Испанско-французская книга-билингва
En seguida, tirando bruscamente su sudario, daría la vuelta al dormitorio en cuatro patas, como un esqueleto blanqueado por el tiempo, moviendo los ojos de sus órbitas, en su creación de «Daniel el Mudo, o el esqueleto del suicida», papel en el cual hizo un gran efecto en varias ocasiones. Creía estar tan bien en éste como en su otro papel de «Martín el Demente o el misterio enmascarado».
Puis, profitant de ce que leurs lits étaient très rapprochés, il se dresserait dans l’espace libre entre eux, sous l’aspect d’un cadavre vert, froid comme la glace, jusqu’à ce qu’ils fussent paralysés par la terreur. Ensuite, jetant brusquement son suaire, il ferait à quatre pattes le tour de la pièce, en squelette blanchi par le temps, avec un œil roulant dans l’orbite, jouant aussi le «Daniel le Muet ou le Squelette du Suicidé», rôle dans lequel il avait en maintes occasions produit un grand effet. Il s’y jugeait aussi bon que dans son autre rôle «Martin le Maniaque ou le Mystère masqué».
A las diez y media oyó subir a la familia a acostarse. Durante algunos instantes le inquietaron las tumultuosas carcajadas de los gemelos, que se divertían evidentemente, con su loca alegría de colegiales, antes de meterse en la cama. Pero a las once y cuarto todo quedó nuevamente en silencio, y cuando sonaron las doce se puso en camino.
À dix heures et demie, il entendit la famille qui montait se coucher. Pendant quelques instants, il fut inquiété par les tumultueux éclats de rire des jumeaux qui, évidemment, avec leur folle gaîté d’écoliers, s’amusaient avant de se mettre au lit, mais à onze heures et quart tout était redevenu silencieux, et quand sonna minuit, il se mit en marche.
La lechuza chocaba contra los cristales de la ventana. El cuervo crascitaba en el hueco de un tejo centenario y el viento gemía vagando alrededor de la casa, como un alma en pena; pero la familia Otis dormía, sin sospechar la suerte que le esperaba. Oía con toda claridad los ronquidos regulares del ministro de los Estados Unidos, que dominaban el ruido de la lluvia y de la tormenta.
La chouette se heurtait contre les vitres de la fenêtre. Le corbeau croassait dans le creux d’un vieil if, et le vent gémissait en errant autour de la maison comme une âme en peine, mais la famille Otis dormait sans se douter aucunement du sort qui l’attendait. Il percevait distinctement les ronflements réguliers du ministre des États-unis par-dessus le bruit de la pluie et de l’orage.
Se deslizó furtivamente a través del estuco. Una sonrisa perversa se dibujaba sobre su boca cruel y arrugada, y la luna escondió su rostro tras una nube cuando pasó delante de la gran ventana ojival, sobre la que estaban representadas, en azul y oro, sus propias armas y las de su esposa asesinada.
Il se glissa furtivement à travers le badigeon. Un mauvais sourire se dessinait sur sa bouche cruelle et plissée, et la lune cacha sa figure derrière un nuage lorsqu’il passa devant la grande baie ogivale où étaient représentées en bleu et or ses propres armoiries et celles de son épouse assassinée.
Seguía andando siempre, deslizándose como una sombra funesta, que parecía hacer retroceder de espanto a las mismas tinieblas en su camino.
Il allait toujours, glissait comme une ombre funeste, qui semblait faire reculer d’horreur les ténèbres elles-mêmes sur son passage.
En un momento dado le pareció oír que alguien le llamaba: se detuvo, pero era tan sólo un perro, que ladraba en la Granja Roja. Prosiguió su marcha, refunfuñando extraños juramentos del siglo XVI, y blandiendo de cuando en cuando el puñal enmohecido en el aire de medianoche.
Une fois, il crut entendre quelqu’un qui appelait; il s’arrêta, mais ce n’était qu’un chien qui aboyait, dans la Ferme Rouge. Il se remit en marche, en marmottant d’étranges jurons du seizième siècle, et brandissant de temps à autre le poignard rouillé dans la brise de minuit.
Por fin llegó a la esquina del pasillo que conducía a la habitación de Washington. Allí hizo una breve parada. El viento agitaba en torno de su cabeza sus largos mechones grises y ceñía en pliegues grotescos y fantásticos el horror indecible del fúnebre sudario.
Enfin il arriva à l’angle du passage qui conduisait à la chambre de l’infortuné Washington. Il y fit une courte pause. Le vent agitait autour de sa tête ses longues mèches grises, contournait en plis grotesques et fantastiques l’horreur indicible du suaire de cadavre.
Sonó entonces el cuarto en el reloj. Comprendió que había llegado el momento. Se dedicó una risotada y dio la vuelta a la esquina. Pero apenas lo hizo retrocedió, lanzando un gemido lastimero de terror y escondiendo su cara lívida entre sus largas manos huesosas.
Alors la pendule sonna le quart. Il comprit que le moment était venu. Il s’adressa un ricanement, et tourna l’angle. Mais à peine avait-il fait ce pas, qu’il recula en poussant un pitoyable gémissement de terreur en cachant sa face blême dans ses longues mains osseuses.
Frente a él había un horrible espectro, inmóvil como una estatua, monstruoso como la pesadilla de un loco.
Juste en face de lui se tenait un horrible spectre, immobile comme une statue, monstrueux comme le rêve d’un fou.
La cabeza del espectro era pelada y reluciente; su faz, redonda, carnosa y blanca; una risa horrorosa parecía retorcer sus rasgos en una mueca eterna;
La tête du spectre était chauve et luisante, la face ronde, potelée, et blanche; un rire hideux semblait en avoir tordu les traits en une grimace éternelle; par les yeux sortait à flots une lumière rouge écarlate.
por los ojos brotaba a oleadas una luz escarlata, la boca tenía el aspecto de un ancho pozo de fuego, y una vestidura horrible, como la de él, como la del mismo Simón, envolvía con su nieve silenciosa aquella forma gigantesca.
