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The Happy Prince / Le Prince Heureux — in English and French

English-French bilingual book

Oscar Wilde

The Happy Prince

Oscar Wilde

Le Prince Heureux

Traduction par Albert Savine.

High above the city, on a tall column, stood the statue of the Happy Prince. He was gilded all over with thin leaves of fine gold; for eyes he had two bright sapphires, and a large red ruby glowed on his sword-hilt.

Tout en haut de la cité, sur une petite colonne, se dressait la statue du Prince Heureux.
Elle était toute revêtue de chèvre-feuille d’or fin. Elle avait, en guise d’yeux, deux brillants saphirs et un grand rubis rouge ardait à la poignée de son épée.

He was very much admired indeed. “He is as beautiful as a weathercock,” remarked one of the Town Councillors who wished to gain a reputation for having artistic tastes; “only not quite so useful,” he added, fearing lest people should think him unpractical, which he really was not.

Aussi, on l’admirait beaucoup.
— Il est aussi beau qu’une girouette, remarquait un des membres du Conseil de ville qui désirait s’acquérir une réputation de connaisseur en art.
— Seulement, il n’est pas aussi utile, ajoutait-il, craignant qu’on ne le prît pour un homme peu pratique.
Et certes, il ne l’était pas.

“Why can’t you be like the Happy Prince?” asked a sensible mother of her little boy who was crying for the moon. “The Happy Prince never dreams of crying for anything.”

— Pourquoi n’êtes-vous pas comme le Prince Heureux ? demandait une mère sensible à son petit garçon qui réclamait la lune. Le Prince Heureux n’aurait jamais songé à demander quelque chose à tout cri.

“I am glad there is some one in the world who is quite happy,” muttered a disappointed man as he gazed at the wonderful statue.

— Je suis heureux qu’il y ait quelqu’un au monde qui soit tout à fait heureux, murmurait un homme à qui rien n’avait réussi, en regardant la merveilleuse statue.

“He looks just like an angel,” said the Charity Children as they came out of the cathedral in their bright scarlet cloaks, and their clean white pinafores.

— Il a vraiment l’air d’un ange, disaient les enfants de la charité en sortant de la cathédrale, vêtus de leurs superbes manteaux écarlates et avec leurs jolies vestes blanches.

“How do you know?” said the Mathematical Master, “you have never seen one.”

— À quoi le voyez-vous ? répliquait le maître de mathématiques, vous n’en avez jamais vu un.

“Ah! but we have, in our dreams,” answered the children; and the Mathematical Master frowned and looked very severe, for he did not approve of children dreaming.

— Oh ! nous en avons vu dans nos rêves, répondaient les enfants.
Et le maître de mathématiques fronçait les sourcils et prenait un air sévère, car il ne pouvait approuver que des enfants se permissent de rêver.

One night there flew over the city a little Swallow. His friends had gone away to Egypt six weeks before, but he had stayed behind, for he was in love with the most beautiful Reed. He had met her early in the spring as he was flying down the river after a big yellow moth, and had been so attracted by her slender waist that he had stopped to talk to her.

Une nuit, une petite Hirondelle vola à tire d’ailes vers la cité. Six semaines avant, ses amies étaient parties pour l’Égypte, mais elle était demeurée en arrière. Elle était éprise du plus beau des roseaux.
Elle l’avait rencontré au début du printemps comme elle volait sur la rivière à la poursuite d’un grand papillon jaune, et sa taille svelte avait eu tant d’attrait pour elle qu’elle s’était arrêtée pour lui parler.

“Shall I love you?” said the Swallow, who liked to come to the point at once, and the Reed made him a low bow. So he flew round and round her, touching the water with his wings, and making silver ripples.

— Vous aimerai-je, avait dit l’Hirondelle, qui aimait aller droit au but.
Et le roseau lui avait fait un salut profond.
Alors l’Hirondelle avait voleté autour de lui, effleurant l’eau de ses ailes et y traçant des sillages d’argent.

This was his courtship, and it lasted all through the summer.

C’était sa façon de faire sa cour, et ainsi s’écoula tout l’été.

“It is a ridiculous attachment,” twittered the other Swallows, “she has no money, and far too many relations”; and indeed the river was quite full of Reeds. Then, when the autumn came, they all flew away.

— C’est un ridicule attachement, gazouillaient les autres hirondelles. Ce roseau n’a pas le sou, et il a vraiment trop de famille. En effet, la rivière était toute couverte de roseaux. Alors que vint l’automne, toutes les hirondelles prirent leur vol.

After they had gone he felt lonely, and began to tire of his lady-love. “She has no conversation,” he said, “and I am afraid that she is a coquette, for she is always flirting with the wind.” And certainly, whenever the wind blew, the Reed made the most graceful curtsies. “I admit that she is domestic,” he continued, “but I love travelling, and my wife, consequently, should love travelling also.”

