Tao Te King / Tao Te Ching — w językach francuskim i kurdyjskim

Francusko-kurdyjska dwujęzyczna książka

Lao Zi

Tao Te King

Lao Zî

Tao Te Ching

Traduit en francais, et publié avec le texte chinois et un commentaire perpetuel par Stanislas Julien

From Kurdish by Ebdulrehman Efîf

Chapitre I

1

La voie qui peut être exprimée par la parole n’est pas la Voie éternelle; le nom qui peut être nommé n’est pas le Nom éternel.
(L’être) sans nom est l’origine du ciel et de la terre; avec un nom, il est la mère de toutes choses.
C’est pourquoi, lorsqu’on est constamment exempt de passions, on voit son essence spirituelle; lorsqu’on a constamment des passions, on le voit sous une forme bornée.
Ces deux choses ont une même origine et reçoivent des noms différents. On les appelle toutes deux profondes. Elles sont profondes, doublement profondes. C’est la porte de toutes les choses spirituelles.

Tao ya merov dikare bide dű
Ne Tao a herheyî ű sermedî ye.
Navę ko tę bi nav kirin
Ne navę herheyî ű sermedî ye.
Bęnav ew e koka ezman ű
Erdę
Lewra bi-navkirin bingeh ű koka
Tiţtęn hezar e.
Heke hertim bę daxwaz bî, tu dę
Nediyar ű raz ű veţartiyan bibînî
Herdem ko bi daxwaz bî, tenę
Tę tiţtęn li ber çavan ű eţkere bibîne.
Veţartî ű eţkere yek in--
Dema xuya dibin
Baţqe tęn bi nav kirin.
Ev yekîtî raz ű sir e
Raz di hindirę raz de,
Deriyę bi aliyę serzîviran ű ecęban de ye.

Chapitre II

2

Dans le monde, lorsque tous les hommes ont su apprécier la beauté (morale), alors la laideur (du vice) a paru.
Lorsque tous les hommes ont su apprécier le bien, alors le mal a paru.
C’est pourquoi l’être et le non-être naissent l’un de l’autre.
Le difficile et le facile se produisent mutuellement.
Le long et le court se donnent mutuellement leur forme.
Le haut et le bas montrent mutuellement leur inégalité.
Les tons et la voix s’accordent mutuellement.
L’antériorité et la postériorité sont la conséquence l’une de l’autre.
De là vient que le saint homme fait son occupation du non-agir.
Il fait consister ses instructions dans le silence.
Alors tous les êtres se mettent en mouvement, et il ne leur refuse rien.
Il les produit et ne se les approprie pas.
Il les perfectionne et ne compte pas sur eux.
Ses mérites étant accomplis, il ne s’y attache pas.
Il ne s’attache pas à ses mérites; c’est pourquoi ils ne le quittent point.

Her kes di cîhanę de tiţtę
Xweţik xweţik dibîne.
Di vir de nexweţikbűn heye.
Her kes tiţtę baţ baţ dibîne.
Di vir de ţer ű pîstî heye.
Ji lewre
Hebűn ű ne-hebűn yek ya dî
Çędike.
Zehmetî ű hesanî hev tînin.
Diręj ű kin hevdu bi sînor dikin.
Bilind ű nizim li ser hev radiwestin.
Pęţî ű dawî didin dű hev.
Ji lewre
Hiţmendî xwe bi ţęweyę wu-wie( kirina serbixwe) digire.
Ű hînkirina bęgotin dixebitîne.
Li vir, tiţtęn hezar çękirî ne,
hîn nehatine ji hev veqetandin.
Ji lewre hiţmendî berheman çędike
Bę wan bimelikîne,
Dike bę ti tiţtî hęvî bike
Ű tekűz ű temam dike bę
Di tekűzkirina xwe de berdewam bimîne.
Ű eyn bi xwe lewra ew di wan de
Timî namîne

Chapitre III

3

En n’exaltant pas les sages, on empêche le peuple de se disputer.
En ne prisant pas les biens d’une acquisition difficile, on empêche le peuple de se livrer au vol.
En ne regardant point des objets propres à exciter des désirs, on empêche que le cœur du peuple ne se trouble.
C’est pourquoi, lorsque le saint homme gouverne, il vide son cœur, il remplit son ventre (son intérieur), il affaiblit sa volonté, et il fortifie ses os.
Il s’étudie constamment à rendre le peuple ignorant et exempt de désirs.
Il fait en sorte que ceux qui ont du savoir n’osent pas agir.
Il pratique le non-agir, et alors il n’y a rien qui ne soit bien gouverné.

Heke tu xwe bi yę jęhatî ű hęja
ţelaf mekî, tu dę kesęn din bike
nexwazęn-pevçűnę.
Heke ti qedrę entîke ű peręn pirr
Li ba te tinne be,
tu dę kesęn din dűrî diziyę bike.
Heke merovan tiţtęn balkęţ ű daxwazkirî
Nedîtin,
Ew dę nebin dilbijokî ű pevneçinin.
Ji lewre, dema hiţmend serokatiyę dike,
Ew seręn xelkę paqij dik,
Zikęn wan dadigire,
Daxwazęn wan qels dike
Ű hestiyęn wan xurt dike.
Ko merov bę ţehrezayî ű daxwazî hatin hiţtin
Dę ramanvan ű rewţenbîr newęribin îţęn
Xwe ji tiţtęn ji wan re ne pęwîst bînin.
Bike bę fen ű fűt ű plan, wę
Ti kęmaniya bi a te bę kirin tinne be.

Chapitre IV

4

Le Tao est (le) vide; si l’on en fait usage, il paraît inépuisable.
Ô qu’il est profond! Il semble le patriarche de tous les êtres.
Il émousse sa subtilité, il se dégage de tous liens, il tempère sa splendeur, il s’assimile à la poussière.
Ô qu’il est pur! Il semble subsister éternellement.
J’ignore de qui il est fils; il semble avoir précédé le maître du ciel.

Tao wisa berfireh e ko dema
Tu wę bi kar tînî, timî tiţtek
Dimîne.
Ew çiqasî kűr e!
Dixuye mîna ko ew pîrka herî
Pęţî ya hezaręn tiţtan be.
Tűjbűnę ko dike
Girękan vedike
Ţewqa bęhawe dijwar hűr dike
Ew wisa tije ye!
Dixuye mîna jibermayęn wę hebin.
Ew zaroka ez- nizanim- kę ye.
Ű berheya Xwedayę kevnar yę
Li jor e. (berî wî hebű)

Chapitre V

5

Le ciel et la terre n’ont point d’affection particulière. Ils regardent toutes les créatures comme le chien de paille (du sacrifice).
Le saint homme n’a point d’affection particulière; il regarde tout le peuple comme le chien de paille (du sacrifice).
L’être qui est entre le ciel et la terre ressemble à un soufflet de forge qui est vide et ne s’épuise point, que l’on met en mouvement et qui produit de plus en plus (du vent).
Celui qui parle beaucoup (du Tao) est souvent réduit au silence.
Il vaut mieux observer le milieu.

Ezman ű Erd ne merovane ne,
ű merovan mîna kűçikęn pűţ dinirxînin.
Hiţmendî ne merovane ye,
ű her tiţtî mîna kűçikęn pűţ dinirxîne.
Valayiya di navbera Ezman ű Erdę
De mîna qîrînekę ye :
Wę vala bike, ew xelas nabe.
Wę biguvęţe ű pirrtir ję dertę.
Pirsa lę bi pirr gotinan
Ne mîna xwegirtina bi ortę ű navendę ye.

Chapitre VI

6

L’esprit de la vallée ne meurt pas; on l’appelle la femelle mystérieuse.
La porte de la femelle mystérieuse s’appelle la racine du ciel et de la terre.
Il est éternel et semble exister (matériellement).
Si l’on en fait usage, on n’éprouve aucune fatigue.

Giyanę newalę ti carî namire.
Navę wî`męya veţartî ye.´
Deriyę vę męya nenas ű veţartî
´ koka Ezman ű Erdę ´ tę bi nav kirin.
Berdewam, dixuye ko dimîne.
Wę bixebitîne bę ko tu xwe pirr biwestînî

Chapitre VII

7

Le ciel et la terre ont une durée éternelle.
S’ils peuvent avoir une durée éternelle, c’est parce qu’ils ne vivent pas pour eux seuls. C’est pourquoi ils peuvent avoir une durée éternelle.
De là vient que le saint homme se met après les autres, et il devient le premier.
Il se dégage de son corps, et son corps se conserve.
N’est-ce pas qu’il n’a point d’intérêts privés?
C’est pourquoi il peut réussir dans ses intérêts privés.

Ezman ű Erd herdemî ne.
Sedemę ko Ezman ű Erd
Dikarin będawî bin
Ew e ji lewre ne ew xwe tînin.
Ű wisa, ew herdem sax in.
Ji lewre, hiţmendî xwe dike a dawî
Ű ew a pęţî ye.
Ew ji dervî xwe ye ű loma
Xweya (nefs) wę her heye.
Ma ne ji ber bęeziya wę ye
Ko ew xwe tekűz ű pęrfękt dike?

Chapitre VIII

8

L’homme d’une vertu supérieure est comme l’eau.
L’eau excelle à faire du bien aux êtres et ne lutte point.
Elle habite les lieux que déteste la foule.
C’est pourquoi (le sage) approche du Tao.
Il se plaît dans la situation la plus humble.
Son cœur aime à être profond comme un abîme.
S’il fait des largesses, il excelle à montrer de l’humanité.
S’il parle, il excelle à pratiquer la vérité.
S’il gouverne, il excelle à procurer la paix.
S’il agit, il excelle à montrer sa capacité.
S’il se meut, il excelle à se conformer aux temps.
Il ne lutte contre personne; c’est pourquoi il ne reçoit aucune marque de blâme.

