auch eine Bienenkönigin?« fragte der kleine Knabe, denn er wußte, daß unter den wirklichen Bienen eine solche ist.

— Certainement, dit la grand’mère. La voilà qui vole là-bas où elles sont en masse. Elle est la plus grande de toutes. Jamais elle ne reste en place, tant elle est voltigeante. Est-elle sur terre, tout à coup elle repart se cacher dans les nuages noirs. Dans les nuits d’hiver, c’est elle qui traverse les rues des villes et regarde à travers les fenêtres qui gèlent alors et se couvrent de fleurs bizarres.

»Die haben sie!« sagte die Großmutter. »Sie fliegt dort, wo sie am dichtesten schwärmen! Es ist die größte von Allen, und nie bleibt sie stille auf Erden; sie fliegt wieder in die schwarze Wolke hinauf. Manche Mitternacht fliegt sie durch die Straßen der Stadt und blickt zu den Fenstern hinein, und dann frieren die so sonderbar und sehen wie Blumen aus.«

— Oui, oui, c’est ce que j’ai vu ! » dirent à la fois les deux enfants ; et maintenant ils savaient que c’était bien vrai ce que disait la grand’mère.

»Ja, das habe ich gesehen!« sagten beide Kinder und wußten nun, daß es wahr sei.

— La Reine des neiges peut-elle entrer ici ? demanda la petite fille.

»Kann die Schneekönigin hier hereinkommen?« fragte das kleine Mädchen.

— Qu’elle vienne donc ! dit Kay, je la mettrai sur le poêle brûlant et elle fondra.

»Laß sie nur kommen!« sagte der Knabe; »dann setze ich sie auf den warmen Ofen und sie schmilzt.«

Mais la grand’mère se mit à lui lisser les cheveux et raconta d’autres histoires.

Aber die Großmutter glättete sein Haar und erzählte andere Geschichten.

Le soir de ce jour, le petit Kay était chez lui, à moitié déshabillé, prêt à se coucher. Il mit une chaise contre la fenêtre et grimpa dessus pour regarder le petit trou rond fait au moyen du shilling chauffé. Quelques flocons de neige tombaient lentement. Le plus grand vint se fixer sur le bord d’une des caisses de fleurs ; il grandit, il grandit, et finit par former une jeune fille plus grande que Gerda, habillée de gaze blanche et de tulle bordé de flocons étoilés.

Am Abend, als der kleine Kay zu Hause und halb entkleidet war, kletterte er auf den Stuhl am Fenster und guckte aus dem kleinen Loche; ein Paar Schneeflocken fielen draußen und eine derselben, die allergrößte, blieb auf dem Rande des einen Blumenkastens liegen; die Schneeflocke wuchs mehr und mehr, und wurde zuletzt ein ganzes Frauenzimmer, in dem feinsten weißen Flor gekleidet, der wie aus Millionen sternartiger Flocken zusammengesetzt war.

Elle était belle et gracieuse, mais toute de glace. Elle vivait cependant ; ses yeux étincelaient comme des étoiles dans un ciel d’hiver, et étaient sans cesse en mouvement.

Sie war so schön und fein, aber von Eis, von blendendem, blinkendem Eise. Doch war sie lebendig; die Augen blitzten, wie zwei klare Sterne; aber es war keine Ruhe oder Rast in ihnen.

La figure se tourna vers la fenêtre et fit un signe de la main. Le petit garçon eut peur et sauta à bas de la chaise. Un bruit se fit dehors, comme si un grand oiseau passait devant la fenêtre et de son aile frôlait la vitre.

Sie nickte dem Fenster zu und winkte mit der Hand. Der kleine Knabe erschrak und sprang vom Stuhle herunter; da war es, als ob draußen vor dem Fenster ein großer Vogel vorbeiflöge.

Le lendemain il y eut une belle gelée. Puis vint le printemps ; le soleil apparut, la verdure poussa, les hirondelles bâtirent leurs nids, les fenêtres s’ouvrirent, et les deux enfants se retrouvèrent assis à côté l’un de l’autre dans leur petit jardin là-haut sur le toit.

