French-Spanish bilingual book
Au sommet d’une haute colonne, dominant la ville, se dressait la statue du Prince Heureux.
Tout entier recouvert de minces feuilles d’or fin, il avait deux brillants saphirs en guise d’yeux, et à la poignée de son épée brillait un gros rubis rouge.
En la parte más alta de la ciudad, sobre una columnita, se alzaba la estatua del PrĂncipe Feliz. Estaba toda revestida de madreselva de oro fino. TenĂa, a guisa de ojos, dos centelleantes zafiros y un gran rubĂ rojo ardĂa en el puño de su espada.
L’admiration qu’on lui portait était générale.
«Il est beau comme un coq de girouette», fit remarquer l’un des échevins, qui souhaitait se faire une réputation d’amateur d’art, «quoique de moindre utilité», ajouta-t-il, car il craignait, bien à tort, qu’on l’accusât de manquer d’esprit positif.
Por todo lo cual era muy admirada.
—Es tan hermoso como una veleta —observó uno de los miembros del Concejo que deseaba granjearse una reputación de conocedor en el arte—. Ahora, que no es tan útil —añadió, temiendo que le tomaran por un hombre poco práctico. Y realmente no lo era.
«Pourquoi ne peux-tu faire comme le Prince Heureux? demanda une maman à son petit garçon qui pleurait pour voir la lune. Jamais il ne songerait à pleurer pour obtenir quoi que ce soit.»
—¿Por quĂ© no eres como el PrĂncipe Feliz? —preguntaba una madre cariñosa a su hijito, que pedĂa la luna—. El PrĂncipe Feliz no hubiera pensado nunca en pedir nada a voz en grito.
«Je suis content qu’existe au monde un être vraiment heureux», bredouilla un déçu en contemplant la merveilleuse statue.
—Me hace dichoso ver que hay en el mundo alguien que es completamente feliz —murmuraba un hombre fracasado, contemplando la estatua maravillosa.
«Il a tout l’air d’un ange, dirent les enfants de l’Assistance comme ils sortaient de la cathédrale, vêtus d’éclatants manteaux écarlates et de tabliers blancs tout propres.
—Verdaderamente parece un ángel —decĂan los niños hospicianos al salir de la catedral, vestidos con sus soberbias capas escarlatas y sus bonitas chaquetas blancas.
— Comment le savez-vous? dit le maître de mathématiques, vous n’en avez jamais vu.
—¿En qué lo conocéis —replicaba el profesor de matemáticas— si no habéis visto uno nunca?
— Ah, mais si! dans nos rêves, répondirent les enfants. Le maître de mathématiques fronça le sourcil et prit un air sévère, car il n’approuvait pas que les enfants rêvassent.
—¡Oh! Los hemos visto en sueños —respondieron los niños. Y el profesor de matemáticas fruncĂa las cejas, adoptando un severo aspecto, porque no podĂa aprobar que unos niños se permitiesen soñar.
Un soir, il advint qu’un petit martinet vola par-dessus la ville. Ses amis étaient partis pour l’Égypte six semaines plus tôt, mais il s’était attardé par amour pour une très belle plante de la famille des Roseaux. Il l’avait rencontrée au printemps, alors qu’il descendait la rivière à la poursuite d’un gros papillon jaune, et avait été si séduit par la sveltesse de sa taille qu’il s’était arrêté pour lui parler.
Una noche volĂł una golondrinita sin descanso hacia la ciudad. Seis semanas antes habĂan partido sus amigas para Egipto; pero ella se quedĂł atrás. Estaba enamorada del más hermoso de los juncos. Lo encontrĂł al comienzo de la primavera, cuando volaba sobre el rĂo persiguiendo a una gran mariposa amarilla, y su talle esbelto la atrajo de tal modo, que se detuvo para hablarle.
«Vous aimerai-je», avait dit le Martinet qui aimait à jouer franc jeu, et la Plante s’était inclinée très bas. Alors il s’était mis à voleter tout autour d’elle, effleurant de ses ailes l’eau qu’il couvrait de ridules argentées.
—¿Quieres que te ame? —dijo la Golondrina, que no se andaba nunca con rodeos. Y el Junco le hizo un profundo saludo. Entonces la Golondrina revoloteó a su alrededor rozando el agua con sus alas y trazando estelas de plata.
C’est ainsi qu’il lui fit sa cour, et celle-ci dura tout l’été.
Era su manera de hacer la corte. Y asĂ transcurriĂł todo el verano.
«Que voilà un attachement ridicule! gazouillaient les autres martinets; elle n’a pas le sou, puis sa famille est trop nombreuse»; et, en vérité, la rivière regorgeait de Roseaux. L’automne venu, tous les martinets s’en étaient allés.
—Es un enamoramiento ridĂculo —gorjeaban las otras golondrinas—. Ese Junco es un pobretĂłn y tiene realmente demasiada familia. Y en efecto, el rĂo estaba todo cubierto de juncos. Cuando llegĂł el otoño, todas las golondrinas emprendieron el vuelo.
Après leur départ, se sentant seul, il avait commencé à se lasser de sa dame. «Elle n’a pas de conversation, et je crains que ce ne soit une coquette car elle ne cesse de minauder avec le vent.» De fait, chaque fois que le vent soufflait, la Plante se répandait en révérences des plus gracieuses. «Sans doute est-elle fort attachée à son intérieur, poursuivit-il, mais comme j’aime à voyager, ma femme se devra d’aimer les voyages.»
Una vez que se fueron sus amigas, sintiose muy sola y empezĂł a cansarse de su amante.