Quand elles furent parties, leur amie se sentit isolée et commença à se lasser de son amoureux.
— Il ne sait pas causer, disait-elle ; et, puis, je crains qu’il ne soit volage, car il flirte sans cesse avec la brise.
Et, certes, toutes les fois qu’il faisait de la brise, le roseau multipliait ses plus gracieuses politesses.
— Je comprends qu’il est casanier, murmurait l’Hirondelle. Moi, j’aime les voyages. Donc, qui m’aime doit aimer à voyager avec moi.

“Will you come away with me?” he said finally to her; but the Reed shook her head, she was so attached to her home.

— Voulez-vous me suivre ? demanda enfin l’Hirondelle au roseau. Mais le roseau secoua sa tête. Il était trop attaché à son chez lui.

“You have been trifling with me,” he cried. “I am off to the Pyramids. Goodbye!” and he flew away.

— Vous vous êtes joué de moi, lui cria l’Hirondelle. Je m’en vais aux Pyramides, adieu !
Et l’Hirondelle s’en alla.

All day long he flew, and at night-time he arrived at the city.

Tout le long du jour, elle avait volé et, à la nuit, elle arriva à la ville.

“Where shall I put up?” he said; “I hope the town has made preparations.”

— Où chercherai-je un abri ? se dit-elle. J’espère que la ville aura fait des préparatifs pour me recevoir.

Then he saw the statue on the tall column. “I will put up there,” he cried; “it is a fine position with plenty of fresh air.” So he alighted just between the feet of the Happy Prince.

Alors, elle aperçut la statue sur la petite colonne.
— Je vais me percher là, cria-t-elle. Le site est joli. Il y a beaucoup d’air frais.
De la sorte elle vint s’abattre tout juste entre les pieds du Prince Heureux.

“I have a golden bedroom he said softly to himself as he looked round, and he prepared to go to sleep; but just as he was putting his head under his wing a large drop of water fell on him. “What a curious thing!” he cried. “there is not a single cloud in the sky, the stars are quite clear and bright, and yet it is raining. The climate in the north of Europe is really dreadful. The Reed used to like the rain, but that was merely her selfishness.”

— J’ai une chambre dorée, se disait-elle doucement après avoir regardé autour d’elle. Et elle se prépara à dormir. Mais, comme elle mettait sa tête sous son aile, voici qu’une large goutte d’eau tomba sur elle.
— Comme c’est curieux ! s’écria-t-elle. Il n’y a pas un nuage au ciel, les étoiles sont tout à fait claires et brillantes, et voilà qu’il pleut ! Le climat du nord de l’Europe est vraiment étrange. Le roseau aimait la pluie, mais c’était pur égoïsme de sa part.

Then another drop fell.

Alors une nouvelle goutte vint Ă  tomber.

“What is the use of a statue if it cannot keep the rain off?” he said; “I must look for a good chimney-pot,” and he determined to fly away.

— À quoi sert une statue, si elle ne garantit pas de la pluie, fit l’Hirondelle. Je vais chercher un bon auvent de cheminée.
Et elle se décidait à prendre son vol plus loin.

But before he had opened his wings, a third drop fell, and he looked up, and saw. Ah! what did he see? The eyes of the Happy Prince were filled with tears, and tears were running down his golden cheeks. His face was so beautiful in the moonlight that the little Swallow was filled with pity.

Mais avant qu’elle n’ouvrît ses ailes, une troisième goutte tomba. L’Hirondelle regarda au-dessus d’elle et elle vit… Ah ! que vit-elle ? Les yeux du Prince Heureux étaient pleins de larmes, et les larmes coulaient sur ses joues d’or. Son visage était si beau au clair de lune, que la petite Hirondelle se sentit envahie par la pitié.

“Who are you?” he said.

— Qui êtes-vous ? dit-elle.

“I am the Happy Prince.”

— Je suis le Prince Heureux.

“Why are you weeping then?” asked the Swallow; “you have quite drenched me.”

— Alors, pourquoi pleurnichez-vous comme cela ? demanda l’Hirondelle. Vous m’avez presque trempée.

“When I was alive and had a human heart,” answered the statue, “I did not know what tears were, for I lived in the Palace of Sans Souci, where sorrow is not allowed to enter. In the day time I played with my companions in the garden, and in the evening I led the dance in the Great Hall. Round the garden ran a very lofty wall, but I never cared to ask what lay beyond it, everything about me was so beautiful. My courtiers called me the Happy Prince, and happy indeed I was, if pleasure be happiness. So I lived, and so I died. And now that I am dead they have set me up here so high that I can see all the ugliness and all the misery of my city, and though my heart is made of lead yet I cannot choose but weep.”

