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Le Fantîme de Canterville / El fantasma de Canterville — w językach francuskim i hiszpaƄskim. Strona 2

Francusko-hiszpaƄska dwujęzyczna ksiÄ…ĆŒka

Oscar Wilde

Le FantĂŽme de Canterville

Oscar Wilde

El fantasma de Canterville

Puis, profitant de ce que leurs lits Ă©taient trĂšs rapprochĂ©s, il se dresserait dans l’espace libre entre eux, sous l’aspect d’un cadavre vert, froid comme la glace, jusqu’à ce qu’ils fussent paralysĂ©s par la terreur. Ensuite, jetant brusquement son suaire, il ferait Ă  quatre pattes le tour de la piĂšce, en squelette blanchi par le temps, avec un Ɠil roulant dans l’orbite, jouant aussi le «Daniel le Muet ou le Squelette du Suicidé», rĂŽle dans lequel il avait en maintes occasions produit un grand effet. Il s’y jugeait aussi bon que dans son autre rĂŽle «Martin le Maniaque ou le MystĂšre masqué».

En seguida, tirando bruscamente su sudario, daría la vuelta al dormitorio en cuatro patas, como un esqueleto blanqueado por el tiempo, moviendo los ojos de sus órbitas, en su creación de «Daniel el Mudo, o el esqueleto del suicida», papel en el cual hizo un gran efecto en varias ocasiones. Creía estar tan bien en éste como en su otro papel de «Martín el Demente o el misterio enmascarado».

À dix heures et demie, il entendit la famille qui montait se coucher. Pendant quelques instants, il fut inquiĂ©tĂ© par les tumultueux Ă©clats de rire des jumeaux qui, Ă©videmment, avec leur folle gaĂźtĂ© d’écoliers, s’amusaient avant de se mettre au lit, mais Ă  onze heures et quart tout Ă©tait redevenu silencieux, et quand sonna minuit, il se mit en marche.

A las diez y media oyĂł subir a la familia a acostarse. Durante algunos instantes le inquietaron las tumultuosas carcajadas de los gemelos, que se divertĂ­an evidentemente, con su loca alegrĂ­a de colegiales, antes de meterse en la cama. Pero a las once y cuarto todo quedĂł nuevamente en silencio, y cuando sonaron las doce se puso en camino.

La chouette se heurtait contre les vitres de la fenĂȘtre. Le corbeau croassait dans le creux d’un vieil if, et le vent gĂ©missait en errant autour de la maison comme une Ăąme en peine, mais la famille Otis dormait sans se douter aucunement du sort qui l’attendait. Il percevait distinctement les ronflements rĂ©guliers du ministre des États-unis par-dessus le bruit de la pluie et de l’orage.

La lechuza chocaba contra los cristales de la ventana. El cuervo crascitaba en el hueco de un tejo centenario y el viento gemĂ­a vagando alrededor de la casa, como un alma en pena; pero la familia Otis dormĂ­a, sin sospechar la suerte que le esperaba. OĂ­a con toda claridad los ronquidos regulares del ministro de los Estados Unidos, que dominaban el ruido de la lluvia y de la tormenta.

Il se glissa furtivement Ă  travers le badigeon. Un mauvais sourire se dessinait sur sa bouche cruelle et plissĂ©e, et la lune cacha sa figure derriĂšre un nuage lorsqu’il passa devant la grande baie ogivale oĂč Ă©taient reprĂ©sentĂ©es en bleu et or ses propres armoiries et celles de son Ă©pouse assassinĂ©e.

Se deslizó furtivamente a través del estuco. Una sonrisa perversa se dibujaba sobre su boca cruel y arrugada, y la luna escondió su rostro tras una nube cuando pasó delante de la gran ventana ojival, sobre la que estaban representadas, en azul y oro, sus propias armas y las de su esposa asesinada.

Il allait toujours, glissait comme une ombre funeste, qui semblait faire reculer d’horreur les tĂ©nĂšbres elles-mĂȘmes sur son passage.

SeguĂ­a andando siempre, deslizĂĄndose como una sombra funesta, que parecĂ­a hacer retroceder de espanto a las mismas tinieblas en su camino.

Une fois, il crut entendre quelqu’un qui appelait; il s’arrĂȘta, mais ce n’était qu’un chien qui aboyait, dans la Ferme Rouge. Il se remit en marche, en marmottant d’étranges jurons du seiziĂšme siĂšcle, et brandissant de temps Ă  autre le poignard rouillĂ© dans la brise de minuit.

En un momento dado le pareció oír que alguien le llamaba: se detuvo, pero era tan sólo un perro, que ladraba en la Granja Roja. Prosiguió su marcha, refunfuñando extraños juramentos del siglo XVI, y blandiendo de cuando en cuando el puñal enmohecido en el aire de medianoche.

Enfin il arriva Ă  l’angle du passage qui conduisait Ă  la chambre de l’infortunĂ© Washington. Il y fit une courte pause. Le vent agitait autour de sa tĂȘte ses longues mĂšches grises, contournait en plis grotesques et fantastiques l’horreur indicible du suaire de cadavre.

Por fin llegĂł a la esquina del pasillo que conducĂ­a a la habitaciĂłn de Washington. AllĂ­ hizo una breve parada. El viento agitaba en torno de su cabeza sus largos mechones grises y ceñía en pliegues grotescos y fantĂĄsticos el horror indecible del fĂșnebre sudario.

Alors la pendule sonna le quart. Il comprit que le moment Ă©tait venu. Il s’adressa un ricanement, et tourna l’angle. Mais Ă  peine avait-il fait ce pas, qu’il recula en poussant un pitoyable gĂ©missement de terreur en cachant sa face blĂȘme dans ses longues mains osseuses.

SonĂł entonces el cuarto en el reloj. ComprendiĂł que habĂ­a llegado el momento. Se dedicĂł una risotada y dio la vuelta a la esquina. Pero apenas lo hizo retrocediĂł, lanzando un gemido lastimero de terror y escondiendo su cara lĂ­vida entre sus largas manos huesosas.

Juste en face de lui se tenait un horrible spectre, immobile comme une statue, monstrueux comme le rĂȘve d’un fou.

Frente a Ă©l habĂ­a un horrible espectro, inmĂłvil como una estatua, monstruoso como la pesadilla de un loco.

La tĂȘte du spectre Ă©tait chauve et luisante, la face ronde, potelĂ©e, et blanche; un rire hideux semblait en avoir tordu les traits en une grimace Ă©ternelle; par les yeux sortait Ă  flots une lumiĂšre rouge Ă©carlate.

La cabeza del espectro era pelada y reluciente; su faz, redonda, carnosa y blanca; una risa horrorosa parecĂ­a retorcer sus rasgos en una mueca eterna;

La bouche avait l’air d’un vaste puits de feu, et un vĂȘtement hideux comme celui de Simon lui-mĂȘme, drapait de sa neige silencieuse la forme titanique.

por los ojos brotaba a oleadas una luz escarlata, la boca tenĂ­a el aspecto de un ancho pozo de fuego, y una vestidura horrible, como la de Ă©l, como la del mismo SimĂłn, envolvĂ­a con su nieve silenciosa aquella forma gigantesca.