Baţiya herî bilind mîna avę ye.
Av bi hesanî sűd digihîne hemű tiţtan bę
Pevçűn.
Bi ser ko ew tiţtinan li ser xwe hildigire
Ko zilam nahebînin.
Ji lewre ew mîna Tao e.
Bo tę de ű li ser bijîn, erd baţ e.
Bo hiţ ű aqil, kűrbűn baţ e.
Baţbűna danę ko di wextę xwe de be.
Baţbűna axaftinę di
Gotina rastiyę de ye.
Di hikűmetę de, bi xwe-karîbűn ű hayjixwe baţ e.
Di çaredîtina ji îţan re, karîbűn ű hostetî baţ e.
Heke tu pevneçinî, gazin wę ji te neyęn kirin.

Chapitre IX

9

Il vaut mieux ne pas remplir un vase que de vouloir le maintenir (lorsqu’il est plein).
Si l’on aiguise une lame, bien qu’on l’explore avec la main, on ne pourra la conserver constamment (tranchante).
Si une salle est remplie d’or et de pierres précieuses, personne ne pourra les garder.
Si l’on est comblé d’honneurs et qu’on s’enorgueillisse, on s’attirera des malheurs.
Lorsqu’on a fait de grandes choses et obtenu de la réputation, il faut se retirer à l’écart.
Telle est la voie du ciel.

Heke bernedî ta tije bibe ne
Wisa baţ e mîna rawestî ű bisekinî.
Ű ţűrę pirr ű zęde tűjkirî, zor
Berdewam nake.
Odeyeke bi zęr ű mircanan miţtkirî
Nayę parastin.
Payekirina bi mal ű milkan
Mirina te bi xwe re tîne.
Piţtî bidawîkirina kar, bi paţ de vegere.
Ev e Ręçka Ezman.

Chapitre X

10

L’âme spirituelle doit commander à l’âme sensitive.
Si l’homme conserve l’unité, elles pourront rester indissolubles.
S’il dompte sa force vitale et la rend extrêmement souple, il pourra être comme un nouveau-né.
S’il se délivre des lumières de l’intelligence, il pourra être exempt de toute infirmité (morale).
S’il chérit le peuple et procure la paix au royaume, il pourra pratiquer le non-agir.
S’il laisse les portes du ciel s’ouvrir et se fermer, il pourra être comme la femelle (c’est-à-dire rester au repos).
Si ses lumières pénètrent en tous lieux, il pourra paraître ignorant.
Il produit les êtres et les nourrit.
Il les produit et ne les regarde pas comme sa propriété.
Il leur fait du bien et ne compte pas sur eux.
Il règne sur eux et ne les traite pas en maître.
C’est ce qu’on appelle posséder une vertu profonde.

Giyanę dilbijok ű daxwazok ű pęlda
Vehesîne ű bitebitîne
Ű zeft bi yekîtiyę bigire:
Ma tu dikarî dűrî veqetandin ű cihębűnę
Herî ?
Liv ű hęla xwe bixebitîne bo windakirin
Ű nemana bęhntengiyę:
Tu dikarî mîna zarokekî bî?
Di pak ű paqijkirina jiyana hindirę xwe de:
Ma tu dikarî wę berdî ű serfiraz ű azad bikî?
Di hezkirina ji merovan re ű biręvebirina dewletę
De:
Tu dikarî dűrî lîsk ű tep ű rîpan bî?
Di vekirin ű girtina dergehę ezman de:
Tu dikarî mę bî ?
Di ronahîkirina hemű gerdűnę de:
Tu dikarî ji hiţ ű aqil azad bî?
Jidayikbűnę bidęyę ű wę bi xwarin bike.
Bera ew berhema te be lę meke ya xwe.
Bike bę ko tu li hęviya tiţtekî bî.
Yę serek ű serkeftî be, lę berpirsyariyę
Ű biręvebirinę ji xwe re nexebitîne.
Ev navę wę qenciya nediyar ű nenas e.

Chapitre XI

11

Trente rais se réunissent autour d’un moyeu. C’est de son vide que dépend l’usage du char.
On pétrit de la terre glaise pour faire des vases. C’est de son vide que dépend l’usage des vases.
On perce des portes et des fenêtres pour faire une maison. C’est de leur vide que dépend l’usage de la maison.
C’est pourquoi l’utilité vient de l’être, l’usage naît du non-être.

Sîh tîręjk di nîvę çerx ű dűlab de
Digihęn hev.
Ji ber ew tiţtę hîn tinne ye ko
Erebe bi sűd ű fęde ye.
Herî dibe ţerbik.
Ji ber valahiya ţerbik e ko
Ew bi fęde ye.
Deriyan ű pencereyan jębike
Da tu odakę çębikî.
Ji ber valahiya wę ye ko
Ode bi xęr ű bęr e.
Ji lewre, tiţtę ko aniha heye tę
Xebitandin bo wergirtina
Fędę ű sűd.
Lę di tinnebűnę ű nelivirbűnę de
Fęde ű sűdę herî pirr heye.

Chapitre XII

12

Les cinq couleurs émoussent la vue de l’homme.
Les cinq notes (de musique) émoussent l’ouïe de l’homme.
Les cinq saveurs émoussent le goût de l’homme.
Les courses violentes, l’exercice de la chasse égarent le cœur de l’homme.
Les biens d’une acquisition difficile poussent l’homme à des actes qui lui nuisent.
De là vient que le saint homme s’occupe de son intérieur et ne s’occupe pas de ses yeux.
C’est pourquoi il renonce à ceci et adopte cela.

Rengęn pęnc çavęn me kor dikin.
Dengęn pęnc guhęn me ker dikin.
Tamęn pęnc zimanę me ţaţ dikin.
Cirîd ű nęçîr hiţę me ţęt ű dîn dikin.
Hebűna xizne ű peręn pirr
Dan ű stendineke ziyan ű tadetije
Diafirîne.
Ji lewre hiţmendî bętir hay ű qedir
Dide orte ű navenda xwe, ű
Ne çavęn xwe.
Wan ji bîr dike ű ortę dibijęre.

Chapitre XIII

13

Le sage redoute la gloire comme l’ignominie; son corps lui pèse comme une grande calamité.
Qu’entend-on par ces mots: il redoute la gloire comme l’ignominie?
La gloire est quelque chose de bas. Lorsqu’on l’a obtenue , on est comme rempli de crainte; lorsqu’on l’a perdue, on est comme rempli de crainte.
C’est pourquoi l’on dit: il redoute la gloire comme l’ignominie.
Qu’entend-on par ces mots: son corps lui pèse comme une grande calamité?
Si nous éprouvons de grandes calamités, c’est parce que nous avons un corps.
Quand nous n’avons plus de corps (quand nous nous sommes dégagés de notre corps), quelles calamités pourrions-nous éprouver?
C’est pourquoi, lorsqu’un homme redoute de gouverner lui-même l’empire, on peut lui confier l’empire; lorsqu’il a regret de gouverner l’empire, on peut lui remettre le soin de l’empire.

Li kęmqedir ű bęnirxkirinę mîna ew
Matmayinek be temaţe bike.
Bextreţiyę mîna ew ti bi xwe be binirxîne.
Çi mebesta min ji `mîna kęmqedirgirtin
Matmayinek be´ ?
Heke tu ne paye bî
Gihiţtin ű pękanîn matmayinek e
Ű wisa ew winda ne.
Ji lewre min got.`bęqedirkirinę mîna ew
Matmayin be bipijęre.´
Çi qesd ű mebesta min ji `mîna ew tu bi xwe bî
Bextreţiya herî mezin binirxîne`?
Heke eza min (nefsa min) tinne be,
çawa wę bextreţî bi serę min bę?
Ji lewre, heke tu jiyîna xwe
Bo pękanîn ű fędęn dinę dikî qurban,
tu dikarî xwe bispęrî dinę.
Heke tu ji vę xwebiqurbankirinę hez dikî
Tu dikarî bę sipartinî bextę dinę.

Chapitre XIV

14

Vous le regardez (le Tao) et vous ne le voyez pas: on le dit incolore.
Vous l’écoutez et vous ne l’entendez pas: on le dit aphone.
Vous voulez le toucher et vous ne l’atteignez pas: on le dit incorporel.
Ces trois qualités ne peuvent être scrutées à l’aide de la parole. C’est pourquoi on les confond en une seule.
Sa partie supérieure n’est point éclairée; sa partie inférieure n’est point obscure.
Il est éternel et ne peut être nommé.
Il rentre dans le non-être.
On l’appelle une forme sans forme, une image sans image.
On l’appelle vague, indéterminé.
Si vous allez au-devant de lui, vous ne voyez point sa face; si vous le suivez vous ne voyez point son dos.
C’est en observant le Tao des temps anciens qu’on peut gouverner les existences d’aujourd’hui.
Si l’homme peut connaître l’origine des choses anciennes, on dit qu’il tient le fil du Tao.

Lę bigere, nayę dîtin.
Nave wę dűrbűn e.
Lę guhdarî bike, nayę bihîstin.
Navę wę a kęm e.
Xwe diręjî wę bike, pę nayę girtin.
Navę wę a hűr ű jîr e.
Ev hersî kűrbűnęn bilind
Nayęn pîvan.
Ji lewre ew digihęjin hev bo bibin yek.
Jora wę ne ronî ye ;
Binę wę ne tarî ye ;
Bęrawestin ew heye, nayę
Bi nav kirin ű vedigere ne- tiţtbűnę.
Wisa, navę wę bűye awayę bę awe,
Węneya ne- tiţtî.
Ev navę wę nediyarî ű tarîtiya herî mezin e.
Here cem wę, tu nikarî rűyę wę
Bibînî.
Bide dű, tu nikarî piţta wę bibînî.
Heke tu Tao a kevnar zeft bikî
Tu dę bikaribî heyina anihane baţ
Bixebitînî
Ű despęka despękane nas bikî.
Ev navę wę tayę Tao ę herî pęţiyane ye.