— Quand j’étais vivant et que j’avais un cœur d’homme, répliqua la statue, je ne savais pas ce que c’était que les larmes, car je vivais au Palais de Sans-Souci, dont on ne permet pas l’entrée au chagrin. Le jour, je jouais avec mes compagnons dans le jardin et, le soir, je dansais dans le grand hall. Autour du jardin courait une très haute muraille, mais je n’eus jamais fantaisie de ce qu’il y avait au delà de cette muraille, tout ce qui m’entourait était si beau. Mes courtisans m’appelaient le Prince Heureux, et certes, j’étais vraiment heureux si le plaisir c’est le bonheur. Ainsi je vécus, ainsi je mourus, et, maintenant que je suis mort, ils m’ont huché si haut que je puis voir toutes les laideurs et toutes les misères de ma ville, et quoique mon cœur soit de plomb, il ne me reste d’autre ressource que de pleurer.

“What, is he not solid gold?” said the Swallow to himself. He was too polite to make any personal remarks out loud.

— Quoi ! il n’est pas d’or de bon aloi, pensa l’Hirondelle à part elle.
Elle était trop bien élevée pour faire tout haut aucune remarque sur les gens.

“Far away,” continued the statue in a low musical voice, “far away in a little street there is a poor house. One of the windows is open, and through it I can see a woman seated at a table. Her face is thin and worn, and she has coarse red hands, all pricked by the needle, for she is a seamstress. She is embroidering passion-flowers on a satin gown for the loveliest of the Queen’s maids-of-honour to wear at the next Court-ball. In a bed in the corner of the room her little boy is lying ill. He has a fever, and is asking for oranges. His mother has nothing to give him but river water, so he is crying. Swallow, Swallow, little Swallow, will you not bring her the ruby out of my sword-hilt? My feet are fastened to this pedestal and I cannot move.”

— Là-bas, continua la statue, de sa voix basse et musicale, là-bas, dans une petite rue, il est une pauvre maison. Une des fenêtres est ouverte et, par elle, je puis voir une femme assise à une table. Son visage est amaigri et usé. Elle a des mains épaisses, rougeaudes, toutes piquées par l’aiguille, car elle est couturière. Elle brode des fleurs de la Passion sur une robe de satin que doit porter, au prochain bal de la cour, la plus belle des demoiselles d’honneur de la Reine. Dans un lit, au coin de la chambre, gît son petit garçon malade. Il a la fièvre et il demande des oranges. Sa mère n’a rien à lui donner que de l’eau de la rivière. Aussi il pleure. Hirondelle, Hirondelle, petite Hirondelle, ne voulez-vous pas lui porter le rubis de la garde de mon épée ? Mes pieds sont attachés au piédestal et je ne puis bouger.

“I am waited for in Egypt,” said the Swallow. “My friends are flying up and down the Nile, and talking to the large lotus-flowers. Soon they will be going to sleep in the tomb of the great King. The King is there himself in his painted coffin. He is wrapped in yellow linen, and embalmed with spices. Round his neck is a chain of pale green jade, and his hands are like withered leaves.”

— Je suis attendue en Égypte, répondit l’Hirondelle. Mes amies voltigent de çà de là sur le Nil et bavardent avec les grands lotus. Bientôt elles iront dormir dans le tombeau du Grand Roi. Le Roi y est lui-même dans son cercueil de bois. Il est enveloppé d’une toile jaune et embaumé avec des aromates. Autour de son cou, il a une chaîne de jade vert pâle et ses mains sont comme des feuilles sèches.

“Swallow, Swallow, little Swallow,” said the Prince, “will you not stay with me for one night, and be my messenger? The boy is so thirsty, and the mother so sad.”

— Hirondelle, Hirondelle, petite Hirondelle, dit le Prince, ne resterez-vous pas avec moi une nuit, et ne serez-vous pas ma messagère ? L’enfant a tant soif et la mère est si triste.

“I don’t think I like boys,” answered the Swallow. “Last summer, when I was staying on the river, there were two rude boys, the miller’s sons, who were always throwing stones at me. They never hit me, of course; we swallows fly far too well for that, and besides, I come of a family famous for its agility; but still, it was a mark of disrespect.”

— Je ne pense pas que j’aime les enfants, répondit l’Hirondelle. L’été dernier quand je séjournais au bord de la rivière, deux garçons mal élevés, les enfants du meunier, ne cessaient pas de me jeter des pierres. Certes, ils ne m’atteignaient jamais. Nous autres hirondelles, nous volons trop bien pour cela, et, en outre, je suis d’une famille célèbre par son agilité, mais quand même c’était une marque d’irrespect.

But the Happy Prince looked so sad that the little Swallow was sorry. “It is very cold here,” he said; “but I will stay with you for one night, and be your messenger.”

Mais le regard du Prince Heureux était si triste que la petite Hirondelle en fut toute chagrine.
— Il fait bien froid ici, dit-elle, mais je resterai une nuit avec vous et je serai votre messagère.

“Thank you, little Swallow,” said the Prince.

— Merci, petite Hirondelle, répondit le prince.