Sur la poitrine Ă©tait fixĂ© un placard portant une inscription en caractĂšres Ă©tranges, antiques. C’était peut-ĂȘtre un Ă©criteau d’infamie, oĂč Ă©taient inscrits des forfaits affreux, une terrible liste de crimes. Enfin, dans sa main droite, il tenait un cimeterre d’acier Ă©tincelant.

Sobre el pecho tenĂ­a colgado un cartel con una inscripciĂłn en caracteres extraños y antiguos. QuizĂĄ era un rĂłtulo infamante, donde estaban escritos delitos espantosos, una terrible lista de crĂ­menes. TenĂ­a, por Ășltimo, en su mano derecha una cimitarra de acero resplandeciente.

Comme il n’avait jamais vu de fantĂŽmes jusqu’à ce jour, il Ă©prouva naturellement une terrible frayeur, et aprĂšs avoir vite jetĂ© un second regard sur l’affreux fantĂŽme, il regagna sa chambre Ă  grands pas, en trĂ©buchant dans le linceul dont il Ă©tait enveloppĂ©. Il parcourut le corridor en courant, et finit par laisser tomber le poignard rouillĂ© dans les bottes Ă  l’écuyĂšre du ministre, oĂč le lendemain, le maĂźtre d’hĂŽtel le retrouva.

Como no había visto nunca fantasmas hasta aquél día, sintió un pånico terrible, y, después de lanzar a toda prisa una segunda mirada sobre el monstruo atroz, regresó a su habitación, trompicando en el sudario que le envolvía. Cruzó la galería corriendo, y acabó por dejar caer el puñal enmohecido en las botas de montar del ministro, donde lo encontró el mayordomo al día siguiente.

Une fois rentrĂ© dans l’asile de son retrait, il se laissa tomber sur un petit lit de sangle, et se cacha la figure sous les draps. Mais, au bout d’un moment, le courage indomptable des Canterville d’autrefois se rĂ©veilla en lui, et il prit la rĂ©solution d’aller parler Ă  l’autre fantĂŽme, dĂšs qu’il ferait jour.

Una vez refugiado en su retiro, se desplomĂł sobre un reducido catre de tijera, tapĂĄndose la cabeza con las sĂĄbanas. Pero, al cabo de un momento, el valor indomable de los antiguos Canterville se despertĂł en Ă©l y tomĂł la resoluciĂłn de hablar al otro fantasma en cuanto amaneciese.

En consĂ©quence, dĂšs que l’aube eut argentĂ© de son contact les collines, il retourna Ă  l’endroit oĂč il avait aperçu pour la premiĂšre fois le hideux fantĂŽme. Il se disait qu’aprĂšs tout deux fantĂŽmes valaient mieux qu’un seul, et qu’avec l’aide de son nouvel ami, il pourrait se colleter victorieusement avec les jumeaux.

Por consiguiente, no bien el alba plateó las colinas con su contacto, volvió al sitio en que había visto por primera vez al horroroso fantasma. Pensaba que, después de todo, dos fantasmas valían mås que uno sólo, y que con ayuda de su nuevo amigo podría contender victoriosamente con los gemelos.

Mais quand il fut Ă  l’endroit, il se trouva en prĂ©sence d’un terrible spectacle. Il Ă©tait Ă©videmment arrivĂ© quelque chose au spectre, car la lumiĂšre avait complĂštement disparu de ses orbites. Le cimeterre Ă©tincelant Ă©tait tombĂ© de sa main, et il se tenait adossĂ© au mur dans une attitude contrainte et incommode.

Pero cuando llegĂł al sitio hallĂłse en presencia de un espectĂĄculo terrible. SucedĂ­ale algo indudablemente al espectro, porque la luz habĂ­a desaparecido por completo de sus Ăłrbitas. La cimitarra centelleante se habĂ­a caĂ­do de su mano y estaba recostado sobre la pared en una actitud forzada e incĂłmoda.

Simon s’élança en avant, et le saisit dans ses bras, mais quelle fut son horreur, en voyant la tĂȘte se dĂ©tacher, et rouler sur le sol, le corps prendre la posture couchĂ©e, et il s’aperçut qu’il Ă©treignait un rideau de grosse toile blanche, et qu’un balai, un couperet de cuisine, et un navet Ă©vidĂ© gisaient Ă  ses pieds.

SimĂłn se precipitĂł hacia delante y lo cogiĂł en sus brazos; pero cuĂĄl no serĂ­a su terror viendo despegarse la cabeza y rodar por el suelo, mientras el cuerpo tomaba la posiciĂłn supina, y notĂł que abrazaba una cortina blanca de lienzo grueso y que yacĂ­an a sus pies una escoba, un machete de cocina y una calabaza vacĂ­a.

Ne comprenant rien Ă  cette curieuse transformation, il saisit d’une main fiĂ©vreuse l’écriteau, et y lut, grĂące Ă  la lueur grise du matin, ces mots terribles:

Sin poder comprender aquella curiosa transformación, cogió con mano febril el cartel, leyendo a la claridad grisåcea de la mañana estas palabras terribles:

Voici le FantĂŽme Otis
Le seul véritable et authentique Esprit
Se défier des imitations
Tous les autres sont des contrefaçons

HE-AQUÍ-EL-FANTASMA-OTIS EL-ÚNICO-ESPÍRITU-AUTÉNTICO-Y-VERDADERO ¡DESCONFIAD-DE-LAS-IMITACIONES! TODOS-LOS-DEMÁS-ESTÁN-FALSIFICADOS!

Et toute la vérité lui apparut comme dans un éclair. Il avait été berné, mystifié, joué!

Y la entera verdad se le apareció como un relåmpago. ¥Había sido burlado, chasqueado, engañado!

L’expression qui caractĂ©risait le regard des vieux Canterville reparut dans ses yeux; il serra ses mĂąchoires Ă©dentĂ©es, et levant au-dessus de sa tĂȘte, ses mains flĂ©tries, il jura, conformĂ©ment Ă  la formule pittoresque de l’école antique, que quand Chanteclair aurait sonnĂ© deux fois son joyeux appel de cor, des exploits sanglants s’accompliraient, et que le Meurtre au pied silencieux sortirait de la retraite.

La expresiĂłn caracterĂ­stica de los Canterville reapareciĂł en sus ojos, apretĂł las mandĂ­bulas desdentadas y, levantando por encima de su cabeza sus manos amarillas, jurĂł, segĂșn el ritual pintoresco de la antigua escuela, «que cuando el gallo tocara por dos veces el cuerno de su alegre llamada se consumarĂ­an sangrientas hazañas, y el crimen, de callado paso, saldrĂ­a de su retiro».

Il avait Ă  peine fini d’énoncer ce redoutable serment, que d’une ferme lointaine au toit de tuiles rouges partit un chant de coq. Il poussa un rire prolongĂ©, lent, amer, et attendit.

