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Le Nez / Il naso — in French and Italian

French-Italian bilingual book

NikolaĂŻ Vassilievitch Gogol

Le Nez

Nikolaj Vasil’evič Gogol’

Il naso

Traduit du russe par LĂ©on Golschmann et Ernest Jaubert

Traduzione dal russo di Domenico Ciampoli (1916).

I

I

Le 25 mars, il se passa à Saint-Pétersbourg un événement extraordinairement bizarre.

Il 23 di marzo avvenne a Pietroburgo un fatto singolarmente curioso.

Le barbier Ivan Iakovlievitch (son nom de famille s’est enseveli dans la nuit des temps, de sorte que, même sur l’enseigne qui représente un homme avec une joue couverte de mousse de savon, avec, dessous, cette inscription: «On tire aussi le sang», — ce nom ne se trouve pas), Ivan Iakovlievitch donc s’éveilla d’assez bonne heure et fut aussitôt frappé par une odeur de pain chaud.

Sulla Prospettiva Volnesunski abita il barbiere Ivan Iakovlevic, il cui cognome è scomparso dall’insegna, ove non si distingue ormai più niente, meno la pittura d’un signore dalla guancia insaponata e la scritta: «si fanno anche i salassi». Il barbiere Ivan Iakovlevic si destò dunque di molto buon mattino e sentì un grato odor di pan caldo.

Se levant un peu sur son séant, il s’aperçut que son épouse, matrone très respectable, qui avait un goût prononcé pour le café, sortait du four des pains fraîchement cuits.

Sollevatosi alquanto sul letto, vide che la moglie, signora di aspetto rispettabile, buongustaia di caffè, traeva dalla stufa alcuni panini cotti.

— Praskovia Ossipovna, lui dit Ivan Iakovlievitch, je ne prendrai pas de café aujourd’hui, parce que j’aime mieux déjeuner avec du pain chaud et de l’oignon

— Oggi, Praskovia Ossipovna, non prenderò caffè, — disse Ivan Iakovlevic: — preferisco invece pane e cipolla.

(c’est-à-dire qu’Ivan Iakovlievitch aurait préféré l’un et l’autre, mais il savait qu’il lui était absolument impossible de demander deux choses à la fois, Praskovia Ossipovna ne tolérant jamais semblables fantaisies).

A dire il vero, Ivan Iakovlevic avrebbe voluto godersi l’uno e l’altro; ma sapeva che la cosa era addirittura impossibile, poichè Praskovia Ossipovna non ammetteva codesti capricci.

«Qu’il mange du pain, l’imbécile, se dit en elle-même la digne matrone, ce n’en est que mieux pour moi, j’aurai un peu plus de café.» Et elle jeta un pain sur la table.

— Mangia del pane, scioccone! - pensò la donna fra sè: — mi resterà così per me un po’ più di caffè… — e gettò un pane sulla tavola.

Ivan Iakovlievitch, par respect pour les convenances, endossa un vêtement par-dessus sa chemise et, ayant pris place à table, posa devant lui deux oignons et du sel; puis, s’emparant d’un couteau, il se mit en devoir de couper le pain. L’ayant divisé en deux, il jeta un regard dans l’intérieur et aperçut avec surprise quelque chose de blanc.

Ivan Iakovlevic, per decenza, indossò una giubba sulla camicia, e postosi inanzi alla tavola, prese del sale, preparò due capi di cipolla, diè di mano a un coltello, e, con viso arguto, si mise a tagliare il pane. Lo divise a metà, vi guardò nel mezzo, e, con vivo stupore, vi scorse qualcosa di biancastro.

Il y plongea avec précaution le couteau, y enfonça un doigt: «C’est solide! fit-il à part soi, qu’est-ce que cela pourrait bien être?»

Ivan Iakovlevic grattò accuratamente col coltello e tastò col dito: «sta saldo», disse fra sè: «cosa sarà?». Ficcò le dita e ne trasse… un naso!

Il enfonça encore une fois les doigts et en retira… un nez!… Les bras lui en tombèrent, il se mit à se frotter les yeux, à le tâter: c’était en effet un nez et au surplus, lui semblait-il, un nez connu. La terreur se peignit sur la figure d’Ivan Iakovlievitch. Mais cette terreur n’était rien en comparaison de l’indignation qui s’empara de son épouse.

Ivan Iakovlevic si lasciò cadere le braccia; poi, prese a stropicciarsi gli occhi, e ritastò col dito; era proprio un naso, un vero naso, anzi, a quel che gli pareva, un naso di forma conosciuta. Sul volto di Ivan appariva un vero spavento; ma quello spavento era un niente a confronto dell’indignazione che invase la sua consorte.

— À qui, bête féroce, as-tu coupé le nez comme cela? s’écria-t-elle avec colère. Coquin, ivrogne, je te dénoncerai moi-même à la police. Brigand que tu es! J’ai déjà ouï dire à trois personnes que tu avais l’habitude, en faisant la barbe, de tirer si fort les nez, qu’ils avaient peine à rester en place.

— Dove hai tagliato codesto naso, animale? - si dette a strillare incollerita. — Birbone! Briaco! Ti denunzierò io stessa alla polizia! Ve’ che bandito! E son già tre i signori a lagnarsi che quando tu li radi, afferri e tiri loro il naso in maniera da quasi strapparlo.

Mais Ivan Iakovlievitch était plus mort que vif. Il avait enfin reconnu, dans ce nez, le propre nez de l’assesseur de collège Kovaliov, à qui il faisait la barbe tous les mercredis et dimanches.

Ma Ivan Iakovlevic non era più oramai nè morto nè vivo, poichè si era accorto che quel naso non era che il naso dell’assessore di collegio Kovalev, ch’egli radeva il mercoledì e la domenica.

— Attends un peu, Praskovia Ossipovna! Je vais l’envelopper dans un chiffon et le poser dans le coin; qu’il demeure là quelque peu, je l’emporterai plus tard.

— Taci, Praskovia Ossipovna, — disse alla fine: — ora l’avvolgerò in un panno, e lo porrò in un canto, ove resterà alcuni giorni; poi, poi, lo porterò via.