Chapitre XV

15

Dans l’Antiquité, ceux qui excellaient à pratiquer le Tao étaient déliés et subtils, abstraits et pénétrants.
Ils étaient tellement profonds qu’on ne pouvait les connaître.
Comme on ne pouvait les connaître, je m’efforcerai de donner une idée (de ce qu’ils étaient).
Ils étaient timides comme celui qui traverse un torrent en hiver.
Ils étaient irrésolus comme celui qui craint d'être aperçu de ses voisins.
Ils étaient graves comme un étranger (en présence de l’hôte).
Ils s’effaçaient comme la glace qui se fond.
Ils étaient rudes comme le bois non travaillé.
Il étaient vides comme une vallée.
Ils étaient troubles comme une eau limoneuse.
Qui est-ce qui sait apaiser peu à peu le trouble (de son cœur) en le laissant reposer?
Qui est-ce qui sait naître peu à peu (à la vie spirituelle) par un calme prolongé?
Celui qui conserve ce Tao ne désire pas d’être plein.
Il n’est pas plein (de lui-même), c’est pourquoi il garde ses défauts (apparents), et ne désire pas (d’être jugé) parfait.

Hostęn Tao ęn kevnar
Hiţmendiyeke wan î razane
Î seyr î hűr î bęawe hebű
Kűrbűneke ko nayę nas kirin.
Ű eyn bi xwe ji ber ko ew nayęn nas kirin
Em bivęn nevęn bal ű hayę xwe didin
Derketin ű xuyakirina wan .
Wisa ji xwe ne bawer, mîna kesekî
Çemekî bi qeţa derbas bike.
Amade, mîna kesekî ji cîranęn
Xwe yęn li hawirdor bitirse.
Qedir ű ręzgirtî, mîna męvanekî.
Nerm ű azad, mîna qeţa li ber ko bihile.
Rast ű rast bi pęţ ve, mîna perçakî
Text î sade î nekolayî.
Vekirî, mîna newalę.
ţevreţ ű nenaskirî, mîna ava bi herî.
Kî dikare tevhev be, ű zelalbűnę
Bi kar bîne da hędî- hędî ronî bibe
Ű biçirisîne ?
Kî dikare aram ű hęmin be, ű xwestekeke
Asę ű xurt bi kar bîne bo serkeftineke dawî
Pęk bîne?
Yę dide ser vę riyę dil nabijîne
Bicihanînę.
Bi hűrî ji lewre ew dil nabijîne
Bicihanînę.
Ew belkî ţikestî ű westiyayî be
Lę dike bę vegereke zű li
Tiţtęn berę ko wî kirine.

Chapitre XVI

16

Celui qui est parvenu au comble du vide garde fermement le repos.
Les dix mille êtres naissent ensemble; ensuite je les vois s’en retourner.
Après avoir été dans un état florissant, chacun d’eux revient à son origine.
Revenir à son origine s’appelle être en repos.
Être en repos s’appelle revenir à la vie.
Revenir à la vie s’appelle être constant.
Savoir être constant s’appelle être éclairé.
Celui qui ne sait pas être constant s’abandonne au désordre et s’attire des malheurs.
Celui qui sait être constant a une âme large.
Celui qui a une âme large est juste.
Celui qui est juste devient roi.
Celui qui est roi s’associe au ciel.
Celui qui s’associe au ciel imite le Tao.
Celui qui imite le Tao subsiste longtemps; jusqu’à la fin de sa vie, il n’est exposé à aucun danger.

Valabűnę bibe ta radeya wę a dawî
Bera będengî ű aramî tekűz ű temam bin.
Hezaręn tiţtan bi hev re dixebitin
Di ţahiyeke műzîkane de.
Ji lewre ez li vegera wan temaţe dikim.
Hemű tiţt gulan vedidin ű her yek vedigere
Qűrm ű koka xwe.
Vegera kokę
Nave wę będengî ű aramî ye.
Aramî navę wę vegera jiyînę ye.
Vegera jiyînę nave wę xurtî ye.
Naskirina vę xurtiyę navę wę
Ronahîbűyin e.
Dan ű stendina bi zordarî bę
Naskirina tiţtę asę ű xurt ű rast
Tije tade ű ziyan e.
Naskirina asęyiyę ű rastiyę eręyî ye,
ű ev jî orte ű bępartîtî ye.
Nepartîtî ţahinţahî ye.
Ţahinţahî ezman e.
Ezman Tao e
Tao nemir e
Herheyî ye.
Tu bę laţ dimînî,
Lębelę tu namirî.

Chapitre XVII

17

Dans la Haute Antiquité, le peuple savait seulement qu’il avait des rois.
Les suivants, il les aima et leur donna des louanges.
Les suivants il les craignit.
Les suivants, il les méprisa.
Celui qui n’a pas confiance dans les autres n’obtient pas leur confiance.
(Les premiers) étaient graves et réservés dans leurs paroles.
Après qu’ils avaient acquis des mérites et réussi dans leurs desseins, les cent familles disaient: Nous suivons notre nature.

Ji destpęka demęn kevnar ű bi vir de
Wan ew nas kir ű ew kirin ya xwe.
Nifţę bi dű wan de ję hez kirin
Ű ew pesin dan.
Nifţę dî ję bi tirs bűn.
Ű yę dî rihęn wan ję diçű.
Heke tu ne rastgo bî ti kes ji
Te bawer nake.
Çiqasî ew bi gotinęn xwe yęn biha re
Haydar e!
Dema gotinęn wę tekűz dibin
Ű karę wę xelas dibe,
Her kes dibęje:` me ew kar kir!´

Chapitre XVIII

18

Quand la grande Voie eut dépéri, on vit paraître l’humanité et la justice.
Quand la prudence et la perspicacité se furent montrées, on vit naître une grande hypocrisie.
Quand les six parents eurent cessé de vivre en bonne harmonie, on vit des actes de piété filiale et d’affection paternelle.
Quand les États furent tombés dans le désordre, on vit des sujets fidèles et dévoués.

Dema Tao a mezin tinne bibe
Wę jen ű dadmandî bęn holę.
Dema ţehrezayî belav bibe ű kifţ bibe
Wę tep ű rîpęn mezin çębibin.
Dema hersî tękiliyęn mezin ne li
Gor hev bin
Wę kirina bi a dę ű bav ű dilovanî ű
Dilpęţewitîn li wir bin.
Dema welat di serobiniyę de be
Minsterę dilsoz wę derkevin pęţ.

Chapitre XIX

19

Si vous renoncez à la sagesse et quittez la prudence, le peuple sera cent fois plus heureux.
Si vous renoncez à l’humanité et quittez la justice, le peuple reviendra à la piété filiale et à l’affection paternelle.
Si vous renoncez à l’habileté et quittez le lucre, les voleurs et les brigands disparaîtront.
Renoncez à ces trois choses et persuadez-vous que l’apparence ne suffit pas.
C’est pourquoi je montre aux hommes ce à quoi ils doivent s’attacher.
Qu’ils tâchent de laisser voir leur simplicité, de conserver leur pureté, d’avoir peu d’intérêts privés et peu de désirs.

Dev ji `pîroziyę´ berde ű bera
`zanayiyę´ de ű wę merov
Sed ji sedî nirx ű fędę werbigirn.
Dev ji `hezkirina kesęn din´berde
Ű bera `dadmendiyę´de ű dę merov
Bi ya dę ű bavan dîsa bikin ű dilovan bibin.
Xwe ji ţehrezayiyę xelas ke ű fędę
Biqewirîne, ű dę diz ű rębir nemînin.
Ew hersiyęn jor gotin tenę ne,
Ew kęm in ű tęr nakin.
Ji lewre divę tiţtekî dî hebe ko wan
Di xwe de bihewîne.
Ę kokane ű bingehî bibîne ű
Li awayę necudabűyî miqate be.
Jixweheziyę kęm bike ű daxwazan
Hindik bike.

Chapitre XX

20

Renoncez à l’étude, et vous serez exempt de chagrins.
Combien est petite la différence de weï (un oui bref) et de o (un oui lent)!
Combien est grande la différence du bien et du mal!
Ce que les hommes craignent, on ne peut s’empêcher de le craindre.
Ils s’abandonnent au désordre et ne s’arrêtent jamais.
Les hommes de la multitude sont exaltés de joie comme celui qui se repaît de mets succulents, comme celui qui est monté, au printemps, sur une tour élevée.
Moi seul je suis calme: (mes affections) n’ont pas encore germé.
Je ressemble à un nouveau-né qui n’a pas encore souri à sa mère.
Je suis détaché de tout, on dirait que je ne sais où aller.
Les hommes de la multitude ont du superflu; moi seul je suis comme une homme qui a perdu tout.
Je suis un homme d’un esprit borné, je suis dépourvu de connaissances.
Les hommes de la multitude sont remplis de lumières; moi seul je suis comme plongé dans les ténèbres.
Les hommes du monde sont doués de pénétration; moi seul j’ai l’esprit trouble et confus.
Je suis vague comme la mer; je flotte comme si je ne savais où m’arrêter.
Les hommes de la multitude ont tous de la capacité; moi seul je suis stupide; je ressemble à un homme rustique.
Moi seul je diffère des autres hommes, parce que je révère la mère qui nourrit (tous les êtres).