La bouche avait l’air d’un vaste puits de feu, et un vêtement hideux comme celui de Simon lui-même, drapait de sa neige silencieuse la forme titanique.
Sobre el pecho tenía colgado un cartel con una inscripción en caracteres extraños y antiguos. Quizá era un rótulo infamante, donde estaban escritos delitos espantosos, una terrible lista de crímenes. Tenía, por último, en su mano derecha una cimitarra de acero resplandeciente.
Sur la poitrine était fixé un placard portant une inscription en caractères étranges, antiques. C’était peut-être un écriteau d’infamie, où étaient inscrits des forfaits affreux, une terrible liste de crimes. Enfin, dans sa main droite, il tenait un cimeterre d’acier étincelant.
Como no había visto nunca fantasmas hasta aquél día, sintió un pánico terrible, y, después de lanzar a toda prisa una segunda mirada sobre el monstruo atroz, regresó a su habitación, trompicando en el sudario que le envolvía. Cruzó la galería corriendo, y acabó por dejar caer el puñal enmohecido en las botas de montar del ministro, donde lo encontró el mayordomo al día siguiente.
Comme il n’avait jamais vu de fantômes jusqu’à ce jour, il éprouva naturellement une terrible frayeur, et après avoir vite jeté un second regard sur l’affreux fantôme, il regagna sa chambre à grands pas, en trébuchant dans le linceul dont il était enveloppé. Il parcourut le corridor en courant, et finit par laisser tomber le poignard rouillé dans les bottes à l’écuyère du ministre, où le lendemain, le maître d’hôtel le retrouva.
Una vez refugiado en su retiro, se desplomó sobre un reducido catre de tijera, tapándose la cabeza con las sábanas. Pero, al cabo de un momento, el valor indomable de los antiguos Canterville se despertó en él y tomó la resolución de hablar al otro fantasma en cuanto amaneciese.
Une fois rentré dans l’asile de son retrait, il se laissa tomber sur un petit lit de sangle, et se cacha la figure sous les draps. Mais, au bout d’un moment, le courage indomptable des Canterville d’autrefois se réveilla en lui, et il prit la résolution d’aller parler à l’autre fantôme, dès qu’il ferait jour.
Por consiguiente, no bien el alba plateó las colinas con su contacto, volvió al sitio en que había visto por primera vez al horroroso fantasma. Pensaba que, después de todo, dos fantasmas valían más que uno sólo, y que con ayuda de su nuevo amigo podría contender victoriosamente con los gemelos.
En conséquence, dès que l’aube eut argenté de son contact les collines, il retourna à l’endroit où il avait aperçu pour la première fois le hideux fantôme. Il se disait qu’après tout deux fantômes valaient mieux qu’un seul, et qu’avec l’aide de son nouvel ami, il pourrait se colleter victorieusement avec les jumeaux.
Pero cuando llegó al sitio hallóse en presencia de un espectáculo terrible. Sucedíale algo indudablemente al espectro, porque la luz había desaparecido por completo de sus órbitas. La cimitarra centelleante se había caído de su mano y estaba recostado sobre la pared en una actitud forzada e incómoda.
Mais quand il fut à l’endroit, il se trouva en présence d’un terrible spectacle. Il était évidemment arrivé quelque chose au spectre, car la lumière avait complètement disparu de ses orbites. Le cimeterre étincelant était tombé de sa main, et il se tenait adossé au mur dans une attitude contrainte et incommode.
Simón se precipitó hacia delante y lo cogió en sus brazos; pero cuál no sería su terror viendo despegarse la cabeza y rodar por el suelo, mientras el cuerpo tomaba la posición supina, y notó que abrazaba una cortina blanca de lienzo grueso y que yacían a sus pies una escoba, un machete de cocina y una calabaza vacía.
Simon s’élança en avant, et le saisit dans ses bras, mais quelle fut son horreur, en voyant la tête se détacher, et rouler sur le sol, le corps prendre la posture couchée, et il s’aperçut qu’il étreignait un rideau de grosse toile blanche, et qu’un balai, un couperet de cuisine, et un navet évidé gisaient à ses pieds.
Sin poder comprender aquella curiosa transformación, cogió con mano febril el cartel, leyendo a la claridad grisácea de la mañana estas palabras terribles:
Ne comprenant rien à cette curieuse transformation, il saisit d’une main fiévreuse l’écriteau, et y lut, grâce à la lueur grise du matin, ces mots terribles:
HE-AQUÍ-EL-FANTASMA-OTIS EL-ÚNICO-ESPÍRITU-AUTÉNTICO-Y-VERDADERO ¡DESCONFIAD-DE-LAS-IMITACIONES! TODOS-LOS-DEMÁS-ESTÁN-FALSIFICADOS!
Voici le Fantôme Otis
Le seul véritable et authentique Esprit
Se défier des imitations
Tous les autres sont des contrefaçons
Y la entera verdad se le apareció como un relámpago. ¡Había sido burlado, chasqueado, engañado!
Et toute la vérité lui apparut comme dans un éclair. Il avait été berné, mystifié, joué!
La expresión característica de los Canterville reapareció en sus ojos, apretó las mandíbulas desdentadas y, levantando por encima de su cabeza sus manos amarillas, juró, según el ritual pintoresco de la antigua escuela, «que cuando el gallo tocara por dos veces el cuerno de su alegre llamada se consumarían sangrientas hazañas, y el crimen, de callado paso, saldría de su retiro».
L’expression qui caractérisait le regard des vieux Canterville reparut dans ses yeux; il serra ses mâchoires édentées, et levant au-dessus de sa tête, ses mains flétries, il jura, conformément à la formule pittoresque de l’école antique, que quand Chanteclair aurait sonné deux fois son joyeux appel de cor, des exploits sanglants s’accompliraient, et que le Meurtre au pied silencieux sortirait de la retraite.
No había terminado de formular este juramento terrible, cuando de una alquería lejana, de tejado de ladrillo rojo, salió el canto de un gallo. Lanzó una larga risotada, lenta y amarga, y esperó.