Am nächsten Tage wurde es klarer Frost — und dann kam das Frühjahr; die Sonne schien, das Grün keimte hervor, die Schwalben bauten Nester, die Fenster wurden geöffnet, und die kleinen Kinder saßen wieder in ihrem kleinen Garten hoch oben in der Dachrinne über allen Stockwerken.

Comme les roses fleurirent superbement cet été ! et que le jardin se para à plaisir ! La petite fille avait appris par cœur un cantique où il était question de roses ; quand elle le disait, elle pensait à celles de son jardin. Elle le chanta devant le petit garçon, elle le lui apprit, et tous deux unirent bientôt leurs voix pour chanter :

Die Rosen blühten diesen Sommer so prachtvoll; das kleine Mädchen hatte einen Psalm gelernt, in welchem auch von Rosen die Rede war; und bei den Rosen dachte sie an ihre eigenen; und sie sang ihn dem kleinen Knaben vor und er sang mit:

Les roses passent et se fanent. Mais bientôt
Nous reverrons la Noël et l’enfant Jésus.

»Die Rosen, sie blüh’n und verwehen,
Wir werden das Christkindlein sehen!«

Les deux petits embrassaient les fleurs comme pour leur dire adieu. Ils regardaient la clarté du soleil, et souhaitaient presque qu’il hâtât sa course pour revoir plus vite l’enfant Jésus.

Und die Kleinen hielten einander bei den Händen, küßten die Rosen, blickten in Gottes hellen Sonnenschein hinein und sprachen zu demselben, als ob das Jesuskind da wäre.

Pourtant, quelles belles journées se succédaient pour eux, pendant qu’ils jouaient à l’ombre des rosiers couverts de fleurs !

Was waren das für herrliche Sommertage; wie schön war es draußen bei den frischen Rosenstöcken, welche mit dem Blühen nie aufhören zu wollen schienen!

Un jour Kay et Gerda se trouvaient là, occupés à regarder, dans un livre d’images, des animaux, des oiseaux, des papillons. L’horloge sonna justement cinq heures à la grande église. Voilà que Kay s’écrie : « Aïe, il m’est entré quelque chose dans l’œil. Aïe, aïe, quelque chose m’a piqué au cœur. »

Kay und Gerda saßen und blickten in das Bilderbuch mit Thieren und Vögeln, da war es — die Uhr schlug gerade fünf auf dem großen Kirchthurme —, daß Kay sagte: »Au! Es stach mir in das Herz, und mir flog etwas in das Auge!«

La petite fille lui prit le visage entre les mains, et lui regarda dans les yeux qui clignotaient ; non, elle n’y vit absolument rien.

Das kleine Mädchen fiel ihm um den Hals; er blinzelte mit den Augen; nein, es war gar nichts zu sehen.

« Je crois que c’est parti, » dit-il. Mais ce n’était pas parti.

»Ich glaube, es ist weg!« sagte er; aber weg war es nicht.

C’était un des morceaux de ce terrible miroir dont nous avons parlé, de ce miroir, vous vous en souvenez bien, qui fait paraître petit et laid ce qui est grand et beau, qui met en relief le côté vilain et méchant des êtres et des choses, et en fait ressortir les défauts au préjudice des qualités.

Es war gerade so eins von jenen Glaskörnern, welche vom Spiegel gesprungen waren, dem Zauberspiegel, wir entsinnen uns seiner wohl, dem häßlichen Glase, welches alles Große und Gute, das sich darin abspiegelte, klein und häßlich machte; aber das Böse und Schlechte trat ordentlich hervor, und jeder Fehler an einer Sache war gleich zu bemerken.

Le malheureux Kay a reçu dans les yeux un de ces innombrables débris ; l’atome funeste a pénétré jusqu’au cœur, qui va se raccornir et devenir comme un morceau de glace.

Der arme Kay hatte auch ein Körnchen gerade in das Herz hinein bekommen. Das wird nun bald wie ein Eisklumpen werden.

Kay ne sentait plus aucun mal, mais ce produit de l’enfer était en lui.

Nun tat es nicht mehr wehe, aber das Körnchen war da.