No habĂ­a terminado de formular este juramento terrible, cuando de una alquerĂ­a lejana, de tejado de ladrillo rojo, saliĂł el canto de un gallo. LanzĂł una larga risotada, lenta y amarga, y esperĂł.

Il attendit une heure, puis une autre, mais pour quelque raison mystĂ©rieuse, le coq ne chanta pas une autre fois. Enfin, vers sept heures et demie, l’arrivĂ©e des bonnes, le contraignit Ă  quitter sa terrible faction, il rentra chez lui, d’un pas fier, en songeant Ă  son vain serment, et Ă  son vain projet manquĂ©.

Esperó una hora, y después otra; pero por alguna razón misteriosa no volvió a cantar el gallo. Por fin, a eso de las siete y media, la llegada de las criadas le obligó a abandonar su terrible guardia y regresó a su morada, con altivo paso, pensando en su juramento vano y en su vano proyecto fracasado.

LĂ  il consulta divers ouvrages sur l’ancienne chevalerie, dont la lecture l’intĂ©ressait extraordinairement, et il y vit que Chanteclair avait toujours chantĂ© deux fois, dans les occasions oĂč l’on avait eu recours Ă  ce serment.

Una vez allĂ­ consultĂł varios libros de caballerĂ­a, cuya lectura le interesaba extraordinariamente, y pudo comprobar que el gallo cantĂł siempre dos veces en cuantas ocasiones se recurriĂł a aquel juramento.

— Que le diable emporte cet animal de volatile! murmura-t-il. Dans le temps jadis, avec ma bonne lance, j’aurais fondu sur lui. Je lui aurais percĂ© la gorge, et je l’aurais forcĂ© Ă  chanter une autre fois pour moi, dĂ»t-il en crever!

—¡Que el diablo se lleve a ese animal volĂĄtil! —murmuró—. ÂĄEn otro tiempo hubiese caĂ­do sobre Ă©l con mi buena lanza, atravesĂĄndole el cuello y obligĂĄndole a cantar otra vez para mĂ­, aunque reventara!

Cela dit, il se retira dans un confortable cercueil de plomb, et y resta jusqu’au soir.

Y dicho esto se retirĂł a su confortable caja de plomo, y allĂ­ permaneciĂł hasta la noche.

IV

Capitulo IV

Le lendemain, le fantÎme se sentit trÚs faible, trÚs las. Les terribles agitations des quatre derniÚres semaines commençaient à produire leur effet.

Al dĂ­a siguiente el fantasma se sintiĂł muy dĂ©bil, muy cansado. Las terribles emociones de las cuatro Ășltimas semanas empezaban a producir su efecto.

Son systĂšme nerveux Ă©tait complĂštement bouleversĂ©, et il sursautait au plus lĂ©ger bruit. Il garda la chambre pendant cinq jours, et finit par se dĂ©cider Ă  faire une concession sur l’article de la tache de sang du parquet de la bibliothĂšque.

Tenía el sistema nervioso completamente alterado, y temblaba al mås ligero ruido. No salió de su habitación en cinco días, y concluyó por hacer una concesión en lo relativo a la mancha de sangre del «parquet» de la biblioteca.

Puisque la famille Otis n’en voulait pas, c’est qu’elle ne la mĂ©ritait pas, c’était clair. Ces gens-lĂ  Ă©taient Ă©videmment situĂ©s sur un plan infĂ©rieur, matĂ©riel d’existence, et parfaitement incapables d’apprĂ©cier la valeur symbolique des phĂ©nomĂšnes sensibles.

Puesto que la familia Otis no querĂ­a verla, era indudablemente que no la merecĂ­a. Aquella gente estaba colocada a ojos vistas en un plano inferior de vida material y era incapaz de apreciar el valor simbĂłlico de los fenĂłmenos sensibles.

La question des apparitions de fantĂŽmes, le dĂ©veloppement des corps astrals, Ă©taient vraiment pour elle chose tout Ă  fait Ă©trangĂšre, et qui n’était rĂ©ellement pas Ă  sa portĂ©e.

La cuestiĂłn de las apariciones de fantasmas y el desenvolvimiento de los cuerpos astrales era realmente para ellos cosa desconocida e indiscutiblemente fuera de su alcance.

C’était pour lui un rigoureux devoir de se montrer dans le corridor une fois par semaine, et de bafouiller par la grande fenĂȘtre ogivale le premier et le troisiĂšme mercredi de chaque mois, et il ne voyait aucun moyen honorable et de se soustraire Ă  son obligation.

Pero, por lo menos, constituĂ­a para Ă©l un deber ineludible mostrarse en el corredor una vez a la semana y farfullar por la gran ventana ojival el primero y el tercer miĂ©rcoles de cada mes. No veĂ­a ningĂșn medio digno de sustraerse a aquella obligaciĂłn.

Il Ă©tait vrai que sa vie avait Ă©tĂ© trĂšs criminelle, mais d’un autre cĂŽtĂ©, il Ă©tait trĂšs consciencieux dans tout ce qui concernait le surnaturel.

Verdad es que su vida fue muy criminal; pero, quitado eso, era hombre muy concienzudo en todo cuanto se relacionaba con lo sobrenatural.

Aussi, les trois samedis qui suivirent, il traversa comme de coutume le corridor entre minuit et trois heures du matin, en prenant toutes les prĂ©cautions possibles pour n’ĂȘtre ni entendu ni vu.

AsĂ­, pues, los tres sĂĄbados siguientes atravesĂł, como de costumbre, el corredor entre doce de la noche y tres de la madrugada, tomando todas las precauciones posibles para no ser visto ni oĂ­do.

Il ĂŽtait ses bottes, marchait le plus lĂ©gĂšrement qu’il pouvait sur les vieilles planches vermoulues, s’enveloppait d’un grand manteau de velours noir, et n’oubliait pas de se servir du Graisseur Soleil Levant pour huiler ses chaĂźnes.

Se quitaba las botas, pisaba lo mås ligeramente que podía sobre las viejas maderas carcomidas, envolvíase en una gran capa de terciopelo negro, y no dejaba de usar el engrasador «Sol-Levante» para engrasar sus cadenas.

Je suis tenu de reconnaĂźtre que ce ne fut qu’aprĂšs maintes hĂ©sitations qu’il se dĂ©cida Ă  adopter ce dernier moyen de protection.

Me veo precisado a reconocer que sĂłlo despuĂ©s de muchas vacilaciones se decidiĂł a adoptar este Ășltimo medio de protecciĂłn.

Néanmoins, une nuit, pendant le dßner de la famille, il se glissa dans la chambre à coucher de M. Otis, et déroba la fiole.

Pero, al fin, una noche, mientras cenaba la familia, se deslizĂł en el dormitorio de mistress Otis y se llevĂł el frasquito.