So the Swallow picked out the great ruby from the Prince’s sword, and flew away with it in his beak over the roofs of the town.

Alors la petits Hirondelle arracha le grand rubis de l’épée du Prince, et, l’emportant dans son bec, prit son vol par dessus les toits de la ville.

He passed by the cathedral tower, where the white marble angels were sculptured. He passed by the palace and heard the sound of dancing. A beautiful girl came out on the balcony with her lover. “How wonderful the stars are,” he said to her, “and how wonderful is the power of love!” “I hope my dress will be ready in time for the State-ball,” she answered; “I have ordered passion-flowers to be embroidered on it; but the seamstresses are so lazy.”

Elle passa sur la tour de la cathédrale où des anges étaient sculptés en marbre blanc. Elle passa sur le Palais et entendit de la musique de danse. Une belle jeune fille parut sur le balcon avec son amoureux.
— Combien les étoiles sont belles, lui dit-il, et combien est puissante la force de l’amour !
— Je voudrais que ma robe soit prête pour la bal officiel, répondit-elle. J’ai commandé d’y broder des fleurs de la passion, mais les couturières sont si négligentes.

He passed over the river, and saw the lanterns hanging to the masts of the ships. He passed over the Ghetto, and saw the old Jews bargaining with each other, and weighing out money in copper scales. At last he came to the poor house and looked in. The boy was tossing feverishly on his bed, and the mother had fallen asleep, she was so tired. In he hopped, and laid the great ruby on the table beside the woman’s thimble. Then he flew gently round the bed, fanning the boy’s forehead with his wings. “How cool I feel,” said the boy, “I must be getting better”; and he sank into a delicious slumber.

Elle passa sur la rivière et vit les lanternes suspendues au mât des barques. Elle passa sur le ghetto et vit les vieux juifs qui faisaient des affaires entre eux et pesaient des monnaies dans des balances de cuivre. Enfin, elle arriva à la pauvre demeure et y jeta un coup d’œil. L’enfant s’agitait fiévreusement dans son lit et sa mère s’était endormie tant elle était fatiguée. L’Hirondelle sautilla dans la chambre et mit le grand rubis sur la table, sur le dé de la couturière. Puis elle voleta doucement autour du lit, éventant de ses ailes le visage de l’enfant.
— Quelle douce fraîcheur je ressens ! fit l’enfant. Je dois aller mieux.
Et il tomba dans un délicieux sommeil.

Then the Swallow flew back to the Happy Prince, and told him what he had done. “It is curious,” he remarked, “but I feel quite warm now, although it is so cold.”

Alors l’Hirondelle s’en fut à tire d’ailes vers le Prince Heureux et lui dit ce qu’elle avait fait.
— C’est curieux, remarqua-t-elle, mais maintenant je sens presque de la chaleur, et cependant il fait bien froid.

“That is because you have done a good action,” said the Prince. And the little Swallow began to think, and then he fell asleep. Thinking always made him sleepy.

— C’est parce que vous avez fait une bonne action, répliqua le Prince.
Et la petite Hirondelle commença à réfléchir et alors elle s’endormit. Toutes les fois qu’elle réfléchissait, elle s’endormait.

When day broke he flew down to the river and had a bath. “What a remarkable phenomenon,” said the Professor of Ornithology as he was passing over the bridge. “A swallow in winter!” And he wrote a long letter about it to the local newspaper. Every one quoted it, it was full of so many words that they could not understand.

Quand parut l’aube, elle vola vers la rivière et prit un bain.
— Voilà un remarquable phénomène ! s’écria le professeur d’ornithologie qui passait sur le pont. Une Hirondelle en hiver !
Et il écrivit à ce sujet une longue lettre à une feuille locale. Tout le monde la cita. Elle était pleine de tant de mots qu’on ne pouvait comprendre.

“To-night I go to Egypt,” said the Swallow, and he was in high spirits at the prospect. He visited all the public monuments, and sat a long time on top of the church steeple. Wherever he went the Sparrows chirruped, and said to each other, “What a distinguished stranger!” so he enjoyed himself very much.

— Ce soir je pars pour l’Égypte, se disait l’Hirondelle.
Et, à cette perspective, elle était toute joyeuse. Elle visita tous les monuments publics et se reposa longtemps sur le sommet du clocher de l’église. Partout où elle allait, les pierrots gazouillaient. Ils se disaient les uns aux autres :
— Combien cette étrangère est distinguée !
Cela la remplissait de joie.

When the moon rose he flew back to the Happy Prince. “Have you any commissions for Egypt?” he cried. “I am just starting.”

Quand la lune se leva, elle retourna à tire d’ailes vers le Prince Heureux.
— Avez-vous quelques commissions pour l’Égypte ? lui cria-t-elle. Je suis sur mon départ.

“Swallow, Swallow, little Swallow,” said the Prince, “will you not stay with me one night longer?”