« — Pourquoi pleures-tu, dit-il à la fillette que son cri de douleur avait émue ; essuie ces larmes, elles te rendent affreuse. Je n’ai plus aucun mal. — Fi donc ! s’écria-t-il en jetant les yeux autour de lui, cette rose est toute piquée de vers ; cette autre est mal faite ; toutes sont communes et sans grâce, comme la lourde boite où elles poussent ! » Il donna un coup de pied dédaigneux contre la caisse et arracha les deux fleurs qui lui avaient déplu.

»Weshalb weinst Du?« fragte er. »So siehst Du häßlich aus! Mir fehlt ja nichts! Pfui!« rief er auf einmal; »die Rose dort hat einen Wurmstich! Und sieh, diese da ist ja ganz schief! Im Grunde sind es häßliche Rosen! Sie gleichen dem Kasten, in welchem sie stehen!« Und dann stieß er mit dem Fuße gegen den Kasten und riß die beiden Rosen ab.

— Kay ! que fais-tu ? s’écria la petite fille, comme s’il commettait un sacrilège.

»Kay, was machst Du?« rief das kleine Mädchen; und als er ihren Schreck gewahr wurde, riß er noch eine Rose ab und sprang dann in sein Fenster hinein von der kleinen, lieblichen Gerda fort.

La voyant ainsi effrayée, Kay arracha encore une rose, puis s’élança dans sa mansarde sans dire adieu à sa gentille et chère compagne. Que voulez-vous ? C’était l’effet du grain de verre magique. Le lendemain, ils se mirent à regarder de nouveau dans le livre d’images. Kay n’y vit que d’affreux magots, des êtres ridicules et mal bâtis, des monstres grotesques. Quand la grand’mère racontait de nouveau des histoires, il venait tout gâter avec un mais, ou bien il se plaçait derrière la bonne vieille, mettait ses lunettes et faisait des grimaces. Il ne craignit pas de contrefaire la grand’mère, d’imiter son parler, et de faire rire tout le monde aux dépens de l’aïeule vénérable.

Wenn sie später mit dem Bilderbuche kam, sagte er, daß das für Wickelkinder wäre; und erzählte die Großmutter Geschichten, so kam er immer mit einem aber; — konnte er dazu gelangen, dann ging er hinter ihr her, setzte eine Brille auf und sprach eben so, wie sie; das machte er ganz treffend, und die Leute lachten über ihn.


Bald konnte er allen Menschen in der ganzen Straße nachsprechen und nachgehen.

Ce goût de singer les personnes qu’il voyait, de reproduire comiquement leurs ridicules, s’était tout à coup développé en lui. On riait beaucoup à le voir ; on disait : « Ce petit garçon est malin, il a de l’esprit. » Il alla jusqu’à taquiner la petite Gerda, qui lui était dévouée de toute son âme. Tout cela ne provenait que de ce fatal grain de verre qui lui était entré au cœur.

Alles, was an ihnen eigenthümlich und unschön war, das wußte Kay nachzumachen; und die Leute sagten: »Das ist sicher ein ausgezeichneter Kopf, den der Knabe hat!« Aber es war das Glas, das ihm in das Auge gekommen war, das Glas, welches ihm in dem Herzen saß, daher kam es auch, daß er selbst die kleine Gerda neckte, die ihm von ganzem Herzen gut war.

Dès lors, il ne joua plus aux mêmes jeux qu’auparavant : il joua à des jeux raisonnables, à des jeux de calcul. Un jour qu’il neigeait (l’hiver était revenu), il prit une loupe qu’on lui avait donnée, et, tendant le bout de sa jacquette bleue au dehors, il y laissa tomber des flocons.

Seine Spiele wurden nun ganz anders, als früher; sie waren so verständig. — An einem Wintertage, wo es schneite, kam er mit einem großen Brennglase, hielt seinen blauen Rockzipfel hinaus und ließ die Schneeflocken darauffallen.

« Viens voir à travers le verre, Gerda, » dit Kay. Les flocons à travers la loupe paraissaient beaucoup plus gros ; ils formaient des hexagones, des octogones et autres figures géométriques.