Il avait à peine fini d’énoncer ce redoutable serment, que d’une ferme lointaine au toit de tuiles rouges partit un chant de coq. Il poussa un rire prolongé, lent, amer, et attendit.
Esperó una hora, y después otra; pero por alguna razón misteriosa no volvió a cantar el gallo. Por fin, a eso de las siete y media, la llegada de las criadas le obligó a abandonar su terrible guardia y regresó a su morada, con altivo paso, pensando en su juramento vano y en su vano proyecto fracasado.
Il attendit une heure, puis une autre, mais pour quelque raison mystérieuse, le coq ne chanta pas une autre fois. Enfin, vers sept heures et demie, l’arrivée des bonnes, le contraignit à quitter sa terrible faction, il rentra chez lui, d’un pas fier, en songeant à son vain serment, et à son vain projet manqué.
Una vez allí consultó varios libros de caballería, cuya lectura le interesaba extraordinariamente, y pudo comprobar que el gallo cantó siempre dos veces en cuantas ocasiones se recurrió a aquel juramento.
Là il consulta divers ouvrages sur l’ancienne chevalerie, dont la lecture l’intéressait extraordinairement, et il y vit que Chanteclair avait toujours chanté deux fois, dans les occasions où l’on avait eu recours à ce serment.
—¡Que el diablo se lleve a ese animal volátil! —murmuró—. ¡En otro tiempo hubiese caído sobre él con mi buena lanza, atravesándole el cuello y obligándole a cantar otra vez para mí, aunque reventara!
— Que le diable emporte cet animal de volatile! murmura-t-il. Dans le temps jadis, avec ma bonne lance, j’aurais fondu sur lui. Je lui aurais percé la gorge, et je l’aurais forcé à chanter une autre fois pour moi, dût-il en crever!
Y dicho esto se retiró a su confortable caja de plomo, y allí permaneció hasta la noche.
Cela dit, il se retira dans un confortable cercueil de plomb, et y resta jusqu’au soir.
Capitulo IV
IV
Al día siguiente el fantasma se sintió muy débil, muy cansado. Las terribles emociones de las cuatro últimas semanas empezaban a producir su efecto.
Le lendemain, le fantôme se sentit très faible, très las. Les terribles agitations des quatre dernières semaines commençaient à produire leur effet.
Tenía el sistema nervioso completamente alterado, y temblaba al más ligero ruido. No salió de su habitación en cinco días, y concluyó por hacer una concesión en lo relativo a la mancha de sangre del «parquet» de la biblioteca.
Son système nerveux était complètement bouleversé, et il sursautait au plus léger bruit. Il garda la chambre pendant cinq jours, et finit par se décider à faire une concession sur l’article de la tache de sang du parquet de la bibliothèque.
Puesto que la familia Otis no quería verla, era indudablemente que no la merecía. Aquella gente estaba colocada a ojos vistas en un plano inferior de vida material y era incapaz de apreciar el valor simbólico de los fenómenos sensibles.
Puisque la famille Otis n’en voulait pas, c’est qu’elle ne la méritait pas, c’était clair. Ces gens-là étaient évidemment situés sur un plan inférieur, matériel d’existence, et parfaitement incapables d’apprécier la valeur symbolique des phénomènes sensibles.
La cuestión de las apariciones de fantasmas y el desenvolvimiento de los cuerpos astrales era realmente para ellos cosa desconocida e indiscutiblemente fuera de su alcance.
La question des apparitions de fantômes, le développement des corps astrals, étaient vraiment pour elle chose tout à fait étrangère, et qui n’était réellement pas à sa portée.
Pero, por lo menos, constituía para él un deber ineludible mostrarse en el corredor una vez a la semana y farfullar por la gran ventana ojival el primero y el tercer miércoles de cada mes. No veía ningún medio digno de sustraerse a aquella obligación.
C’était pour lui un rigoureux devoir de se montrer dans le corridor une fois par semaine, et de bafouiller par la grande fenêtre ogivale le premier et le troisième mercredi de chaque mois, et il ne voyait aucun moyen honorable et de se soustraire à son obligation.
Verdad es que su vida fue muy criminal; pero, quitado eso, era hombre muy concienzudo en todo cuanto se relacionaba con lo sobrenatural.
Il était vrai que sa vie avait été très criminelle, mais d’un autre côté, il était très consciencieux dans tout ce qui concernait le surnaturel.
Así, pues, los tres sábados siguientes atravesó, como de costumbre, el corredor entre doce de la noche y tres de la madrugada, tomando todas las precauciones posibles para no ser visto ni oído.
Aussi, les trois samedis qui suivirent, il traversa comme de coutume le corridor entre minuit et trois heures du matin, en prenant toutes les précautions possibles pour n’être ni entendu ni vu.
Se quitaba las botas, pisaba lo más ligeramente que podía sobre las viejas maderas carcomidas, envolvíase en una gran capa de terciopelo negro, y no dejaba de usar el engrasador «Sol-Levante» para engrasar sus cadenas.
Il ôtait ses bottes, marchait le plus légèrement qu’il pouvait sur les vieilles planches vermoulues, s’enveloppait d’un grand manteau de velours noir, et n’oubliait pas de se servir du Graisseur Soleil Levant pour huiler ses chaînes.
Me veo precisado a reconocer que sólo después de muchas vacilaciones se decidió a adoptar este último medio de protección.
Je suis tenu de reconnaître que ce ne fut qu’après maintes hésitations qu’il se décida à adopter ce dernier moyen de protection.
Pero, al fin, una noche, mientras cenaba la familia, se deslizó en el dormitorio de mistress Otis y se llevó el frasquito.
Néanmoins, une nuit, pendant le dîner de la famille, il se glissa dans la chambre à coucher de M. Otis, et déroba la fiole.
Al principio se sintió un poco humillado, pero después fue suficientemente razonable para comprender que aquel invento merecía grandes elogios y cooperaba, en cierto modo, a la realización de sus proyectos.
Il se sentit d’abord quelque peu humilié, mais dans la suite, il fut assez raisonnable pour comprendre que cette invention méritait de grands éloges, et qu’elle concourait dans une certaine mesure, à favoriser ses plans.