—No sabe hablar —decĂa ella—. Y además temo que sea inconstante porque coquetea sin cesar con la brisa.
Y realmente, cuantas veces soplaba la brisa, el Junco multiplicaba sus más graciosas reverencias.
—Veo que es muy casero —murmuraba la Golondrina—. A mà me gustan los viajes. Por lo tanto, al que me ame, le debe gustar viajar conmigo.
«M’accompagnerez-vous?» lui demanda-t-il enfin, mais elle fit non de la tête : elle était trop attachée à sa demeure.
—¿Quieres seguirme? —preguntó por último la Golondrina al Junco. Pero el Junco movió la cabeza. Estaba demasiado atado a su hogar.
— Vous vous êtes jouée de moi, s’écria-t-il.
Je pars pour les Pyramides. À vous revoir!» et il s’envola.
—¡Te has burlado de mĂ! —le gritĂł la Golondrina—. Me marcho a las Pirámides. ¡AdiĂłs!
Y la Golondrina se fue.
Tout le jour il vola, et le soir il parvint Ă la ville.
VolĂł durante todo el dĂa y al caer la noche llegĂł a la ciudad.
«Où m’installer? dit-il. J’espère que la municipalité aura fait des préparatifs.»
—¿Dónde buscaré un abrigo? —se dijo—. Supongo que la ciudad habrá hecho preparativos para recibirme.
C’est alors qu’il aperçut la statue, tout en haut de la colonne. «Je vais m’installer là -haut, s’écria-t-il. La situation est excellente, et l’air frais ne manque pas.»
Il alla donc se percher entre les pieds du Prince Heureux.
Entonces divisĂł la estatua sobre la columnita.
—Voy a cobijarme allà —gritó— El sitio es bonito. Hay mucho aire fresco.
Y se dejĂł caer precisamente entre los pies del PrĂncipe Feliz.
«J’ai une chambre en or», murmura-t-il en regardant tout alentour. Il se préparait à s’endormir quand, à l’instant précis où il allait abriter la tête sous son aile, une grosse goutte d’eau lui tomba dessus. «Comme c’est bizarre! s’écria t-il. Pas un nuage au ciel, les étoiles brillent de tout leur éclat, et voilà qu’il pleut. Décidément, il fait bien mauvais dans le nord de l’Europe.
Mlle Roseau aimait la pluie, mais par pur égoïsme.»
—Tengo una habitación dorada —se dijo quedamente, después de mirar en torno suyo. Y se dispuso a dormir. Pero al ir a colocar su cabeza bajo el ala, he aquà que le cayó encima una pesada gota de agua.
—¡QuĂ© curioso! —exclamó—. No hay una sola nube en el cielo, las estrellas están claras y brillantes, ¡y sin embargo llueve! El clima del norte de Europa es verdaderamente extraño. Al Junco le gustaba la lluvia; pero en Ă©l era puro egoĂsmo.
Une deuxième goutte tomba.
Entonces cayĂł una nueva gota.
«À quoi sert donc une statue si elle ne protège pas de la pluie? Je m’en vais chercher quelque bonne cheminée», et il résolut de prendre son envol.
—¿Para qué sirve una estatua si no resguarda de la lluvia? —dijo la Golondrina—. Voy a buscar un buen copete de chimenea.
Y se dispuso a volar más lejos.
Mais avant qu’il ait déployé ses ailes, une troisième goutte tomba. Il leva les yeux et découvrit… Ah! Que découvrit-il donc?
Les yeux du Prince Heureux étaient emplis de larmes, et des larmes coulaient le long de ses joues d’or. Sous la lumière de la lune, son visage était si beau que le petit martinet se sentit envahi de pitié.
Pero antes de que abriese las alas, cayĂł una tercera gota. La Golondrina mirĂł hacia arriba y vio… ¡Ah, lo que vio! Los ojos del PrĂncipe Feliz estaban arrasados de lágrimas, que corrĂan sobre sus mejillas de oro. Su faz era tan bella a la luz de la luna, que la Golondrinita sintiose llena de piedad.
— Qui êtes-vous? demanda-t-il.
—¿Quién sois? —dijo.
— Je suis le Prince Heureux.
—Soy el PrĂncipe Feliz.
— Alors pourquoi pleurez-vous? demanda le Martinet. Vous m’avez complètement trempé.
—Entonces, ¿por qué lloriqueáis de ese modo? —preguntó la Golondrina—. Me habéis empapado casi.
— Lorsque j’étais en vie et que je possédais un cœur d’homme, répondit la statue, j’ignorais ce que c’était que les larmes car je vivais au palais de Sans-Souci, où le chagrin n’a pas le droit de pénétrer. Pendant le jour je jouais dans le jardin avec mes compagnons, le soir je menais le bal dans le Grand Salon. Le jardin était ceint d’un mur fort imposant, mais jamais je ne me souciai de demander ce qui se trouvait derrière. Tout était si beau autour de moi! Mes courtisans m’appelaient le Prince Heureux, et si le bonheur n’est rien d’autre que le plaisir, oui, j’étais heureux. Ainsi je vécus, ainsi je mourus. Et maintenant que je suis mort, on m’a installé ici, tellement haut que je peux voir toute la laideur et toute la misère de ma ville. Mon cœur a beau être fait de plomb, comment ne pleurerais-je?»