Il se sentit d’abord quelque peu humiliĂ©, mais dans la suite, il fut assez raisonnable pour comprendre que cette invention mĂ©ritait de grands Ă©loges, et qu’elle concourait dans une certaine mesure, Ă  favoriser ses plans.

Al principio se sintió un poco humillado, pero después fue suficientemente razonable para comprender que aquel invento merecía grandes elogios y cooperaba, en cierto modo, a la realización de sus proyectos.

NĂ©anmoins, malgrĂ© tout, il ne fut pas Ă  l’abri des taquineries.

A pesar de todo, no se vio a cubierto de matracas.

On ne manquait jamais de tendre en travers du corridor des cordes qui le faisaient trĂ©bucher dans l’obscuritĂ©, et une fois qu’il s’était costumĂ© pour le rĂŽle «d’Isaac le Noir, ou le Chasseur du Bois de Hogsley», il fit une lourde chute, pour avoir mis le pied sur une glissoire de planches savonnĂ©es que les jumeaux avaient bĂątie depuis le seuil de la Chambre aux Tapisseries jusqu’en haut de l’escalier de chĂȘne.

No dejaban nunca de tenderle cuerdas de lado a lado del corredor para hacer tropezar en la oscuridad, y una vez que se había disfrazado para el papel de «Isaac el Negro o el cazador del bosque de Hogsley», cayó cuan largo era al poner el pie sobre una pista de maderas enjabonadas que habían colocado los gemelos desde el umbral del salón de Tapices hasta la parte alta de la escalera de roble.

Ce dernier affront le mit dans une telle rage, qu’il rĂ©solut de faire un suprĂȘme effort pour imposer sa dignitĂ© et raffermir sa position sociale, et forma le projet de rendre visite, la nuit suivante, aux insolents jeunes Etoniens, en son cĂ©lĂšbre rĂŽle de «Rupert le tĂ©mĂ©raire, ou le Comte sans tĂȘte».

Esta Ășltima afrenta le dio tal rabia, que decidiĂł hacer un esfuerzo para imponer su dignidad y consolidar su posiciĂłn social, y formĂł el proyecto de visitar a la noche siguiente a los insolentes chicos de Eton, en su cĂ©lebre papel de «Ruperto el Temerario o el conde sin cabeza».

Il ne s’était jamais montrĂ© dans ce dĂ©guisement depuis soixante-dix ans, c’est-Ă -dire depuis qu’il avait, par ce moyen, fait Ă  la belle lady Barbara Modish une telle frayeur qu’elle avait repris sa promesse de mariage au grand-pĂšre du lord Canterville actuel, et s’était enfuie Ă  Gretna Green, avec le beau Jack Castletown, en jurant que pour rien au monde elle ne consentirait Ă  s’allier Ă  une famille qui tolĂ©rait les promenades d’un fantĂŽme si horrible, sur la terrasse, au crĂ©puscule.

No se había mostrado con aquel disfraz desde hacía sesenta años, es decir, desde que causó con él tal pavor a la bella lady Bårbara Modish, que ésta retiró su consentimiento al abuelo de actual lord Canterville y se fugó a Gretna Green con el arrogante Jach Castletown, jurando que por nada del mundo consentiría en emparentar con una familia que toleraba los paseos de un fantasma tan horrible por la terraza, al atardecer.

Le pauvre Jack fut par la suite tuĂ© en duel par lord Canterville sur la prairie de Wandsworth, et lady Barbara mourut de chagrin Ă  Tunbridge Wells, avant la fin de l’annĂ©e, de sorte qu’à tous les points de vue, c’était un grand succĂšs.

El pobre Jack fue al poco tiempo muerto en duelo por lord Canterville en la pradera de Wandsworth, y lady Bårbara murió de pena en Tumbridge Wells antes de terminar el año; así es que fue un gran éxito por todos conceptos.

NĂ©anmoins, c’était, si je puis employer un terme de l’argot thĂ©Ăątral pour l’appliquer Ă  l’un des mystĂšres les plus grands du monde surnaturel ou, pour parler un langage plus scientifique, du monde supĂ©rieur de la nature, c’était une crĂ©ation des plus difficiles, et il lui fallut trois bonnes heures pour terminer ses prĂ©paratifs.

Sin embargo, era, permitiéndome emplear un término de argot teatral para aplicarlo a uno de los mayores misterios del mundo sobrenatural (o en lenguaje mås científico), «del mundo superior a la Naturaleza», era, repito, una creación de las mås difíciles, y necesitó sus tres buenas horas para terminar los preparativos.

À la fin, tout fut prĂȘt, et il fut trĂšs content de son travestissement.

Por fin, todo estuvo listo, y Ă©l contentĂ­simo de su disfraz.

Les grandes bottes Ă  l’écuyĂšre en cuir, qui Ă©taient assorties avec le costume Ă©taient bien un peu trop larges pour lui; et il ne put retrouver qu’un des deux pistolets d’arçon, mais Ă  tout prendre, il fut trĂšs satisfait; et Ă  une heure et quart, il passa Ă  travers le badigeon, et descendit vers le corridor.

Las grandes botas de montar, que hacían juego con el traje, eran, eso sí, un poco holgadas para él, y no pudo encontrar mås que una de las dos pistolas del arzón; pero, en general, quedó satisfechísimo, y a la una y cuarto pasó a través del estuco y bajó a corredor.

Quand il fut arrivĂ© prĂšs de la piĂšce occupĂ©e par les jumeaux, et que j’appellerai la chambre Ă  coucher bleue, Ă  cause de la couleur des tentures, il trouva la porte entr’ouverte.

Cuando estuvo cerca de la habitación ocupada por los gemelos, a la que llamaré el dormitorio azul, por el color de sus cortinajes, se encontró con la puerta entreabierta.

Afin de faire une entrĂ©e sensationnelle, il la poussa avec force, mais il reçut une lourde cruche pleine d’eau, qui le mouilla jusqu’aux os, et qui ne manqua son Ă©paule que d’un pouce ou deux. Au mĂȘme moment, il perçut des Ă©clats de rire Ă©touffĂ©s, qui venaient du grand lit Ă  dais.

A fin de hacer una entrada sensacional, la empujĂł con violencia, pero se le vino encima una jarra de agua que le empapĂł hasta los huesos, no dĂĄndole en el hombro por unos milĂ­metros. Al mismo tiempo oyĂł unas risas sofocadas que partĂ­an de la doble cama con dosel.

Son systĂšme nerveux fut si violemment secouĂ© qu’il rentra chez lui Ă  toutes jambes, et le lendemain il resta alitĂ© avec un gros rhume.

Su sistema nervioso sufriĂł tal conmociĂłn, que regresĂł a sus habitaciones a todo escape, y al dĂ­a siguiente tuvo que permanecer en la cama con un fuerte reĂșma.

La seule consolation qu’il trouva, c’est qu’il n’avait pas apportĂ© sa tĂȘte sur lui; sans cela les suites auraient pu ĂȘtre bien plus graves.

El Ășnico consuelo que tuvo fue el de no haber llevado su cabeza sobre los hombros, pues sin esto las consecuencias hubieran podido ser mĂĄs graves.