— Je ne t’écoute même pas! Que je consente à garder dans ma chambre un nez coupé?… Biscuit roussi que tu es! Tu ne sais que manier ton rasoir, et bientôt tu ne seras même plus en état d’accomplir tes devoirs, coureur, vaurien. Que je sois responsable pour toi devant la police!… Imbécile, soliveau, va!… hors d’ici avec lui, hors d’ici! Porte-le où tu voudras! Que je n’en entende plus parler!

— No, io non consento! Io non permetto di lasciare in casa un naso tagliato; ciambellone bruciato! Lui se ne sta ore e ore ad affilar rasoi e poi non giunge mai a far presto e bene! Vagabondo! Fannullone! Or credi che per te io voglia invescarmi nelle panie della polizia? Ah, tu sei un bighellone, un baggeo melenso. Miratelo! Vedetelo! Portalo dove vuoi; io non voglio sentirne fiatare mai più.

Ivan Iakovlievitch se tenait dans une attitude d’accablement profond. Il réfléchissait, réfléchissait, et ne savait que croire.

Ivan Iakovlevic restava lì, proprio intontito; pensava, pensava… e non sapeva a che pensare.

— Du diable si je comprends comment cela est arrivé? fit-il enfin, en se grattant derrière l’oreille; suis-je rentré ivre hier ou non, je ne saurais le dire avec certitude. Pourtant, selon tous les indices, ce doit être impossible… puisque le pain est une chose cuite, et qu’un nez est tout autre chose. Je n’y comprends absolument rien.

— Solo il diavolo sa come è avvenuto! — disse alla fine, grattandosi dietro l’orecchio. — Ieri, sono tornato briaco o no? Non so dir di sicuro. Ma, a quel che sembra, la faccenda è veramente curiosa; poichè il pane è qualcosa che si cuoce; ma un naso… manco a pensarci! Non ci capisco niente, davvero niente!

Ivan Iakovlievitch se tut. L’idée que les agents de police finiraient par trouver le nez chez lui et l’accuseraient de l’avoir coupé, cette idée le terrifiait. Il lui semblait déjà voir devant lui un col de drap pourpre brodé d’argent, une épée… et il tremblait de tous ses membres.

Ivan Iakovlevic tacque. L’idea che le guardie di polizia potevano scoprirgli quel naso in casa e renderlo responsabile, lo gettò in una profonda prostrazione. Gli pareva vedere già il colletto rosso, elegantemente trapunto di argento, la spada… e tremò per tutta la persona.

Finalement, il passa sa culotte, se chaussa et, enveloppant le nez dans un mouchoir, sortit dans la rue, accompagné par les exhortations peu aimables de Praskovia Ossipovna.

Messe mano alle brache e agli stivali, indossò quel po’ di cenciume, e fra i gravi ammonimenti di Praskovia Ossipovna, attorse il naso in un pannolino e usci sulla via.

Il avait l’intention de le glisser quelque part sous une borne, une porte cochère, ou bien de le laisser tomber comme par hasard et de disparaître ensuite dans la ruelle la plus proche. Mais, pour son malheur, il ne faisait que rencontrer des gens qui le connaissaient et qui l’abordaient en lui disant: «Où vas-tu?» ou bien: «À qui veux-tu donc faire la barbe de si bonne heure?», de sorte qu’Ivan Iakovlievitch ne pouvait trouver un moment propice pour réaliser son dessein.

Egli disegnava di deporre quel naso in un punto qualunque, vicino a un paracarri, sotto un portico, o di lasciarselo cadere in qualche parte, a un tratto, e sgattaiolare poi per un’altra via. Ma disgraziatamente, ecco incontrare una conoscenza che si mette a dimandargli: Dove vai? Chi vai a radere così di buon’ora? In questa guisa Ivan Iakovlevic non potette profittar lì per lì di un solo minuto.

Une fois, il réussit pourtant à le faire tomber, mais le garde de police le lui indiqua de loin avec sa hallebarde, en lui criant:
— Ramasse, tu viens de perdre quelque chose.
Et Ivan Iakovlievitch fut obligé de ramasser le nez et de le cacher dans sa poche.

Due volte, poi, riesci a far cadere il naso; ma una guardia gli fe’ cenno di lontano con Palabarda e gli gridò: Raccogli; ti è caduta qualcosa. E Ivan Iakovlevic fu costretto a raccogliere il naso e ricacciarselo in tasca.

Le désespoir s’empara de lui, d’autant que les rues commençaient à se peupler de plus en plus, à mesure que s’ouvraient les magasins et les boutiques.

Fu colto da disperazione, tanto piĂą che la folla andava sempre piĂą crescendo nella via, a mano a mano che si aprivano i magazzini e le botteghe.

Il résolut de se diriger vers le pont d’Issaky; là, il réussirait peut-être à le jeter dans la Néva? … Mais j’eus tort de ne vous avoir rien dit jusqu’à présent d’Ivan Iakovlievitch, qui pourtant était un homme d’assez grande importance dans le monde.

Decise di raggiungere il ponte Isaakev: forse, là, avrebbe avuto agio di gettare il naso nell’acqua della Nevà. Ma io ho commesso il fallo di non avervi ancor detto nulla su quel ch’era Ivan Iakovlevic, uomo eminente sotto diversissimi aspetti.

Comme tout brave ouvrier russe, Ivan Iakovlievitch était un incorrigible ivrogne. Et quoiqu’il rasât tous les jours les mentons des autres, le sien ne l’était jamais.

Ivan Iakovlevic, come ogni artiere russo che si rispetti, era un ubriacone inveterato, e sebbene radesse tutti i giorni le barbe altrui, non radeva quasi mai la sua.

Son habit (Ivan Iakovlievitch ne portait jamais de redingote) était de couleur pie, c’est-à-dire qu’il était noir, mais tout couvert de taches grises et brunes; son col était graisseux et à la place des boutons on voyait seulement pendre des fils.