»Sieh nun in das Glas, Gerda!« sagte er; und jede Schneeflocke wurde viel größer und sah aus wie eine prächtige Blume oder ein zehneckiger Stern; es war schön anzusehen.

« Regarde ! reprit Kay, comme c’est arrangée avec art et régularité ; n’est-ce pas bien plus intéressant que des fleurs ? Ici, pas un côté de l’étoile qui dépasse l’autre, tout est symétrique ; il est fâcheux que cela fonde si vite. S’il en était autrement, il n’y aurait rien de plus beau qu’un flocon de neige. ».

»Siehst Du, wie künstlich!« sagte Kay. »Das ist weit interessanter, als die wirklichen Blumen! Und es ist kein einziger Fehler daran; sie sind ganz accurat, wenn sie nur nicht schmölzen!«

Le lendemain, il vint avec ses gants de fourrures et son traineau sur le dos. Il cria aux oreilles de Gerda comme tout joyeux de la laisser seule : « On m’a permis d’aller sur la grand’place où jouent les autres garçons ! » Aussitôt dit, il disparut.

Bald darauf kam Kay mit großen Handschuhen und seinem Schlitten auf dem Rücken; er rief Gerda in die Ohren: »Ich habe Erlaubniß erhalten, auf den großen Platz zu fahren, wo die andern Knaben spielen!« und weg war er.

Là, sur la grand’place, les gamins hardis attachaient leurs traîneaux aux charrettes des paysans et se faisaient ainsi traîner un bout de chemin. C’était une excellente manière de voyager.

Dort auf dem Platze banden die kecksten Knaben oft ihre Schlitten an die Wagen der Landleute fest, und dann fuhren sie ein gutes Stück Wegs mit. Das ging recht schön.

Kay et les autres étaient en train de s’amuser, quand survint un grand traîneau peint en blanc. On y voyait assis un personnage couvert d’une épaisse fourrure blanche, coiffé de même. Le traîneau fit deux fois le tour de la place. Kay y attacha le sien et se fit promener ainsi.

Als sie im besten Spielen waren, kam ein großer Schlitten; der war ganz weiß angestrichen, und darin saß Jemand, in einen rauhen weißen Pelz gehüllt und mit einer rauhen weißen Mütze; der Schlitten fuhr zwei Mal um den Platz herum, und Kay band seinen kleinen Schlitten schnell daran fest, und nun fuhr er mit.

Le grand traîneau alla plus vite, encore plus vite ; il quitta la place et fila par la grand’rue. Le personnage qui le conduisait se retourna et fit à Kay un signe de tête amical, comme s’ils étaient des connaissances. Chaque fois que Kay voulait détacher son traineau, le personnage le regardait, en lui adressant un de ses signes de tête, et Kay subjugué restait tranquille. Les voilà qui sortent des portes de la ville.

Es ging rascher und rascher, gerade hinein in die nächste Straße; der, welcher fuhr, drehte sich um, nickte dem Kay freundlich zu; es war, als ob sie einander kennten; jedesmal, wenn Kay seinen kleinen Schlitten ablösen wollte, nickte der Fahrende wieder, und dann blieb Kay sitzen; sie fuhren zum Stadtthor hinaus.

La neige commençait à tomber à force. Le pauvre petit garçon ne voyait plus à deux pas devant lui ; et toujours on courait avec plus de rapidité. La peur le prit. Il dénoua enfin la corde qui liait son traîneau à l’autre. Mais il n’y eut rien de changé : son petit véhicule était comme rivé au grand traîneau qui allait comme le vent.

Da begann der Schnee so hernieder zu fallen, daß der kleine Knabe keine Hand vor sich erblicken konnte; aber er fuhr weiter; nun ließ er schnell die Schnur fahren, um von dem großen Schlitten los zu kommen, aber das half nichts, sein kleines Fuhrwerk hing fest, und es ging mit Windeseile vorwärts.

Kay se mit à crier au secours ; personne ne l’entendit ; la neige tombait de plus en plus épaisse, le traîneau volait dans une course vertigineuse ; parfois il y avait un cahot comme si l’on sautait par-dessus un fossé ou par-dessus une haie ; mais on n’avait pas le temps de les voir.