A pesar de todo, no se vio a cubierto de matracas.
Néanmoins, malgré tout, il ne fut pas à l’abri des taquineries.
No dejaban nunca de tenderle cuerdas de lado a lado del corredor para hacer tropezar en la oscuridad, y una vez que se había disfrazado para el papel de «Isaac el Negro o el cazador del bosque de Hogsley», cayó cuan largo era al poner el pie sobre una pista de maderas enjabonadas que habían colocado los gemelos desde el umbral del salón de Tapices hasta la parte alta de la escalera de roble.
On ne manquait jamais de tendre en travers du corridor des cordes qui le faisaient trébucher dans l’obscurité, et une fois qu’il s’était costumé pour le rôle «d’Isaac le Noir, ou le Chasseur du Bois de Hogsley», il fit une lourde chute, pour avoir mis le pied sur une glissoire de planches savonnées que les jumeaux avaient bâtie depuis le seuil de la Chambre aux Tapisseries jusqu’en haut de l’escalier de chêne.
Esta última afrenta le dio tal rabia, que decidió hacer un esfuerzo para imponer su dignidad y consolidar su posición social, y formó el proyecto de visitar a la noche siguiente a los insolentes chicos de Eton, en su célebre papel de «Ruperto el Temerario o el conde sin cabeza».
Ce dernier affront le mit dans une telle rage, qu’il résolut de faire un suprême effort pour imposer sa dignité et raffermir sa position sociale, et forma le projet de rendre visite, la nuit suivante, aux insolents jeunes Etoniens, en son célèbre rôle de «Rupert le téméraire, ou le Comte sans tête».
No se había mostrado con aquel disfraz desde hacía sesenta años, es decir, desde que causó con él tal pavor a la bella lady Bárbara Modish, que ésta retiró su consentimiento al abuelo de actual lord Canterville y se fugó a Gretna Green con el arrogante Jach Castletown, jurando que por nada del mundo consentiría en emparentar con una familia que toleraba los paseos de un fantasma tan horrible por la terraza, al atardecer.
Il ne s’était jamais montré dans ce déguisement depuis soixante-dix ans, c’est-à-dire depuis qu’il avait, par ce moyen, fait à la belle lady Barbara Modish une telle frayeur qu’elle avait repris sa promesse de mariage au grand-père du lord Canterville actuel, et s’était enfuie à Gretna Green, avec le beau Jack Castletown, en jurant que pour rien au monde elle ne consentirait à s’allier à une famille qui tolérait les promenades d’un fantôme si horrible, sur la terrasse, au crépuscule.
El pobre Jack fue al poco tiempo muerto en duelo por lord Canterville en la pradera de Wandsworth, y lady Bárbara murió de pena en Tumbridge Wells antes de terminar el año; así es que fue un gran éxito por todos conceptos.
Le pauvre Jack fut par la suite tué en duel par lord Canterville sur la prairie de Wandsworth, et lady Barbara mourut de chagrin à Tunbridge Wells, avant la fin de l’année, de sorte qu’à tous les points de vue, c’était un grand succès.
Sin embargo, era, permitiéndome emplear un término de argot teatral para aplicarlo a uno de los mayores misterios del mundo sobrenatural (o en lenguaje más científico), «del mundo superior a la Naturaleza», era, repito, una creación de las más difíciles, y necesitó sus tres buenas horas para terminar los preparativos.
Néanmoins, c’était, si je puis employer un terme de l’argot théâtral pour l’appliquer à l’un des mystères les plus grands du monde surnaturel ou, pour parler un langage plus scientifique, du monde supérieur de la nature, c’était une création des plus difficiles, et il lui fallut trois bonnes heures pour terminer ses préparatifs.
Por fin, todo estuvo listo, y él contentísimo de su disfraz.
À la fin, tout fut prêt, et il fut très content de son travestissement.
Las grandes botas de montar, que hacían juego con el traje, eran, eso sí, un poco holgadas para él, y no pudo encontrar más que una de las dos pistolas del arzón; pero, en general, quedó satisfechísimo, y a la una y cuarto pasó a través del estuco y bajó a corredor.
Les grandes bottes à l’écuyère en cuir, qui étaient assorties avec le costume étaient bien un peu trop larges pour lui; et il ne put retrouver qu’un des deux pistolets d’arçon, mais à tout prendre, il fut très satisfait; et à une heure et quart, il passa à travers le badigeon, et descendit vers le corridor.
Cuando estuvo cerca de la habitación ocupada por los gemelos, a la que llamaré el dormitorio azul, por el color de sus cortinajes, se encontró con la puerta entreabierta.
Quand il fut arrivé près de la pièce occupée par les jumeaux, et que j’appellerai la chambre à coucher bleue, à cause de la couleur des tentures, il trouva la porte entr’ouverte.
A fin de hacer una entrada sensacional, la empujó con violencia, pero se le vino encima una jarra de agua que le empapó hasta los huesos, no dándole en el hombro por unos milímetros. Al mismo tiempo oyó unas risas sofocadas que partían de la doble cama con dosel.
Afin de faire une entrée sensationnelle, il la poussa avec force, mais il reçut une lourde cruche pleine d’eau, qui le mouilla jusqu’aux os, et qui ne manqua son épaule que d’un pouce ou deux. Au même moment, il perçut des éclats de rire étouffés, qui venaient du grand lit à dais.
Su sistema nervioso sufrió tal conmoción, que regresó a sus habitaciones a todo escape, y al día siguiente tuvo que permanecer en la cama con un fuerte reúma.
Son système nerveux fut si violemment secoué qu’il rentra chez lui à toutes jambes, et le lendemain il resta alité avec un gros rhume.
El único consuelo que tuvo fue el de no haber llevado su cabeza sobre los hombros, pues sin esto las consecuencias hubieran podido ser más graves.
La seule consolation qu’il trouva, c’est qu’il n’avait pas apporté sa tête sur lui; sans cela les suites auraient pu être bien plus graves.