—Cuando estaba yo vivo y tenĂa un corazĂłn de hombre —repitiĂł la estatua—, no sabĂa lo que eran las lágrimas porque vivĂa en el Palacio de la DespreocupaciĂłn, en el que no se permite la entrada al dolor. Durante el dĂa jugaba con mis compañeros en el jardĂn y por la noche bailaba en el gran salĂłn. Alrededor del jardĂn se alzaba una muralla altĂsima, pero nunca me preocupĂł lo que habĂa detrás de ella, pues todo cuanto me rodeaba era hermosĂsimo. Mis cortesanos me llamaban el PrĂncipe Feliz y, realmente, era yo feliz, si es que el placer es la felicidad. AsĂ vivĂ y asĂ morĂ, y ahora que estoy muerto me han elevado tanto, que puedo ver todas las fealdades y todas las miserias de mi ciudad, y aunque mi corazĂłn sea de plomo, no me queda más recurso que llorar.
«Quoi! il n’est pas en or massif?» se dit le Martinet à part lui. Sa politesse l’empêchait d’exprimer à haute voix des remarques personnelles.
«¡Cómo! ¿No es de oro de buena ley?», pensó la Golondrina para sus adentros, pues estaba demasiado bien educada para hacer ninguna observación en voz alta sobre las personas.
«Là -bas, poursuivit la statue d’une voix basse et musicale, là -bas dans une petite rue, il est une pauvre maison. Une des fenêtres est ouverte, et à travers elle je distingue une femme, assise à une table. Son visage est mince et las, et ses mains sont rugueuses et rouges, toutes piquetées par l’aiguille, car elle est couturière. Elle brode des passiflores sur une robe de satin que la plus jolie des demoiselles d’honneur de la Reine portera lors du prochain bal de la Cour. Sur un lit, dans un coin de la pièce, gît son petit garçon qui est malade. Il a la fièvre et demande des oranges. Comme sa mère n’a rien à lui donner que de l’eau de rivière, il pleure.
Martinet, martinet, petit martinet, ne veux-tu pas lui porter le rubis de la poignée de mon épée? Mes pieds sont attachés à ce piédestal, et je ne peux bouger.
—AllĂ abajo —continuĂł la estatua con su voz baja y musical—, allĂ abajo, en una callejuela, hay una pobre vivienda. Una de sus ventanas está abierta y por ella puedo ver a una mujer sentada ante una mesa. Su rostro está enflaquecido y ajado. Tiene las manos hinchadas y enrojecidas, llenas de pinchazos de la aguja, porque es costurera. Borda pasionarias sobre un vestido de raso que debe lucir, en el prĂłximo baile de corte, la más bella de las damas de honor de la Reina. Sobre un lecho, en el rincĂłn del cuarto, yace su hijito enfermo. Tiene fiebre y pide naranjas. Su madre no puede darle más que agua del rĂo. Por eso llora. Golondrina, Golondrinita, Âżno quieres llevarla el rubĂ del puño de mi espada? Mis pies están sujetos al pedestal, y no me puedo mover.
— On m’attend en Égypte, dit le Martinet. Mes amis volent en tous sens au-dessus du Nil, et parlent aux grandes fleurs de lotus. Bientôt ils s’en iront dormir dans le tombeau du Grand Roi. Le Roi est là , en personne, dans son cercueil bariolé. On l’a emmailloté de lin jaune et embaumé avec des épices. Autour de son cou, il y a une chaîne de jade vert pâle. Ses mains semblent des feuilles fanées.
—Me esperan en Egipto —respondió la Golondrina—. Mis amigas revolotean de aquà para allá sobre el Nilo y charlan con los grandes lotos. Pronto irán a dormir al sepulcro del Gran Rey. El mismo Rey está allà en su caja de madera, envuelto en una tela amarilla y embalsamado con sustancias aromáticas. Tiene una cadena de jade verde pálido alrededor del cuello y sus manos son como unas hojas secas.
— Martinet, martinet, petit martinet, dit le Prince, ne veux-tu pas rester une seule nuit auprès de moi, et me servir de messager? Le garçon a tellement soif, et sa mère est si triste.
—Golondrina, Golondrina, Golondrinita —dijo el PrĂncipe—, Âżno te quedarás conmigo una noche y serás mi mensajera? ¡Tiene tanta sed el niño y tanta tristeza la madre!
— Je ne crois pas avoir de penchant pour les garçons, répondit le Martinet. L’été dernier, lorsque j’étais installé sur la rivière, deux garçons mal élevés — les fils du meunier — ne cessaient de me jeter des pierres. Jamais ils ne m’ont touché, bien sûr; nous autres martinets sommes d’habiles voltigeurs, et je viens d’une famille célèbre pour son agilité; ce n’en était pas moins une marque d’irrespect.»
—No creo que me agraden los niños —contestĂł la Golondrina—. El invierno Ăşltimo, cuando vivĂa yo a orillas del rĂo, dos muchachos mal educados, los hijos del molinero, no paraban un momento en tirarme piedras. Claro es que no me alcanzaban. Nosotras, las golondrinas, volamos demasiado bien para eso y además yo pertenezco a una familia cĂ©lebre por su agilidad; mas, a pesar de todo, era una falta de respeto.
Mais le Prince Heureux avait l’air si triste que le petit martinet se sentit affligé. «Il fait bien froid ici, répondit-il, mais je resterai auprès de vous une seule nuit, et je vous servirai de messager.
Pero la mirada del PrĂncipe Feliz era tan triste que la Golondrinita se quedĂł apenada.
—Mucho frĂo hace aquà —le dijo—; pero me quedarĂ© una noche con vos y serĂ© vuestra mensajera.
— Merci, petit martinet», dit le Prince.
—Gracias, Golondrinita —respondiĂł el PrĂncipe.
Et le Martinet picota l’épée du Prince pour en dégager le gros rubis qu’il prit dans son bec avant de s’envoler par-dessus les toits de la ville.