Da rief er ganz laut, aber Niemand hörte ihn, und der Schnee stob und der Schlitten flog von dannen; mitunter gab es einen Sprung; es war, als führe er über Graben und Hecken.

Kay était dans l’épouvante. Il voulut prier, dire son Pater ; il n’en put retrouver les paroles ; au lieu de réciter le Pater, il récitait la table de multiplication, et le malheureux enfant se désolait.

Der Knabe war ganz erschrocken; er wollte sein Vaterunser beten, aber er konnte sich nur des großen Ein-Mal-Eins entsinnen.

Les flocons tombaient de plus en plus durs ; ils devenaient de plus en plus gros ; à la fin on eût dit des poules blanches aux plumes hérissées. Tout d’un coup le traîneau tourna de côté et s’arrêta. La personne qui le conduisait se leva : ces épaisses fourrures qui la couvraient étaient toutes de neige d’une blancheur éclatante. Cette personne était une très-grande dame : c’était la Reine des Neiges.

Die Schneeflocken wurden größer und größer; zuletzt sahen sie aus, wie große weiße Hühner; auf einmal sprangen sie zur Seite, der große Schlitten hielt, und die Person, die ihn fuhr, erhob sich; der Pelz und die Mütze waren ganz und gar von Schnee; es war eine Dame, hoch und schlank, glänzend weiß; es war die Schneekönigin.

« Nous avons été-bon train, dit-elle. Malgré cela, je vois que tu vas geler, mon ami Kay. Viens donc te mettre sous mes fourrures de peaux d’ours. »
Elle le prit, le plaça à côté d’elle, rabattit sur lui son manteau. Elle avait beau parler de ses peaux d’ours, Kay crut s’enfoncer dans une masse de neige.

»Wir sind gut gefahren!« sagte sie; »aber wer wird frieren! Krieche in meinen Bärenpelz!« Und sie setzte ihn neben sich in den Schlitten und schlug den Pelz um ihn; es war, als versinke er in einem Schneetreiben.

« As-tu encore froid ? » dit-elle. Elle l’embrassa sur le front.

»Friert Dich noch?« fragte sie, und dann küßte sie ihn auf die Stirn.

Le baiser était plus froid que glace, et lui pénétra jusqu’au cœur qui était déjà à moitié glacé. Il se sentit sur le point de rendre l’âme. Mais ce ne fut que la sensation d’un instant. Il se trouva ensuite tout réconforté et n’éprouva plus aucun frisson.

O! das war kälter, als Eis; das ging ihm gerade hinein bis ins Herz, welches doch zur Hälfte ein Eisklumpen war; es war, als sollte er sterben; — aber nur einen Augenblick, dann that es ihm recht wohl; er spürte nichts mehr von der Kälte rings umher.

« Mon traîneau ! dit-il ; n’oublie pas mon traîneau ! » C’est à quoi il avait pensé d’abord en revenant à lui. Une des poules blanches qui voltigeaient dans l’air fut attelée au traîneau de l’enfant ; elle suivit sans peine le grand traîneau qui continua sa course.

»Meinen Schlitten! Vergiß nicht meinen Schlitten!« Daran dachte er zuerst, und der wurde an eins der weißen Hühnchen festgebunden, und dieses flog hinterher mit dem Schlitten auf dem Rücken.

La Reine des Neiges donna à Kay un second baiser. Il n’eut plus alors le moindre souvenir pour la petite Gerda, pour la grand’mère ni pour les siens.

Die Schneekönigin küßte Kay nochmals, und da hatte er die kleine Gerda, die Großmutter und Alle daheim vergessen.

« Maintenant je ne t’embrasserai plus, dit-elle, car un nouveau baiser serait ta mort. »

»Nun bekommst Du keine Küsse mehr!« sagte sie; »denn sonst küßte ich Dich todt!«

Kay la regarda en face, l’éclatante souveraine ! Qu’elle était belle ! On ne pouvait imaginer un visage plus gracieux et plus séduisant. Elle ne lui parut plus formée de glace comme l’a première fois qu’il l’avait vue devant la fenêtre de la mansarde et qu’elle lui avait fait un signe amical.