La sua marsina (giacchè Ivan Iakovlevic non andava mai in gabbano) era bigiastra, o meglio, era nera con macchie giallocannella, e bigia; il collo lucido di grasso, e al posto de’ tre bottoni, penzolavano ancora i fili attorcigliati.

Ivan Iakovlievitch était un grand cynique, et lorsque l’assesseur de collège Kovaliov lui disait, pendant qu’il lui faisait la barbe: «Tes mains, Ivan Iakovlievitch, sentent toujours mauvais», il se contentait de répondre par la question:
— Pourquoi donc sentiraient-elles mauvais?
— Je n’en sais rien, mon ami, disait alors l’assesseur de collège, le fait est qu’elles sentent mauvais.
Et Ivan Iakovlievitch, après avoir humé une prise, se mettait à le savonner, en manière de représailles, et sur les joues, et au-dessous du nez, et derrière l’oreille, et sous le menton, partout enfin où l’envie lui en prenait.

Ivan Iakovlevic era cinico addirittura: quando l’assessore di collegio Kovalev gli diceva, secondo il solito, mentre lui lo radeva: «Ti puzzan sempre le mani, Ivan Iakovlevic», lui rispondeva: «Perché puzzerebbero?». «Non so, fratel mio, ma puzzano», ripeteva l’assessore di collegio Kovalev; e Ivan Iakovlevic, annusata una presa, gl’insaponava poi le guancie, sotto il naso, dietro le orecchie, sotto il mento, ovunque, in una parola, credesse conveniente.

Ce citoyen respectable arriva donc sur le pont d’Issaky. Il jeta un regard autour de lui, puis se pencha sur le parapet comme pour voir la quantité de poisson qui passait sous le pont, et fit tomber tout doucement le chiffon qui renfermait le nez. Il se sentit immédiatement soulagé, comme si on lui avait enlevé un grand fardeau; un sourire apparut même sur ses lèvres.

Questo onorando cittadino giunse alla fine sul ponte Isaakev. Gettò un’occhiata intorno, si avvicinò poi alla balaustrata come per veder se sotto il ponte passassero molti pesci; e, adagio adagio, vi gettò il pannolino col naso. Gli parve esser liberato dal peso a un tratto di dieci pudi1 sulla persona. E sorrise, persino.

Et au lieu de s’en aller raser les mentons des fonctionnaires, il se dirigeait vers l’établissement qui portait pour enseigne: Repas et thé — dans l’intention de se commander un verre de punch, quand tout à coup il aperçut à l’extrémité du pont un commissaire de police du quartier, à la physionomie imposante, ornée de larges favoris, un fonctionnaire portant tricorne et épée. Il se sentit glacé de terreur, tandis que le commissaire, lui faisant signe du doigt, lui criait:
— Viens donc par ici, mon cher!

Invece poi di andarsene a radere la barba agl’impiegati, entrò in uno stabilimento con l’insegna: «Cibi e tè», e chiese un bicchiere di poncio. Scorse, subito, in capo al ponte, il commissario di polizia del quartiere, uomo dalle forme distinte, da’ favoriti fulvi, dal tricorno, e lunga spada. Ivan Iakovlevic addiacciò dallo spavento. Intanto il Commissario gli accennò con la mano, e gli disse: «Avvicinati qui, caro!».

Ivan Iakovlievitch, qui connaissait les usages, Ă´ta de loin sa casquette et accourant avec empressement dit:
— Bonne santé à Votre Noblesse!

Ivan Iakovlevic, uso alle belle maniere, si tolse di lontano il berretto, e, avvicinatosi senza indugio, disse:
— Auguro il buon giorno a Vostra Nobiltà.

— Non, non, mon ami, pas de Noblesse; raconte-moi plutôt ce que tu faisais là, sur le pont?

— No, no, fratel mio, non c’è nobiltà. Dimmi, che hai fatto laggiù, sul ponte?

— Par ma foi, monsieur, en revenant de faire la barbe, je me suis seulement arrêté pour voir si le courant était rapide.

— Affè, signore, andavo a radere i miei clienti, e ho guardato solo se la corrente è rapida…

— Tu mens, tu mens! Tu n’en seras pas quitte à si bon marché. Dis plutôt la vérité.

— Mentisci, mentisci, Così non te la cavarai. Vuoi rispondere a tono?

— Je suis prêt à faire la barbe à Votre Grâce, deux, trois fois par semaine, sans résistance aucune, répondit Ivan Iakovlievitch.

— Son disposto a radere Vostra Grazia due volte la settimana, e anche tre, senza fallo… — rispose Ivan Iakovlevic.

— Mais, mon ami, ce n’est rien, tout cela. J’ai trois barbiers qui me font la barbe, et s’en trouvent encore très honorés. Raconte-moi donc plutôt ce que tu faisais là-bas.

— No, amico mio, codeste son ciarle. Già mi radono tre barbieri e se ne stimano onoratissimi. Invece io ti domando che cosa hai fatto laggiù…

Ivan Iakovlievitch pâlit. Mais ici les événements s’obscurcissent d’un brouillard, et tout ce qui se passa après demeure absolument inconnu.

Ivan Jakovlevic impallidì… Ma qui la storia si copre di una nubre opaca, e di quel che avvenne poi non si sa proprio assolutamente nulla.

II

II

L’assesseur de collège Kovaliov s’éveilla d’assez bonne heure et fit avec ses lèvres «brrr…», ce qu’il faisait toujours en s’éveillant, quoiqu’il n’eût jamais pu expliquer pourquoi. Il s’étira et demanda une petite glace qui se trouvait sur la table.

L’assessore di collegio2 Kovalev si destò per tempo e fece con le labbra: Brrr… brrr…!, come soleva fare ogni volta al destarsi, senza aver mai saputo dire perchè. Si stirò e comando che gli portassero uno specchietto che si trovava sul tavolino.

Il voulait jeter un coup d’œil sur le bouton qui lui était venu sur le nez la veille au soir; mais, à sa grande surprise, il aperçut à la place du nez un endroit parfaitement plat. Effrayé, Kovaliov se fit apporter de l’eau et se frotta les yeux avec une serviette. En effet, le nez n’y était pas. Il se mit à se tâter pour s’assurer qu’il ne dormait pas; non, il ne dormait pas.