Entonces la Golondrinita arrancĂł el gran rubĂ de la espada del PrĂncipe y llevándolo en el pico, volĂł sobre los tejados de la ciudad.
Il passa devant la tour de la cathédrale, où étaient sculptés les anges de marbre blanc. Il passa devant le palais et entendit la rumeur de la danse.
Une belle jeune fille sortit sur le balcon avec son amoureux. «Comme les étoiles sont merveilleuses, lui disait-il, et comme est merveilleux le pouvoir de l’amour!
— J’espère que ma robe sera prête à temps pour le bal de la Cour, répondit-elle, j’ai commandé d’y faire broder des passiflores, mais les couturières sont tellement paresseuses…»
PasĂł sobre la torre de la catedral, donde habĂa unos ángeles esculpidos en mármol blanco. PasĂł sobre el palacio real y oyĂł la mĂşsica de baile. Una bella muchacha apareciĂł en el balcĂłn con su novio.
—¡Qué hermosas son las estrellas —la dijo— y qué poderosa es la fuerza del amor!
—QuerrĂa que mi vestido estuviese acabado para el baile oficial —respondiĂł ella—. He mandado bordar en Ă©l unas pasionarias, ¡pero son tan perezosas las costureras!
Il passa au-dessus de la rivière, et il vit les lanternes accrochées aux mâts des navires. Il passa au-dessus du Ghetto, et il vit les vieux juifs qui marchandaient entre eux et pesaient de l’argent dans des balances de cuivre. Pour finir, il parvint à la pauvre maison et regarda à l’intérieur. Le garçon se retournait fiévreusement sur son lit; la mère s’était endormie tant elle était fatiguée. Il sauta dans la pièce et déposa le gros rubis sur la table, près du dé à coudre de la femme. Puis il voleta délicatement tout autour du lit, éventant de ses ailes le front du garçon. «Quelle fraîcheur ! dit le garçon, je dois aller mieux»; et il s’abîma dans un délicieux sommeil.
PasĂł sobre el rĂo y vio los fanales colgados en los mástiles de los barcos. PasĂł sobre el ghetto y vio a los judĂos viejos negociando entre ellos y pesando monedas en balanzas de cobre. Al fin llegĂł a la pobre vivienda y echĂł un vistazo dentro. El niño se agitaba febrilmente en su camita y su madre habĂase quedado dormida de cansancio. La Golondrina saltĂł a la habitaciĂłn y puso el gran rubĂ en la mesa, sobre el dedal de la costurera. Luego revoloteĂł suavemente alrededor del lecho, abanicando con sus alas la cara del niño.
—¡Qué fresco más dulce siento! —murmuró el niño—. Debo estar mejor.
Y cayó en un delicioso sueño.
Lors, le Martinet s’en retourna auprès du Prince Heureux auquel il raconta ce qu’il avait fait. «C’est bizarre, remarqua-t-il, mais je me sens tout réchauffé alors qu’il fait si froid.
Entonces la Golondrina se dirigiĂł a todo vuelo hacia el PrĂncipe Feliz y le contĂł lo que habĂa hecho.
—Es curioso —observa ella—, pero ahora casi siento calor, y sin embargo, hace mucho frĂo.
— C’est parce que tu as fait une bonne action», dit le Prince. Et le Martinet se mit à réfléchir, puis s’endormit. La réflexion lui donnait toujours sommeil.
Y la Golondrinita empezĂł a reflexionar y entonces se durmiĂł. Cuantas veces reflexionaba se dormĂa.
Lorsque le jour se leva, il vola jusqu’à la rivière et prit un bain.
«Quel phénomène remarquable! dit le professeur d’ornithologie qui traversait le pont. Un martinet en hiver!» Et il écrivit une longue lettre à ce sujet dans le journal local. Chacun la cita tant elle était remplie de mots que nul ne comprenait.
Al despuntar el alba volĂł hacia el rĂo y tomĂł un baño.
—¡Notable fenĂłmeno! —exclamĂł el profesor de ornitologĂa que pasaba por el puente—.
¡Una golondrina en invierno!
Y escribiĂł sobre aquel tema una larga carta a un periĂłdico local. Todo el mundo la citĂł. ¡Estaba plagada de palabras que no se podĂan comprender!…
«Ce soir, je pars pour l’Égypte, dit le Martinet qui se sentit tout ragaillardi à cette idée. Il visita tous les monuments publics, et demeura un long moment au sommet de la flèche de l’église. Partout où il se rendait, les moineaux piaillaient et se disaient l’un à l’autre: «Quel étranger de mine distinguée!» Aussi s’amusait-il beaucoup.
—Esta noche parto para Egipto —se decĂa la Golondrina. Y sĂłlo de pensarlo se ponĂa muy alegre. VisitĂł todos los monumentos pĂşblicos y descansĂł un gran rato sobre la punta del campanario de la iglesia. Por todas partes adonde iba piaban los gorriones, diciĂ©ndose unos a otros:
—¡Qué extranjera más distinguida!
Y esto la llenaba de gozo.
Lorsque la lune se leva, il vola une nouvelle fois vers le Prince Heureux.
«Avez-vous quelque commission à porter en Égypte ? lança-t-il. Je pars à l’instant.
Al salir la luna volviĂł a todo vuelo hacia el PrĂncipe Feliz.
—¿Tenéis algún encargo para Egipto? —le gritó—. Voy a emprender la marcha.
— Martinet, martinet, petit martinet, dit le Prince, ne veux-tu pas rester avec moi une nuit de plus?