Desde entonces renunció para siempre a espantar a aquella recia familia de americanos, y se limitó a vagar por el corredor, con zapatillas de orillo, envuelto el cuello en una gruesa bufanda, por temor a las corrientes de aire, y provisto de un pequeño arcabuz, para el caso en que fuese atacado por los gemelos.
Désormais, il renonça à tout espoir de jamais épouvanter cette rude famille d’Américains, et se borna, à parcourir le corridor avec des chaussons de lisière, le cou entouré d’un épais foulard, par crainte des courants d’air, et muni d’une petite arquebuse, pour le cas où il serait attaqué par les jumeaux.
Hacia el 19 de septiembre fue cuando recibió el golpe de gracia.
Ce fut vers le 19 septembre qu’il reçut le coup de grâce.
Había bajado por la escalera hasta el espacioso «hall», seguro de que en aquel sitio por lo menos estaba a cubierto de jugarretas, y se entretenía en hacer observaciones satíricas sobre las grandes fotografías del ministro de los Estados Unidos y de su mujer, hechas en casa de Sarow.
Il était descendu par l’escalier jusque dans le grand hall, sûr que dans cet endroit du moins, il était à l’abri des taquineries; et il s’amusait là à faire des remarques satiriques sur les grands portraits photographiés par Sarow, du ministre des États-unis et de sa femme, qui avaient pris la place des portraits de famille des Canterville.
Iba vestido sencilla, pero decentemente, con un largo sudario salpicado de moho de cementerio. Habíase atado la quijada con una tira de tela y llevaba una linternita y una azadón de sepulturero.
Il était simplement mais décemment vêtu d’un long suaire parsemé de moisissures de cimetière. Il avait attaché sa mâchoire avec une bande d’étoffe jaune, et portait une petite lanterne et une bêche de fossoyeur.
En una palabra, iba disfrazado de «Jonás el Desenterrador, o el ladrón de cadáveres de Cherstey Barn». Era una de sus creaciones más notables y de las que guardaban recuerdo, con más motivo, los Canterville, ya que fue la verdadera causa de su riña con lord Rufford, vecino suyo.
Bref il était travesti dans le costume de «Jonas le Déterré ou le voleur de cadavres de Chertsey Barn.» C’était un de ses rôles les plus remarquables, et celui dont les Canterville avaient le plus de sujet de garder le souvenir, car là se trouvait la cause réelle de leur querelle avec leur voisin, lord Rufford.
Serían próximamente las dos y cuarto de la madrugada, y, a su juicio, no se movía nadie en la casa.
Il était environ deux heures et quart du matin, et autant qu’il put en juger, personne ne bougeait dans la maison.
Pero cuando se dirigía tranquilamente en dirección a la biblioteca, para ver lo que quedaba de la mancha de sangre, se abalanzaron hacia él, desde un rincón sombrío, dos siluetas, agitando locamente sus brazos sobre sus cabezas, mientras gritaban a su oído:
—¡Uú! ¡Uú! ¡Uú!
Mais comme il se dirigeait à loisir du côté de la bibliothèque pour voir ce qui restait de la tache de sang, soudain il vit bondir vers lui d’un coin sombre deux silhouettes qui agitaient follement leurs bras au-dessus de leurs têtes, et lui criaient aux oreilles:
— Boum!
Lleno de pánico, cosa muy natural en aquellas circunstancias, se precipitó hacia la escalera, pero entonces se encontró frente a Washington Otis, que le esperaba armado con la regadera del jardín; de tal modo, que, cercado por sus enemigos, casi acorralado, tuvo que evaporarse en la gran estufa de hierro colado, que, afortunadamente para él, no estaba encendida, y abrirse paso hasta sus habitaciones por entre tubos y chimeneas, llegando a su refugio en el tremendo estado en que lo pusieron la agitación, el hollín y la desesperación.
Pris de terreur panique, — ce qui était bien naturel dans la circonstance, — il se précipita du côté de l’escalier; mais il s’y trouva en face de Washington Otis, qui l’attendait armé du grand arrosoir du jardin, si bien que cerné de tous côtés par ses ennemis, réduit presque aux abois, il s’évapora dans le grand poêle de fonte, qui, par bonheur pour lui n’était point allumé, et il se fraya un passage jusque chez lui, à travers tuyaux et cheminées, et arriva à son domicile, dans l’état terrible où l’avaient mis la saleté, l’agitation, et le désespoir.
Desde aquella noche no volvió a vérsele nunca de expedición nocturna. Los gemelos se quedaron muchas veces en acecho para sorprenderle, sembrando de cáscara de nuez los corredores todas las noche, con gran molestia de sus padres y criados. Pero fue inútil.
Depuis on ne le revit jamais en expédition nocturne. Les jumeaux se mirent maintes fois à l’affût pour le surprendre, et semèrent dans les corridors des coquilles de noix tous les soirs, au grand ennui de leurs parents et des domestiques, mais ce fut en vain.
Su amor propio estaba profundamente herido, sin duda, y no quería mostrarse.
Il était évident que son amour-propre avait été si profondément blessé, qu’il ne voulait plus se montrer.
En vista de ello, míster Otis se puso a trabajar en su gran obra sobre la historia del partido demócrata, obra que había empezado tres años antes. Mistress Otis organizó un «clam-bake» extraordinario, del que se habló en toda la comarca. Los niños se dedicaron a jugar a la barra, al ecarté, al «poker» y a otras diversiones nacionales de América. Virginia dio paseos a caballo por las carreteras, en compañía del duquesito de Cheshire, que se hallaba en Canterville pasando su última semana de vacaciones.
En conséquence, M. Otis se remit à son grand ouvrage sur l’histoire du parti démocratique, qu’il avait commencé trois ans auparavant. Mrs Otis organisa un extraordinaire clam-bake, qui mit tout le pays en rumeur. Les enfants s’adonnèrent aux jeux de «la crosse», de l’écarté du poker, et autres amusements nationaux de l’Amérique. Virginia fît des promenades à cheval par les sentiers, en compagnie du jeune duc de Cheshire, qui était venu passer à Canterville la dernière semaine de vacances.