Xwe ji `hînbűnę´ xelas ke
Ű wę ti netebatî ű lez ű tirs nemîne.
Çiqa cudatî di navbera
`erę ´ ű `na´ de heye?
Çiqasî ji hevdu dűr in
`baţ´ ű `pîs´?
Bi ser de, tiţtę ko xelk ję dilbitirs in
Nayę ji bîr kirin.
Ez ţaţ ű belvbűyî me, yekcar li
Navenda xweţ nemame.
Her merov dilţa ű bi kęf in, mîna
Ko di ţahiya qurbaneke mezin de bin,
an hildikiţin ser ţanoya Biharę.
Ez bitenę dimînim, bę ko min xwe ta niha
Diyar kiribe.
An mîna zarokekî navpęçekî hîn nekeniyaye.
Westiyayî, mîna kesekî bęhęvî dibe
Ji hebűna xaniyekî ko vegeręyę.
Merov hemű zędetir kęf dikin
Ji ber min her tiţt li dű xwe hiţt.
Ez bi hiţęn kesęn din nezan im.
Wisa hiţgiran im!
Merovęn orte ű normal zelal in
Ű ronî ne, ez tenę ez tarî ű veţartî me.
Kesęn orte her tiţtî dizanin.
Ji min tenę re her tiţt nixumandî dixuye.
Wisa rast!
Mîna oqyanosę.
Li derdorę hildipeke ű pęl dide!
Wiha dixuye ko ti cih bo bęhnderxistinę nîne.
Her kes armanceke di serî de heye.
Ez tenę ez wisa nezan im mîn gundiyekî.
Ez tenę ji merovan cuda me.
Ez tenę ko dayik min bi xwarin dike
Dilţa me.

Chapitre XXI

21

Les formes visibles de la grande Vertu émanent uniquement du Tao.
Voici quelle est la nature du Tao.
Il est vague, il est confus.
Qu’il est confus, qu’il est vague!
Au-dedans de lui, il y a des images.
Qu’il est vague, qu’il est confus!
Au-dedans de lui il y a des êtres.
Qu'il est profond, qu'il est obscur!
Au-dedans de lui il y a une essence spirituelle. Cette essence spirituelle est profondément vraie.
Au-dedans de lui, réside le témoignage infaillible (de ce qu’il est); depuis les temps anciens jusqu’à aujourd’hui, son nom n’a point passé.
Il donne issue (naissance) à tous les êtres.
Comme sais-je qu’il en est ainsi de tous les êtres? (Je le sais) par le Tao.

Awayę qenciya mezin tiţtek e
Tenę Tao dikare bide dű.
Tao mîna ´tiţtekî` hew nexuyayî ye
Ű tarîtî ye.
Çawa nexuyayî !çawa tarîtî ! Tę de awe
Heye.
Çawa nexuyayî !çawa tarîtî ! Tę de
Tiţt hene.
Çawa kűr ! çawa ţevreţ ! tę de
Navk ű cewher heye.
Navk wisa rast e- a tę de
Bawerî ye.
Ji aniha ta sedsalęn kevnar ű entîke,
navę wę dev ję bernedaye, wisa
em dikarin li hemű kokan ű çavkaniyan hűr bibin.
Çawa awayę hemű çavkaniyan ű kokan
Dizanim?
Bi riya wę.

Chapitre XXII

22

Ce qui est incomplet devient entier.
Ce qui est courbé devient droit.
Ce qui est creux devient plein.
Ce qui est usé devient neuf.
Avec peu (de désirs) on acquiert le Tao; avec beaucoup (de désirs) on s’égare.
De là vient que le saint homme conserve l’Unité (le Tao), et il est le modèle du monde.
Il ne se met pas en lumière, c’est pourquoi il brille.
Il ne s’approuve point, c’est pourquoi il jette de l’éclat.
Il ne se vante point, c’est pourquoi il a du mérite.
Il ne se glorifie point, c’est pourquoi il est le supérieur des autres.
Il ne lutte point, c’est pourquoi il n’y a personne dans l’empire qui puisse lutter contre lui.
L’axiome des anciens: Ce qui est incomplet devient entier, était-ce une expression vide de sens?
Quand l’homme est devenu véritablement parfait, (le monde) vient se soumettre à lui.

Ę tekűz nebűye wę tekűz bibe.
Ę xwar dę rast bibe.
Ę vala dę bę dagirtin.
Ę kevin wę bę nű kirin.
Bi hindikan re bicihanîn heye
Bi pirrbűnę re tevhevî ű ţaţtî heye.
Ji lewre hiţmendî bi tiţtekî tenę digire
Ű dibe niműne ű modęl ji heműyan re.
Ew xwe nayine pęţ, ű
Ji lewre eţkere ye.
Bi zor xwe nade çesipandin, ű
Ji lewre tę çesipandin ű dibe xwedî maf.
Xwe paye nake ű ji lewre bi qedir e.
Berxwedan ű ţer nake ű ji lewre
Serkeftî ye..
Ű eyn bi xwe ji ber ew bi ti kesî re
Nakeve berberî ű dijatiyę, ti kes
Nikare li himberî wę bisekine ű dijatiya wę
Bike.
Çawa emę karibin li gotina kevnaran,
´ę tekűz nebűye wę tekűz bibe´ mîna ko ew
gotineke vala be binerin?
Bi tekűzkirinę ű temamkirinę bawer
bike ű vegere wę.

Chapitre XXIII

23

Celui qui ne parle pas (arrive au) non-agir.
Un vent rapide ne dure pas toute la matinée; une pluie violente ne dure pas tout le jour.
Qui est-ce qui produit ces deux choses? Le ciel et la terre.
Si le ciel et la terre même ne peuvent subsister longtemps, à plus forte raison l’homme!
C’est pourquoi si l’homme se livre au Tao, il s’identifie au Tao; s’il se livre à la vertu, il s’identifie à la vertu; s’il se livre au crime, il s’identifie au crime.
Celui qui s’identifie au Tao gagne le Tao; celui qui s’identifie au crime gagne (la honte du) crime.
Si on ne croit pas fortement (au Tao), l’on finit par n’y plus croire.

Heke hindik biaxivî ev jixweyî(xwezayî) ye.
Ji lewre bahoz tevaya sibehę ranabe
Ű barana ţirîn jî tevaya roję namîne.
Kî van tiţtan dike? Ezman ű
Erd.
Heke ezman ű erd nikaribin
Çębűneke bęrawestin bînin pę
Çawa merov dę karibin?
Ji lewre tiţtek heye ję re dibęjin
Kirinęn xwe li gor Tao ko bikî.
Heke tu li gor Tao bî
Tę bibe yek pę re.
Heke tu li gor qenciyę bî
Tę bibe yek pę re.
Heke tu li gor windakirinę bî
Tę bibe yek pę re.
Tao bi dilxweţî ligorbűnę hembęz dike
Qencî bi dilţadî li ligorbűnę dinere.
Windakirin jî bi dilkęfî ligorbűnę hembęz dike.
Heke tu nehęjayî bawerpękirinę bî, merov
Bi te bawer nakin.

Chapitre XXIV

24

Celui qui se dresse sur ses pieds ne peut se tenir droit; celui qui étend les jambes ne peut marcher.
Celui qui tient à ses vues n’est point éclairé.
Celui qui s’approuve lui-même ne brille pas.
Celui qui se vante n’a point de mérite.
Celui qui se glorifie ne subsiste pas longtemps.
Si l’on juge cette conduite selon le Tao, on la compare à un reste d’aliments ou à un goitre hideux qui inspirent aux hommes un constant dégoût.
C’est pourquoi celui qui possède le Tao ne s’attache pas à cela.

Heke li ser serętiliyan rawestî, tę ne xurt
di cihę xwe de bî
Herdu çîqęn te dűrî hev bin, tu nikarî bimeţî.
Ko tu xwe eţkere ű diyar bikî, tu dę neyę
Dîtin.
Heke tu xwe bi zor bidî pejirandin,
tu dę ronî nekî.
Heke tu xwe qure ű paye bikî, wę kes
Qedrę te megire.
Heke tu xwe bilind bikî, tę bę serkeftin bî.
Yęn li gor Tao dijîn wan wisa bi nav dikin.
Xwarina jibermayî ű kirinęn winda
Ű ti kes ji wan hez nake.
Ji lewre kesę Tao ę
Wilo nake.

Chapitre XXV

25

Il est un être confus qui existait avant le ciel et la terre.
Ô qu’il est calme! Ô qu’il est immatériel!
Il subsiste seul et ne change point.
Il circule partout et ne périclite point.
Il peut être regardé comme la mère de l’univers.
Moi, je ne sais pas son nom.
Pour lui donner un titre, je l’appelle Voie (Tao).
En m’efforçant de lui faire un nom, je l’appelle grand.
De grand, je l’appelle fugace.
De fugace, je l’appelle éloigné.
D’éloigné, je l’appelle (l’être) qui revient.
C’est pourquoi le Tao est grand, le ciel est grand, la terre est grande, le roi aussi est grand.
Dans le monde, il y a quatre grandes choses, et le roi en est une. L’homme imite la terre; la terre imite le ciel, le ciel imite le Tao; le Tao imite sa nature.

Tiţtek heye ko di tevheviya xwe de
Pęrfękt e
Ya ko berî ezman ű erdę ji dayik bűye.
Wiha będeng ű bitenę!
Xwe dadimezirîne bę nűkirin
Bi awakî gerdűnî dixebite bę kęmasî.
Em dikarin wę mîna dayika her tiţtî
Bibînin.
Ez navę wę nizanim.
Ji lewre, heke zor li min hat bo wę bi nav bikim,
Dę bi ´Tao´ bang bikęmę.
Ko bi zor divę ez beţę wę bibęjim, ezę bibęjim
`mezin´ e.
Mezinahî bęsînorbűnę ű nediyarbűnę dide.
Neeţkerebűn ű bęsînorbűn çűna-dűr dide.
Çűna- dűr vegerę dide.
Ji lewre, Tao mezin e, ezman mezin e,
erd mezin e
Ű merov jî mezin e.
Merov didin dű erdę.
Erd dide dű ezman
Ezman dide dű Tao
Tao dide dű riya çawabűna tiţtan.