Kay sah sie an; sie war so schön; ein klügeres, lieblicheres Antlitz konnte er sich nicht denken; nun erschien sie ihm nicht von Eis, wie damals, als sie draußen vor dem Fenster saß und ihm winkte;

Elle ne lui inspirait aucune crainte. Il lui raconta qu’il connaissait le calcul de tête et même par fractions, et qu’il savait le nombre juste des habitants et des lieues carrées du pays. La Reine souriait en l’écoutant. Kay se dit que ce n’était peut-être pas assez de ces connaissances dont il était si fier. Il regarda dans le vaste espace des airs, il se vit emporté avec elle vers les nuages noirs. La tempête sifflait, hurlait : c’était une mélodie sauvage comme celle des antiques chants de combat.

in seinen Augen war sie vollkommen; er fühlte gar keine Furcht. Er erzählte ihr, daß er Kopfrechnen könne, und zwar mit Brüchen; er wisse des Landes Quadratmeilen und die Einwohnerzahl; und sie lächelte immer; da kam es ihm vor, als wäre es doch nicht genug, was er wisse; und er blickte hinauf in den großen Luftraum; und sie flog mit ihm, flog hoch hinauf auf die schwarze Wolke, und der Sturm sauste und brauste; es war, als sänge er alte Lieder.

Ils passèrent par-dessus les bois, les lacs, la mer et les continents. Ils entendirent au-dessous d’eux hurler les loups, souffler les ouragans, rouler les avalanches. Au-dessus volaient les corneilles aux cris discordants. Mais plus loin brillait la lune dans sa splendide clarté. Kay admirait les beautés de la longue nuit d’hiver. Le jour venu, il s’endormit aux pieds de la Reine des Neiges.

Sie flogen über Wälder und Seen, über Meere und Länder; unter ihnen sauste der kalte Wind, die Wölfe heulten, der Schnee knisterte; über demselben flogen die schwarzen schreienden Krähen dahin; aber hoch oben schien der Mond so groß und klar, und dort betrachtete Kay die lange, lange Winternacht; am Tage schlief er zu den Füßen der Schneekönigin.

Troisième histoire. Le jardin de la femme qui savait faire des enchantements

Dritte Geschichte. Der Blumengarten bei der Frau, welche zaubern konnte

Que devint la petite Gerda lorsqu’elle ne vit pas revenir son camarade Kay ?

Aber wie erging es der kleinen Gerda, als Kay nicht zurückkehrte?

où pouvait-il être resté ? Personne n’en savait rien ; personne n’avait vu par où il était passé. Un gamin seulement raconta qu’il l’avait vu attacher son traîneau à un autre, un très grand, qui était sorti de la ville.

Wo war er doch geblieben? — Niemand wußte es, Niemand konnte Bescheid geben. Die Knaben erzählten nur, daß sie ihn seinen Schlitten an einen mächtig großen hätten binden sehen, der in die Straße hinein und aus dem Stadtthore gefahren wäre.

Personne depuis ne l’avait aperçu. Bien des larmes furent versées à cause de lui. La petite Gerda pleura plus que tous.
« Il est mort, disait-elle ; il se sera noyé dans la rivière qui coule près de l’école. »
Et elle recommençait à sangloter. Oh ! que les journées d’hiver lui semblèrent longues et sombres !

Niemand wußte, wo er war; viele Thränen flossen; die kleine Gerda weinte so viel und so lange; — dann sagten sie, er sei todt; er wäre im Fluß ertrunken, der nahe bei der Schule vorbeifloß; o das waren recht lange, finstere Wintertage.

Enfin le printemps revint, ramenant le soleil et la joie ; mais Gerda ne se consolait point.

Nun kam der Frühling mit wärmerem Sonnenschein.

« Kay est mort, disait-elle encore, il est parti pour toujours.

»Kay ist todt und fort!« sagte die kleine Gerda.

— Je ne crois pas, répondit le rayon de soleil.