Todo el mundo se figuraba que el fantasma había desaparecido, hasta el punto de que míster Otis escribió una carta a lord Canterville para comunicárselo, y recibió en contestación otra carta en la que éste le testimoniaba el placer que le producía la noticia y enviaba sus más sinceras felicitaciones a la digna esposa del ministro.
Tout le monde supposait que le fantôme avait disparu; de sorte que M. Otis écrivit à lord Canterville une lettre pour l’en informer, et reçut en réponse une autre lettre où celui-ci lui témoignait le plaisir que lui avait causé cette nouvelle, et envoyait ses plus sincères félicitations à la digne femme du ministre.
Pero los Otis se equivocaban. El fantasma seguía en la casa, y, aunque se hallaba muy delicado, no estaba dispuesto a retirarse, sobre todo después de saber que figuraba entre los invitados el duquesito de Cheshire, cuyo tío, lord Francis Stilton, apostó una vez con el coronel Carbury a que jugaría a los dados con el fantasma de Canterville. A la mañana siguiente se encontraron a lord Stilton tendido sobre el suelo del salón de juego en un estado de parálisis tal que, a pesar de la edad avanzada que alcanzó, no pudo ya nunca pronunciar más palabras que éstas:
—¡Seis doble!
Mais les Otis se trompaient. Le fantôme était toujours à la maison; et bien qu’il se portât très mal, il n’était nullement disposé à en rester là, surtout après avoir appris que du nombre des hôtes se trouvait le jeune duc de Cheshire, dont le grand oncle, lord Francis Stilton, avait une fois parié avec le colonel Carbury, qu’il jouerait aux dés avec le fantôme de Canterville. Le lendemain, on l’avait trouvé gisant sur le carreau de la salle de jeu, dans un état de paralysie si complet, que malgré l’âge avancé qu’il atteignit, il ne put jamais prononcer d’autre mot que celui-ci:
— Double six!
Esta historia era muy conocida en un tiempo, aunque, en atención a los sentimientos de dos familias nobles, se hiciera todo lo posible por ocultarla, y existe un relato detallado de todo lo referente a ella en el tomo tercero de las «Memorias de lord Tattle sobre el Príncipe Regente y sus amigos».
Cette histoire était bien connue en son temps, quoique, par égards pour les sentiments de deux familles nobles, on eût fait tout le possible pour l’étouffer; et un récit détaillé de tout ce qui la concerne se trouve dans le troisième volume des Mémoires de Lord Tattle sur le Prince Régent et ses amis.
Desde entonces, el fantasma deseaba vivamente probar que no había perdido su influencia sobre los Stilton, con los que además estaba emparentado por matrimonio, pues una prima suya se casó en segundas nupcias con el señor Bulkeley, del que descienden en línea directa, como todo el mundo sabe, los duques de Cheshire.
Dès lors, le fantôme désirait vraiment prouver qu’il n’avait pas perdu son influence sur les Stilton, avec lesquels il était d’ailleurs parent par alliance, sa cousine germaine ayant épousé en secondes noces le sieur de Bulkeley, duquel, ainsi que tout le monde le sait les ducs de Cheshire descendent en droite ligne.
Por consiguiente, hizo sus preparativo para mostrarse al pequeño enamorado de Virginia en su famoso papel de «Fraile vampiro, o el benedictino desangrado». Era un espectáculo espantoso, que cuando la vieja lady Starbury se lo vio representar, es decir en víspera del Año Nuevo de 1764, empezó a lanzar chillidos agudos, que tuvieron por resultado un fuerte ataque de apoplejía y su fallecimiento al cabo de tres días, no sin que desheredara antes a los Canterville y legase todo su dinero a su farmacéutico en Londres.
En conséquence, il fit ses apprêts pour se montrer au petit amoureux de Virginia dans son fameux rôle du «Moine Vampire, ou le Bénédictin saigné à blanc». C’était un spectacle si épouvantable, que quand la vieille lady Startuy, l’avait vu jouer, c’est-à-dire la veille du nouvel an 1764, elle commença par pousser les cris les plus perçants, qui aboutirent à une violente attaque d’apoplexie et à son décès, au bout de trois jours, non sans qu’elle eût déshérité les Canterville et légué tout son argent à son pharmacien de Londres.
Pero, a última hora, el terror que le inspiraban los gemelos le retuvo en su habitación, y el duquesito durmió tranquilo en el gran lecho con dosel coronado de plumas del dormitorio real, soñando con Virginia.
Mais au dernier moment la terreur, que lui inspiraient les jumeaux, l’empêcha de quitter sa chambre, et le petit duc dormit en paix dans le grand lit à baldaquin couronné de plumes de la Chambre royale, et rêva à Virginia.
Capitulo V
V
Virginia y su adorador de cabello rizado dieron, unos días después, un paseo a caballo por los prados de Brockley, paseo en el que ella desgarró su vestido de amazona al saltar un seto, de tal manera que, de vuelta a su casa, entró por la escalera de detrás para que no la viesen.
Peu de jours après, Virginia et son amoureux aux cheveux frisés allèrent faire une promenade à cheval dans les prairies de Brockley, où elle déchira son amazone d’une manière si fâcheuse, en franchissant une haie que quand elle revint à la maison, elle prit le parti de passer par l’escalier de derrière, afin de n’être point vue.
Al pasar corriendo por delante de la puerta del salón de Tapices, que estaba abierta de par en par, le pareció ver a alguien dentro. Pensó que sería la doncella de su madre, que iba con frecuencia a trabajar a esa habitación. Asomó la cabeza para encargarle que le cosiese el vestido.
Comme elle passait en courant devant la Chambre aux Tapisseries, dont la porte était ouverte, elle crut voir quelqu’un à l’intérieur. Elle pensa que c’était la femme de chambre de sa mère, car elle venait souvent travailler dans cette chambre. Elle y jeta un coup d’œil pour prier la femme de raccommoder son habit.
¡Pero, con gran sorpresa suya, quien allí estaba era el fantasma de Canterville en persona!
Mais à son immense surprise, c’était le fantôme de Canterville en personne!