Voleva osservare un foruncolo che la sera avanti gli era spuntato sul naso; ma, con somma sorpresa, vide che invece del naso era un taglio netto senza sporgenza alcuna. Spaventato, Kovalev si fece portar dell’acqua e si fregò gli occhi con l’asciugamano: davvero, il naso non c’era più. Si pose a tastar con la mano, si pizzicò per accertarsi di non dormire; ma, a quel che gli sembrava era proprio desto.

Il sauta en bas du lit, se secoua: pas de nez! Il demanda immédiatement ses habits, et courut droit chez le grand maître de la police.

L’assessore di collegio Kovalev saltò di botto, si scosse; sempre, niente naso! Comandò che gli portassero subito un abito, e corse dal gran maestro di polizia.

Il faut pourtant que je dise quelques mots de Kovaliov, afin que le lecteur puisse voir ce que c’était que cet assesseur de collège.

Intanto è necessario di dir qualche paroia su Kovalev, perchè il lettore possa vedere con qual genere di assessore di collegio egli abbia a fare.

Les assesseurs qui reçoivent ce grade grâce à leurs certificats de sciences ne doivent pas être confondus avec ceux que l’on fabriquait au Caucase. Ce sont deux espèces absolument différentes.

Non si può paragonare gli assessori di collegio che devon questo grido ai loro diplomi con quelli che se lo son guadagnato al Caucaso. Son queste due sorti diverse e distinte.

Les assesseurs de collège savants… Mais la Russie est une terre si bizarre, qu’il suffit de dire un mot sur un assesseur quelconque, pour que tous les assesseurs, depuis Riga jusqu’au Kamtchatka, y voient une allusion à eux-mêmes. Ceci s’applique du reste à tous les grades, à tous les rangs. Kovaliov était un assesseur de collège du Caucase. Il n’était en possession de ce titre que depuis deux ans, c’est pourquoi il ne l’oubliait pas, fût-ce pour un instant, et afin de se donner encore plus d’importance, il ne se faisait jamais appeler assesseur de collège, mais toujours «major».

Gli assessori di collegio dell’ordine scientifico… ma qui mi taccio, giacchè la Russia è un paese tanto curioso che se si dica cosa alcuna d’un assessore di collegio… tutti gli assessori di collegio, da Riga al Kram calka, se la prendono per sè. Ed è la cosa per le funzioni tutte e per tutti i gradi. Kovalev era assessore di collegio del Caucaso. Da due anni soltanto occupava quel grado, e non se ne dimenticava neppure per un minuto; anzi, per darsi aria di maggiore importanza e gravità, lui non si chiamava mai da sè semplicemente assessore di collegio, ma sempre maggiore.

— Écoute, ma colombe, disait-il ordinairement quand il rencontrait dans la rue une bonne femme qui vendait des faux cols, viens chez moi, j’habite rue Sadovaïa; tu n’as qu’à demander l’appartement du major Kovaliov, chacun te l’indiquera.
Pour cette raison, nous appellerons dorénavant major cet assesseur de collège.

«Senti, colomba», soleva dire, incontrando per la via una venditrice di camicie: «Va da me a casa; io abito nella Sadovaja3; domanda pure: — Abita qui il maggiore Iakovlevic? — Tutti te la insegneranno». Se adocchiava qualche leggiadra bellezza, le susurrava qualche parolina: «Tu non devi chiedere altro che del maggiore Kovalev, e trovi subito, carina, la mia casa». E però, d’ora innanzi, noi lo chiameremo maggiore.

Le major Kovaliov avait l’habitude de se promener chaque jour sur la Perspective de Nievsky. Son faux col était toujours d’une blancheur éblouissante et très empesé. Ses favoris appartenaient à l’espèce qu’on peut rencontrer encore aujourd’hui chez les arpenteurs des gouvernements et des districts, chez les architectes et les médecins de régiment, chez bien d’autres personnes occupant des fonctions diverses et, en général, chez tous les hommes qui possèdent des joues rebondies et rubicondes et jouent en perfection au boston: ces favoris suivent le beau milieu de la joue et viennent rejoindre en ligne droite le nez.

Il maggiore Kovalev aveva l’abitudine di far un giretto quotidiano sulla Prospettiva della Nevà. Il colletto della sua camicia era sempre nitidamente bianco, bene inamidato. Tali erano i suoi favoriti che se ne vedon tuttavia portare dagli agenti del catasto nelle provincie e distretti, dagli architetti e medici militari, da tutti quelli che occupano impieghi, e, in generale, da tutti quelli che han le guancie paffute e rubiconde e che giuocano al boston a meraviglia: questi favoriti dalla metà della guancia van diritto sino al naso.

Le major Kovaliov portait une grande quantité de petits cachets sur lesquels étaient gravés des armoiries, les jours de la semaine, etc.

Il maggiore Kovalev portava indosso addirittura una collezione di piccoli suggelli in corniola, con stemmi, o con la scritta; mercoledì, giovedì, lunedì, ecc.

Il était venu de Saint-Pétersbourg pour affaires, et notamment pour chercher un emploi qui convînt à son rang: celui de gouverneur, s’il se pouvait, sinon, celui d’huissier dans quelque administration en vue.

Era venuto a Pietroburgo, massime per trovare un posto adatto al suo grado, posto di vice governatore, a potervi riuscire, o magari, di usciere in qualche bella amministrazione.

Le major Kovaliov n’aurait pas refusé non plus de se marier, mais dans le cas seulement où la fiancée lui apporterait 200 000 roubles de dot. Que le lecteur juge donc par lui-même quelle devait être la situation de ce major, lorsqu’il aperçut, à la place d’un nez assez bien conformé, une étendue d’une platitude désespérante.

Il maggiore Kovalev non era ostile al matrimonio, solo a patto che la sposina portasse con sè una dote di duecentomila rubli. Ed ora il lettore giudichi da sè qual fosse lo stato del maggiore quando nel posto del naso abbastanza grazioso e ben proporzionato, non si vide che taglio netto e schiacciato.