— Hirondelle, Hirondelle, petite Hirondelle ! dit le Prince, ne resterez-vous pas avec moi encore une nuit ?

“I am waited for in Egypt,” answered the Swallow. “To-morrow my friends will fly up to the Second Cataract. The river-horse couches there among the bulrushes, and on a great granite throne sits the God Memnon. All night long he watches the stars, and when the morning star shines he utters one cry of joy, and then he is silent. At noon the yellow lions come down to the water’s edge to drink. They have eyes like green beryls, and their roar is louder than the roar of the cataract.”

— On m’attend en Égypte, répondit l’Hirondelle. Demain mes amies s’y envoleront vers la seconde cataracte. Là l’hippopotame se couche parmi les joncs et le Dieu Memnon se dresse sur un grand trône de granit. Toute la nuit il guette les étoiles, et, quand l’étoile du matin brille, il pousse un cri de joie et ensuite il se tait. À midi, les lions jaunes descendent boire au bord du fleuve. Ils ont des yeux comme des algues marines vertes et leurs rugissements sont bien plus éclatants que les rugissements de la cataracte.

“Swallow, Swallow, little Swallow,” said the Prince, “far away across the city I see a young man in a garret. He is leaning over a desk covered with papers, and in a tumbler by his side there is a bunch of withered violets. His hair is brown and crisp, and his lips are red as a pomegranate, and he has large and dreamy eyes. He is trying to finish a play for the Director of the Theatre, but he is too cold to write any more. There is no fire in the grate, and hunger has made him faint.”

— Hirondelle, Hirondelle, petite Hirondelle, dit le Prince, tout là-bas de l’autre côté de la ville, je vois un jeune homme dans un grenier. Il est penché sur un bureau couvert de papiers et, dans un verre à côté de lui, il y a un bouquet de violettes fanées. Sa chevelure est brune et frisée. Ses lèvres sont rouges comme des grains de grenade. Il a de grands yeux rêveurs. Il s’efforce de finir une pièce pour le directeur du théâtre, mais il a trop froid pour écrire davantage. Il n’y a pas de feu dans le galetas et la faim l’a abattu sans forces.

“I will wait with you one night longer,” said the Swallow, who really had a good heart. “Shall I take him another ruby?” “Alas! I have no ruby now,” said the Prince; “my eyes are all that I have left. They are made of rare sapphires, which were brought out of India a thousand years ago. Pluck out one of them and take it to him. He will sell it to the jeweller, and buy food and firewood, and finish his play.”

— Je demeurerai encore une nuit avec vous, dit l’Hirondelle, qui avait réellement un bon cœur. Dois-je lui porter un autre rubis ?
— Hélas ! je n’ai plus de rubis, dit le Prince. Mes yeux sont la seule chose qui me reste. Ce sont de rares saphirs qui furent rapportés des Indes il y a un millier d’années. Arrachez l’un d’eux et prenez-le pour lui. Il le vendra à un joaillier. Il achètera de quoi se nourrir et de quoi se chauffer et finira sa pièce.

“Dear Prince,” said the Swallow, “I cannot do that”; and he began to weep.

— Cher Prince, dit l’Hirondelle, je ne puis faire cela.
Et elle se mit Ă  pleurer.

“Swallow, Swallow, little Swallow,” said the Prince, “do as I command you.”

— Hirondelle, Hirondelle, petite Hirondelle ! dit le Prince. Faites ce que je vous commande.

So the Swallow plucked out the Prince’s eye, and flew away to the student’s garret. It was easy enough to get in, as there was a hole in the roof. Through this he darted, and came into the room. The young man had his head buried in his hands, so he did not hear the flutter of the bird’s wings, and when he looked up he found the beautiful sapphire lying on the withered violets.

Alors l’Hirondelle arracha l’œil du Prince et s’envola vers le galetas de l’étudiant. Il était facile d’y pénétrer, car il y avait un trou dans le toit. L’Hirondelle y entra comme un trait et sautilla par la pièce. Le jeune homme avait la tête plongée dans ses mains. Il n’entendit pas le trémoussement des ailes de l’oiseau et, quand il releva la tête, il vit le beau saphir couché sur les violettes fanées.

“I am beginning to be appreciated,” he cried; “this is from some great admirer. Now I can finish my play,” and he looked quite happy. The next day the Swallow flew down to the harbour. He sat on the mast of a large vessel and watched the sailors hauling big chests out of the hold with ropes. “Heave a-hoy!” they shouted as each chest came up. “I am going to Egypt!” cried the Swallow, but nobody minded, and when the moon rose he flew back to the Happy Prince.