Habíase acomodado ante la ventana, contemplando el oro llameante de los árboles amarillentos que revoloteaban por el aire, las hojas enrojecidas que bailaban locamente a lo largo de la gran avenida.
Il était assis devant la fenêtre, contemplant l’or roussi des arbres jaunissants, qui voltigeait en l’air, les feuilles rougies qui dansaient follement tout le long de la grande avenue.
Tenía la cabeza apoyada en una mano, y toda su actitud revelaba el desaliento más profundo.
Il avait la tête appuyée sur sa main, et toute son attitude révélait le découragement le plus profond.
Realmente presentaba un aspecto tan abrumado, tan abatido, que la pequeña Virginia, en vez de ceder a su primer impulso, que fue echar a correr a encerrarse en su cuarto, se sintió llena de compasión y tomó el partido de ir a consolarle.
Il avait vraiment l’air si abattu, si démoli, que la petite Virginia, au lieu de céder à son premier mouvement, qui avait été de courir s’enfermer dans sa chambre, fut remplie de compassion, et prit le parti d’aller le consoler.
Tenía la muchacha un paso tan ligero y él una melancolía tan honda, que no se dio cuenta de su presencia hasta que le habló.
Elle avait le pas si léger, et lui il avait la mélancolie si profonde, qu’il ne s’aperçut de sa présence que quand elle lui parla.
—Lo he sentido mucho por usted —dijo—, pero mis hermanos regresan mañana a Eton, y entonces, si se porta usted bien nadie le atormentará.
— Je suis bien fâchée pour vous, dit-elle, mais mes frères retournent à Eton demain. Alors si vous vous conduisez bien, personne ne vous tourmentera.
—Es inconcebible pedirme que me porte bien —le respondió, contemplando estupefacto a la jovencita que tenía la audacia de dirigirle la palabra—. Perfectamente inconcebible. Es necesario que yo sacuda mis cadenas, que gruña por los agujeros de las cerraduras y que corretee de noche. ¿Eso es lo que usted llama portarse mal? No tengo otra razón de ser.
— C’est absurde de me demander que je me conduise bien, répondit-il en regardant d’un air stupéfait la petite fillette qui s’était enhardie à lui adresser la parole. C’est tout à fait absurde. Il faut que je secoue mes chaînes, que je grogne par les trous de serrures, que je déambule la nuit, si c’est là ce que vous entendez par se mal conduire. C’est ma seule raison d’être.
—Eso no es una razón de ser. En sus tiempos fue usted muy malo ¿sabe? Mistress Umney nos dijo el día que llegamos que usted mató a su esposa.
— Ce n’est pas du tout une raison d’être, et vous avez été bien méchant, savez-vous? Mrs Umney nous a dit, le jour même de notre arrivée, que vous avez tué votre femme.
—Sí, lo reconozco —respondió incautamente el fantasma—. Pero era un asunto de familia y nadie tenía que meterse.
— Oui, j’en conviens, répondit étourdiment le fantôme. Mais c’était une affaire de famille, et cela ne regardait personne.
—Está muy mal matar a nadie —dijo Virginia, que a veces adoptaba un bonito gesto de gravedad puritana, heredado quizás de algún antepasado venido de Nueva Inglaterra.
— C’est bien mal de tuer n’importe qui, dit Virginia, qui avait parfois un joli petit air de gravité puritaine, légué par quelque ancêtre venu de la Nouvelle-Angleterre.
—¡Oh, no puedo sufrir la severidad barata de la moral abstracta! Mi mujer era feísima. No almidonaba nunca lo bastante mis puños y no sabía nada de cocina. Mire usted: un día había yo cazado un soberbio ciervo en los bosques de Hogsley, un hermoso macho de dos años. ¡Pues no puede usted figurarse cómo me lo sirvió!
— Oh! je ne puis souffrir la sévérité à bon compte de la morale abstraite. Ma femme était fort laide. Jamais elle n’empesait convenablement mes manchettes et elle n’entendait rien à la cuisine. Tenez, un jour j’avais tué un superbe mâle dans les bois de Hogley, un beau cerf de deux ans. Vous ne devineriez jamais comment elle me le servit.
Pero, en fin, dejemos eso. Es asunto liquidado, y no encuentro nada bien que sus hermanos me dejasen morir de hambre, aunque yo la matase.
Mais n’en parlons plus. C’est une affaire finie maintenant, et je trouve que ce n’était pas très bien de la part de ses frères, de me faire mourir de faim bien que je l’aie tuée.
—¡Que lo dejaran morir de hambre! ¡Oh señor fantasma…! Don Simón, quiero decir, ¿es que tiene usted hambre? Hay un «sandwich» en mi costurero. ¿Le gustaría?
— Vous faire mourir de faim! Oh! Monsieur le Fantôme… Monsieur Simon, veux-je dire, est-ce que vous avez faim? j’ai un sandwich dans ma cassette. Cela vous plairait-il?
—No, gracias, ahora ya no como; pero, de todos modos, lo encuentro amabilísimo por su parte. ¡Es usted bastante más atenta que el resto de su horrible, arisca, ordinaria y ladrona familia!
— Non, merci, je ne mange plus maintenant; mais c’est tout de même très bon de votre part, et vous êtes bien plus gentille que le reste de votre horrible, rude, vulgaire, malhonnête famille?
—¡Basta! —exclamó Virginia, dando con el pie en el suelo—. El arisco, el horrible y el ordinario lo es usted. En cuanto a lo de ladrón, bien sabe usted que me ha robado mis colores de la caja de pinturas para restaurar esa ridícula mancha de sangre en la biblioteca.
— Assez! s’écria Virginia en frappant du pied. C’est vous qui êtes rude, et horrible, et vulgaire. Quant à la malhonnêteté, vous savez bien que vous m’avez volé mes couleurs dans ma boîte pour renouveler cette ridicule tache de sang dans la bibliothèque.
Empezó usted por coger todos mis rojos, incluso el bermellón, imposibilitándome para pintar puestas de sol. Después agarró usted el verde esmeralda y el amarillo cromo. Y, finalmente, sólo me queda el añil y el blanco. Así es que ahora no puedo hacer más que claros de luna, que da grima ver, e incomodísimos, además, de colorear.