Pour comble de malheur, pas un seul fiacre ne se montrait dans la rue et il se trouva obligé d’aller à pied, en s’emmitouflant dans son manteau et, le mouchoir sur sa figure, faisant semblant de saigner du nez.

Disgraziatamente, non compariva neppure un cocchiere per la via; onde fu costretto ad andare a piedi, avvolto nel mantello e col viso coperto da un fazzoletto, come chi sanguini dal naso.

«Mais peut-être tout cela n’est-il que le fait de mon imagination; il n’est pas possible qu’un nez disparaisse ainsi sottement», pensa-t-il. Et il entra exprès dans une pâtisserie, rien que pour se regarder dans une glace.

— Ma non sarà forse che una illusione; è impossibile che mi sia caduto il naso così, stupidamente, — pensò. E se ne andò in una dolceria per guardarsi nello specchio.

Heureusement pour lui, il n’y avait pas de clients dans la boutique; seuls, des marmitons balayaient les pièces; d’autres, les yeux ensommeillés, apportaient sur des plats des gâteaux tout chauds; sur les tables et les chaises traînaient les journaux de la veille.

Fortunatamente non vi si trovava nessuno; alcuni ragazzi scopavano la sala e davan ordine alle sedie; altri, con gli occhi ancora sonnacchiosi, portavan paste calde nei panieri; sui tavolini e sulle sedie giacevano i giornali del giorno avanti macchiati di caffè.

— Dieu merci, il n’y a personne, se dit-il, je puis me regarder maintenant.
Il s’approcha timidement de la glace et y jeta un coup d’œil.
— Peste, que c’est vilain, fit-il en crachant de dégoût, s’il y avait du moins quelque chose pour remplacer le nez!… mais comme cela… rien!

— Orsù! Grazie a Dio, non c’è nessuno, — disse: — ora posso vedermi a dovere.
Andò timidamente allo specchio, e guardò.
— Solo il diavolo sa cosa sia quest’orrore! — esclamò dopo aver sputato. — Fosse rimasto almeno qualcosa al posto del naso! Ma non v’è proprio niente!

Dépité, se mordant les lèvres, il sortit de la pâtisserie, résolu, contre toutes ses habitudes, à ne regarder personne, à ne sourire à personne.

Mordendosi le labbra pel raccapriccio, uscì dalla dolceria; e, contro le sue consuetudini, risolse di non guardar nessuno e di non sorridere ad anima viva.

Tout à coup, il s’arrêta comme pétrifié devant la porte d’une maison; quelque chose d’inexplicable venait de se passer sous ses yeux. Une voiture avait fait halte devant le perron: la portière s’ouvrit, un monsieur en uniforme sauta en bas de la voiture et monta rapidement l’escalier. Quelle ne fut donc pas la terreur, et en même temps la stupéfaction de Kovaliov, lorsqu’il reconnut chez ce monsieur son propre nez!

D’improvviso, si fermò, come impietrito. Sulla porta di una casa… inanzi agli occhi gli comparve una apparizione inesplicabile: una carrozza si fermò vicino alla scalea; si aperse lo sportello, e ne uscì, curvandosi, un signore in divisa, che salì in fretta la gradinata. Quale non fu lo spavento e nell’un tempo lo stupore di Kovalev, riconoscendo in quello il proprio naso!

À ce spectacle inattendu, tout sembla tournoyer devant ses yeux; il eut peine à se maintenir debout, mais, quoiqu’il tremblât comme dans un accès de fièvre, il résolut d’attendre le retour du nez.

Innanzi a quel singolarissimo spettacolo gli parve che ogni cosa gli turbinasse davanti agli occhi, e a stento potè reggersi in piedi; ma decise, tutto tremante come colto da febbre, di aspettare il ritorno di quel signore nella vettura.

Deux minutes plus tard celui-ci sortait en effet de la maison. Il portait un uniforme brodé d’or avec un grand col droit, un pantalon en peau et une épée au côté. Son chapeau à plumet pouvait faire croire qu’il possédait le grade de conseiller d’État.

Infatti, dopo due minuti, il naso riapparve. Era in uniforme, ricamato in oro, con un collettone saliente, con calzoni in pelle di camoscio e la spada a fianco. Dal cappello piumato si poteva arguire che aveva il grado di consigliere di Stato4.

Selon toute évidence, il était en tournée de visites. Il regarda autour de lui, jeta au cocher l’ordre d’avancer, monta en voiture et partit.

Dal vestito, era evidente che andava facendo visite: guardò da ambo i lati; gridò al cocchiere: «Via!», e se ne andò.

Le pauvre Kovaliov faillit devenir fou. Il ne savait que penser d’un événement aussi bizarre. Comment avait-il pu se faire, en effet, qu’un nez qui, la veille encore, se trouvait sur son propre visage, et qui était certainement incapable d’aller à pied ou en voiture, portât maintenant uniforme? Il suivit en courant la voiture qui, heureusement pour lui, s’arrêta à quelques pas de là, devant le grand Bazar de Moscou.

L’infelice Kovalev si sentì impazzire. Non sapeva che pensare di un fatto così inaudito. E davvero, come era possibile che un naso, il quale il giorno prima campeggiava sulla sua faccia, e non poteva andarsene o camminare, fosse ora in uniforme? Inseguì la vettura, che fortunatamente non andava lontano, e che si fermò dinanzi al Gostini Dvor5.

Il se hâta de le rejoindre, en se faufilant à travers la rangée des vieilles mendiantes à la tête entortillée de bandes avec des ouvertures ménagées pour les yeux, et dont il s’égayait fort autrefois. Il y avait peu de monde devant le Bazar.

Si affrettò, e si cacciò fra una turba di mendicanti, dalle facce nodose, che avevan buchi per occhiaie, della qual cosa egli si burlava un tempo. V’era poca gente:

Kovaliov était si ému qu’il ne pouvait se résoudre à rien, et cherchait des yeux ce monsieur dans tous les coins. Il l’aperçut enfin devant une boutique. Le nez avait complètement dissimulé sa figure sous son grand col et examinait avec beaucoup d’attention je ne sais quelles marchandises.