— Je commence à être apprécié, s’écria-t-il. Ceci vient de quelque riche admirateur. Maintenant je puis finir ma pièce.
Et il semblait tout à fait heureux. Le jour suivant, l’Hirondelle s’envola vers le port. Elle se reposa sur le mât d’un grand navire et contempla les matelots qui halaient d’énormes caisses hors de la cale avec des cordes.
— Ah-hisse ! criaient-ils à chaque caisse qui arrivait sur le pont.
— Je vais en Égypte, leur cria l’Hirondelle.
Mais personne ne prenait garde Ă  elle et, quand la lune se leva, elle retourna vers le Prince Heureux.

“I am come to bid you good-bye,” he cried.

— Je suis venue vous dire adieu, lui dit-elle.

“Swallow, Swallow, little Swallow,” said the Prince, “will you not stay with me one night longer?”

— Hirondelle, Hirondelle, petite Hirondelle ! dit le Prince. Ne resterez-vous pas avec moi encore une nuit ?

“It is winter,” answered the Swallow, “and the chill snow will soon be here. In Egypt the sun is warm on the green palm-trees, and the crocodiles lie in the mud and look lazily about them. My companions are building a nest in the Temple of Baalbec, and the pink and white doves are watching them, and cooing to each other. Dear Prince, I must leave you, but I will never forget you, and next spring I will bring you back beautiful jewels in place of those you have given away. The ruby shall be redder than a red rose, and the sapphire shall be as blue as the great sea.”

— C’est l’hiver, répliqua l’Hirondelle, et la neige glaciale sera bientôt ici. En Égypte, le soleil est chaud sur les palmiers verts. Les crocodiles, couchés dans la boue, regardent paresseusement les arbres au bord du fleuve. Mes compagnes construisent des nids dans le temple de Baalbeck. Les colombes roses et blanches les suivent des yeux et roucoulent alternativement. Cher Prince, il faut que je vous quitte, mais je ne vous oublierai jamais et, le printemps prochain, je vous apporterai de là-bas deux beaux joyaux pour remplacer ceux que vous avez donnés. Le rubis sera plus rouge qu’une rose rouge et le saphir sera aussi bleu que la grande mer.

“In the square below,” said the Happy Prince, “there stands a little match-girl. She has let her matches fall in the gutter, and they are all spoiled. Her father will beat her if she does not bring home some money, and she is crying. She has no shoes or stockings, and her little head is bare. Pluck out my other eye, and give it to her, and her father will not beat her.”

— Là-dessous, dans le square, répliqua le Prince Heureux, stationne une petite marchande d’allumettes. Elle a laissé tomber ses allumettes dans le ruisseau et elles sont toutes gâtées. Son père la battra, si elle ne rapporte pas quelque argent au logis, et elle pleure. Elle n’a ni souliers ni bas et sa petite tête est nue. Arrache-moi mon autre œil et donne-le lui, et son père ne la battra pas.

“I will stay with you one night longer,” said the Swallow, “but I cannot pluck out your eye. You would be quite blind then.” “Swallow, Swallow, little Swallow,” said the Prince, “do as I command you.”

— Je passerai encore une nuit avec vous, dit l’Hirondelle, mais je ne puis vous arracher un œil. Alors vous seriez tout à fait aveugle.
— Hirondelle, Hirondelle, petite Hirondelle ! dit le Prince. Faites ce que je vous commande.

So he plucked out the Prince’s other eye, and darted down with it. He swooped past the match-girl, and slipped the jewel into the palm of her hand. “What a lovely bit of glass,” cried the little girl; and she ran home, laughing.

Alors l’Hirondelle arracha le second œil du Prince et prit son vol en l’emportant. Elle s’abattit sur l’épaule de la petite marchande d’allumettes et glissa le joyau dans la paume de la main.
— Le joli morceau de verre ! s’écria la petite fille.
Et, toute rieuse, elle courut chez elle.

Then the Swallow came back to the Prince. “You are blind now,” he said, “so I will stay with you always.”

Alors l’Hirondelle revint encore vers le Prince.
— Maintenant vous êtes aveugle, dit-elle. Alors je vais rester avec vous pour toujours.

“No, little Swallow,” said the poor Prince, “you must go away to Egypt.”

— Non, petite Hirondelle, dit le pauvre Prince. Il faut que vous alliez en Égypte.

“I will stay with you always,” said the Swallow, and he slept at the Prince’s feet.

— Je resterai toujours avec vous, dit l’Hirondelle.
Et elle s’endormit entre les pieds du Prince.

All the next day he sat on the Prince’s shoulder, and told him stories of what he had seen in strange lands. He told him of the red ibises, who stand in long rows on the banks of the Nile, and catch gold fish in their beaks; of the Sphinx, who is as old as the world itself, and lives in the desert, and knows everything; of the merchants, who walk slowly by the side of their camels, and carry amber beads in their hands; of the King of the Mountains of the Moon, who is as black as ebony, and worships a large crystal; of the great green snake that sleeps in a palm-tree, and has twenty priests to feed it with honey-cakes; and of the pygmies who sail over a big lake on large flat leaves, and are always at war with the butterflies.