Chapitre XXVI

26

Le grave est la racine du léger; le calme est le maître du mouvement.
De là vient que le saint homme marche tout le jour (dans le Tao) et ne s’écarte point de la quiétude et de la gravité.
Quoiqu’il possède des palais magnifiques, il reste calme et les fuit.
Mais hélas! les maîtres de dix mille chars se conduisent légèrement dans l’empire!
Par une conduite légère, on perd ses ministres; par l’emportement des passions, on perd son trône.

Giranbűn rehę sivikbűnę ye.
Aramî ű hęmenî serdestę netebatbűnę ne.
Ji lewre hiţmend tevaya roję digere
Bę ko barę xwe ę giran deyne.
Bi ser ko belkî pirr dîmen ű tiţt hebin
Bo li wan binere
Lę di ber wan re bi sivikayî dibihure.
Ko ev wisa be
Çawa dę serdestę dewleteke mezin
Hayjixwe be ű ţehreza be
Ko wî xelk ji bîra kirin ű guh li wan nekir?
Ko bi sivikayî here wan, tu dę qurmęn xwe
Winda bikî.
Ko ne giran ű xurt bî, tu dę serdestiya xwe
Ji dest bixî.

Chapitre XXVII

27

Celui qui sait marcher (dans le Tao) ne laisse pas de traces; celui qui sait parler ne commet point de fautes; celui qui sait compter ne se sert point d’instruments de calcul; celui qui sait fermer (quelque chose) ne se sert point de verrou, et il est impossible de l’ouvrir; celui qui sait lier (quelque chose) ne se sert point de cordes, et il est impossible de le délier.
De là vient que le Saint excelle constamment à sauver les hommes; c’est pourquoi il n’abandonne pas les hommes.
Il excelle constamment à sauver les êtres; c’est pourquoi il n’abandonne pas les êtres.
Cela s’appelle être doublement éclairé.
C’est pourquoi l’homme vertueux est le maître de celui qui n’est pas vertueux.
L’homme qui n’est pas vertueux est le secours de l’homme vertueux.
Si l’un n’estime pas son maître, si l’autre n’affectionne pas celui qui est son secours, quand on leur accorderait une grande prudence, ils sont plongés dans l’aveuglement.
Voilà ce qu’il y a de plus important et de plus subtil!

Ręwiyekî jęhatî ti ţopan li dű xwe nahęle
Gotareke baţ ji dîtina ţaţtiyan ű kęmaniyan li cem
kesęn din vala ye.
Jimęrkarekî zîrek ne pędiviyî jimęrer e.
Deriyekî baţ-girtî dę girtî bimîne bę ko kes pę bigire.
Ţidandin ű asękirina baţ dę bimîne bę
Ko bę giręk kirin jî.
Bi vî ţęweyî ű islűbî hiţmendî
Xelkę bi zîrekî hîn dike
Ji lewre jî ew kesekî ji hînkirina xwe
Ji bîr nake ű bi dűr naxe.
Herdem ew hoste ye di alîkirina bi tiţtan re
Ji lewre ew ti tiţtî navęje.
Ev navę wę ´bicihanîna ronahiyę´ ye.
Loma jî, ęn baţ mamostęn yęn
Ne-wisa- baţ in.
Ű kesęn ne-wisa- baţ berpirsyariya
Ęn baţ in.
Heke tu mamostę xwe hęja nenirxînî
An ji ţagirtęn xwe hez nekî:
li gel tu zîrek ű ţehreza bî jî,
tu bi xwe bi qeysî libęn qűmę ţaţ î.
Ev navę wę kűrbűn ű hűrbűna kokane ye.

Chapitre XXVIII

28

Celui qui connaît sa force et garde la faiblesse est la vallée de l’empire (c’est-à-dire le centre où accourt tout l’empire).
S’il est la vallée de l’empire, la vertu constante ne l’abandonnera pas; il reviendra à l’état d’enfant.
Celui qui connaît ses lumières et garde les ténèbres, est le modèle de l’empire.
S’il est le modèle de l’empire, la vertu constante ne faillira pas (en lui), et il reviendra au comble (de la pureté).
Celui qui connaît sa gloire et garde l’ignominie est aussi la vallée de l’empire.
S’il est la vallée de l’empire, sa vertu constante atteindra la perfection et il reviendra à la simplicité parfaite (au Tao).
Quand la simplicité parfaite (le Tao) s’est répandue, elle a formé les êtres.
Lorsque le saint homme est élevé aux emplois, il devient le chef des magistrats. Il gouverne grandement et ne blesse personne.

Nęrtiyę binase, riya xwe ber bi mętiyę ve
Bibe
Bera tu newalek bî ji her kesî re.
Heke tu buyî newalek ji her kesî re
Tu herdem di qenciyan de yî
Bę ketin ű ţemitandin
Ű vedigerî zarokbűnę.
Sipî binase, riya xwe bi aliyę reţ ve
Here
Bibe modęl ű idyal ji her kesî re.
Ko buyî idyal ű modęl ji her kesî re
Tu dę di qenciyan de bî ű bę ţaţtî bî
Tu dę vegerî bęsînorbűnę ű ti tixűb wę
Ji te re nîn bin.
Payebűn ű navdariyę binase lę
Riya xwe bi aliyę xwebiçűkdîtinę ve hilkiţe
Bibe newal ji her kesî re.
Dema ko kok ű rehęn te di qenciyę de
Erd girtin ű kamil bűn
Tu dę vegerî awe ű heyina
`perçę nejękirî´
Perçe jębűye ű bűye pirr pęker(edat)
Hiţmendî pękeran bo bicihanîna rolan
Bi kar tîne.
Ji lewre terziyę mezin ti carî jęnake.

Chapitre XXIX

29

Si l’homme agit pour gouverner parfaitement l’empire, je vois qu’il n’y réussira pas.
L’empire est (comme) un vase divin (auquel l’homme) ne doit pas travailler.
S’il y travaille, il le détruit; s’il veut le saisir, il le perd.
C’est pourquoi, parmi les êtres, les uns marchent (en avant) et les autres suivent; les uns réchauffent et les autres refroidissent; les uns sont forts et les autres faibles, les uns se meuvent et les autres s’arrêtent.
De là vient que le saint homme supprime les excès, le luxe et la magnificence.

Heke tu bixwazî cîhanę
Ji xwe re bistînî ű bibî biręvebir ű
Serokę wę
Ez dikarim bibînim ko tu bi ser nakevî
Ű tu dę bę serfirazî bî.
Cîhan firaxeke ji can ű giyan e, nayę
Bin dest xistin ű kontrol kirin.
Lîsker ű guher tiţtan gemar ű tevhev dikin.
Ű yęn dixwazin dest deyinin ser wan ű ji xwe re bibin
Ew winda dikin. Ji lewre:
Carna tu ręber î
Carna tu dadűyer î
Carna tu bęhnteng î
Carna tu bęhnfireh î
Carna tu xurt î
Carna tu qels î
Carna tu diţkînî
Cana tu tę ţkenandin.
Ji lewre, hiţmendî ji zędebűnę baz dide
Ji xwestin ű daxwazęn zęde direve
Ji payebűn ű pozhildayiyę bi dűr dikeve.

Chapitre XXX

30

Celui qui aide le maître des hommes par le Tao ne (doit pas) subjuguer l’empire par les armes.
Quoi qu’on fasse aux hommes, ils rendent la pareille.
Partout où séjournent les troupes, on voit naître les épines et les ronces.
À la suite des grandes guerres, il y a nécessairement des années de disette.
L’homme vertueux frappe un coup décisif et s’arrête. Il n’ose subjuguer l’empire par la force des armes.
Il frappe un coup décisif et ne se vante point.
Il frappe un coup décisif et ne se glorifie point.
Il frappe un coup décisif et ne s’enorgueillit point.
Il frappe un coup décisif et ne combat que par nécessité.
Il frappe un coup décisif et ne veut point paraître fort.
Quand les êtres sont arrivés à la plénitude de leur force, ils vieillissent.
Cela s’appelle ne pas imiter le Tao. Celui qui n’imite pas le Tao ne tarde pas à périr.

Heke tu Tao mîna pirinsîpekî bo
Biręvebirina xelkę bixebitînî
Tu dę bi hęza leţkerî zordariyę li wan mekî.
Tiţtę li dor digere li dor vedigere.
Cihę ko serokleţker lę daniye
Strî ű daręn striyan lę mezn dibin.
Di ţiyarbűna leţkeriyeke mezin de
Saline pirr ji birçîbűnę ű xela tęn pę.
Heke tu tiţtę dikî zanibî
Tu dę tiţtę pęwîst bikî ű
Li wir bisekinî.
Bibe serî lę pozbilindiyę meke
Bibe serî bę tu diyar bikî
Bibe serî lę bę payeyî
Bibe serî lę bę hilkirin
Bibe serî lę bę zordarî.
Dema tiţt ţaxan ű kulîlkan didin
Piţtre diçilmisin.
Ev navę wę ne-Tao e
Tiţtę ne-Tao e kurt-jîn e.

Chapitre XXXI

31

Les armes les plus excellentes sont des instruments de malheur.
Tous les hommes les détestent. C’est pourquoi celui qui possède le Tao ne s’y attache pas.
En temps de paix, le sage estime la gauche; celui qui fait la guerre estime la droite.
Les armes sont des instruments de malheur; ce ne sont point les instruments du sage.
Il ne s’en sert que lorsqu’il ne peut s’en dispenser, et met au premier rang le calme et le repos.
S’il triomphe, il ne s’en réjouit pas. S’en réjouir, c’est aimer à tuer les hommes.
Celui qui aime à tuer les hommes ne peut réussir à régner sur l’empire.
Dans les événements heureux, on préfère la gauche; dans les événements malheureux, on préfère la droite.
Le général en second occupe la gauche; le général en chef occupe la droite.
Je veux dire qu’on le place suivant les rites funèbres.
Celui qui a tué une multitude d’hommes doit pleurer sur eux avec des larmes et des sanglots.
Celui qui a vaincu dans un combat, on le place suivant les rites funèbres.