»Das glaube ich nicht!« antwortete der Sonnenschein.

— Il est mort : je ne le verrai plus ! dit-elle aux hirondelles.

»Er ist todt und fort!« sagte sie zu den Schwalben.

— Nous n’en croyons rien, » répliquèrent celles-ci.
À la fin, Gerda elle-même ne le crut plus.

»Das glauben wir nicht!« erwiderten diese, und am Ende glaubte die kleine Gerda es auch nicht.

« Je vais mettre mes souliers rouges tout neufs, se dit-elle un matin, ceux que Kay n’a jamais vus, et j’irai trouver la rivière et lui demander si elle sait ce qu’il est devenu. »

»Ich will meine neuen, rothen Schuhe anziehen,« sagte sie eines Morgens, »die, welche Kay nie gesehen hat, und dann will ich zum Fluß hinuntergehen und den nach ihm fragen!«

Il était de très-bonne heure. Elle donna un baiser à la vieille grand’mère qui dormait encore, et elle mit ses souliers rouges.
Puis elle partit toute seule passa la porte de la ville et arriva au bord de la rivière.

Und es war noch ganz früh; sie küßte die alte Großmutter, die noch schlief, zog die rothen Schuhe an und ging ganz allein aus dem Stadtthor nach dem Flusse.

« Est-il vrai, lui dit-elle, que tu m’as pris mon ami Kay ? Je veux bien te donner mes jolis souliers de maroquin rouge si tu veux me le rendre. »

»Ist es wahr, daß Du mir meinen kleinen Spielkameraden genommen hast? Ich will Dir meine rothen Schuhe schenken, wenn du mir ihn wiedergeben willst!«

Il lui parut que les vagues lui répondaient par un balancement singulier. Elle prit ses beaux souliers qu’elle aimait par-dessus tout et les lança dans l’eau. Mais elle n’était pas bien forte, la petite Gerda ; ils tombèrent près de la rive, et les petites vagues les repoussèrent à terre. Elle aurait pu voir par là que la rivière ne voulait pas garder ce présent, parce qu’elle n’avait pas le petit Kay à lui rendre en échange.

Und es war ihr, als nickten die Wellen so sonderbar; da nahm sie ihre rothen Schuhe, die sie am liebsten hatte, und warf sie alle beide in den Fluß hinein; aber sie fielen dicht an das Ufer, und die kleinen Wellen trugen sie ihr wieder an das Land; es war gerade, als wollte der Fluß das Liebste, was sie hatte, nicht, weil er den kleinen Kay ja nicht hatte;

Mais Gerda crut qu’elle n’avait pas jeté les souliers assez loin du bord ; elle s’avisa donc de monter sur un bateau qui se trouvait là au milieu des joncs. Elle alla jusqu’à l’extrême bout du bateau, et de là lança de nouveau ses souliers à l’eau. La barque n’était pas attachée au rivage.

aber sie glaubte nun, daß sie die Schuhe nicht weit genug hinausgeworfen habe; und so kroch sie in ein Boot, welches im Schilfe lag; sie ging ganz an das äußerste Ende desselben und warf die Schuhe von da in das Wasser; aber das Boot war nicht festgebunden, und bei der Bewegung, welche sie verursachte, glitt es vom Lande ab;

Par le mouvement que lui imprima Gerda, elle s’éloigna du bord. La fillette s’en aperçut et courut pour sauter dehors ; mais lorsqu’elle revint à l’autre bout, il y avait déjà la distance de trois pieds entre la terre et le bateau. Le bateau se mit à descendre la rivière.

sie bemerkte es und beeilte sich, herauszukommen; doch ehe sie zurückkam, war das Boot über eine Elle vom Lande, und nun trieb es schneller von dannen.

Gerda, saisie de frayeur, commença à pleurer. Personne ne l’entendit, excepté les moineaux ; mais ils ne pouvaient pas la rapporter à terre. Cependant, comme pour la consoler, ils volaient le long de la rive et criaient : « Her ere vi ! her ere vi ! ».