Le jour suivant, elle se campa sur l’épaule du Prince et lui conta des récits de ce qu’elle avait vu dans des pays étranges. Elle lui parla d’ibis rouges qui se tiennent, en longues rangées, sur les rives du Nil et pêchent à coups de bec des poissons d’or, du Sphinx qui est aussi vieux que le monde, vit dans le désert et connaît toutes choses ; des marchands qui marchent lentement près de leurs chameaux et roulent des chapelets d’ambre dans leurs mains ; du roi des montagnes de la Lune, qui est noir comme l’ébène et adore un grand bloc de cristal ; du grand serpent vert qui dort dans un palmier et que vingt prêtres sont chargés de nourrir de gâteaux de miel ; et des pygmées qui naviguent sur un grand lac sur de larges feuilles plates et sont toujours en guerre avec les papillons.

“Dear little Swallow,” said the Prince, “you tell me of marvellous things, but more marvellous than anything is the suffering of men and of women. There is no Mystery so great as Misery. Fly over my city, little Swallow, and tell me what you see there.”

— Chère petite Hirondelle, dit le Prince, vous me dites de merveilleuses choses, mais plus merveilleux est ce que supportent les hommes et les femmes. Il n’y a pas de mystère aussi grand que la misère. Vole par ma ville, petite Hirondelle, et dis-moi ce que tu y vois.

So the Swallow flew over the great city, and saw the rich making merry in their beautiful houses, while the beggars were sitting at the gates. He flew into dark lanes, and saw the white faces of starving children looking out listlessly at the black streets. Under the archway of a bridge two little boys were lying in one another’s arms to try and keep themselves warm. “How hungry we are!” they said. “You must not lie here,” shouted the Watchman, and they wandered out into the rain.

Alors la petite Hirondelle vola par la grande ville et vit les riches qui se réjouissaient dans leurs Palais superbes tandis que les mendiants étaient assis à leurs portes. Elle vola par les ruelles sombres et vit les visages pâles d’enfants mourant de faim qui regardaient avec insouciance les rues noires. Sous les arches d’un pont, deux petits enfants étaient couchés dans les bras l’un de l’autre pour tâcher de se tenir chaud.
— Comme nous avons faim ! disaient-ils.
— Il ne faut pas rester couchés ici ! leur cria le sergent de ville.
Et ils s’éloignèrent sous la pluie.

Then he flew back and told the Prince what he had seen. “I am covered with fine gold,” said the Prince, “you must take it off, leaf by leaf, and give it to my poor; the living always think that gold can make them happy.”

Alors l’Hirondelle reprit son vol et alla dire au Prince ce qu’elle avait vu.
— Je suis couvert d’or fin, dit le Prince ; détachez-le feuille à feuille et donnez-le à mes pauvres. Les hommes croient toujours que l’or peut les rendre heureux.

Leaf after leaf of the fine gold the Swallow picked off, till the Happy Prince looked quite dull and grey. Leaf after leaf of the fine gold he brought to the poor, and the children’s faces grew rosier, and they laughed and played games in the street. “We have bread now!” they cried.

Feuille à feuille, l’Hirondelle arracha l’or fin jusqu’à ce que le Prince Heureux n’eût plus ni éclat ni beauté. Feuille à feuille, elle distribua l’or fin aux pauvres et les visages des enfants devinrent roses, ils rirent et jouèrent par la rue.
— Maintenant nous avons du pain, criaient-ils.

Then the snow came, and after the snow came the frost. The streets looked as if they were made of silver, they were so bright and glistening; long icicles like crystal daggers hung down from the eaves of the houses, everybody went about in furs, and the little boys wore scarlet caps and skated on the ice.

Alors la neige arriva, et après la neige la glace. Les rues semblaient être ferrées d’argent tant elles brillaient et étincelaient. De longs glaçons, tels que des poignards de cristal, étaient suspendus aux toits des maisons. Tout le monde se couvrait de fourrures et les petits garçons portaient des toques écarlates et patinaient sur la glace.

The poor little Swallow grew colder and colder, but he would not leave the Prince, he loved him too well. He picked up crumbs outside the baker’s door when the baker was not looking, and tried to keep himself warm by flapping his wings.

La pauvre petite Hirondelle avait froid, toujours plus froid, mais elle ne voulait pas quitter le Prince ; elle l’aimait trop pour cela. Elle picorait les miettes à la porte du boulanger, quand le boulanger ne la regardait pas, et essayait de se réchauffer en battant des ailes.

But at last he knew that he was going to die. He had just strength to fly up to the Prince’s shoulder once more. “Good-bye, dear Prince!” he murmured, “will you let me kiss your hand?”

Mais, à la fin, elle vit qu’elle allait mourir. Elle eut tout juste la force de voler encore une fois sur l’épaule du Prince.
— Adieu, cher Prince ! murmura-t-elle. Permettez que je baise votre main.