Kovalev si trovava in tale smarrimento d’idee, che non sapeva decidersi a nulla; cercò il signore in ogni canto; lo scorse alla fine, in piedi, davanti a un banco. Il naso gli nascondeva completamente il viso nell’alto colletto saliente, e osservava alcune mercanzie con profonda attenzione.

— Comment l’aborder? se demandait Kovaliov. À en juger par tout son uniforme, son chapeau, il est évident qu’il est conseiller d’État. Du diable si je sais comment m’y prendre!

— Come avvicinarlo? — pensava Kovalev. — Da tutta la persona, dalla divisa, dal cappello, si vede chiaro ch’è un consigliere di Stato. Se sapessi come fare!…

Il se mit à toussoter à côté de lui, mais le nez gardait toujours la même attitude.

Cominciò dal tossire, a tratti, intorno al consigliere di Stato; ma il naso non lasciò per un istante solo il suo atteggiamento.

— Monsieur, commença Kovaliov, en faisant un effort pour reprendre courage, monsieur…

— Signore, – disse Kovalev, tentando in sè di darsi coraggio: — signore…

— Que désirez-vous?… répondit le nez en se retournant.

— Che desidera? — domandò il naso volgendosi.

— Il me semble étrange, monsieur, je crois… vous devez connaître votre place; et tout à coup je vous retrouve, où?… Vous conviendrez…

— Trovo sorprendente, signore… mi sembra che… lei debba conoscere il suo posto. E io la trovo d’improvviso, dove?… capirà.

— Excusez-moi, je ne comprends pas bien de quoi il vous plaît de me parler… Expliquez-vous.

— Mi scusi… ma io non arrivo a comprendere di che cosa mi parli. Si spieghi.

«Comment lui expliquer cela?» pensait Kovaliov. Et, prenant son courage à deux mains, il continua:
— Certes, moi, d’ailleurs… je suis major… Pour moi, ne pas avoir de nez, vous en conviendrez, n’est pas bien séant. Une marchande qui vend des oranges sur le pont de Vozniessensk peut rester là sans nez, mais moi qui ai en vue d’obtenir… avec cela, qui fréquente dans plusieurs maisons où se trouvent des dames: Mme Tchektyriev, femme de conseiller d’État, et d’autres encore… Jugez vous-même… Je ne sais vraiment pas, monsieur… (ici le major Kovaliov haussa les épaules) excusez-moi… si on envisage cela au point de vue des principes du devoir et de l’honneur… Vous pouvez comprendre cela vous-même.

— Come spiegarmi con lui? — pensò Kovalev. E, raccogliendo le forze, cominciò:
— Sicuro, io… d’altra parte, io sono maggiore. Mi trovo senza naso. Lei capirà; non è proprio conveniente. Per qualche rivendugliola che spaccia arance sul ponte Voskresenski, passi pure lo star senza naso; ma per me che intendo diventar funzionario, e che ho inoltre relazioni in molte case, con signore, per esempio la signora Cekhtareva, moglie di un consigliere di Stato, e molte altre, giudichi un po’ lei stessa… Io non so, signore (e così dicendo il maggiore Kovalev alzò le spalle)… Scusi… scusi… se si considera codesto dal punto di vista dell’onore e del dovere… lei stessa capirà…

— Je n’y comprends absolument rien, répliqua le nez. Veuillez vous expliquer d’une façon plus satisfaisante.

— Non capisco addirittura niente! — rispose il naso. — Si spieghi meglio.

— Monsieur, fit Kovaliov avec dignité, je ne sais comment je dois entendre vos paroles… Il me semble que tout cela est d’une évidence absolue… ou bien, vous voudriez… Mais vous êtes pourtant mon propre nez.

Signore, — rispose Kovalev col sentimento di alta dignità personale: — non so come spiegar invece le sue parole. Qui la faccenda, a quel che mi pare, è chiara e tonda… o lei vuole… Giacchè, insomma, lei ha il naso mio!

Le nez regarda le major en fronçant les sourcils.

Il naso fissò il maggiore e aggrottò alquanto le sopracciglia.

— Vous vous trompez, monsieur, je suis moi-même. En outre, il ne peut exister entre nous aucun rapport, puisque, à en juger par les boutons de votre uniforme, vous devez servir dans une administration autre que la mienne.
Après avoir dit ces mots, le nez se détourna.

— Lei s’inganna, signore; il mio naso è mio. D’altra parte, fra noi non può esser nulla a partire. A giudicar dai bottoni della sua uniforme di subalterno, lei dev’essere impiegato in altro ramo di servizio.
E, con queste parole, il naso si volse altrove.

Kovaliov se troubla au point de ne plus savoir ni que faire, ni même que penser. En ce moment, il entendit le frou-frou soyeux d’une robe de femme, et Kovaliov vit s’approcher une dame d’un certain âge, toute couverte de dentelles, accompagnée d’une autre, mince et fluette avec une robe blanche qui dessinait à merveille sa taille fine et un chapeau de paille léger comme un gâteau feuilleté. Derrière elles marchait un haut laquais à favoris énormes avec une douzaine de collets à sa livrée.

Kovalev era tutto crucciato, non sapendo che farsi e che pensare. In quel mentre, un gradevole fruscio di gonne s’intese: una signora attempata, adorna di pizzi, si avvicinò con a fianco un’esile giovinetta, la cui veste bianca le disegnava elegantissimamente la personcina armoniosa, con un cappello giallo-paglino lieve come pasta frolla.

Kovaliov fit quelques pas en avant, rajusta son col de batiste, arrangea ses cachets suspendus à une chaînette d’or et, la figure souriante, fixa son attention sur la dame fluette qui, pareille à une fleurette printanière, se penchait légèrement et portait à son front sa menotte blanche aux doigts transparents.

Kovalev si avvicinò alquanto, si raccomodò il collo della camicia di bastista, protese i piccoli sigilli pendenti dalla catena d’oro, e, sorridendo di lato, volse l’attenzione sulla giovinetta snella, che s’inchinava leggermente, quasi fiore primaverile, e si portava alle labbra una manina bianca dalle dita quasi trasparenti.