—Golondrina, Golondrina, Golondrinita —dijo el PrĂncipe—, Âżno te quedarás otra noche conmigo?
— On m’attend en Égypte, répondit le martinet. Demain mes amis voleront jusqu’à la Deuxième Cataracte. L’hippopotame s’y accroupit parmi les roseaux, et sur une vaste demeure de granit est assis le dieu Memnon. Toute la nuit il regarde les étoiles, et quand brille celle du matin il pousse un cri de joie, puis se tait. À midi les lions jaunes descendent au bord de l’eau pour boire. Leurs yeux sont comme des béryls verts, et ils rugissent plus fort encore que la cataracte.
—Me esperan en Egipto —respondiĂł la Golondrina—. Mañana mis amigas volarán hacia la segunda catarata. AllĂ el hipopĂłtamo se acuesta entre los juncos y el dios MemnĂłn se alza sobre un gran trono de granito. Acecha a las estrellas durante la noche y cuando brilla Venus, lanza un grito de alegrĂa y luego calla. A mediodĂa, los rojizos leones bajan a beber a la orilla del rĂo. Sus ojos son verdes aguamarinas y sus rugidos más atronadores que los rugidos de la catarata.
«Martinet, martinet, petit martinet, dit le Prince. Là -bas, à l’autre bout de la ville, je vois un jeune homme dans une mansarde. Il se penche sur un bureau couvert de papiers. Dans un gobelet, près de lui, il y a un bouquet de violettes fanées. Ses cheveux sont bruns et crépus, ses lèvres rouges comme la grenade, et il a de grands yeux rêveurs. Il essaie de finir une pièce pour le directeur du Théâtre, mais il a trop froid pour continuer à écrire. Il n’y a pas de feu dans l’âtre, et la faim l’a fait s’évanouir.
—Golondrina, Golondrina, Golondrinita —dijo el PrĂncipe—, allá abajo, al otro lado de la ciudad, veo a un joven en una buhardilla. Está inclinado sobre una mesa cubierta de papeles y en un vaso a su lado hay un ramo de violetas marchitas. Su pelo es negro y rizoso y sus labios rojos como granos de granada. Tiene unos grandes ojos soñadores. Se esfuerza en terminar una obra para el director del teatro, pero siente demasiado frĂo para escribir más. No hay fuego ninguno en el aposento y el hambre le ha rendido.
— J’attendrai auprès de vous une seule autre nuit, dit le Martinet qui avait vraiment bon cœur. Lui porterai-je un autre rubis?
— Hélas! Je n’ai plus de rubis à présent, dit le Prince. Mes yeux sont tout ce qui me reste.
Ils sont faits de rares saphirs qu’on a rapportés de l’Inde il y a mille ans. Arraches-en un et apporte le-lui. Il le vendra au bijoutier, il achètera du bois et il finira sa pièce.
—Me quedarĂ© otra noche con vos —dijo la Golondrina, que tenĂa realmente buen corazĂłn—. ÂżDebo llevarle otro rubĂ?
—¡Ay! No tengo más rubĂes —dijo el PrĂncipe—. Mis ojos es lo Ăşnico que me queda. Son unos zafiros extraordinarios traĂdos de la India hace un millar de años. Arranca uno de ellos y llĂ©vaselo. Lo venderá a un joyero, se comprará alimento y combustible y concluirá su obra.
— Cher Prince, dit le Martinet, je ne peux pas faire cela, et il se mit à pleurer.
—Amado PrĂncipe —dijo la Golondrina—, no puedo hacer eso. Y se puso a llorar.
— Martinet, martinet, petit martinet, dit le Prince, fais ce que je t’ordonne.»
—¡Golondrina, Golondrina, Golondrinita! —dijo el PrĂncipe—. Haz lo que te pido.
Et le Martinet, ayant arraché l’œil du Prince, s’envola vers la mansarde de l’étudiant. Il était bien facile d’y entrer à cause d’un trou dans le toit. Le Martinet s’y engouffra et pénétra dans la pièce. Le jeune homme avait enfoui sa tête entre ses mains, aussi n’entendit-il pas le battement des ailes de l’oiseau. Mais quand il leva les yeux, il découvrit le beau saphir posé sur les violettes fanées.
Entonces la Golondrina arrancĂł el ojo del PrĂncipe y volĂł hacia la buhardilla del estudiante. Era fácil penetrar en ella porque habĂa un agujero en el techo. La Golondrina entrĂł por Ă©l como una flecha y se encontrĂł en la habitaciĂłn. El joven tenĂa la cabeza hundida en sus manos. No oyĂł el aleteo del pájaro y cuando levantĂł la cabeza, vio el hermoso zafiro colocado sobre las violetas marchitas.
— On commence à m’apprécier! s’écria-t-il. Cela sera venu de quelque fervent admirateur. Je peux finir ma pièce maintenant.»
Le jour suivant, le Martinet descendit jusqu’au port. Perché sur le mât d’un grand vaisseau, il contempla les matelots qui, à l’aide de cordes, hissaient de vastes coffres hors de la cale.
«Ho-Hisse!» criaient-ils chaque fois qu’un coffre s’élevait. «Je m’en vais en Égypte!» s’écriait le Martinet, nuis personne ne lui prêtait attention. Quand la lune se leva, il s’en revint auprès du Prince Heureux.
—Empiezo a ser estimado —exclamó—. Esto proviene de algún rico admirador. Ahora ya puedo terminar la obra.
Y parecĂa completamente feliz.
Al dĂa siguiente la Golondrina volĂł hacia el puerto. DescansĂł sobre el mástil de un gran navĂo y contemplĂł a los marineros que sacaban enormes cajas de la cala tirando de unos cabos.