Silehęn tűj aletin deyűz in.
Herkes rihę wî ji wan dire.
Ji lewre zilamę Tao bi wan re
Ne rihet e.
Di îţęn hindirî yęn ciwamęran de
Çep cihę rűmet ű naműsę ye.
Di îţęn leţkerî de rast cihę
Naműsę ye.
Ji ber çek ű sileh aletin deyűz in,
loma ew ne alav ű aletęn ciwamęran in
Wisa ew wan bękęf bi kar tînin
Ű pętir ji sadebűn ű hesaniyę hez dikin.
Zorbirin ű serkeftin yekcar ne ţęrîn e.
Ew kesęn zorbirin ű serkeftin bi wan ţęrîn e
Ew bi xwe ne yęn bi kuţtinę dilxweţ dibin.
Ko tu bi kuţtinę kęfxweţ dibî
Tu nikarî baweriya xelkę bi xwe bînî.
Kirinęn rűmetdar ű hęja cihę
Qedirgirtina wan li çepę ye.
Kirinęn pîs ű ţűm cihę qedirgirtina wan
Li rastę ye.
Lutinantę komandar li çepę radiweste.
Serokę komandaran li
Rastę.
Ű ew diaxivin, terqînęn miriyan yęn payedar
Bo binaxkirina xelkę bi kar tînin.
Xelkęn sade ű hesan, ew ęn mirî tev
Ji wan in
Bi ţewatî dilorînin ű dinalin
Yęn serkeftî wan bi binaxkirineke
Payedar vediţęrin.

Chapitre XXXII

32

Le Tao est éternel et n’a pas de nom.
Quoiqu’il soit petit de sa nature, le monde entier ne pourrait le subjuguer.
Si les vassaux et les rois peuvent le conserver, tous les êtres viendront spontanément se soumettre à eux.
Le ciel et la terre s’uniront ensemble pour faire descendre une douce rosée, et les peuples se pacifieront d’eux-mêmes sans que personne le leur ordonne.
Dès que le Tao se fut divisé, il eut un nom.
Ce nom une fois établi, il faut savoir se retenir.
Celui qui sait se retenir ne périclite jamais.
Le Tao est répandu dans l’univers.
(Tous les êtres retournent à lui) comme les rivières et les ruisseaux des montagnes retournent aux fleuves et aux mers.

Tao tim bęnav e.
Ű heke xortik biçűk be jî
Ti kes nikare wî tęxe bin destę xwe.
Heke biręvebir bikaribin van pirinsîpan
Bi laţ bikin
Dę tiţtęn hezar ji ber xwe ve
Bi dű wan din.
Ezman ű erd dę tękevin lihevbűnekę
Pęrfękt
Ű wę xunaveke ţęrîn bibarînin.
Xelk, nikarin pę re li gor wę bidin ű bistînin
Guhertinan ű lihevanînan çedikin ;
Ű wisa destpęka perçebűna navan tę pę.
Ji lewre ji berę de pirr ű tęr nav hene
Divę tu bizanî li kű rawestî.
Nas bikî li kű bisekinî, tę zehmetiyan
Ű tirsę dűrî xwe bixî.
Tao di cîhanę de dijî
Mîna av ű kaniyęn newalę ye bi aliyę
Robar ű deryayan de diherike.

Chapitre XXXIII

33

Celui qui connaît les hommes est prudent.
Celui qui se connaît lui-même est éclairé.
Celui qui dompte les hommes est puissant.
Celui qui se dompte lui-même est fort.
Celui qui sait se suffire est assez riche.
Celui qui agit avec énergie est doué d’une ferme volonté.
Celui qui ne s’écarte point de sa nature subsiste longtemps.
Celui qui meurt et ne périt pas jouit d’une (éternelle) longévité.

Heke tu kesęn din fam bikî
Tu ţehreza yî.
Heke tu xwe fam bikî
Tu ronakbűyî yî.
Heke tu bi ser kesęn din bikevî
Tu bi hęz î.
Heke tu zora xwe bibî
Tu xurt î
Heke tu zanibî çawa razî bî
Tu dewlemend î.
Heke te bi liv ű germî kire, viyana
Te heye.
Heke tu armanc ű xwestekęn xwe winda
Nekî tę dűdiręj bimînî.
Heke tu bimirî bę windakirin, tu abadîn
Ű herheyî yî.

Chapitre XXXIV

34

Le Tao s’étend partout; il peut aller à gauche comme à droite.
Tous les êtres comptent sur lui pour naître, et il ne les repousse point.
Quand ses mérites sont accomplis, il ne se les attribue point.
Il aime et nourrit tous les êtres, et ne se regarde pas comme leur maître.
Il est constamment sans désirs: on peut l’appeler petit.
Tous les êtres se soumettent à lui, et il ne se regarde pas comme leur maître: on peut l’appeler grand.
De là vient que, jusqu’à la fin de sa vie, le saint homme ne s’estime pas grand.
C’est pourquoi il peut accomplir de grandes choses.

Tao mîna çemekî mezin î lehîhatî ye.
Çawa dę bi aliyę çepę an rastę de bę zîvirandin?
Hezaręn tiţtan pę dijîn bę hayę wan ję hebe.
Ew tiţtan pęrfękt dike ű kamil dike lę
Nayę gotin ko ew wan dijîne.
Hemű tiţtan bi kiras ű cil ű xwarin dike
Bę mîrîtiya wan bike.
Ew herdem będaxwaz e, wisa em nave wę dikin
`ya biçűk. ´
Tiţtęn hezar lę vedigerin ű dawa
Mîrîtiyę li wan nake
Ev navę wę`mezinahî.´ ye
Ta dawiyę, li xwe mîna ko ew mezin e
Nanere.
Ji lewre ew mezinahiya xwe bi cih tîne
Ű dibe serî.

Chapitre XXXV

35

Le saint garde la grande image (le Tao), et tous les peuples de l’empire accourent à lui.
Ils accourent, et il ne leur fait point de mal; il leur procure la paix, le calme et la quiétude.
La musique et les mets exquis retiennent l’étranger qui passe.
Mais lorsque le Tao sort de notre bouche, il est fade et sans saveur.
On le regarde et l’on ne peut le voir; on l’écoute et l’on ne peut l’entendre; on l’emploie et l’on ne peut l’épuiser.

Xwegirtina bi Awayę Mezin
Hemű tiţt diqedin ű dűr dirin.
Dűr dirin ű diqedin bę tade li wan bę,
di Aţtiya Mezin de bi cih dibin.
Ji bo xwarin ű műzîkę ye
Ko ręwiyęn derbasbűyî disekinin.
Dema Tao di pencereya xwe de
Xuya dibe
Ew wisa hűr e, ti tam ję re nîne.
Lę binere, nikarî wę bibînî.
Lę gudarî bike, dengę wę nayę te
Wę bi kar bîne
Tu nikarî wę biwestînî

Chapitre XXXVI

36

Lorsqu’une créature est sur le point de se contracter, (on reconnaît) avec certitude que dans l’origine elle a eu de l’expansion.
Est-elle sur le point de s’affaiblir, (on reconnaît) avec certitude que dans l’origine elle a eu de la force.
Est-elle sur le point de dépérir, (on reconnaît) avec certitude que dans l’origine elle a eu de la splendeur.
Est-elle sur le point d’être dépouillée de tout, (on reconnaît) avec certitude que dans l’origine elle a été comblée de dons.
Cela s’appelle (une doctrine à la fois) cachée et éclatante.
Ce qui est mou triomphe de ce qui est dur; ce qui est faible triomphe de ce qui est fort.
Le poisson ne doit point quitter les abîmes; l’arme acérée du royaume ne doit pas être montrée au peuple.

Tiţtę ko wę bę hev
Divę pęţî hatibe vezilandin.
Tiţtę wę bę lawaz kirin
Pęţî divę hatibe xurt kirin
Tiţtę wę bę hilweţandin ű xistin
Pęţî divę hatibe bilind kirin.
Tiţtę ko wę bę stendin
Divę pęţî hatibe dan.
Ev navę wę`ronahîkirina hűr.´e
Tiţtę cirxweţ ű nerm zora yę
Hiţk ű çavsor ű bęhnteng dibe
Masî nikare dev ji avę berde.
Çek ű silehęn welęt yęn dijwar
Nabe pęţ xelkęn wî bęn kirin.

Chapitre XXXVII

37

Le Tao pratique constamment le non-agir et (pourtant) il n’y a rien qu’il ne fasse.
Si les rois et les vassaux peuvent le conserver, tous les êtres se convertiront.
Si, une fois convertis, ils veulent encore se mettre en mouvement, je les contiendrai à l’aide de l’être simple qui n’a pas de nom (c’est-à-dire le Tao).
L’être simple qui n’a pas de nom, il ne faut pas même le désirer. L’absence de désirs procure la quiétude.
Alors l’empire se rectifie de lui-même.
LIVRE II.

Tao herdem `ne- kirine´
Bi ser ko tiţt niye ko ew nake.
Ko yę biręvebir bikaribe wę
Bi laţ bike ű bi cih bîne
Her tiţt dę bi awakî xwezayî
Bę guhertin.
Heke hatin guhertin, dę bivęn ko bikin.
Wisa divę ez wan girębidim, vî bęnavî
`qurmę perçak`(hiţę kokane) bi kar bînim
Bi riya bikaranîna vî bęnavî (qurmę perçak)
Dę ew bibin bę daxwaz.
Będaxwaz, wę bitebitin ű aram bin
Hertiţt- li bin- ezman bi ţęweyekî xwezayî
li cihę xwe ye.