Vous avez commencé par me prendre tous mes rouges, y compris le vermillon, de sorte qu’il m’est impossible de faire des couchers de soleil. Puis, vous avez pris le vert émeraude, et le jaune de chrome. Finalement il ne me reste plus que de l’indigo et du blanc de Chine. Je n’ai pu faire depuis que des clairs de lune, qui font toujours de la peine à regarder, et qui ne sont pas du tout commodes à colorier.
Y no le he acusado, aún estando fastidiada y a pesar de que todas esa cosas son completamente ridículas. ¿Se ha visto alguna vez sangre color verde esmeralda…?
Je n’ai jamais rien dit de vous, quoique j’aie été bien ennuyée, et tout cela, c’était parfaitement ridicule. Est-ce qu’on a jamais vu du sang vert émeraude?
—Vamos a ver —dijo el fantasma, con cierta dulzura—: ¿y qué iba yo a hacer? Es dificilísimo en los tiempos actuales agenciarse sangre de verdad, y ya que su hermano empezó con su quitamanchas incomparable, no veo por qué no iba yo a emplear los colores de usted para resistir.
— Voyons, dit le fantôme, non sans douceur, qu’est-ce que je pouvais faire? C’est chose très difficile par le temps qui court de se procurer du vrai sang, et puisque votre frère a commencé avec son Détacheur incomparable, je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas employé vos couleurs à résister.
En cuanto al tono, es cuestión de gusto. Así, por ejemplo, los Canterville tienen sangre azul, la sangre más azul que existe en Inglaterra… Aunque ya sé que ustedes los americanos no hacen el menor caso de esas cosas.
Quant à la nuance, c’est une affaire de goût: ainsi par exemple, les Canterville ont le sang bleu, le sang le plus bleu qu’il y ait en Angleterre… Mais je sais que, vous autres Américains, vous ne faites aucun cas de ces choses-là.
—No sabe usted nada, y lo mejor que puede hacer es emigrar, y así se formará idea de algo. Mi padre tendrá un verdadero gusto en proporcionarle un pasaje gratuito, y aunque haya derechos de puertas elevadísimos sobre toda clase de cosas, no no le pondrán dificultades en la Aduana.
— Vous n’en savez rien, et ce que vous pouvez faire de mieux, c’est d’émigrer, cela vous formera l’esprit. Mon père se fera un plaisir de vous donner un passage gratuit, et bien qu’il y ait des droits d’entrée fort élevés sur les esprits de toute sorte, on ne fera pas de difficultés à la douane. Tous les employés sont des démocrates.
Y una vez en Nueva York, puede usted contar con un gran éxito. Conozco infinidad de personas que darían cien mil dólares por tener antepasados y que sacrificarían mayor cantidad aún por tener un fantasma de «familia».
Une fois à New-York, vous pouvez compter sur un grand succès. Je connais des quantités de gens qui donneraient cent mille dollars pour avoir un grand-père, et qui donneraient beaucoup plus pour avoir un fantôme de famille.
—Creo que no me divertiría mucho en América.
— Je crois que je ne me plairais pas beaucoup en Amérique.
—Quizás se deba a que allí no tenemos ni ruinas ni curiosidades —dijo burlonamente Virginia.
— C’est sans doute parce que nous n’avons pas de ruines, ni de curiosités, dit narquoisement Virginia.
—¡Qué curiosidades ni qué ruinas! —contestó el fantasma—. Tienen ustedes su Marina y sus modales.
— Pas de ruines! pas de curiosités? répondit le fantôme. Vous avez votre marine et vos manières.
—Buenas noches; voy a pedir a papá que conceda a los gemelos una semana más de vacaciones.
— Bonsoir, je vais demander à papa de faire accorder aux jumeaux une semaine supplémentaire de vacances.
—¡No se vaya, miss Virginia, se lo suplico! —exclamó el fantasma—. Estoy tan solo y soy tan desgraciado, que no sé que hacer. Quisiera ir a acostarme y no puedo.
— Je vous en prie, Miss Virginia, ne vous en allez pas, s’écria-t-il. Je suis si seul, si malheureux, et je ne sais vraiment plus que faire. Je voudrais aller me coucher, et je ne le puis pas.
—Pues es inconcebible: no tiene usted más que meterse en la cama y apagar la luz. Algunas veces es dificilísimo permanecer despierto, sobre todo en una iglesia, pero, en cambio, dormir es muy sencillo. Ya ve usted: los gemelos saben dormir admirablemente, y no son de los más listos.
— Mais c’est absurde; vous n’avez qu’à vous mettre au lit et à éteindre la bougie. C’est parfois très difficile de rester éveillé, surtout à l’église, mais ça n’est pas difficile du tout de dormir. Tenez, les bébés savent très bien dormir; cependant, ils ne sont pas des plus malins.
—Hace trescientos años que no duermo —dijo el anciano tristemente, haciendo que Virginia abriese mucho sus hermosos ojos azules, llenos de asombro—. Hace ya trescientos años que no duermo, así es que me siento cansadísimo.
— Voilà trois cents ans que je n’ai pas dormi, dit-il tristement, ce qui fit que Virginia ouvrit tout grands ses beaux yeux bleus, tout étonnés. Voilà trois cents ans que je n’ai pas dormi, aussi suis-je bien fatigué.
Virginia adoptó un grave continente, y sus finos labios se movieron como pétalos de rosa. Se acercó y arrodillándose al lado del fantasma, contempló su rostro envejecido y arrugado.
Virginia prit un air tout à fait grave et ses fines lèvres s’agitèrent comme des pétales de rose. Elle s’approcha, s’agenouilla à côté de lui, et considéra la figure vieillie et ridée du fantôme.
—Pobrecito fantasma —profirió a media voz —, ¿y no hay ningún sitio donde pueda usted dormir?
— Pauvre, pauvre Fantôme, dit-elle à demi-voix, n’y a-t-il pas un endroit où vous pourriez dormir?
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