—¡Ah, iza! —gritaban a cada caja que llegaba al puente.
—¡Me voy a Egipto! —les gritó la Golondrina.
Pero nadie le hizo caso, y al salir la luna, volviĂł hacia el PrĂncipe Feliz.
«Je suis venu vous faire mes adieux, lança-t-il.
—He venido para deciros adiós —le dijo.
— Martinet, martinet, petit martinet, dit le Prince, ne resteras-tu pas une nuit de plus auprès de moi?
—¡Golondrina, Golondrina, Golondrinita! —exclamĂł el PrĂncipe—. ÂżNo te quedarás conmigo una noche más?
— C’est l’hiver, répondit le Martinet, et bientôt la neige glaciale sera là . En Égypte le soleil est chaud sur les verts palmiers. Les crocodiles sont allongés dans la boue et regardent paresseusement autour d’eux. Mes compagnons bâtissent un nid dans le temple de Baalbec, et les colombes roses et blanches les regardent en roucoulant entre elles. Cher Prince, il faut que je vous quitte mais jamais je ne vous oublierai. Le printemps prochain je vous rapporterai deux bijoux magnifiques pour remplacer ceux que vous avez donnés. Le rubis sera plus rouge qu’une rose rouge, et le saphir aussi bleu que la mer immense.
—Es invierno —replicĂł la Golondrina— y pronto estará aquĂ la nieve glacial. En Egipto calienta el sol sobre las palmeras verdes. Los cocodrilos, acostados en el barro, miran perezosamente a los árboles, a orillas del rĂo. Mis compañeras construyen nidos en el templo de Baalbeck. Las palomas rosadas y blancas las siguen con los ojos y se arrullan. Amado PrĂncipe, tengo que dejaros, pero no os olvidarĂ© nunca y la primavera prĂłxima os traerĂ© de allá dos bellas piedras preciosas con que sustituir las que disteis. El rubĂ será más rojo que una rosa roja y el zafiro será tan azul como el ocĂ©ano.
— En bas, sur la place, se tient une petite marchande d’allumettes, dit le Prince Heureux.
Elle a laissé ses allumettes tomber dans le caniveau, et elles ont toutes été gâtées. Son père la battra si elle ne rapporte pas d’argent à la maison, et elle pleure. Elle n’a ni chaussures ni bas, et sa petite tête est nue. Arrache-moi mon autre œil, donne-le-lui et son père ne la battra pas.
—Allá abajo, en la plazoleta —contestĂł el PrĂncipe Feliz—, tiene su puesto una niña vendedora de cerillas. Se le han caĂdo las cerillas al arroyo, estropeándose todas. Su padre le pegará si no lleva algĂşn dinero a casa, y está llorando. No tiene ni medias ni zapatos y lleva la cabecita al descubierto. Arráncame el otro ojo, dáselo y su padre no le pegará.
— Je resterai une nuit de plus auprès de vous, dit le Martinet, mais je ne peux pas vous arracher votre œil. Vous seriez complètement aveugle.
— Martinet, martinet, petit martinet, dit le Prince, fais ce que je t’ordonne.»
—PasarĂ© otra noche con vos —dijo la Golondrina—, pero no puedo arrancaros el ojo porque entonces os quedarĂais ciego del todo.
—¡Golondrina, Golondrina, Golondrinita! —dijo el PrĂncipe—. Haz lo que te mando.
Ayant arraché l’autre œil du Prince, le Martinet s’élança. Il passa comme une flèche près de la marchande d’allumettes et lui glissa le joyau dans la paume de la main.
«Oh, le joli morceau de verre!» s’écria la petite fille qui rentra chez elle en riant.
Entonces la Golondrina volviĂł de nuevo hacia el PrĂncipe y emprendiĂł el vuelo llevándoselo.
Se posĂł sobre el hombro de la vendedorcita de cerillas y deslizĂł la joya en la palma de su mano.
—¡Qué bonito pedazo de cristal! —exclamó la niña. Y corrió a su casa muy alegre.
Alors le Martinet retourna auprès du Prince.
«Maintenant que vous voilà aveugle je resterai toujours auprès de vous.
Entonces la Golondrina volviĂł de nuevo hacia el PrĂncipe.
—Ahora estáis ciego. Por eso me quedaré con vos para siempre.
— Non, petit martinet, dit le pauvre Prince, il faut que tu partes pour l’Égypte.
—No, Golondrinita —dijo el pobre PrĂncipe—. Tienes que ir a Egipto.
— Je resterai toujours auprès de vous», dit le Martinet qui s’endormit auprès du Prince.
—Me quedarĂ© con vos para siempre —dijo la Golondrina. Y se durmiĂł entre los pies del PrĂncipe.
Pendant toute la journée du lendemain, il lui conta ce qu’il avait vu en étranges contrées. Il lui parla des longues rangées d’ibis rouges, debout au bord du Nil, qui happent dans leurs becs des cyprins dorés; du Sphinx, qui est aussi vieux que le monde lui-même — il vit dans le désert et connaît toute chose; des marchands qui marchent à pas lents au côté de leurs chameaux et tiennent à la main des chapelets d’ambre; du roi des montagnes de la Lune, qui est noir comme l’ébène et adore un vaste cristal; du grand Serpent vert qui dort dans un palmier et se fait nourrir de gâteaux au miel par vingt prêtres; et aussi des Pygmées qui, montés sur de larges feuilles plates, voguent à travers un grand lac et mènent une guerre perpétuelle contre les papillons.