“I am glad that you are going to Egypt at last, little Swallow,” said the Prince, “you have stayed too long here; but you must kiss me on the lips, for I love you.”

— Je suis heureux que vous partiez enfin pour l’Égypte, petite Hirondelle, dit le Prince. Vous avez séjourné trop longtemps ici, mais il faut me baiser sur les lèvres, car je vous aime.

“It is not to Egypt that I am going,” said the Swallow. “I am going to the House of Death. Death is the brother of Sleep, is he not?”

— Ce n’est pas en Égypte que je vais aller, dit l’Hirondelle. Je vais aller dans la maison de la Mort. La Mort, c’est la sœur du Sommeil, n’est-ce pas ?

And he kissed the Happy Prince on the lips, and fell down dead at his feet.

Et elle baisa le Prince Heureux sur les lèvres et tomba morte à ses pieds.

At that moment a curious crack sounded inside the statue, as if something had broken. The fact is that the leaden heart had snapped right in two. It certainly was a dreadfully hard frost.

À ce moment, un singulier craquement résonna à l’intérieur de la statue comme si quelque chose s’était brisé. Le fait est que le cœur de plomb s’était fendu en deux. Vraiment il faisait un terrible froid.

Early the next morning the Mayor was walking in the square below in company with the Town Councillors. As they passed the column he looked up at the statue: “Dear me! how shabby the Happy Prince looks!” he said.

De bonne heure, le lendemain, le maire se promenait dans le square sous la statue avec les conseillers de la ville. Comme ils dépassaient le piédestal, il leva la tête vers la statue.
— Dieu ! dit-il. Comme le Prince Heureux semble déguenillé !

“How shabby indeed!” cried the Town Councillors, who always agreed with the Mayor, and they went up to look at it.

— Il est vraiment déguenillé ! dirent les conseillers de ville qui étaient toujours de l’avis du maire et eux aussi levèrent la tête pour regarder la statue.

“The ruby has fallen out of his sword, his eyes are gone, and he is golden no longer,” said the Mayor. “in fact, he is little better than a beggar!”

— Le rubis de son épée est tombé, ses yeux ne sont plus en place et il n’est plus du tout doré, dit le maire. Bref, il ne vaut guère plus qu’un mendiant.

“Little better than a beggar,” said the Town Councillors. “And here is actually a dead bird at his feet!” continued the Mayor. “We must really issue a proclamation that birds are not to be allowed to die here.” And the town Clerk made a note of the suggestion.

— Guère plus qu’un mendiant ! firent écho les conseillers de ville.
— Et voici qu’il a à ses pieds un oiseau mort, continua le maire. Vraiment il faudra faire promulguer un arrêté pour défendre aux oiseaux de mourir ici.
Et le secrétaire de ville prit note de cette idée.

So they pulled down the statue of the Happy Prince. “As he is no longer beautiful he is no longer useful,” said the Art Professor at the University.

Alors on renversa la statue du Prince Heureux.
— Comme il n’est plus beau, il ne sert plus à rien ! dit le professeur d’art à l’Université.

Then they melted the statue in a furnace, and the Mayor held a meeting of the Corporation to decide what was to be done with the metal. “We must have another statue, of course,” he said, “and it shall be a statue of myself.”

Alors on fondit la statue dans une fournaise et le maire réunit le conseil en assemblée pour décider ce que l’on ferait du métal.
— Nous pourrions, proposa-t-il, en faire une autre statue. La mienne par exemple.

“Of myself,” said each of the Town Councillors, and they quarrelled. When I last heard of them they were quarrelling still.

— Ou la mienne, dit chacun des conseillers de ville.
Et ils se querellèrent. La dernière fois que j’ai entendu parler d’eux, ils se querellaient toujours.

“What a strange thing,” said the overseer of the workmen at the foundry. “This broken lead heart will not melt in the furnace. We must throw it away.” So they threw it on a dust heap where the dead Swallow was also lying.

— Quelle étrange chose ! dit le contre-maître de la fonderie. Ce cœur de fonte ne veut pas fondre dans le fourneau, il nous faudra le jeter aux rebuts.
Les fondeurs le jetèrent sur le tas de détritus où gisait l’Hirondelle morte.

“Bring me the two most precious things in the city,” said God to one of His Angels; and the Angel brought Him the leaden heart and the dead bird.

— Apporte-moi les deux choses les plus précieuses de la ville, dit Dieu à l’un de ses anges.
Et l’ange lui apporta le cœur de plomb et l’oiseau mort.

“You have rightly chosen,” said God, “for in my garden of Paradise this little bird shall sing for evermore, and in my city of gold the Happy Prince shall praise me.”

— Tu as bien choisi, dit Dieu. Dans mon jardin du Paradis, ce petit oiseau chantera éternellement et, dans ma cité d’or, le Prince Heureux redira mes louanges.

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