DĂ©sormais, il renonça Ă  tout espoir de jamais Ă©pouvanter cette rude famille d’AmĂ©ricains, et se borna, Ă  parcourir le corridor avec des chaussons de lisiĂšre, le cou entourĂ© d’un Ă©pais foulard, par crainte des courants d’air, et muni d’une petite arquebuse, pour le cas oĂč il serait attaquĂ© par les jumeaux.

Desde entonces renunció para siempre a espantar a aquella recia familia de americanos, y se limitó a vagar por el corredor, con zapatillas de orillo, envuelto el cuello en una gruesa bufanda, por temor a las corrientes de aire, y provisto de un pequeño arcabuz, para el caso en que fuese atacado por los gemelos.

Ce fut vers le 19 septembre qu’il reçut le coup de grñce.

Hacia el 19 de septiembre fue cuando recibiĂł el golpe de gracia.

Il Ă©tait descendu par l’escalier jusque dans le grand hall, sĂ»r que dans cet endroit du moins, il Ă©tait Ă  l’abri des taquineries; et il s’amusait lĂ  Ă  faire des remarques satiriques sur les grands portraits photographiĂ©s par Sarow, du ministre des États-unis et de sa femme, qui avaient pris la place des portraits de famille des Canterville.

Había bajado por la escalera hasta el espacioso «hall», seguro de que en aquel sitio por lo menos estaba a cubierto de jugarretas, y se entretenía en hacer observaciones satíricas sobre las grandes fotografías del ministro de los Estados Unidos y de su mujer, hechas en casa de Sarow.

Il Ă©tait simplement mais dĂ©cemment vĂȘtu d’un long suaire parsemĂ© de moisissures de cimetiĂšre. Il avait attachĂ© sa mĂąchoire avec une bande d’étoffe jaune, et portait une petite lanterne et une bĂȘche de fossoyeur.

Iba vestido sencilla, pero decentemente, con un largo sudario salpicado de moho de cementerio. HabĂ­ase atado la quijada con una tira de tela y llevaba una linternita y una azadĂłn de sepulturero.

Bref il Ă©tait travesti dans le costume de «Jonas le DĂ©terrĂ© ou le voleur de cadavres de Chertsey Barn.» C’était un de ses rĂŽles les plus remarquables, et celui dont les Canterville avaient le plus de sujet de garder le souvenir, car lĂ  se trouvait la cause rĂ©elle de leur querelle avec leur voisin, lord Rufford.

En una palabra, iba disfrazado de «Jonås el Desenterrador, o el ladrón de cadåveres de Cherstey Barn». Era una de sus creaciones mås notables y de las que guardaban recuerdo, con mås motivo, los Canterville, ya que fue la verdadera causa de su riña con lord Rufford, vecino suyo.

Il Ă©tait environ deux heures et quart du matin, et autant qu’il put en juger, personne ne bougeait dans la maison.

SerĂ­an prĂłximamente las dos y cuarto de la madrugada, y, a su juicio, no se movĂ­a nadie en la casa.

Mais comme il se dirigeait Ă  loisir du cĂŽtĂ© de la bibliothĂšque pour voir ce qui restait de la tache de sang, soudain il vit bondir vers lui d’un coin sombre deux silhouettes qui agitaient follement leurs bras au-dessus de leurs tĂȘtes, et lui criaient aux oreilles:
— Boum!

Pero cuando se dirigĂ­a tranquilamente en direcciĂłn a la biblioteca, para ver lo que quedaba de la mancha de sangre, se abalanzaron hacia Ă©l, desde un rincĂłn sombrĂ­o, dos siluetas, agitando locamente sus brazos sobre sus cabezas, mientras gritaban a su oĂ­do:
—¡UĂș! ÂĄUĂș! ÂĄUĂș!

Pris de terreur panique, — ce qui Ă©tait bien naturel dans la circonstance, — il se prĂ©cipita du cĂŽtĂ© de l’escalier; mais il s’y trouva en face de Washington Otis, qui l’attendait armĂ© du grand arrosoir du jardin, si bien que cernĂ© de tous cĂŽtĂ©s par ses ennemis, rĂ©duit presque aux abois, il s’évapora dans le grand poĂȘle de fonte, qui, par bonheur pour lui n’était point allumĂ©, et il se fraya un passage jusque chez lui, Ă  travers tuyaux et cheminĂ©es, et arriva Ă  son domicile, dans l’état terrible oĂč l’avaient mis la saletĂ©, l’agitation, et le dĂ©sespoir.

Lleno de pĂĄnico, cosa muy natural en aquellas circunstancias, se precipitĂł hacia la escalera, pero entonces se encontrĂł frente a Washington Otis, que le esperaba armado con la regadera del jardĂ­n; de tal modo, que, cercado por sus enemigos, casi acorralado, tuvo que evaporarse en la gran estufa de hierro colado, que, afortunadamente para Ă©l, no estaba encendida, y abrirse paso hasta sus habitaciones por entre tubos y chimeneas, llegando a su refugio en el tremendo estado en que lo pusieron la agitaciĂłn, el hollĂ­n y la desesperaciĂłn.

Depuis on ne le revit jamais en expĂ©dition nocturne. Les jumeaux se mirent maintes fois Ă  l’affĂ»t pour le surprendre, et semĂšrent dans les corridors des coquilles de noix tous les soirs, au grand ennui de leurs parents et des domestiques, mais ce fut en vain.

Desde aquella noche no volviĂł a vĂ©rsele nunca de expediciĂłn nocturna. Los gemelos se quedaron muchas veces en acecho para sorprenderle, sembrando de cĂĄscara de nuez los corredores todas las noche, con gran molestia de sus padres y criados. Pero fue inĂștil.

Il Ă©tait Ă©vident que son amour-propre avait Ă©tĂ© si profondĂ©ment blessĂ©, qu’il ne voulait plus se montrer.

Su amor propio estaba profundamente herido, sin duda, y no querĂ­a mostrarse.

En consĂ©quence, M. Otis se remit Ă  son grand ouvrage sur l’histoire du parti dĂ©mocratique, qu’il avait commencĂ© trois ans auparavant. Mrs Otis organisa un extraordinaire clam-bake, qui mit tout le pays en rumeur. Les enfants s’adonnĂšrent aux jeux de «la crosse», de l’écartĂ© du poker, et autres amusements nationaux de l’AmĂ©rique. Virginia fĂźt des promenades Ă  cheval par les sentiers, en compagnie du jeune duc de Cheshire, qui Ă©tait venu passer Ă  Canterville la derniĂšre semaine de vacances.

En vista de ello, mĂ­ster Otis se puso a trabajar en su gran obra sobre la historia del partido demĂłcrata, obra que habĂ­a empezado tres años antes. Mistress Otis organizĂł un «clam-bake» extraordinario, del que se hablĂł en toda la comarca. Los niños se dedicaron a jugar a la barra, al ecartĂ©, al «poker» y a otras diversiones nacionales de AmĂ©rica. Virginia dio paseos a caballo por las carreteras, en compañía del duquesito de Cheshire, que se hallaba en Canterville pasando su Ășltima semana de vacaciones.