Al dĂa siguiente se colocĂł sobre el hombro del PrĂncipe y le refiriĂł lo que habĂa visto en paĂses extraños. Le hablĂł de los ibis rojos que se sitĂşan en largas filas a orillas del Nilo y pescan a picotazos peces de oro; de la esfinge, que es tan vieja como el mundo, vive en el desierto y lo sabe todo; de los mercaderes que caminan lentamente junto a sus camellos, pasando las cuentas de unos rosarios de ámbar en sus manos; del rey de las montañas de la Luna, que es negro como el Ă©bano y que adora un gran bloque de cristal; de la gran serpiente verde que duerme en una palmera y a la cual están encargados de alimentar con pastelitos de miel veinte sacerdotes; y de los pigmeos que navegan por un gran lago sobre anchas hojas aplastadas y están siempre en guerra con las mariposas.
«Cher petit martinet, dit le Prince, tu me parles de merveilles, mais rien n’est plus merveilleux que la souffrance des hommes et des femmes. La Misère excède tout Mystère. Vole au-dessus de ma ville, petit martinet. Raconte moi ce que tu vois là -bas.»
—Querida Golondrinita —dijo el PrĂncipe—, me cuentas cosas maravillosas, pero más maravilloso aĂşn es lo que soportan los hombres y las mujeres. No hay misterio más grande que la miseria. Vuela por mi ciudad, Golondrinita, y dime lo que veas.
Et le Martinet survola la grande ville. Il vit les riches s’égayant dans leurs splendides demeures, tandis que les mendiants restaient assis devant les grilles. Il vola par de sombres ruelles et vit les faces blêmes des enfants affamés qui fixaient distraitement les rues noires. Sous l’arche d’un pont, deux petits garçons, pour se réchauffer, se serraient dans les bras l’un de l’autre. «Comme nous avons faim!» dirent-ils. «Interdit de dormir ici», cria le veilleur, et ils s’en allèrent sous la pluie.
Entonces la Golondrinita volĂł por la gran ciudad y vio a los ricos que se festejaban en sus magnĂficos palacios, mientras los mendigos estaban sentados a sus puertas.
VolĂł por los barrios sombrĂos y vio las pálidas caras de los niños que se morĂan de hambre, mirando con apatĂa las calles negras.
Bajo los arcos de un puente estaban acostados dos niñitos abrazados uno a otro para calentarse.
—¡QuĂ© hambre tenemos! —decĂan.
—¡No se puede estar tumbado aquĂ! —les gritĂł un guardia.
Y se alejaron bajo la lluvia.
Alors le Martinet s’en revint conter au Prince ce qu’il avait vu.
«Je suis couvert d’or fin, dit le Prince, il faut que tu l’enlèves feuille à feuille et que tu en fasses don à mes pauvres; les vivants s’imaginent toujours que l’or peut les rendre heureux.»
Entonces la Golondrina reanudĂł su vuelo y fue a contar al PrĂncipe lo que habĂa visto.
—Estoy cubierto de oro fino —dijo el PrĂncipe—; desprĂ©ndelo hoja por hoja y dáselo a mis pobres. Los hombres creen siempre que el oro puede hacerlos felices.
Une à une, le Martinet détacha les feuilles d’or fin jusqu’à ce que le Prince Heureux eût pris un aspect tout terne et gris. Une à une, il portait aux pauvres les feuilles d’or, et les visages des enfants en devenaient plus roses. Ils se mettaient à rire et à jouer en pleine rue. «Nous avons du pain maintenant!» s’écriaient-ils.
Hoja por hoja arrancĂł la Golondrina el oro fino hasta que el PrĂncipe Feliz se quedĂł sin brillo ni belleza. Hoja por hoja lo distribuyĂł entre los pobres, y las caritas de los niños se tornaron nuevamente sonrosadas y rieron y jugaron por la calle.
—¡Ya tenemos pan! —gritaban.
Puis vint la neige, et le gel après la neige. Les rues semblaient faites d’argent tant elles luisaient, étincelaient; tels des poignards de cristal, de longs glaçons pendaient aux avant-toits des maisons, tout le monde se promenait en fourrure, et les petits garçons, coiffés de casquettes cramoisies, patinaient sur la glace.
Entonces llegĂł la nieve y despuĂ©s de la nieve el hielo. Las calles parecĂan empedradas de plata por lo que brillaban y relucĂan.
Largos carámbanos, semejantes a puñales de cristal, pendĂan de los tejados de las casas. Todo el mundo se cubrĂa de pieles y los niños llevaban gorritos rojos y patinaban sobre el hielo.
Le pauvre petit martinet avait de plus en plus froid, mais il ne voulait pas quitter le prince. Il l’aimait trop tendrement. Lorsque le boulanger regardait ailleurs, il becquetait des miettes à la porte de la boulangerie et tentait de se réchauffer en battant des ailes.
La pobre Golondrina tenĂa frĂo, cada vez más frĂo, pero no querĂa abandonar al PrĂncipe: le amaba demasiado para hacerlo. Picoteaba las migas a la puerta del panadero cuando Ă©ste no la veĂa, e intentaba calentarse batiendo las alas.
Mais, au bout du compte, il sut qu’il allait mourir. Il eut tout juste la force de voler une fois de plus jusqu’à l’épaule du Prince.
«Au revoir, cher Prince! murmura-t-il. Me laisserez-vous baiser votre main?
Pero, al fin, sintiĂł que iba a morir. No tuvo fuerzas más que para volar una vez más sobre el hombro del PrĂncipe.
—¡AdiĂłs, amado PrĂncipe! —murmuró—. Permitid que os bese la mano.