Chapitre XXXVIII

38

Les hommes d’une vertu supérieure ignorent leur vertu; c’est pourquoi ils ont de la vertu.
Les hommes d’une vertu inférieure n’oublient pas leur vertu; c’est pourquoi ils n’ont pas de vertu.
Les hommes d’une vertu supérieure la pratiquent sans y songer.
Les hommes d’une vertu inférieure la pratiquent avec intention.
Les hommes d’une humanité supérieure la pratiquent sans y songer.
Les hommes d’une équité supérieure la pratiquent avec intention.
Les hommes d’une urbanité supérieure la pratiquent et personne n’y répond; alors ils emploient la violence pour qu’on les paye de retour.
C’est pourquoi l’on a de la vertu après avoir perdu le Tao; de l’humanité après avoir perdu la vertu; de l’équité après avoir perdu l’humanité; de l’urbanité après avoir perdu l’équité.
L’urbanité n’est que l’écorce de la droiture et de la sincérité; c’est la source du désordre.
Le faux savoir n’est que la fleur du Tao et le principe de l’ignorance.
C’est pourquoi un grand homme s’attache au solide et laisse le superficiel.
Il estime le fruit et laisse la fleur.
C’est pourquoi il rejette l’une et adopte l’autre.

Qenciya rast ne exlaqî ű moralî ye
Ji lewre bi nirx ű qîmet e.
Qenciya nekűr herdem xwe dike
Moral ű cilekî wę yę exlaqî heye
Ji lewre ti bihayę wę nîne.
Qenciya rast ‘nake’
Ű ti mebesta wę nîne.
Qenciya sade ű nekűr ‘dike’
Ű tim mebest ű qesda wę heye.
Jen a rast ‘dike’
Lę ti qesd ű mebest ję re nîne.
Jîrîtiya rast `dike´ ű heke tu bersivę nedî
Dę zendikęn gumlekęn xwe bikiţînin
Ű çavsoriyan li te bikin.
Ji lewre, dema Tao nemîne qencî
Heye
Dema qencî winda bibe jen heye
Dema jen nemîne dadmendî heye
Ű dema dadmendî nemîne adet
Ű jiberxwefedîkirin ű layiqî heye.
Aniha `layiqî` rűyę derve ye
Ji rastî ű dilsoziyę re
Ű destpęka tevlhevî ű nexweţiyę ye .
Loma hoste di bingehiyan de dijî
Ű ne di nekűriyan de
Di fękiyan de bęhna xwe derdixe
Ne di kulîlkan de

Chapitre XXXIX

39

Voici les choses qui jadis ont obtenu l’Unité.
Le ciel est pur parce qu’il a obtenu l’Unité.
La terre est en repos parce qu’elle a obtenu l’Unité.
Les esprits sont doués d’une intelligence divine parce qu’ils ont obtenu l’Unité.
Les vallées se remplissent parce qu’elles ont obtenu l’Unité.
Les dix mille êtres naissent parce qu’ils ont obtenu l’Unité.
Les princes et rois sont les modèles du monde parce qu’ils ont obtenu l’Unité.
Voilà ce que l’unité produit.
Si le ciel perdait sa pureté, il se dissoudrait;
Si la terre perdait son repos, elle s’écroulerait;
Si les esprits perdaient leur intelligence divine, ils s’anéantiraient;
Si les vallées ne se remplissaient plus, elles se dessécheraient;
Si les dix mille êtres ne naissaient plus, ils s’éteindraient;
Si les princes et les rois s’enorgueillissaient de leur noblesse et de leur élévation, et cessaient d’être les modèles (du monde), ils seraient renversés.
C’est pourquoi les nobles regardent la roture comme leur origine; les hommes élevés regardent la bassesse de la condition comme leur premier fondement.
De là vient que les princes et les rois s’appellent eux-mêmes orphelins, hommes de peu de mérite, hommes dénués de vertu.
Ne montrent-ils pas par là qu’ils regardent la roture comme leur véritable origine? Et ils ont raison!
C’est pourquoi si vous décomposez un char, vous n’avez plus de char.
(Le sage) ne veut pas être estimé comme le jade, ni méprisé comme la pierre.

Van di dema berę de giţtîtî
Bi cih anîn:
Ezman giţtîtî bi zelaliya xwe
Bi cih anî;
Erdę giţtîtî bi xurtiya xwe bi
Cih anî;
Giyan giţtîtî bi bilindî ű nediyariya
Xwe bi cih anî;
Newalę giţtîtî wextę tije dibe
Bi cih anî;
Tiţtęn bi hezaran giţtîtî di jiyanę de
Bi cih anîn;
Serokan giţtîtî bi rastbűna biręvebirina
Xelkę bi cih anîn.
Bi kirina wisa:
Ko ezman bę zelalî be dę perçe bibe;
Heke erd xurtî lę kęm bikeve dę bi dűr de
Bifire;
Heke giyan bę nediyarî ű bilindî be
Dę biweste ű bibetile;
Heke newal bę tijeyî be
Dę kęm bibe ű nemîne;
Heke hezaręn tiţtan bę jiyan man
Dę nebedî bibin.
Heke yę serok bę ciwamęrî ű payeyî be
Dę bikeve.
Ji lewre
Malmezintî ű rűmet xwebiçűk ű xwenizimkirin
Reh ű kokęn wę ne
Bilindî nizmî bingeha wę ye.
Ji lewre qiral navęn xwe dikin`
Yęn sęwî, yęn nizim, yęn nehęja.`
Ma ev ne bikaranîna nizmiyę mîna
Bingeh ű kokę ye? Ma ne wisa ye?
Bi vę riyę tu dikarî bandor ű ţopa herî
Mezin ű baţ pęk bînî bę ti bargiranî.
Bę hęvîkirina cewheręn bęhempa ű bęmînak
An pirrbűna libęn qűmę.

Chapitre XL

40

Le retour au non-être (produit) le mouvement du Tao.
La faiblesse est la fonction du Tao.
Toutes les choses du monde sont nées de l’être; l’être est né du non-être.

Veger liva Tao e.
Nermkirin karę wę ye.
Her tiţt di gerdűnę de ji habűnę
Çędibe.
Hebűn ji ne-hebűnę çędibe.

Chapitre XLI

41

Quand les lettrés supérieurs ont entendu parler du Tao, ils le pratiquent avec zèle.
Quand les lettrés du second ordre ont entendu parler du Tao, tantôt ils le conservent, tantôt ils le perdent.
Quand les lettrés inférieurs ont entendu parler du Tao, imi ils le tournent en dérision. S’ils ne le tournaient pas en dérision, il ne mériterait pas le nom de Tao.
C’est pourquoi les anciens disaient:
Celui qui à l’intelligence du Tao paraît enveloppé de ténèbres.
Celui qui est avancé dans le Tao ressemble à un homme arriéré.
Celui qui est à la hauteur du Tao ressemble à un homme vulgaire.
L’homme d’une vertu supérieure est comme une vallée.
L’homme d’une grande pureté est comme couvert d’opprobre.
L’homme d’un mérite immense paraît frappé d’incapacité.
L’homme d’une vertu solide semble dénué d’activité.
Lihomme simple et vrai semble vil et dégradé.
C’est un grand carré dont on ne voit pas les angles; un grand vase qui semble loin d’être achevé; une grande voix dont le son est imperceptible; une grande image dont on n’aperçoit point la forme!
Le Tao se cache et personne ne peut le nommer.
Il sait prêter (secours aux êtres) et les conduire à la perfection.

Dema ţagirtęn hęja ű zanbilind bi Tao
Dibihîzin
Pirr xwe diwestînin da pę bikin ű bi kar bînin.
Dema ţagirtęn orte bi Toa
Dibihîzin
Carna pę digirin ű carn wę winda dikin.
Dema ţagirtęn nizim bi Tao dibihîzin
Hîr-hîra kenę wan e.
Lę pę ‘nekenîn’ bi xwe ne gelekî
Bes e da navę Tao lę bibe, ji lewre
Hatiye gotin:
Tao a birűskdar tarî dixuye
Pęţketina di Tao de mîna vegerę ye.
Man ű sekna di Tao de hiţk ű zehmet dixuye.
Qenciya rast mîna newalę ye.
Paqijî kęm dixuye.
Qenciyęn berfireh nebes dixuyin.
Qenciyęn kokxurt xapîner dixuyin.
Rűyę rastiyę dixuye ko tę guhertin.
Jęhatbűn ű karîbűna mezin pirr wext dixwe
Bo temam ű pęrfękt bibe.
Dengę mezin ű xurt zehmet e bę guhdarî kirin.
Awayę mezin bę ţęw ű awe ye.
Tao veţartî ye ű bęnav e.
Ji ber wisa bixwe ye ko Tao baţ e
Bo pęţxistinę ű pęrfęktkirinę.

Chapitre XLII

42

Le Tao a produit un; un a produit deux; deux a produit trois; trois a produit tous les êtres.
Tous les êtres fuient le calme et cherchent le mouvement.
Un souffle immatériel forme l’harmonie.
Ce que les hommes détestent, c’est d’être orphelins, imparfaits, dénués de vertu, et cependant les rois s'appellent ainsi eux-mêmes.
C’est pourquoi, parmi les êtres, les uns s’augmentent en se diminuant; les autres se diminuent en s’augmentant.
Ce que les hommes enseignent, je l’enseigne aussi.
Les hommes violents et inflexibles n’obtiennent point une mort naturelle.
Je veux prendre leur exemple pour la base de mes instructions.