Tout le monde supposait que le fantĂŽme avait disparu; de sorte que M. Otis Ă©crivit Ă  lord Canterville une lettre pour l’en informer, et reçut en rĂ©ponse une autre lettre oĂč celui-ci lui tĂ©moignait le plaisir que lui avait causĂ© cette nouvelle, et envoyait ses plus sincĂšres fĂ©licitations Ă  la digne femme du ministre.

Todo el mundo se figuraba que el fantasma habĂ­a desaparecido, hasta el punto de que mĂ­ster Otis escribiĂł una carta a lord Canterville para comunicĂĄrselo, y recibiĂł en contestaciĂłn otra carta en la que Ă©ste le testimoniaba el placer que le producĂ­a la noticia y enviaba sus mĂĄs sinceras felicitaciones a la digna esposa del ministro.

Mais les Otis se trompaient. Le fantĂŽme Ă©tait toujours Ă  la maison; et bien qu’il se portĂąt trĂšs mal, il n’était nullement disposĂ© Ă  en rester lĂ , surtout aprĂšs avoir appris que du nombre des hĂŽtes se trouvait le jeune duc de Cheshire, dont le grand oncle, lord Francis Stilton, avait une fois pariĂ© avec le colonel Carbury, qu’il jouerait aux dĂ©s avec le fantĂŽme de Canterville. Le lendemain, on l’avait trouvĂ© gisant sur le carreau de la salle de jeu, dans un Ă©tat de paralysie si complet, que malgrĂ© l’ñge avancĂ© qu’il atteignit, il ne put jamais prononcer d’autre mot que celui-ci:
— Double six!

Pero los Otis se equivocaban. El fantasma seguía en la casa, y, aunque se hallaba muy delicado, no estaba dispuesto a retirarse, sobre todo después de saber que figuraba entre los invitados el duquesito de Cheshire, cuyo tío, lord Francis Stilton, apostó una vez con el coronel Carbury a que jugaría a los dados con el fantasma de Canterville. A la mañana siguiente se encontraron a lord Stilton tendido sobre el suelo del salón de juego en un estado de parålisis tal que, a pesar de la edad avanzada que alcanzó, no pudo ya nunca pronunciar mås palabras que éstas:
—¡Seis doble!

Cette histoire Ă©tait bien connue en son temps, quoique, par Ă©gards pour les sentiments de deux familles nobles, on eĂ»t fait tout le possible pour l’étouffer; et un rĂ©cit dĂ©taillĂ© de tout ce qui la concerne se trouve dans le troisiĂšme volume des MĂ©moires de Lord Tattle sur le Prince RĂ©gent et ses amis.

Esta historia era muy conocida en un tiempo, aunque, en atención a los sentimientos de dos familias nobles, se hiciera todo lo posible por ocultarla, y existe un relato detallado de todo lo referente a ella en el tomo tercero de las «Memorias de lord Tattle sobre el Príncipe Regente y sus amigos».

DĂšs lors, le fantĂŽme dĂ©sirait vraiment prouver qu’il n’avait pas perdu son influence sur les Stilton, avec lesquels il Ă©tait d’ailleurs parent par alliance, sa cousine germaine ayant Ă©pousĂ© en secondes noces le sieur de Bulkeley, duquel, ainsi que tout le monde le sait les ducs de Cheshire descendent en droite ligne.

Desde entonces, el fantasma deseaba vivamente probar que no había perdido su influencia sobre los Stilton, con los que ademås estaba emparentado por matrimonio, pues una prima suya se casó en segundas nupcias con el señor Bulkeley, del que descienden en línea directa, como todo el mundo sabe, los duques de Cheshire.

En consĂ©quence, il fit ses apprĂȘts pour se montrer au petit amoureux de Virginia dans son fameux rĂŽle du «Moine Vampire, ou le BĂ©nĂ©dictin saignĂ© Ă  blanc». C’était un spectacle si Ă©pouvantable, que quand la vieille lady Startuy, l’avait vu jouer, c’est-Ă -dire la veille du nouvel an 1764, elle commença par pousser les cris les plus perçants, qui aboutirent Ă  une violente attaque d’apoplexie et Ă  son dĂ©cĂšs, au bout de trois jours, non sans qu’elle eĂ»t dĂ©shĂ©ritĂ© les Canterville et lĂ©guĂ© tout son argent Ă  son pharmacien de Londres.

Por consiguiente, hizo sus preparativo para mostrarse al pequeño enamorado de Virginia en su famoso papel de «Fraile vampiro, o el benedictino desangrado». Era un espectåculo espantoso, que cuando la vieja lady Starbury se lo vio representar, es decir en víspera del Año Nuevo de 1764, empezó a lanzar chillidos agudos, que tuvieron por resultado un fuerte ataque de apoplejía y su fallecimiento al cabo de tres días, no sin que desheredara antes a los Canterville y legase todo su dinero a su farmacéutico en Londres.

Mais au dernier moment la terreur, que lui inspiraient les jumeaux, l’empĂȘcha de quitter sa chambre, et le petit duc dormit en paix dans le grand lit Ă  baldaquin couronnĂ© de plumes de la Chambre royale, et rĂȘva Ă  Virginia.

Pero, a Ășltima hora, el terror que le inspiraban los gemelos le retuvo en su habitaciĂłn, y el duquesito durmiĂł tranquilo en el gran lecho con dosel coronado de plumas del dormitorio real, soñando con Virginia.

V

Capitulo V

Peu de jours aprĂšs, Virginia et son amoureux aux cheveux frisĂ©s allĂšrent faire une promenade Ă  cheval dans les prairies de Brockley, oĂč elle dĂ©chira son amazone d’une maniĂšre si fĂącheuse, en franchissant une haie que quand elle revint Ă  la maison, elle prit le parti de passer par l’escalier de derriĂšre, afin de n’ĂȘtre point vue.

Virginia y su adorador de cabello rizado dieron, unos días después, un paseo a caballo por los prados de Brockley, paseo en el que ella desgarró su vestido de amazona al saltar un seto, de tal manera que, de vuelta a su casa, entró por la escalera de detrås para que no la viesen.

Comme elle passait en courant devant la Chambre aux Tapisseries, dont la porte Ă©tait ouverte, elle crut voir quelqu’un Ă  l’intĂ©rieur. Elle pensa que c’était la femme de chambre de sa mĂšre, car elle venait souvent travailler dans cette chambre. Elle y jeta un coup d’Ɠil pour prier la femme de raccommoder son habit.

Al pasar corriendo por delante de la puerta del salĂłn de Tapices, que estaba abierta de par en par, le pareciĂł ver a alguien dentro. PensĂł que serĂ­a la doncella de su madre, que iba con frecuencia a trabajar a esa habitaciĂłn. AsomĂł la cabeza para encargarle que le cosiese el vestido.