— Petit martinet, je suis heureux que tu partes enfin pour l’Égypte, dit le Prince. Tu es resté ici trop longtemps. Mais tu dois me baiser les lèvres car je t’aime.
—Me da mucha alegrĂa que partas por fin para Egipto, Golondrina —dijo el PrĂncipe—. Has permanecido aquĂ demasiado tiempo. Pero tienes que besarme en los labios porque te amo.
«Ce n’est pas en Égypte que je vais», répondit le Martinet. «Je vais à la maison de la Mort. La Mort n’est-elle pas la sœur du Sommeil?»
—No es a Egipto adonde voy a ir —dijo la Golondrina—. Voy a ir a la morada de la Muerte. La Muerte es hermana del Sueño, ¿verdad?
Et il baisa les lèvres du Prince Heureux avant de tomber mort à ses pieds.
Y besando al PrĂncipe Feliz en los labios, cayĂł muerta a sus pies.
À cet instant, un étrange craquement se fit entendre à l’intérieur de la statue, comme si quelque chose s’y était brisé. Oui, le cœur de plomb venait de se fendre en deux morceaux.
Sans doute était-ce la faute d’un gel terriblement dur.
En el mismo instante sonĂł un extraño crujido en el interior de la estatua, como si se hubiera roto algo. El hecho es que la coraza de plomo se habĂa partido en dos. Realmente hacĂa un frĂo terrible.
Tôt le lendemain matin, le maire, accompagné des échevins, traversa la place en contrebas.
Lorsqu’ils passèrent devant la colonne, il leva les yeux vers la statue :
«Mon Dieu! Le Prince semble en bien piteux état! dit-il.
A la mañana siguiente, muy temprano, el alcalde se paseaba por la plazoleta con dos concejales de la ciudad. Al pasar junto al pedestal, levantó sus ojos hacia la estatua.
—¡Dios mĂo! —exclamó—. ¡QuĂ© andrajoso parece el PrĂncipe Feliz!
— Piteux état en vérité!» s’exclamèrent les échevins qui étaient toujours d’accord avec le maire, et ils montèrent l’examiner.
—¡SĂ, está verdaderamente andrajoso! —dijeron los concejales de la ciudad, que eran siempre de la opiniĂłn del alcalde.
Y levantaron ellos mismos la cabeza para mirar la estatua.
«Le rubis est tombé de son épée, ses yeux ont disparu, il n’est plus doré, dit le maire. Vrai, il ne vaut guère mieux qu’un mendiant!
—El rubĂ de su espada se ha caĂdo y ya no tiene ojos, ni es dorado —dijo el alcalde—. En resumidas cuentas, que está lo mismo que un pordiosero.
— Guère mieux qu’un mendiant, reprirent les échevins.
— Et voilà -t-il pas un oiseau mort à ses pieds! continua le maire. Décidément, il nous faut proclamer que les oiseaux n’ont pas le droit de mourir ici.» Le secrétaire de mairie prit bonne note de la suggestion.
—¡Lo mismo que un pordiosero! —repitieron a coro los concejales.
—Y tiene a sus pies un pájaro muerto —prosiguiĂł el alcalde—. Realmente habrá que promulgar un bando prohibiendo a los pájaros que mueran aquĂ.
Y el secretario del Ayuntamiento tomĂł nota para aquella idea.
On abattit donc la statue du Prince Heureux.
«N’ayant plus de beauté, le prince n’est plus utile», dit le professeur d’art à l’université.
Entonces fue derribada la estatua del PrĂncipe Feliz.
—¡Al no ser ya bello, de nada sirve! —dijo el profesor de estética de la Universidad.
Alors on fondit la statue dans une fournaise, et le maire réunit un conseil de la guilde pour décider de ce qu’on ferait du métal.
«Bien entendu, il nous faut une autre statue : la mienne, déclara-t-il.
Entonces fundieron la estatua en un horno y el alcalde reuniĂł al Concejo en sesiĂłn para decidir lo que debĂa hacerse con el metal.
—PodrĂamos —propuso— hacer otra estatua. La mĂa, por ejemplo.
— La mienne», répétèrent tous les échevins, et ils se querellèrent. La dernière fois que j’entendis parler d’eux, ils se querellaient encore.
—O la mĂa —dijo cada uno de los concejales. Y acabaron disputando.
«Comme c’est bizarre! dit le contremaître de la fonderie. Ce cœur de plomb brisé se refuse à fondre dans la fournaise. Il nous faut le jeter,» On le jeta donc sur un tas d’ordures où gisait le Martinet mort.
—¡Qué cosa más rara! —dijo el oficial primero de la fundición—. Este corazón de plomo no quiere fundirse en el horno; habrá que tirarlo como desecho.
Los fundidores lo arrojaron al montĂłn de basura en que yacĂa la golondrina muerta.
«Apportez-moi les deux objets les plus précieux de la ville», demanda Dieu à l’un de ses anges; et l’ange lui apporta le cœur de plomb et l’oiseau mort.
—Tráeme las dos cosas más preciosas de la ciudad —dijo Dios a uno de sus ángeles.
Y el ángel se llevó el corazón de plomo y el pájaro muerto.
«Tu as justement choisi, dit Dieu, car dans mon jardin de paradis ce petit oiseau chantera à jamais, et dans ma ville d’or le Prince Heureux chantera mes louanges.»
—Has elegido bien —dijo Dios—. En mi jardĂn del ParaĂso este pajarillo cantará eternamente, y en mi ciudad de oro el PrĂncipe Feliz repetirá mis alabanzas.
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