Da erschrak die kleine Gerda sehr und fing an zu weinen; allein Niemand außer den Sperlingen hörte sie, und die konnten sie nicht an das Land tragen; aber sie flogen längs dem Ufer und sangen, gleichsam um sie zu trösten: »Hier sind wir, hier sind wir!«

La nacelle suivait toujours le cours de l’eau. Gerda avait cessé de pleurer et se tenait tranquille. Elle n’avait aux pieds que ses bas. Les petits souliers rouges flottaient aussi sur la rivière, mais ils ne pouvaient atteindre la barque qui glissait plus vite qu’eux.

Das Boot trieb mit dem Strome; die kleine Gerda saß ganz stille, nur mit Strümpfen an den Füßen; ihre kleinen rothen Schuhe trieben hinter ihr her; aber sie konnten das Boot nicht erreichen; das hatte stärkere Fahrt.

Sur les deux rives poussaient de vieux arbres, de belles fleurs, du gazon touffu où paissaient des moutons ; c’était un beau spectacle. Mais on n’apercevait pas un être humain.

Hübsch war es an beiden Ufern: schöne Blumen; alte Bäume und Abhänge mit Schafen und Kühen; aber nicht ein Mensch war zu erblicken.

« Peut-être, pensa Gerda, la rivière me mène-t-elle auprès du petit Kay. » Cette pensée dissipa son chagrin. Elle se leva et regarda longtemps le beau paysage verdoyant.

»Vielleicht trägt mich der Fluß zu dem kleinen Kay hin,« dachte Gerda, und da wurde sie heiterer, erhob sich und betrachtete viele Stunden die grünen, schönen Ufer;

Elle arriva enfin devant un grand verger tout planté de cerisiers. Il y avait là une étrange maisonnette dont les fenêtres avaient des carreaux rouges, bleus et jaunes, et dont le toit était de chaume. Sur le seuil se tenaient deux soldats de bois qui présentaient les armes aux gens qui passaient.

dann gelangte sie zu einem großen Kirschgarten, in welchem ein kleines Haus mit sonderbaren rothen und blauen Fenstern war; übrigens hatte es ein Strohdach, und draußen waren zwei hölzerne Soldaten, die vor den Vorbeisegelnden das Gewehr schulterten.

Gerda les appela à son secours : elle les croyait vivants. Naturellement, ils ne bougèrent pas. Cependant la barque approchait de la terre.

Gerda rief nach ihnen; sie glaubte, daß sie lebendig seien; aber sie antworteten natürlich nicht; sie kam ihnen ganz nahe; der Fluß trieb das Boot gerade auf das Land zu.

Gerda cria plus fort. Alors sortit de la maisonnette une vieille, vieille femme qui s’appuyait sur une béquille ; elle avait sur la tête un grand chapeau de paille enguirlandé des plus belles fleurs.

Gerda rief noch lauter, und da kam eine alte, alte Frau aus dem Hause, die sich auf einen Krückstock stützte; sie hatte einen großen Sonnenhut auf, und der war mit den schönsten Blumen bemalt.

« Pauvre petite, dit-elle, comment es-tu arrivée ainsi sur le grand fleuve rapide ? Comment as-tu été entraînée si loin à travers le monde ? » Et la bonne vieille entra dans l’eau ; avec sa béquille elle atteignit la barque, l’attira sur le bord, et enleva la petite Gerda.

»Du armes, kleines Kind!« sagte die alte Frau; »wie bist Du doch auf den großen, reißenden Strom gekommen, und weit in die Welt hinausgetrieben!« Und dann ging die alte Frau ganz in das Wasser hinein, erfaßte mit ihrem Krückstocke das Boot, zog es an das Land und hob die kleine Gerda heraus.

L’enfant, lorsqu’elle eut de nouveau les pieds sur la terre, se réjouit fort ; toutefois elle avait quelque frayeur de l’étrange vieille femme.

Und Gerda war froh, wieder auf das Trockne zu gelangen, obgleich sie sich vor der fremden alten Frau ein wenig fürchtete.

« Raconte-moi, dit-celle-ci, qui tu es et d’où tu viens ? »

»Komm doch und erzähle mir, wer Du bist, und wie Du hierher kommst!« sagte sie.