Mais Ă  son immense surprise, c’était le fantĂŽme de Canterville en personne!

ÂĄPero, con gran sorpresa suya, quien allĂ­ estaba era el fantasma de Canterville en persona!

Il Ă©tait assis devant la fenĂȘtre, contemplant l’or roussi des arbres jaunissants, qui voltigeait en l’air, les feuilles rougies qui dansaient follement tout le long de la grande avenue.

HabĂ­ase acomodado ante la ventana, contemplando el oro llameante de los ĂĄrboles amarillentos que revoloteaban por el aire, las hojas enrojecidas que bailaban locamente a lo largo de la gran avenida.

Il avait la tĂȘte appuyĂ©e sur sa main, et toute son attitude rĂ©vĂ©lait le dĂ©couragement le plus profond.

TenĂ­a la cabeza apoyada en una mano, y toda su actitud revelaba el desaliento mĂĄs profundo.

Il avait vraiment l’air si abattu, si dĂ©moli, que la petite Virginia, au lieu de cĂ©der Ă  son premier mouvement, qui avait Ă©tĂ© de courir s’enfermer dans sa chambre, fut remplie de compassion, et prit le parti d’aller le consoler.

Realmente presentaba un aspecto tan abrumado, tan abatido, que la pequeña Virginia, en vez de ceder a su primer impulso, que fue echar a correr a encerrarse en su cuarto, se sintió llena de compasión y tomó el partido de ir a consolarle.

Elle avait le pas si lĂ©ger, et lui il avait la mĂ©lancolie si profonde, qu’il ne s’aperçut de sa prĂ©sence que quand elle lui parla.

TenĂ­a la muchacha un paso tan ligero y Ă©l una melancolĂ­a tan honda, que no se dio cuenta de su presencia hasta que le hablĂł.

— Je suis bien fĂąchĂ©e pour vous, dit-elle, mais mes frĂšres retournent Ă  Eton demain. Alors si vous vous conduisez bien, personne ne vous tourmentera.

—Lo he sentido mucho por usted —dijo—, pero mis hermanos regresan mañana a Eton, y entonces, si se porta usted bien nadie le atormentarĂĄ.

— C’est absurde de me demander que je me conduise bien, rĂ©pondit-il en regardant d’un air stupĂ©fait la petite fillette qui s’était enhardie Ă  lui adresser la parole. C’est tout Ă  fait absurde. Il faut que je secoue mes chaĂźnes, que je grogne par les trous de serrures, que je dĂ©ambule la nuit, si c’est lĂ  ce que vous entendez par se mal conduire. C’est ma seule raison d’ĂȘtre.

—Es inconcebible pedirme que me porte bien —le respondiĂł, contemplando estupefacto a la jovencita que tenĂ­a la audacia de dirigirle la palabra—. Perfectamente inconcebible. Es necesario que yo sacuda mis cadenas, que gruña por los agujeros de las cerraduras y que corretee de noche. ÂżEso es lo que usted llama portarse mal? No tengo otra razĂłn de ser.

— Ce n’est pas du tout une raison d’ĂȘtre, et vous avez Ă©tĂ© bien mĂ©chant, savez-vous? Mrs Umney nous a dit, le jour mĂȘme de notre arrivĂ©e, que vous avez tuĂ© votre femme.

—Eso no es una razón de ser. En sus tiempos fue usted muy malo ¿sabe? Mistress Umney nos dijo el día que llegamos que usted mató a su esposa.

— Oui, j’en conviens, rĂ©pondit Ă©tourdiment le fantĂŽme. Mais c’était une affaire de famille, et cela ne regardait personne.

—Sí, lo reconozco —respondió incautamente el fantasma—. Pero era un asunto de familia y nadie tenía que meterse.

— C’est bien mal de tuer n’importe qui, dit Virginia, qui avait parfois un joli petit air de gravitĂ© puritaine, lĂ©guĂ© par quelque ancĂȘtre venu de la Nouvelle-Angleterre.

—EstĂĄ muy mal matar a nadie —dijo Virginia, que a veces adoptaba un bonito gesto de gravedad puritana, heredado quizĂĄs de algĂșn antepasado venido de Nueva Inglaterra.

— Oh! je ne puis souffrir la sĂ©vĂ©ritĂ© Ă  bon compte de la morale abstraite. Ma femme Ă©tait fort laide. Jamais elle n’empesait convenablement mes manchettes et elle n’entendait rien Ă  la cuisine. Tenez, un jour j’avais tuĂ© un superbe mĂąle dans les bois de Hogley, un beau cerf de deux ans. Vous ne devineriez jamais comment elle me le servit.

—¡Oh, no puedo sufrir la severidad barata de la moral abstracta! Mi mujer era feĂ­sima. No almidonaba nunca lo bastante mis puños y no sabĂ­a nada de cocina. Mire usted: un dĂ­a habĂ­a yo cazado un soberbio ciervo en los bosques de Hogsley, un hermoso macho de dos años. ÂĄPues no puede usted figurarse cĂłmo me lo sirviĂł!

Mais n’en parlons plus. C’est une affaire finie maintenant, et je trouve que ce n’était pas trĂšs bien de la part de ses frĂšres, de me faire mourir de faim bien que je l’aie tuĂ©e.

Pero, en fin, dejemos eso. Es asunto liquidado, y no encuentro nada bien que sus hermanos me dejasen morir de hambre, aunque yo la matase.

— Vous faire mourir de faim! Oh! Monsieur le Fantîme
 Monsieur Simon, veux-je dire, est-ce que vous avez faim? j’ai un sandwich dans ma cassette. Cela vous plairait-il?

—¡Que lo dejaran morir de hambre! ÂĄOh señor fantasma
! Don SimĂłn, quiero decir, Âżes que tiene usted hambre? Hay un «sandwich» en mi costurero. ÂżLe gustarĂ­a?

— Non, merci, je ne mange plus maintenant; mais c’est tout de mĂȘme trĂšs bon de votre part, et vous ĂȘtes bien plus gentille que le reste de votre horrible, rude, vulgaire, malhonnĂȘte famille?

—No, gracias, ahora ya no como; pero, de todos modos, lo encuentro amabilísimo por su parte. ¡Es usted bastante más atenta que el resto de su horrible, arisca, ordinaria y ladrona familia!

— Assez! s’écria Virginia en frappant du pied. C’est vous qui ĂȘtes rude, et horrible, et vulgaire. Quant Ă  la malhonnĂȘtetĂ©, vous savez bien que vous m’avez volĂ© mes couleurs dans ma boĂźte pour renouveler cette ridicule tache de sang dans la bibliothĂšque.

—¡Basta! —exclamó Virginia, dando con el pie en el suelo—. El arisco, el horrible y el ordinario lo es usted. En cuanto a lo de ladrón, bien sabe usted que me ha robado mis colores de la caja de pinturas para restaurar esa ridícula mancha de sangre en la biblioteca.