Tao yekę çędike, yek didwan
Çędike.
Dido sisyan çędikin ű
Sisę hemű tiţtan çędikin.
Her tiţt bi ya yin dikin ű yang hemęz dikin.
Inerciya xwe nerm dikin da dűzan ű lihevhatinę
Ű harmoniyę bi cî bînin.
Merov hez nakin ko li xwe mîna
‘sęwiyan’, ‘nizman’, ‘bęnirxan’
binerin
li gel ko ţah ű qiral van navan li xwe dikin.
Hin winda dikin lę bi ser de fędę dikin
Hin din fędę dikin lę bi ser de winda dikin.
Ziţtę ko xelkę hîn kiriye
Ez jî hîn dikim:
´yę xurt ű hęzdar cihę xwe yę mirinę
nabijęre.`
Ez li vî tiţtî dinerim mîna ew
Bavę hemî hînkirinę be.

Chapitre XLIII

43

Les choses les plus molles du monde subjuguent les choses les plus dures du monde.
Le non-être traverse les choses impénétrables. C’est par là que je sais que le non-agir est utile.
Dans l’univers, il y a bien peu d’hommes qui sachent instruire sans parler et tirer profit du non-agir.

Tiţtę herî nerm di cîhanę de
Dę bi ser yę herî hiţk keve.
Tinne-bűn dikare derbas be cihę
Ko cih tę de nîne.
Ji lewre ez sűd ű fęda kirina negirędayî
Ű serbixwe
Dizanim.
Hînkirina bęgotin ű
Kirina serbixwe
Kęm tęn dîtin.

Chapitre XLIV

44

Qu’est-ce qui nous touche de plus près, de notre gloire ou de notre personne?
Qu’est-ce qui nous est le plus précieux, de notre personne ou de nos richesses?
Quel est le plus grand malheur, de les acquérir ou de les perdre?
C’est pourquoi celui qui a de grandes passions est nécessairement exposé à de grands sacrifices.
Celui qui cache un riche trésor éprouve nécessairement de grandes pertes.
Celui qui sait se suffire est à l’abri du déshonneur.
Celui qui sait s’arrêter ne périclite jamais.
Il pourra subsister longtemps.

Kîjan bihatir ű hęjatir e, nav ű deng an jiyîna te?
Kîjan mezintir e, jiyana te an
Hebűna sermiyan ű tiţtan?
Kîjan pirrtir bi ęţ e, bidestxistin an windakirin?
Ji lewre em herdem bihayeke mezin
Ji bo hezkirirna zęde didin
Ű bi windakirineke kűr dięţin ji bo
Danhevek ű komkirineke bęhawe.
Heger tu nas bikî ko tiţtek bes e, dę
derdę xizaniyę mekţînî.
Ko zanibî li kű rawestî, wę ti ziyan
Ű tade li te meyę.
Ű tę dűr-diręj bimînî.

Chapitre XLV

45

(Le Saint) est grandement parfait, et il paraît plein d’imperfections; ses ressources ne s’usent point.
Il est grandement plein, et il paraît vide; ses ressources · ne s’épuisent point.
Il est grandement droit, et il semble manquer de rectitude.
Il est grandement ingénieux, et il paraît stupide.
Il est grandement disert, et il paraît bègue.
Le mouvement triomphe du froid; le repos triomphe de la chaleur.
Celui qui est pur et tranquille devient le modèle de l’univers.

Kemal ű pęrfęktbűna hęja kęm dixuye,
lę bę ţaţtî ű seqetî kar dike.
Tijebűna mezin ű hęja vala dixuye, lę
Bę west kar dike.
Rastbűna hęja xwar dixuye,
jîrbűna hęja qelafetgiran dixuye,
Zimanxweţbűna hęja lal dixuye.
Dilgermî zora sariyę dibe, hęmenî ű bęlivbűn
Zora germiyę.
Zelalbűn ű aramî ű tebat her tiţtî
Datînin cihę rast.

Chapitre XLVI

46

Lorsque le Tao régnait dans le monde, on renvoyait les chevaux pour cultiver les champs.
f Depuis que le Tao ne règne plus dans le monde, les chevaux de combat naissent sur les frontières.
Il n’y a pas de plus grand crime que de se livrer à ses désirs.
Il n’y a pas de plus grand malheur que de ne pas savoir se suffire.
il Il n’y a pas de plus grande calamité que le désir d’acquérir.
Celui qui sait se suffire est toujours content de son sort.

Dema Tao li cihekî belav dibe
Hesp hędî-hędî diçęrin
Ű erdę sergo dikin.
Dema Tao li cihekî tinne be
Hespęn ţer ű cengę li dervî bajęr tęn
Xwedî kirin.
Bűbelat ű katastrofęn xwezayane,
ne
Pîs ű kiręttir in ji nezanebűna ko
Tiţtek bes e.
Windakirin ne kiręttir e ji daxwaza hîn pirrtirî.
Ji lewre qenciya ji naskirina ko tiţtek bes e
Dertę
Qenciyek sermedî ű będawî ye

Chapitre XLVII

47

Sans sortir de ma maison, je connais l’univers; sans regarder par ma fenêtre, Je découvre les voies du ciel.
Plus l’on s’éloigne et moins l'on apprend.
C’est pourquoi le sage arrive (où il veut) sans marcher; il nomme les objets sans les voir; sans agir, il accomplit de grandes choses.

Bę çűna dervî derî, naskirina
Her tiţtî,
Bę nerîna di pencerę re, dîtina
Riya ezman.
Çiqa dűr tu herî, wisa kęm
Tu nas dikî.
Hiţmendî di her tiţtî de digihęje
Bę ko di hemű prosęsę de here.
Ew bi nav ű deng e bę xwe diyar bike.
Ew pęrfękt e ű tekűz e bę
Hewildan ű westana pirr.

Chapitre XLVIII

48

Celui qui se livre à l’étude augmente chaque jour (ses connaissances).
Celui qui se livre au Tao diminue chaque jour (ses passions).
Il les diminue et les diminue sans cesse jusqu’à ce qu’il soit arrivé au non-agir.
Dès qu’il pratique le non-agir, il n’y a rien qui lui soit impossible.
C’est toujours par le non-agir que l’on devient le maître de l’empire.
Celui qui aime à agir est incapable de devenir le maître de l’empire.

Bi xwendinę, her roj merov tiţtekî
Bi dest dixîne.
Bi kirina bi Tao, her roj
Tiţtek winda dibe.
Winda dibe ű dîsa winda dibe.
Ta tiţt nemîne ko bę kirin.
Ne-kirin, tiţtek nemaye ko nehatiye kirin.
Cîhan dikare ya te be bi yekcar neguhertin ű nelîstina
Pę.
Tu çiqasî pę bilîzî ű wę biguherî
Tu nikarî cîhane bikî ya xwe.

Chapitre XLIX

49

Le Saint n’a point de sentiments immuables. Il adopte les sentiments du peuple.
Celui qui est vertueux, il le traite comme un homme vertueux; celui qui n’est pas vertueux, il le traite aussi comme un homme vertueux. C’est là le comble de la vertu.
Celui qui est sincère, il le traité comme un homme sincère; celui qui n’est pas sincère, il le traité aussi comme un homme sincère. C’est là le comble de la sincérité.
Le Saint vivant dans le monde reste calme et tranquille, et conserve les mêmes sentiments pour tous.
Les cent familles attachent sur lui leurs oreilles et leurs yeux.
Le Saint regarde le peuple comme un enfant.

Hiţmendî hiţekî neguher ję re nîne,
Li hiţęn merovan dinere mîna ko
Ęn wę bin.
Ez bi yę baţ re mîna ko baţ e,
ű bi yę pîs re mîna ko ew jî baţ e didim ű distînim.
Ev baţiya rast e.
Ez baweriyę bi yę bawerî pę tę tînim, ű
Bi yę bawerî pę nayę jî.
Ev baweriya rast e.
Dema hiţmendî bi merovan re dijî,
xwe bi wan re didűzinîne
An zanebűn ű hiţę xwe ji wan vediţęre.
Hîţmendî bi wan re dide ű distîne mîna
zarokęn xwe.

Chapitre L

50

L’homme sort de la vie pour entrer dans la mort.
Il y a treize causes de vie et treize causes de mort.
À peine est-il né que ces treize causes de mort l’entraînent rapidement au trépas.
Quelle en est la raison? C’est qu’il veut vivre avec trop d’intensité.
Or j’ai appris que celui qui sait gouverner sa vie ne craint sur sa route ni le rhinocéros, ni le tigre.
S’il entre dans une armée, il n’a besoin ni de cuirasse, ni d’armes.
Le rhinocéros ne saurait où le frapper de sa corne, le tigre où le déchirer de ses ongles, le soldat où le percer de son glaive.
Quelle en est la cause? Il est à l’abri de la mort!

Hatina jiyanę ű derbasbűna mirinę
Peyęn jiyanę sisę di dehan de ne.
Peyęn mirinę sisę di dehan de ne.
Ew ęn liva jiyanę erda mirina wan e
Sisę di dehan de ne.
Çima ev wisa ye?
Ji lewre ew jiyanę dijîn ű destan li
Xweţbűna wę ya dewlemend digirin.
Aniha min bihîstiye ko ew ę di danűstendina bi jiyanę re
Pispor e
Dikare ręwîtiyę di welat de bike bę ko
Liqayî piling ű kerkedenan bibe,
dikare tękeve ţeran ű pevçűnan bę birîn bibe.
Kerkeden ti cihî nabîne ko qiloçę
Xwe tę de biçikilîne,
Piling ti cihî nabîne bo bi lepűţkęn xwe
Biçirîne,
Çek ű sileh ti cihî nabînin ko pęţwaziya
Seręn wan ęn tűj bike.
Çima?
Ji lewre ew ti erd- mirin ję re nîne.