Le sourire de Kovaliov s’élargit encore lorsqu’il aperçut sous le chapeau un petit menton rond d’une blancheur éclatante et une partie de la joue, teintée légèrement de rose.

Il sorriso, apparso appena sul volto di Kovalev, si diffuse meglio quando scorse sotto il cappellino un mento ovale d’un niveo candore e parte di una gota colorita come precoce rosa di primavera.

Mais tout à coup il fit un bond en arrière comme s’il s’était brûlé. Il se rappela qu’il avait, à la place du nez, un vide absolu, et des larmes jaillirent de ses yeux. Il se retourna pour déclarer sans ambages au monsieur en uniforme qu’il n’avait que les apparences d’un conseiller d’État, qu’il n’était qu’un lâche et qu’un coquin et enfin pas autre chose que son propre nez… Mais le nez n’était plus là; il avait eu le temps de repartir, sans doute pour continuer ses visites.

Ma Kovalev balzò d’un subito indietro, come se si fosse scottato. Si era ricordato di non aver proprio niente al posto del naso, e sentì scorrere copiose lacrime sulle guancie. Si rivolse per dire apertamente e a bassa voce al signore in divisa d’essere un briccone e un iniquo, e a sua volta non pretendeva da lui altro che il proprio naso; ma il naso non c’era più; aveva avuto l’agio di allontanarsi, e di andare, probabilmente, a fare qualche altra visita.

Cette disparition plongea Kovaliov dans le désespoir. Il revint en arrière et s’arrêta un instant sous les arcades, en jetant des regards de tous les côtés, dans l’espérance d’apercevoir le nez quelque part.

Il fatto immerse Kovalev in maggiore disperazione. Uscì, e rimase per un minuto sotto il peristilio, guardando attentamente da ogni parte se non vedesse spuntare il naso.

Il se rappelait très bien qu’il portait un chapeau à plumes et un uniforme brodé d’or, mais il n’avait pas remarqué la forme de son manteau, ni la couleur de sa voiture et de ses chevaux, ni même s’il avait derrière la voiture un laquais et quelle était sa livrée.

Ricordava chiaramente che il cappello era piumato e la divisa ricamata in oro; ma non aveva notato il soprabito e la tinta della carrozza nè quella dei cavalli; non sapeva altresì se dietro fosse qualche lacchè e in qual livrea.

Et puis, tant de voitures passaient devant lui qu’il lui eût été difficile d’en reconnaître une et, l’eût-il reconnue, qu’il n’aurait eu nul moyen de l’arrêter.

D’altra parte, correvan di galoppo nell’un senso e nell’altro tal moltitudine di carrozze, ch’era difficile osservarle; e pur riconoscendo quell’una, con qual mezzo fermarla?

La journée était belle et ensoleillée. Une foule immense se pressait sur la Perspective; toute une cascade fleurie de dames se déversait sur le trottoir.

La giornata era bellissima, piena di sole. Gran folla sulla Prospettiva della NevĂ . Onde fiorite di figure invadevano tutto il marciapiede dal ponte Polisseisk al ponte Anickin.

Voilà un conseiller de cour qu’il connaît et à qui il octroie le titre de lieutenant-colonel, surtout en présence des autres. Voilà Iaryghine, son grand ami, qui toujours fait faire remise [Terme de jeu.] au boston, quand il joue huit, et voilà aussi un autre major qui a obtenu au Caucase le grade d’assesseur de collège: ce dernier lui fait signe de s’approcher.

Qui passeggiava un consigliere di Corte6, alcuni amici di Kovalev che lo chiamavano luogotenente colonnello, massime innanzi ad estranei. Ecco Iarylkin, capo di ufficio al Senato, il miglior amico, che faceva far sempre la rimessa al boston, quando giuocava l’otto. Ecco un altro maggiore, che aveva conquistato il grado nel Caucaso e che gli accennava di andare.

— Au diable! se dit Kovaliov… Eh, cocher! mène-moi droit chez le maître de police.

— Ehi! se il diavolo ti porti, ehi, cocchiere! — disse Kovalev: — su, menami difilato dal prefetto di polizia.

Kovaliov monta en fiacre et ne cessa de crier tout le temps au cocher:
— Cours ventre à terre!

Kovalev sedette nel droski7, gridando di quando in quando al cocchiere: «Via, su, a briglia sciolta!».

— Le maître de la police est-il chez lui? s’écria-t-il en entrant dans l’antichambre.

— C’è il prefetto di polizia? — domandò entrando nel vestibolo.

— Non, monsieur, répondit le suisse, il vient de sortir.

— No, — rispose il portiere: — è uscito or ora.

— Allons bon!…

— Oh, vedi!

— Oui, continua le suisse; il n’y a pas longtemps, mais il est parti; si vous étiez venu un instant plus tôt, peut-être l’auriez-vous trouvé.

— Sì, — aggiunse il portiere: — non è molto, ma è uscito; se fosse arrivata un minutino prima, probabilmente lo avrebbe trovato.

Kovaliov, le mouchoir toujours appliqué sur sa figure, remonta en fiacre et cria d’une voix désespérée:
— Va!

Kovalev, senza togliersi il fazzoletto dal viso, sedette di nuovo vicino al cocchiere e gli gridò con voce disperata:
— Su, via; corri.

— Où? demanda le cocher.

— Dove? — chiese il cocchiere.

— Va tout droit.

— Va’ diritto.

— Comment, tout droit?… mais c’est un carrefour ici!… Faut-il prendre à droite ou à gauche?

— Come diritto? Siamo a un angolo di via: a destra o a sinistra?

Cette question fit réfléchir Kovaliov. Dans sa situation, il devait avant tout s’adresser à la police, non pas que son affaire eût un rapport direct avec celle-ci, mais parce qu’elle serait capable de prendre des mesures plus rapides que les autres administrations. Quant à demander satisfaction au ministère où le nez se prétendait attaché, cela n’était rien moins que raisonnable, car les réponses de ce monsieur donnaient à conclure qu’il n’existait rien de sacré pour lui, et il aurait pu tout aussi bien avoir menti dans ce cas-là, comme il mentait en affirmant qu’il ne l’avait jamais vu, lui, Kovaliov.