Vous avez commencĂ© par me prendre tous mes rouges, y compris le vermillon, de sorte qu’il m’est impossible de faire des couchers de soleil. Puis, vous avez pris le vert Ă©meraude, et le jaune de chrome. Finalement il ne me reste plus que de l’indigo et du blanc de Chine. Je n’ai pu faire depuis que des clairs de lune, qui font toujours de la peine Ă  regarder, et qui ne sont pas du tout commodes Ă  colorier.

Empezó usted por coger todos mis rojos, incluso el bermellón, imposibilitåndome para pintar puestas de sol. Después agarró usted el verde esmeralda y el amarillo cromo. Y, finalmente, sólo me queda el añil y el blanco. Así es que ahora no puedo hacer mås que claros de luna, que da grima ver, e incomodísimos, ademås, de colorear.

Je n’ai jamais rien dit de vous, quoique j’aie Ă©tĂ© bien ennuyĂ©e, et tout cela, c’était parfaitement ridicule. Est-ce qu’on a jamais vu du sang vert Ă©meraude?

Y no le he acusado, aĂșn estando fastidiada y a pesar de que todas esa cosas son completamente ridĂ­culas. ÂżSe ha visto alguna vez sangre color verde esmeralda
?

— Voyons, dit le fantĂŽme, non sans douceur, qu’est-ce que je pouvais faire? C’est chose trĂšs difficile par le temps qui court de se procurer du vrai sang, et puisque votre frĂšre a commencĂ© avec son DĂ©tacheur incomparable, je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas employĂ© vos couleurs Ă  rĂ©sister.

—Vamos a ver —dijo el fantasma, con cierta dulzura—: Âży quĂ© iba yo a hacer? Es dificilĂ­simo en los tiempos actuales agenciarse sangre de verdad, y ya que su hermano empezĂł con su quitamanchas incomparable, no veo por quĂ© no iba yo a emplear los colores de usted para resistir.

Quant Ă  la nuance, c’est une affaire de goĂ»t: ainsi par exemple, les Canterville ont le sang bleu, le sang le plus bleu qu’il y ait en Angleterre
 Mais je sais que, vous autres AmĂ©ricains, vous ne faites aucun cas de ces choses-lĂ .

En cuanto al tono, es cuestión de gusto. Así, por ejemplo, los Canterville tienen sangre azul, la sangre mås azul que existe en Inglaterra
 Aunque ya sé que ustedes los americanos no hacen el menor caso de esas cosas.

— Vous n’en savez rien, et ce que vous pouvez faire de mieux, c’est d’émigrer, cela vous formera l’esprit. Mon pĂšre se fera un plaisir de vous donner un passage gratuit, et bien qu’il y ait des droits d’entrĂ©e fort Ă©levĂ©s sur les esprits de toute sorte, on ne fera pas de difficultĂ©s Ă  la douane. Tous les employĂ©s sont des dĂ©mocrates.

—No sabe usted nada, y lo mejor que puede hacer es emigrar, y así se formará idea de algo. Mi padre tendrá un verdadero gusto en proporcionarle un pasaje gratuito, y aunque haya derechos de puertas elevadísimos sobre toda clase de cosas, no no le pondrán dificultades en la Aduana.

Une fois à New-York, vous pouvez compter sur un grand succÚs. Je connais des quantités de gens qui donneraient cent mille dollars pour avoir un grand-pÚre, et qui donneraient beaucoup plus pour avoir un fantÎme de famille.

Y una vez en Nueva York, puede usted contar con un gran Ă©xito. Conozco infinidad de personas que darĂ­an cien mil dĂłlares por tener antepasados y que sacrificarĂ­an mayor cantidad aĂșn por tener un fantasma de «familia».

— Je crois que je ne me plairais pas beaucoup en AmĂ©rique.

—Creo que no me divertirĂ­a mucho en AmĂ©rica.

— C’est sans doute parce que nous n’avons pas de ruines, ni de curiositĂ©s, dit narquoisement Virginia.

—Quizás se deba a que allí no tenemos ni ruinas ni curiosidades —dijo burlonamente Virginia.

— Pas de ruines! pas de curiositĂ©s? rĂ©pondit le fantĂŽme. Vous avez votre marine et vos maniĂšres.

—¡QuĂ© curiosidades ni quĂ© ruinas! —contestĂł el fantasma—. Tienen ustedes su Marina y sus modales.

— Bonsoir, je vais demander Ă  papa de faire accorder aux jumeaux une semaine supplĂ©mentaire de vacances.

—Buenas noches; voy a pedir a papá que conceda a los gemelos una semana más de vacaciones.

— Je vous en prie, Miss Virginia, ne vous en allez pas, s’écria-t-il. Je suis si seul, si malheureux, et je ne sais vraiment plus que faire. Je voudrais aller me coucher, et je ne le puis pas.

—¡No se vaya, miss Virginia, se lo suplico! —exclamĂł el fantasma—. Estoy tan solo y soy tan desgraciado, que no sĂ© que hacer. Quisiera ir a acostarme y no puedo.

— Mais c’est absurde; vous n’avez qu’à vous mettre au lit et Ă  Ă©teindre la bougie. C’est parfois trĂšs difficile de rester Ă©veillĂ©, surtout Ă  l’église, mais ça n’est pas difficile du tout de dormir. Tenez, les bĂ©bĂ©s savent trĂšs bien dormir; cependant, ils ne sont pas des plus malins.

—Pues es inconcebible: no tiene usted más que meterse en la cama y apagar la luz. Algunas veces es dificilísimo permanecer despierto, sobre todo en una iglesia, pero, en cambio, dormir es muy sencillo. Ya ve usted: los gemelos saben dormir admirablemente, y no son de los más listos.

— VoilĂ  trois cents ans que je n’ai pas dormi, dit-il tristement, ce qui fit que Virginia ouvrit tout grands ses beaux yeux bleus, tout Ă©tonnĂ©s. VoilĂ  trois cents ans que je n’ai pas dormi, aussi suis-je bien fatiguĂ©.

—Hace trescientos años que no duermo —dijo el anciano tristemente, haciendo que Virginia abriese mucho sus hermosos ojos azules, llenos de asombro—. Hace ya trescientos años que no duermo, asĂ­ es que me siento cansadĂ­simo.

Virginia prit un air tout Ă  fait grave et ses fines lĂšvres s’agitĂšrent comme des pĂ©tales de rose. Elle s’approcha, s’agenouilla Ă  cĂŽtĂ© de lui, et considĂ©ra la figure vieillie et ridĂ©e du fantĂŽme.

Virginia adoptó un grave continente, y sus finos labios se movieron como pétalos de rosa. Se acercó y arrodillåndose al lado del fantasma, contempló su rostro envejecido y arrugado.

— Pauvre, pauvre FantĂŽme, dit-elle Ă  demi-voix, n’y a-t-il pas un endroit oĂč vous pourriez dormir?

—Pobrecito fantasma —profiriĂł a media voz —, Âży no hay ningĂșn sitio donde pueda usted dormir?

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