Questa dimanda intrigò Kovalev e lo costrinse di nuovo a pensare. Nelle sue condizioni, lui doveva anzitutto recarsi al Tribunale di polizia, non già perchè la sua faccenda avesse una diretta inerenza con la polizia, ma perchè le sue indagini potevano essere più rapide colà che non altrove. Andare a chieder giustizia nella direzione degli uffici, ov’era in funzione il naso, poteva essere imprudenza, giacchè, udite le risposte del naso medesimo, era evidente che per lui non esisteva nulla di nascosto, e lui poteva mentire anche in questa occasione, come aveva già mentito, assicurando di non essersi trovato mai con lui.

Mais au moment où Kovaliov était déjà prêt à donner l’ordre au cocher de le conduire au tribunal de police, l’idée lui vint que ce coquin, ce fripon, qui, dès la première rencontre, s’était conduit vis-à-vis de lui d’une façon si peu loyale, pouvait très bien, profitant du répit, quitter clandestinement la ville; et alors toutes les recherches seraient vaines, ou pourraient durer, ce qu’à Dieu ne plaise, un mois entier.

Kovalev voleva dunque ordinare d’esser condotto al tribunale di polizia, quando gli venne in mente che quel briccone astuto, il quale, nel primo incontro, si era comportato in maniera sleale, poteva a bell’agio profittar dell’indugio e scappar dalla città, e allora, tutte le ricerche diventerebbero inutili, anzi si prolungherebbero, Dio ne scampi, per un mese intero.

Enfin, comme si le ciel lui-même l’avait inspiré, il résolut de se rendre directement au bureau des annonces, et de faire publier par avance un avis avec la description détaillée de tous les caractères distinctifs du nez, pour que quiconque l’eût rencontré pût le ramener immédiatement chez lui, Kovaliov, ou du moins lui faire connaître le lieu où il séjournait.

Alla fine, pare che proprio lo aiutasse il cielo. Egli risolse di andar di corsa all’amministrazione di un giornale, e far inserire subito un annunzio con la descrizione minuta de’ connotati, perchè chi lo incontrasse potesse condurglielo, o almeno almeno indicargli la casa di quel ribaldo.

Cette résolution enfin prise, il donna ordre au cocher de se rendre au bureau des annonces; et tout le long du chemin il ne cessait de le bourrer de coups dans le dos en disant:
— Vite, misérable, vite, coquin!
— Eh! maître! répondait le cocher en secouant la tête et en cinglant des rênes son cheval aux poils longs comme ceux d’un épagneul.

Preso questo partito, comandò al cocchiere di menarlo appunto all’amministrazione d’un giornale, e per tutta la via si dette a picchiar sodo coi pugni sulla schiena dell’automedonte, gridandogli: «Corri più presto, mascalzone! più presto, canaglia!».
— Eh via, barin! — diceva il cocchiere, scuotendo il capo, e sforzando con le redini il cavallo dal pelo lungo.

Enfin le fiacre s’arrêta et Kovaliov, essoufflé, entra en courant dans une petite pièce où un fonctionnaire à cheveux blancs, vêtu d’un habit râpé, des lunettes sur son nez, était assis devant une table, une plume à la bouche, et comptait la monnaie de cuivre qu’on venait de lui apporter.

Il droski si fermò alla fine, e Kovalev entrò, a perdifiato, in una stanzetta da ricevere, ove un vecchio impiegato, in marsina frusta e cogli occhiali, se ne stava seduto dietro un tavolino, e, con una penna fra le labbra, contava monete di rame.

— Qui est-ce qui reçoit ici les annonces? s’écria Kovaliov. Ah! c’est vous, bonjour.

— Chi riceve gli annunzi qui? — gridò Kovalev entrando. — Oh, scusi, buon dì, salute!

— Tous mes respects, répondit le fonctionnaire à cheveux blancs, levant les yeux pour un moment et les abaissant de nouveau sur les tas de monnaie placés devant lui.

— I miei rispetti! — rispose il vecchio impiegato, alzando per poco gli occhi e riabbassandoli sui ritoli delle monete.

— Je voudrais faire publier…

— Desidero di far inserire…

— Permettez, veuillez patienter un moment, fit le fonctionnaire, en traçant d’une main des chiffres sur le papier et en déplaçant de l’autre deux boules sur l’abaque.


Un laquais galonné, dont l’extérieur indiquait qu’il servait dans une grande maison aristocratique, se tenait près de la table, un billet à la main et, jugeant à propos de faire preuve de sociabilité, exposait ainsi ses idées:

In piedi, davanti al tavolino, con un foglio in mano, stava un domestico gallonato, correttissimo nell’aspetto, che rivelava lungo servizio in case aristocratiche, e che stimava ora opportuno far mostra di urbanità.

— Le croiriez-vous, monsieur, ce petit chien-là ne vaut pas au fond quatre-vingts kopecks, et quant à moi, je n’en donnerais même pas huit liards; mais la comtesse l’aime, ma foi; elle l’aime, et voilà, elle offre à celui qui le ramènera cent roubles. Il faut avouer, tels que nous sommes là, que les goûts des gens sont tout à fait disproportionnés avec leur objet: si l’on est amateur, eh bien, qu’on ait un chien couchant ou un barbet, qu’on ne craigne pas de le payer cinq cents roubles, qu’on en donne même mille, mais que ce soit au moins un bon chien.

— Creda, signore, che quel cagnolino non vale dieci griveniki8; io poi, per me, non gli darei neppure otto gros; ma la signora contessa, se Dio mi perdoni, l’adora, l’adora! Ed ecco, promette cento rubli a chi glielo ritrova! A dirla schietta, in questo momento, fra noi, certi gusti della gente non si capiscono addirittura. Quando si amano i cani, si prende un levriere, un barboncino; vi si gettan cinquecento, magari mille rubli, ma si ha un cane stupendo.

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